Espace, vitesse et sens à l heure de la mondialisation - article ; n°1 ; vol.61, pg 179-190
13 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Espace, vitesse et sens à l'heure de la mondialisation - article ; n°1 ; vol.61, pg 179-190

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
13 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Politique étrangère - Année 1996 - Volume 61 - Numéro 1 - Pages 179-190
Space, Speed and Meaning at the Age of Globalization, by Zaki Laïdi
Despite the fact that today's world is characterized by the interaction between the end of the Cold War and the acceleration of globalization, the two concepts are studied in isolation from each other. It is difficult to corne to terms with a post-Cold War world deprived offixed landmarks and the borderless universe of globalization. In other words, the moment that we are most in need of landmarks, the very notion disappears. This moment of 'world tirne' situated some-where between the end of World bipolarity and globalization can be analysed and understood by studying the end of the superpowers (and thus the notion of power) and the crisis of universality (the problem of sense in a global world).
Ce qui caractérise le monde d'aujourd'hui est l'interaction entre la fin de la guerre froide et l'accélération de la mondialisation. Or, les stratèges ont plutôt tendance à parler de stratégie, et les globalistes, de globalisation. En effet, la fin de la guerre froide marque l'émergence d'un monde sans repères fixes tandis que la mondialisation consacre l'émergence d'un univers sans frontières, processus qui sont difficiles à appréhender. Autrement dit, c'est au moment où nous avons le plus besoin de repères que cette notion même disparaît. C'est cette articulation entre fin des structures bipolaires et mondialisation que j'appelle le temps mondial, qu'il faut essayer de comprendre et d'analyser, à travers deux exemples différents : la fin des superpuissances et la crise de l'universalité. Le premier renvoie à une interrogation sur la puissance et le second, aux enjeux de sens dans un espace mondialisé.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 63
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Laidi
Espace, vitesse et sens à l'heure de la mondialisation
In: Politique étrangère N°1 - 1996 - 61e année pp. 179-190.
Abstract
Space, Speed and Meaning at the Age of Globalization, by Zaki Laïdi
Despite the fact that today's world is characterized by the interaction between the end of the Cold War and the acceleration of
globalization, the two concepts are studied in isolation from each other. It is difficult to corne to terms with a post-Cold War world
deprived offixed landmarks and the borderless universe of globalization. In other words, the moment that we are most in need of
landmarks, the very notion disappears. This moment of 'world tirne' situated some-where between the end of World bipolarity and
globalization can be analysed and understood by studying the end of the superpowers (and thus the notion of power) and the
crisis of universality (the problem of sense in a global world).
Résumé
Ce qui caractérise le monde d'aujourd'hui est l'interaction entre la fin de la guerre froide et l'accélération de la mondialisation. Or,
les stratèges ont plutôt tendance à parler de stratégie, et les globalistes, de globalisation. En effet, la fin de la guerre froide
marque l'émergence d'un monde sans repères fixes tandis que la mondialisation consacre l'émergence d'un univers sans
frontières, processus qui sont difficiles à appréhender. Autrement dit, c'est au moment où nous avons le plus besoin de repères
que cette notion même disparaît. C'est cette articulation entre fin des structures bipolaires et mondialisation que j'appelle le
temps mondial, qu'il faut essayer de comprendre et d'analyser, à travers deux exemples différents : la fin des superpuissances et
la crise de l'universalité. Le premier renvoie à une interrogation sur la puissance et le second, aux enjeux de sens dans un
espace mondialisé.
Citer ce document / Cite this document :
Laidi. Espace, vitesse et sens à l'heure de la mondialisation. In: Politique étrangère N°1 - 1996 - 61e année pp. 179-190.
doi : 10.3406/polit.1996.4523
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1996_num_61_1_4523POLITIQUE ÉTRANGÈRE / 179
repères
zak. laidi .. * à Espace, rheure vitesse de ,a mondialisation et sens **
L'analyse des relations internationales a toujours tendance à insister sur les
ruptures, à succomber au mythe de la table rase, afin d'avancer de nou
veaux concepts ou de proposer de nouvelles idées. Ainsi a-t-on largement
évoqué ces dernières années la lin de l'Histoire, la fin de la géographie, la fin de
la géopolitique ou la mort des Etats.
Toutes ces interprétations ne sont pas dénuées d'intérêt. La thèse de la fin de
l'Histoire était pleine de naïvetés. Mais elle a aidé à comprendre que la fin de la
guerre froide marquait la fin d'une histoire téléologique du monde. La fin de n'annonce naturellement pas la fin de l'histoire des sociétés mais celle
d'une histoire qui s'assigne un sens, une finalité, un horizon d'attente pour
reprendre l'expression de l'historien allemand Reinhardt Koselleck [1].
La « fin de la géographie », finement analysée par Richard O'Brien, renvoie à des
enjeux et à des débats beaucoup moins philosophiques [2]. Elle signifie à la fois
l'accroissement des flux matériels et immatériels circulant dans le monde ; la r
éduction des obstacles géographiques à la circulation des messages, des idées, des
marchandises ou des services ; l'accélération des processus de simultanéité, faci
litée par la révolution du temps réel ; et le rôle structurant joué par la vitesse dans
le champ de la compétition économique mondiale. Cette dynamique s'est
accélérée dès le milieu des années 80. Depuis cette date, les échanges commerciaux
entre pays industrialisés croissent deux fois plus vite que leur produit intérieur
brut alors qu'au cours de la décennie précédente, la croissance des échanges n'était
que de 1,5 fois supérieure à celle de la production. Ce phénomène revêt une am
pleur mondiale puisque, pour l'Amérique latine, par exemple, la proportion est
passée de 0,5 entre 1975 et 1984 à 2,5 entre 1985 et 1994 [3].
La mondialisation économique se traduit par le fait que l'échange prend le pas sur
la production. Cette dynamique de l'échange concerne les biens et les services,
* Chercheur au CNRS (Centre d'études et de recherches internationales, CERI) et professeur à
l'Institut d'études politiques de Paris.
** Ce texte reprend, en l'actualisant, les grandes lignes de l'introduction générale du colloque The
United Nations at Fifty, organisé par l'université de Tubingen, 29 juin 1995. 180/ POLITIQUE ÉTRANGÈRE
mais touche aussi les capitaux. Là aussi, les chiffres confirment une accélération
que Ton peut clairement situer au milieu des années 80. L'investissement direct
dans le monde est évalué à 43,2 milliards de dollars par an pour la période 1981-
1985. A partir de 1985, le rythme s'accélère considérablement puisque, pour la pé
riode 1986-1990, la moyenne annuelle de l'investissement mondial a quadruplé et
est passée brusquement à 167,7 milliards [4].
Cette « explosion » des échanges se vérifie enfin sur le plan financier où, là encore,
le milieu des années 80 peut être considéré comme un tournant sous le triple effet
des progrès de la technologie, de l'apparition de nouveaux instruments financiers
et de la libéralisation des marchés. L'innovation technologique joue de deux
façons : elle facilite l'accroissement des transactions financières, mais, simul
tanément, elle favorise l'intégration des marchés qui se trouvent ainsi connectés et
liés dans ce que l'on appelle une dynamique systémique. Autrement dit, les mar
chés seront amenés à réagir les uns par rapport aux autres indépendamment du ni
veau des transactions entre eux. Ainsi la Bourse de Sao Paulo pourra réagir au
séisme de Kobé indépendamment du niveau des transactions entre le Japon et le
Brésil.
L'adaptation à la contrainte internationale passe enfin par une prise en compte
économique, sociale et culturelle de l'accélération du temps. Là intervient le pre
mier enchaînement du temps mondial dans la mesure où toutes les nouvelles
donnes de la mondialisation (dimension spatiale) se trouvent étroitement corré-
lées à l'accélération du temps. La mondialisation financière n'aurait guère été
envisageable sans la révolution de l'information qui permit, à partir du début des
années 80, de développer le fameux temps réel. Cette révolution repose sur la
fusion entre l'informatique et les télécommunications qui étaient considérées
jusque-là comme des concurrents. Au plan technique, celle-ci a pour consé
quence majeure de permettre un accroissement considérable du nombre d'infor
mations circulant d'un espace à l'autre. La première génération de câbles
téléphoniques transatlantiques permettait de transmettre 2 400 communications simultanées. La douzième génération de ces mêmes câbles (TAT-
12) permet d'en transporter 600 000. Dans les prochaines années, un câble trans
atlantique pourra traiter 10 millions d'appels téléphoniques simultanés [5]. La
conséquence de cette révolution est double : elle permet une intensification des
« communications » qui entraîne à son tour un effondrement du coût de trans
mission de l'information. Dès lors, la diffusion de l'information se banalise ;
c'est la vitesse à laquelle elle circule qui devient cruciale.
La mondialisation économique n'est pour sa part pas pensable sans la prise en
compte de la révolution du juste à temps, révolution technologique et culturelle
qui valorise les systèmes productifs flexibles au détriment des systèmes rigides
de type fordiste. Cette révolution, qui se manifestera de façon spectaculaire dans
le secteur automobile, fait ainsi du temps non seulement le facteur déterminant
de la performance de l'entreprise, mais aussi le nouvel axe de la compétition
mondiale [6].
L'introduction de systèmes de juste à temps devient ainsi l'instrument décisif de
survie dans la compétition mondiale. Le nouvel avantage concurr

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents