L avènement du Congo belge à l indépendance - article ; n°2 ; vol.25, pg 110-121
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L'avènement du Congo belge à l'indépendance - article ; n°2 ; vol.25, pg 110-121

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Description

Politique étrangère - Année 1960 - Volume 25 - Numéro 2 - Pages 110-121
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1960
Nombre de lectures 114
Langue Français

Extrait

René Hoffherr
L'avènement du Congo belge à l'indépendance
In: Politique étrangère N°2 - 1960 - 25e année pp. 110-121.
Citer ce document / Cite this document :
Hoffherr René. L'avènement du Congo belge à l'indépendance. In: Politique étrangère N°2 - 1960 - 25e année pp. 110-121.
doi : 10.3406/polit.1960.6134
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1960_num_25_2_6134L'AVÈNEMENT DU CONGO BELGE
A L'INDEPENDANCE (1)
Le Congo belge accédera le 30 juin à l'indépendance. Aucun
pays d'Afrique centrale n'a fourni l'exemple d'une cadence d'émanc
ipation aussi rapide, aucun n'aura brûlé à pareille allure les
étapes intermédiaires entre un système de gestion d'inspiration
occidentale et un régime d'auto-gestion africaine, aucun n'aura
entrepris de rattraper dans un moindre délai le retard de sa pro
motion politique sur sa promotion économique.
L'indépendance est un fait, sa viabilité en est un autre. Ce vi
rage hâtif mettra-t-il la population noire en mesure de se gouver
ner elle-même et de relever les Belges de leur charge ? Cette rup
ture soudaine avec les institutions antérieures consolidera-t-elle
la cohésion encore fragile d'un pays de près de 17 millions d'ha
bitants répartis sur 2.500.000 km2 (Ruanda-Urundi compris), ou
consacrera-t-elle une désagrégation générale analogue à celle des
territoires voisins de l'ancienne Afrique française, nul ne peut
le dire à cette heure. Nous voudrions du moins « filmer » les ori
gines de expérience congolaise dans le cadre plus général de
ses circonstances d'avènement.
A. — Le Congo à la recherche de sa personnalité politique.
En fait l'unité du Congo belge se cherche péniblement depuis
de longues années sans que le travail d'équipement soit parvenu à
briser un vigoureux compartimentage géographique, ni que l'ac
tion belge de pénétration administrative ait triomphé de la ré
sistance des dialectes et des clans.
En dépit de l'apparition de classes sociales nouvelles : ouvriers,
travailleurs indépendants, en dépit d'opérations massives de trans-
consul (1) Nous général avons de bénéficié France au de Congo l'information belge depuis clairvoyante trois ans, de et notre arec ami lequel Henri noua Mazoyer, «von»
pris contact à LéopoldviUe en janvier dernier. CONGO BELGE 111
fert de main-d'œuvre, qui ont notamment arraché à la terre cent
mille individus pour les stabiliser dans des conditions très satis
faisantes sur les hauteurs du Katanga, le lien coutumier n'en sur
vit pas moins avec une vigueur continue.
Aussi bien le Congo belge ne s'est pas libéré sans effort de l'em
prise colonialiste, et la persistance d'un statut ancien n'a guère
stimulé l'amalgamation ni la démocratisation des masses. Héritiè
re de l'Etat indépendant du Congo, la « Colonie du Congo » gardera
sa dénomination jusqu'à nos jours. L'inscription « Ministère des
Colonies » n'ornait-elle pas encore la façade du Département de
tutelle du Congo sur la place Royale à Bruxelles en 1958 ?
Antérieurement à décembre 1957 nulle forme de représentation
populaire effective n'est même venue tempérer l'absolutisme de
l'administration. Après en avoir différé pendant dix ans la réali
sation, le gouvernement belge s'avisa alors de procéder à des
élections dans les trois cités de Léopoldville, Elisabethville et Ja-
dotville. Encore le choix des électeurs demeurait-il subordonné à
une autorisation officielle.
Dans ces conditions le Congo belge n'a point construit d'or
gueilleux Palais des Assemblées. Certes l'édification de ces vastes
immeubles dans la zone de mouvance française ne mettait point
un terme à des errements révolus, mais elle traçait un program
me, elle ouvrait une porte sur l'avenir. C'est le signe même d'une
différence de tempérament. Le Français, doctrinaire par essence,
se comptait dans des positions de principe, le Belge, davantage
pragmatique, répugne aux anticipations lointaines.
Bien avant l'action publique, l'action privée avait d'ailleurs
imprimé sa marqua au pays, et rarement vit-on spectacle de
collaboration plus efficace entre ces deux formes de direction de
la vie nationale. De ce fait la conduite du Congo belge ressembla
toujours à l'exploitation d'une affaire dont il convenait d'accroî
tre sans cesse la rentabilité afin d'élargir la participation au
bien être et au profit de tous ses collaborateurs, du plus considé
rable au plus humble.
En foi de quoi, enserré toute sa vie dans un réseau minutieux
de protection sociale, le travailleur noir trouvait automatiquement
le secours de dispensaires, de foyers, de garderies d'enfants, d'at
tributions de vivres, de manifestations récréatives, d'allocations ;
tous facteurs de régularité du travail, sinon d'une joie pas tou
jours perceptible dans les regards. ' '
Par contre le problème de la formation des cadres d'entreprise 112 RENÉ HOFFHWI*
n'avait pas reçu toute l'attention désirable, et celui des agents de
commandement administratif avait été éludé.
Défaillance reconnue loyalement par le Premier Ministre Eys-
kens dans son allocution du 8 février au Congrès de la presse à
Bruxelles, lorsqu'il opposait la présence presque séculaire de dé
putés noirs au Parlement français à l'absence de préparation
d'hommes publics et d'administrateurs autochtones au Congo
Belge.
Un analyste belge attribue l'origine de ce retard à l'insuffisance
du personnel enseignant. Alors que, écrit-il, « onze chefs de gou
vernement de l'ancienne Afrique française seront en 1959 d'an
ciens directeurs d'école, et que beaucoup de leaders de même pro
venance seront sortis d'une école de cadres au moins préuniversit
aire » (1).
La fondation d'Instituts modernes, tels l'Université Lovanium
à Léopoldville, en 1935, et l'Université d'Elisabethville, en 1957,
s'est efforcée de pourvoir aux besoins nouveaux, mais l'apparition
de ces instituts s'est révélée tardive.
Une vie sociale très cloisonnée freinait d'autre part les contacts,
ainsi qu'en témoignent le régime de ségrégation urbain et une l
imitation stricte des infiltrations extérieures.
On ne relève pourtant pas de sursaut, ni même de sensibilité
très vive de l'opinion avant 1955, date de parution du manifeste
intitulé « Conscience africaine », suivi quelques mois plus tard
du Plan de Trente ans du professeur van Bilsen. Ces deux man
ifestes qui disposent pour un avenir lointain s'abstiennent d'ail
leurs de tout accent revendicatif et le second s'achève par une
déclaration irréprochable de loyalismt : « Vive le Roi, vive là
Belgique >.
La phase pré-politique n'en est pas moins ouverte. Let idées
cheminent, les idées circulent, de« équipes se nouent tant à la
conférence d'Accra qu'à l'abri des pavillons de l'Exposition de
Bruxelles. Averti par son esprit libéral, le gouverneur, devenu mi
nistre Petition, pressent que l'heure des transformations est iné
luctable. Il constitue, en juillet 1958, un groupe de travail consa
cré aux c Problèmes d'avenir du Congo ».
Pour avoir été longtemps contenues, les manifestations d'opi
nion n'en prendront qu'une forme plus tumultueuse. Le 14 jan
vier 1959 les émeutes de Léopoldville occasionnent cinquante CONGO BELGE 113
morts et deux cent cinquante blessés. A rencontre de ceux qui
apercevraient là une incidence du chômage dans une ville tur
bulente, le roi accorde à ces émeutes leur pleine signification. Son
message du 13 janvier proclame « la résolution de conduire sans
atermoiements funestes, mais sans précipitation inconsidérée, la
population à l'indépendance dans la prospérité et dans la paix ».
Désormais les cercles de discussion foisonnent, les partis poli
tiques prolifèrent. Ils réclament un statut non plus octroyé, mais
négocié, une indépendance non plus à terme, bien au contraire im-
meuiate et inconditionnelle, et tel groupement de colons

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