Démocratie, fédéralisme et planification en Inde - article ; n°2 ; vol.31, pg 173-194
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Description

Politique étrangère - Année 1966 - Volume 31 - Numéro 2 - Pages 173-194
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1966
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Etienne
Démocratie, fédéralisme et planification en Inde
In: Politique étrangère N°2 - 1966 - 31e année pp. 173-194.
Citer ce document / Cite this document :
Etienne. Démocratie, fédéralisme et planification en Inde. In: Politique étrangère N°2 - 1966 - 31e année pp. 173-194.
doi : 10.3406/polit.1966.2223
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1966_num_31_2_2223FÉDÉRALISME DÉMOCRATIE,
ET PLANIFICATION EN INDE <1>
Les recherches entreprises sur le développement du tiers
monde font de plus en plus ressortir le besoin d'une approche
interdisciplinaire. Le spécialiste de la science politique, l'écono
miste ou le sociologue ne peut se cantonner dans son domaine
propre, il est obligé d'élargir son champ d'investigation. Dans
l'article qui suit, nous nous situerons au « point de soudure » où
facteurs politiques internes et développement économique se
rejoignent et s'influencent.
Un trait frappant de l'Asie et de l'Afrique est la rareté des
régimes dotés d'institutions démocratiques au sens occidental
du mot. Si plusieurs nouveaux Etats ont fait leurs premiers pas
dans un tel cadre, ils ont souvent été entraînés vers un système
— avec ou sans parti unique — où un « leader-porte drapeau »
assume le gros des responsabilités ; du même coup, le ehef de
l'Etat instaure un régime de type plus ou moins autoritaire, où
la liberté d'action et d'expression est, soit réduite comme une
peau de chagrin, soit tout au moins contenue dans certaines l
imites.
Sur le plan économique, les programmes socialistes ou for
tement socialisants (R.A.U., Birmanie, Indonésie, par exemple)
sont loin de représenter les seules tendances. Le rejet de la démoc
ratie occidentale peut fort bien s'accommoder d'un système
économique où l'entreprise privée conserve un rôle très impor-
(1) Une partie des données présentées dans cet article ont été recueillies au
cours d'une mission d'étude en Inde en 1963-64, financée par le Fonds national
suisse pour la recherche scientifique. 174 ETIENNE
tant comme on l'observe dans des pays aussi différents que la
Côte d'Ivoire, le Pakistan ou la Thaïlande.
Il faut enfin citer les Etats ayant adopté un régime social
iste dans sa version marxiste-léniniste avec un nombre plus
ou moins élevé d'adaptations locales. Chine et Nord Vietnam
en sont les exemples les plus typiques.
Face à ces catégories de régimes, dont la coloration politique
dessine une sorte d'arc-en-ciel, apparaît un groupe réduit d'Etats
ayant su créer et conserver des institutions démocratiques pro
ches de celles de l'Europe occidentale. A côté de l'Inde on pourr
ait notamment citer le Liban et Ceylan.
Nombre d'observateurs étrangers, sans parler d'Asiatiques ou
d'Africains, estiment que le parlementarisme issu du xvme siècle
européen n'est pas adapté aux pays sous-développés. L'ampleur
et la complexité des tâches que ceux-ci affrontent nécessitent
des formules de gouvernement qui aboutissent à une équation :
autoritarisme = forte croissance économique,
démocratie = stagnation ou déclin de l'économie,
d'où ces réflexions si souvent entendues : « Ce qu'il faut, c'est
une dictature... » ou : « C'est une folie d'introduire dans ces
pays la démocratie... ».
Ces jugements aboutissent à des formules séduisantes et
permettent ces « thèses de séminaire » qui font d'un ouvrage
un best-seller. Le vernis d'expérience acquis par l'auteur est
d'emblée rehaussé par de grandes idées et par des « options
décisives » qui vont déterminer l'avenir de l'Asie et de l'Afrique
et même notre propre destin.
L'observation un peu plus patiente des faits démontre la futi
lité de ces raisonnements. En effet, la liste est longue de ces
régimes « forts » qui permettent certes d'entraver la liberté
d'expression, mais s'accommodent de la corruption, du gaspil
lage et d'une inefficacité souvent remarquable. Non moins manif
este est l'abus des termes « austérité » ou « socialisme ».
En réalité, il devient de plus en plus évident que la forme
du régime politique ne garantit pas automatiquement la crois- L'INDE 175
sance de l'économie, pas plus qu'elle n'est exclusivement respon
sable de l'absence de développement. Malgré un régime autor
itaire, la Birmanie, l'Indonésie et combien de pays africains
n'ont guère progressé au cours de ces dernières années.
D'un autre côté, il serait non moins abusif, comme le prouve
la faible progression de Ceylan, de prétendre que la démocratie
parlementaire est une sorte de sésame qui ouvre la porte à un
fort taux de croissance économique.
En réalité, les facteurs qui déterminent l'essor socio-écono
mique d'un pays sont beaucoup trop complexes pour être
enfermés dans une formule stéréotypée. Sous certaines condi
tions données, un régime autoritaire peut être un stimulant (1)
et dans d'autres un frein. Il en va de même d'un système démoc
ratique. En bref, à côté du cadre socio-historique dont le poids
reste considérable, n'est-ce pas l'usage que les hommes font du
pouvoir qui importe, plutôt que la forme de celui-ci ?
Le cadre démocratique de l'Inde.
Entrée en vigueur le 26 janvier 1950, la Constitution de l'Inde
a jusqu'à maintenant résisté à l'épreuve du temps et des circons
tances. Malgré son prestige et la majorité dont jouit son parti,
le Congrès, le pandit Nehru a su ne pas abuser du pouvoir et
respecter le libre jeu des institutions. En matière de politique
économique, celles-ci obéissent à deux principes : le refus des
formules autoritaires et la nécessité de tenir compte du corps
électoral.
Le premier de ces éléments est abondamment précisé dans
la Constitution et dans les plans quinquennaux : « Le principe
de base d'une planification démocratique est que la société peut
se développer comme un tout... sans haine ni violence ». Affirmé
au début du premier plan (1951) ce principe est répété dix ans
(1) II est hors de doute que le régime politique introduit par le maréchal Ayub
Khan au Pakistan a eu des effets très positifs sur le développement économique,
tout en évitant les formes extrêmes de l'autoritarisme. 176 ETIENNE
plus tard : « Depuis l'indépendance, la planification de l'Inde
a été guidée par deux objectifs : construire par des moyens
démocratiques une économie se développant rapidement, et éta
blir un ordre social basé sur la justice » (1).
Dans leurs déclarations comme dans leurs conversations, les
dirigeants de l'Inde ont toujours confirmé leur répugnance pour
la « manière forte ». En septembre 1959, lors d'un entretien
privé, Jawaharlal Nehru nous disait : « Oui, nous sommes en
faveur des coopératives agricoles de production mais », ajoutait-
il comme mû par un réflexe, « c'est sans contrainte que nous
cherchons à les introduire » (2).
Les successeurs de Nehru sont, sur ce point, restés tout à
fait dans la ligne tracée depuis l'indépendance, aucun d'entre
eux ne mettant en question cette règle de base.
Cette planification de type non-impératif n'est pas seulement
due au tempérament des dirigeants. Elle s'est peu à peu ancrée
dans les institutions. Déjà à trois reprises l'Inde indépendante
a connu des élections au suffrage universel. Comme dans n'im
porte quel pays du monde, on peut trouver des failles dans leur
déroulement, mais elles n'ont jamais représenté une vaste opé
ration de truquage.
Le fait nouveau du suffrage universel ne se limite pas à
l'élection du parlement central et des assemblées provinciales.
Avec l'introduction du Panchayati Raj (3), il s'élargit et se systé
matise au niveau du district, du bloc de développement et du
village. Dans ces conditions, lorsqu'ils abordent les problèmes
de développement, les élus doivent tenir compte des désirs d

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