Israël et l Europe - article ; n°2 ; vol.46, pg 437-451
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Description

Politique étrangère - Année 1981 - Volume 46 - Numéro 2 - Pages 437-451
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1981
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Sergio I. Minerbi
Israël et l'Europe
In: Politique étrangère N°2 - 1981 - 46e année pp. 437-451.
Citer ce document / Cite this document :
Minerbi Sergio I. Israël et l'Europe. In: Politique étrangère N°2 - 1981 - 46e année pp. 437-451.
doi : 10.3406/polit.1981.3176
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1981_num_46_2_3176POLITIQUE ÉTRANGÈRE I 437
Sergio I. MINERBI ISRAËL ET L'EUROPE
Israël est lié à l'Europe par des liens tellement profonds, du point
de vue à la fois historique, culturel et économique, que les
Israéliens ressentent de façon presque passionnelle les change
ments de la politique européenne à leur égard.
La déclaration de Venise du 13 juin 1980 et les actions successives
des Neuf (devenus Dix au début de 1981) ont accentué les divergences
d'opinion entre Israël et les gouvernements européens, quoique la
cause israélienne jouisse toujours d'un très large appui de l'opinion
publique en Europe.
Pour comprendre les sentiments des Israéliens, il faut se rendre compte
tout d'abord qu'ils sont conscients de l'existence en Europe d'une
propagande tendancieuse : une véritable guerre psychologique, menée
avec de grands moyens par certains Etats arabes et leurs amis dans la
presse écrite, la radio et la télévision. Cette propagande vise à saper
les bases morales de la légitimité de l'existence de l'Etat d'Israël en
lui attribuant une série infinie d'injustices et de crimes.
Si l'antisémitisme déclaré n'est plus à la mode, les griefs des Pales
tiniens ont été manipulés de façon à permettre que l'antisémitisme
latent soit discrètement acheminé vers la critique « respectable »
d'Israël, qu'on voudrait séparer des Juifs dans le reste du monde [1].
D'autre part, la petite phrase du général de Gaulle, prononcée au
cours de sa conférence de presse, le 27 novembre 1967, dans laquelle
il avait défini les Juifs comme « Un peuple d'élite, sûr de soi-même
et dominateur », donna un coup supplémentaire au tabou de l'antis
émitisme [2].
Les racines du conflit israélo-arabe
Dans la Charte de l'OLP, il est clairement établi (article 20) que « le
Judaïsme étant une religion, ne saurait constituer une nationalité indé
pendante », [3], donc, a fortiori, que les Juifs seraient incapables de
créer un Etat, et ceci sans aucune considération de frontières. D'autre
* Ambassadeur d'Israël à Bruxelles, auprès de la Belgique, du Luxembourg et de la
CEE. I POLITIQUE ÉTRANGÈRE 438
part, d'une façon plus générale, la majorité des Arabes musulmans
pouvaient tolérer l'existence des communautés juives en tant que Dhim-
mi, c'est-à-dire en tant que citoyens de deuxième catégorie [4], mais ne
peuvent pas admettre que les Juifs puissent jouir au Moyen-Orient de
l'indépendance nationale.
Un ambassadeur du Liban à Moscou, feu Antoine Jabre, a écrit à ce
propos : « II est un dogme de l'Islam qui prescrit qu'un Musulman ne
peut être commandé par un non-Musulman (...) ». Autre exemple :
(...) « II s'agit d'Israël ; le conflit n'est pas uniquement territorial, il
est plus profond que cela. Conformément à la doctrine du Coran, les
Musulmans ne peuvent admettre que dans le monde arabe — le leur ! —
il y ait une souveraineté autre que musulmane. D'où leur obstination
à vouloir détruire l'Etat hébreu, et si jamais ils sont contraints à une
paix avec lui, ce ne sera pour eux qu'une trêve » [5].
Dès le début, le monde arabe a eu deux approches contrastantes
vis-à-vis du fait national juif : d'un côté, l'approche de l'émir Fayçal
qui signa un accord en janvier 1919 avec Weizmann, aux termes duquel
il fallait prendre toutes les mesures nécessaires pour encourager l'immi
gration juive en Palestine, puisque l'implantation sioniste était un
élément de progrès et de dynamisme pour tout le Moyen-Orient [6] et
d'autre part, le congrès syro-palestinien de mars 1920 qui opposa un
refus total au sionisme, d'autant plus que la Palestine était considérée
comme la province méridionale de la Syrie.
Aujourd'hui comme alors, il y a d'un côté le réalisme du président Sadate
et de l'autre côté la rêverie chimérique des pays du Front du Refus de
parvenir à détruire Israël.
Mais, aujourd'hui il y a aussi un élément nouveau extrêmement impor
tant : la paix entre Israël et l'Egypte, qui constitue une véritable révo
lution pour tout le Moyen-Orient. Peut-être, comme l'a observé
Dominique Moisi dans un pénétrant article paru dans cette revue, dans
le domaine des perceptions européennes, il y a eu « un contraste entre
la bonne volonté égyptienne incarnée par un Sadate charismatique et
chaleureux et l'inflexibilité israélienne symbolisée par le premier
ministre Begin » [7]. Mais on a le droit de vérifier quelle a été la réalité
au-delà des « perceptions ».
Israël a renoncé aux puits de pétrole qui fournissaient un tiers de sa
consommation, aux cols de Mitle et de Jiddi et aux stations d'alerte
électronique qui y étaient installées et, après avoir évacué les deux-tiers
du Sinaï, il s'est engagé à rendre la totalité de la péninsule, la ville de
Yamit et les villages agricoles avoisinants ainsi que Sharm-el-Sheikh,
la clef du détroit de Tiran et les aéroports militaires de Etzion et Eytam.
Tous ces sacrifices ont été accomplis pour obtenir un traité de paix en
bonne et due forme et pour parvenir à des relations normales avec le
plus grand des Etats arabes, l'Egypte. DEBATS I 439
La réaction de l'Europe
Au lendemain des accords de Camp David, l'accueil froid et sceptique
réservé par l'Europe des Neuf à cette paix cachait probablement
différents sentiments. Il y avait peut-être le dépit d'avoir été exclu du
processus de paix par une grande puissance, celui-ci étant renforcé par
une vague d' anti-américanisme viscéral. D'autres pensent qu'il y avait
en plus le regret de voir brisé un des modèles préférés en Europe, celui
de l'existence d'un monde arabe uni et monolithique. Ce modèle a été
chéri par la Grande-Bretagne depuis des dizaines d'années. Déjà pendant
la Seconde Guerre mondiale, un des objectifs de la politique britan
nique était celui d'encourager le mouvement de l'unité arabe. L'Anglet
erre pensait ainsi assurer la stabilité dans toute la région, ce qui lui
aurait permis de réduire ses forces en s'appuyant sur une population
arabe pleine de gratitude qui aurait assuré, à l'avenir, la primauté
britannique.
En signant la paix avec l'Egypte, Israël aurait donc commis le crime
de briser l'unité arabe qui est, par ailleurs, inexistante comme le
prouvent des tensions aussi variées que celles entre le Maroc et
l'Algérie, la Libye et la Tunisie ou l'Egypte, la Syrie et la Jordanie, et
sur le plan islamique, la guerre entre l'Irak et l'Iran.
Le dialogue euro-arabe
On en est même arrivé à accuser Camp David d'avoir bloqué le dialogue
euro-arabe, quand ce dialogue a bien peu de chances d'aboutir à des
résultats concrets, puisqu'il se fonde sur un profond malentendu.
Pour les Arabes, le dialogue devait être utilisé comme instrument au
service de leurs objectifs purement politiques, tandis que les Européens
recherchaient des buts économiques et financiers [8].
En effet, le dialogue euro-arabe est né suite à la rencontre de Copenhague
en décembre 1973 : du côté européen l'aspiration profonde était celle
d'assurer l'approvisionnement en pétrole, de limiter le prix du pétrole
à un niveau raisonnable et de recycler les pétrodollars à travers les pays
de la CEE. Rien de tout cela n'a été réalisé dans le cadre du dialogue
et aucun des projets économiques prévus n'a avancé d'un pouce. Ce
résultat était à prévoir, puisque si il y avait eu une solide base écono
mique pour ces projets et en particulier pour le recyclage, les experts
financiers de l'Arabie Saoudite et d

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