Doctrine chinoise pour le Tiers Monde - article ; n°1 ; vol.30, pg 75-97
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Description

Politique étrangère - Année 1965 - Volume 30 - Numéro 1 - Pages 75-97
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1965
Nombre de lectures 44
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Richer
Doctrine chinoise pour le Tiers Monde
In: Politique étrangère N°1 - 1965 - 30e année pp. 75-97.
Citer ce document / Cite this document :
Richer. Doctrine chinoise pour le Tiers Monde. In: Politique étrangère N°1 - 1965 - 30e année pp. 75-97.
doi : 10.3406/polit.1965.2253
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1965_num_30_1_2253DOCTRINE CHINOISE POUR LE TIERS MONDE
K Sans théorie révolutionnaire pas
de mouvement ».
Lénine (Que faire ?)
Depuis le 8e Congrès du P.C.C., en 1956, la République
Populaire chinoise a cherché à étendre son influence, bien
au-delà des traditionnels rivages des Mers du Sud, à la vaste
zone intermédiaire d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine.
Cette nouvelle phase politique a contraint Pékin à dessiner
une théorie chinoise pour le Tiers Monde, puis à la défendre
pied à pied. L' enjeu; est de taille. C'est un des points les plus
importants du désaccord « idéologique » sino-soviétique et
les « idéologues » chinois, Mao Tse-toung en tête, ne cessent
de « ferrailler » à ce propos avec leurs homologues sovié
tiques.
En fait, le débat est ouvert depuis plusieurs décennies alors
même que, « semi-colonie », la Chine était un honorable
membre du Tiers Monde. Dès 1920, en effet, le mouvement
communiste international était confronté avec le problème
de la décolonisation. A ce propos, le communiste indien,
M. N. Roy s'opposa à Lénine dans des débats du IIe Congrès
du Komintern restés célèbres. Quant à Mao Tse-toung, il dut
subir le contrecoup des décisions du Komintern. C'est pour
quoi, explication, justification ou défense, ses textes, ses
articles, ses rapports à divers congrès du P.C.C. de 1926 à
1945 avaient une double fin : ils s'adressaient aux commun
istes chinois ; ils voulaient être entendus du mouvement
communiste international. 76 PHILIPPE RICHER
Aujourd'hui, la Chine est « libérée » et, s'appuyant sur son
propre exemple, Pékin s'oppose à Moscou et érige l'expérience
de sa <( libération » en doctrine. La théorie doit certes se
frayer une voie auprès des représentants de la zone interméd
iaire ; elle doit simultanément s'imposer à l'ensemble du
mouvement communiste international et pour cela vaincre
d'abord l'hostilité de l'U.R.S.S. qui plaide la temporisation.
Mao, qui, trente années durant, est allé à petits pas
comptés et, somme toute prudemment vers la révolution
socialiste, propose-t-il réellement aujourd'hui au Tiers
Monde de brûler les étapes ?
Chef d'un P.C. combattant devenu celui d'une grande
puissance triomphante, Mao Tse-toung a-t-il changé sa vision
du monde ?
J. — U exemple vécu des Chinois.
a) une route sinueuse.
Avant la fondation de la République Populaire de Chine
en 1949, les communistes chinois ont été trop préoccupés par
leurs problèmes intérieurs pour s'occuper de politique mond
iale.
En particulier à trois reprises, en 1924, en 1935, en 1945,
l'attitude à adopter à l'égard de la bourgeoisie a été une de
leurs difficultés doctrinales majeures, considérable par ses con
séquences sur l'avenir du mouvement. Il fallait tenir simult
anément un compte exact de la nature de la classe bourgeoise
en Chine, des contextes chinois et internationaux, de l'orien
tation générale du P.C.C. et en outre des interférences réc
iproques de ces trois facteurs.
Le problème principal pour les communistes chinois d'hier
(pour les communistes du Tiers Monde aujourd'hui) était
celui des alliauôes. « Quels sont nos amis, quels sont nos CHINE ET TIERS MONDE 77
ennemis» se demande en 1926 Mao Tse-toung (1), qui a pour
préoccupation de rassembler autour du noyau des communi
stes leurs « vrais amis » pour porter des coups à leurs
« vrais ennemis » (1). Son analyse le conduisit à distinguer
trois grandes catégories dans la bourgeoisie : propriétaires
fonciers et compradores, « les vassaux de la bourgeoisie
internationale » ; moyenne bourgeoisie, au sein de laquelle
se produira une scission : les uns allant à gauche vers la
révolution, les autres allant à droite vers la contre-révolution ;
petits bourgeois composés eux-mêmes de trois groupes : ceux
qui ont satisfait leurs besoins propres, ceux qui les ont satis
faits pour l'essentiel, traitent les étrangers « d'extorqueurs »
mais doutent du succès du mouvement anti-impérialiste ;
ceux enfin dont les conditions de vie empirent tous les jours.
A côté des bourgeois, se trouve le semi-prolétariat — paysans
fermiers partiels, paysans pauvres, petits artisans et commis
qui, à des titres divers, ont l'esprit révolutionnaire et « sont
au même titre intéressés à une révolution qui changerait
l'ordre actuel des choses (2) ». Enfin il y a le prolétariat qui
représente en Chine deux millions d'hommes : marins, che
minots, mineurs, ouvriers du textile qui sont « particulièr
ement aptes au combat » (3).
« II ressort de tout ce qui vient d'être dit, conclut Mao
Tse-toung, que tous les militaristes, les bureaucrates, les
compradores et les gros propriétaires fonciers sont nos ennem
is... Tout le semi-prolétariat et la petite bourgeoisie repré
sentent nos plus proches amis. L'aile droite de la moyenne
bourgeoisie en perpétuelle oscillation peut être notre ennemie
et l'aile gauche peut être nôtre amie ; mais nous devons res
ter sur nos gardes » (4) .
Rester sur ses gardes, car comment prévoir le comporte
ment de cette alliée hésitante ? En temps de guerre, « d'essor
(1) Œuvres choisies. Tome I. Ed. Sociales : « Sur les classes sociales ». mars 1926.
(2) Ibid., op. cit., page 19.
(3) Ibid., page 21.
(4) « Sur les classes sociales », p. 22. PHILIPPE RICHES /8
révolutionnaire », Mao Tse-toung estime que (( les éléments de
droite se voient contraints de rejoindre les rangs de la révolu
tion ». Il écrit ceci en 1926. Or. dès 1922, les membres du
P. C.C. ont été invités par Moscou à adhérer individuellement
au Kouo-min tang. En 1927, ils seront massacrés par les
nationalistes qui mettront ainsi fin à l'alliance, tragiquement
mais provisoirement.
Mao Tse-toung avait-il eu tort de se fier aux directives du
Komintern ? L'événement paraît départager Lénine et M. N.
Roy qui, au IIe Congrès de cet organisme s'étaient opposés
sur la limite de la collaboration possible avec les nationalistes.
Contre Lénine qui pensait que l'Internationale communiste
et les P.C. devaient soutenir les mouvements de libération
à caractère révolutionnaire, M. N. Roy avait soutenu que
l'alliance devait s'entendre avec les seuls groupes et partis
révolutionnaires. Ces oppositions avaient été finalement
dépassées par un compromis semblable à celui qu'en 1960,
les représentants de 81 P.C. réaliseront dans un article contest
é de leur Déclaration commune (cf II § c). Au fond Lénine
avait refusé de faire peur et de créer les conditions d'une
intervention extérieure en Chine. Il avait plaidé en faveur
des transitions, c'est-à-dire d'une doctrine dont l'ambiguïté
sera comparable à celle de « l'Etat de démocratie nationale »,
élaborée en 1960.
L'extension de la révolution doit-elle précéder son appro
fondissement ? Révolution par en haut ou par le bas ? (1)
Tirant les leçons des événements de 1927, Mao Tse-toung
exposera beaucoup plus tard (2) qu'en dépit de « coups per
fides portés au P. C.C. et au peuple chinois » le P. C.C. avait
néanmoins réussi à élargir ses positions et qu'il devait ce
succès au refus de toute concession dans les domaines idéo-
(1) Dans une étude intitulée M. N. Roy and the Vth Congress of the C.C. P. (China quart
erly) » 8.X.61 M. Robert C. North qui se pose ces questions souligne que M. N. Roy n'avait
pas été plus prophétique que cette autre personne associée à la débâcle de 1927. Le même auteur
reprend cette thèse à l'appui de laquelle il apporte une abondante documentation dans
M. N. Roy's Mis

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