L Ecole nationale d administration municipale. Des « sans-grade » devenus secrétaires généraux - article ; n°53 ; vol.14, pg 145-171
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L'Ecole nationale d'administration municipale. Des « sans-grade » devenus secrétaires généraux - article ; n°53 ; vol.14, pg 145-171

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Politix - Année 2001 - Volume 14 - Numéro 53 - Pages 145-171
The National School of Municipal Administration. A process of professionalisation of the French city managers Emmanuel Bellanger After the WWI, the need for re-organizing communes became a matter of growing concern. In cities under constant urban development and demographic growth, management of municipal affairs in a reasonably prudent manner began to decline. Time was ripe to promote ambitious municipal interventionism. In 1922, a newly created program was intended to train local government staff under the title, renamed as National School of Municipal Administration in 1929, was the resuit of such a political shift. Supported and structured by regulatory authority, municipalities delegated professional and practical training of their managers to this school as they searched for qualified employees. Three generations of town clerks were educated, resulting in self-promoted, long life and uniformed knowledge and professional practices.
L'Ecole nationale d'administration municipale. Des « sans-grade » devenus secrétaires généraux Emmanuel Bellanger Au lendemain de la Grande Guerre, les besoins de réorganisation des communes se font de plus en plus pressants. Dans les villes au développement urbain et à l'accroissement démographique soutenus, la gestion des affaires municipales « en bon père de famille » est désormais déclinante. L'heure est à la promotion d'un interventionnisme municipal ambitieux. En 1922, la création d'une « section de perfectionnement » destinée à la formation des employés de mairie, rebaptisée en 1929 Ecole nationale d'administration municipale, vise à fournir le personnel d'encadrement capables d'accompagner cette nouvelle orientation. Soutenu et encadré par l'autorité de tutelle, le pouvoir mayoral, à la recherche de collaborateurs compétents, délègue à cette école « l'éducation professionnelle et utilitaire » la formation de ses cadres. Trois générations de secrétaires généraux suivront son enseignement, gage de promotion, de longévité et d'uniformisation des savoir-faire et des pratiques professionnelles.
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2001
Nombre de lectures 65
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Emmanuel Bellanger
L'Ecole nationale d'administration municipale. Des « sans-grade
» devenus secrétaires généraux
In: Politix. Vol. 14, N°53. Premier trimestre 2001. pp. 145-171.
Abstract
The National School of Municipal Administration. A process of professionalisation of the French city managers
Emmanuel Bellanger
After the WWI, the need for re-organizing communes became a matter of growing concern. In cities under constant urban
development and demographic growth, management of municipal affairs in a reasonably prudent manner began to decline. Time
was ripe to promote ambitious municipal interventionism. In 1922, a newly created program was intended to train local
government staff under the title, renamed as "National School of Municipal Administration" in 1929, was the resuit of such a
political shift. Supported and structured by regulatory authority, municipalities delegated professional and practical training of their
managers to this school as they searched for qualified employees. Three generations of town clerks were educated, resulting in
self-promoted, long life and uniformed knowledge and professional practices.
Résumé
L'Ecole nationale d'administration municipale. Des « sans-grade » devenus secrétaires généraux
Emmanuel Bellanger
Au lendemain de la Grande Guerre, les besoins de réorganisation des communes se font de plus en plus pressants. Dans les
villes au développement urbain et à l'accroissement démographique soutenus, la gestion des affaires municipales « en bon père
de famille » est désormais déclinante. L'heure est à la promotion d'un interventionnisme municipal ambitieux. En 1922, la
création d'une « section de perfectionnement » destinée à la formation des employés de mairie, rebaptisée en 1929 Ecole
nationale d'administration municipale, vise à fournir le personnel d'encadrement capables d'accompagner cette nouvelle
orientation. Soutenu et encadré par l'autorité de tutelle, le pouvoir mayoral, à la recherche de collaborateurs compétents, délègue
à cette école « l'éducation professionnelle et utilitaire » la formation de ses cadres. Trois générations de secrétaires généraux
suivront son enseignement, gage de promotion, de longévité et d'uniformisation des savoir-faire et des pratiques
professionnelles.
Citer ce document / Cite this document :
Bellanger Emmanuel. L'Ecole nationale d'administration municipale. Des « sans-grade » devenus secrétaires généraux. In:
Politix. Vol. 14, N°53. Premier trimestre 2001. pp. 145-171.
doi : 10.3406/polix.2001.1141
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polix_0295-2319_2001_num_14_53_1141L'Ecole nationale d'administration municipale
Des « sans-grade » devenus secrétaires généraux
Emmanuel BELLANGER
Situé au carrefour de plusieurs histoires - sociale, politique,
institutionnelle et urbaine - le personnel communal est intimement lié
à la croissance des villes, aux mutations de leur tissu économique, aux
orientations politiques de ses assemblées municipales, à l'emprise de
l'encadrement édilitaire sur la société locale, à sa composition sociologique
et aux besoins des citadins davantage fragilisés en temps de guerre ou de
récession économique. Contrairement aux élus et au personnel à statut des
ministères, des préfectures ou des entreprises concessionnaires de
monopoles publics, les agents communaux sont pourtant restés longtemps
en marge des champs de recherches ouverts en histoire contemporaine1. La
représentation de ce groupe social a longtemps été celle d'une catégorie
sociale hybride aux frontières floues, partagée entre deux lieux
d'identification, entre deux mondes : celui de l'ouvrier ou de l'employé de
l'industrie et celui du fonctionnaire d'Etat. Face à l'image « noble » du
métallurgiste ou du mineur, le personnel communal, au caractère public
contesté, s'apparente à une communauté professionnelle « déclassée » et
tenue à distance des figures emblématiques et identitaires du mouvement
ouvrier français2. Ainsi dans ses représentations de la classe ouvrière, le
1. Dans ce paysage en friches, il convient de souligner l'ouvrage pionnier de Dumons (B.), Pollet
(G.), Saunier (P. -Y.), Les élites municipales sous la IIIe République, Paris, CNRS Editions, 1997.
2. Cf. Lazar (M.), « Damné de la terre et Homme de marbre. L'ouvrier dans l'imaginaire du PCF
du milieu des années 30 à la fin des années 50 », Annales ESC, 5, 1990.
Politix. Volume 14 - n° 53/2001, pages 145 à 171 Politix n° 53 146
parti communiste ignore l'ouvrier ou l'employé municipal, à l'instar
d'Auguste Gillot, maire communiste de Saint-Denis (1945-1971), pour qui le
personnel communal, « sans patron », « sans conscience prolétarienne », est
un groupe « privilégié3 » à l'abri des « bagnes industriels4 ».
Ces considérations politiques ne suffisent cependant pas à expliquer la
marginalité ou le flou identitaire qui entoure ce groupe social.
L'hétérogénéité de ses missions n'a pas été un facteur de cohésion et de
valorisation sociale. Travailler à la ville recouvre en effet de multiples
réalités professionnelles. Les « gabelous » de l'octroi, les « croque-morts » du
cimetière, les femmes de service des écoles, les ouvriers du garage ou des
ateliers sont autant d'agents municipaux aux intérêts catégoriels particuliers
et cloisonnés sur différents lieux de travail. Du point de vue statutaire, si
l'arrêt Cadot du Conseil d'Etat en décembre 1889 reconnaît le caractère
public du personnel des communes, ces agents ne deviennent pas pour
autant des fonctionnaires à part entière. De fait, une multitude de règles de
recrutement se juxtaposent. La nomination du personnel de l'octroi, des
musées, des bibliothèques, du receveur municipal, des gardes-champêtres
échappe ainsi en partie aux prérogatives du maire. L'élaboration tardive et
restrictive d'un statut pour le personnel communal a également contribué à
maintenir ces morcellements et, aux regards des acquis sociaux des agents
de l'Etat et des préfectures, à les inférioriser. La première loi de portée
statutaire, celle du 23 octobre 1919, n'intervient ainsi qu'au début des années
20 et n'est imposée qu'aux seules communes de plus de 5 000 habitants, les
autres, employant un personnel permanent, devront attendre l'adoption de
la loi du 12 mars 1930 dont le règlement type n'interviendra qu'en 19385.
En dépit de ces tâtonnements, les lois municipales du 18 juillet 1837 et
surtout du 5 avril 1884, attribuent aux maires une prérogative essentielle :
3. Dans le cadre de nos recherches doctorales, nous avons constitué un corpus de sources orales
composé d'une soixantaine d'entretiens d'employés de mairie et de maires dont celui d'A. Gillot
élu à Saint-Denis depuis 1934.
4. Ce désintérêt apparent pour le personnel communal peut certainement aussi être interprété
comme la volonté de nombreux élus communistes de gommer leur propre passage par l'emploi
municipal, emploi refuge après une défaite électorale ou emploi de transition vers un mandat
politique. Ace titre notons que dans ses mémoires (Un forgeron dans la cité des rois, Editions des
Halles de Paris, 1986), A. Gillot reste discret sur son emploi d'ouvrier communal à la mairie
d'Ivry dans les années 20. Plus proche de nous dans la notice qu'il a rédigé pour le Who'sWho, J.
Ralite, ancien ministre communiste et sénateur-maire d'Aubervilliers, entré à la mairie de Stains
au début des années 50 et ayant fait carrière comme rédacteur communal, préfère mettre en
avant son statut de journaliste.
5. Finalement, ce n'est que le 28 avril 1952 qu'un statut général de la fonction communale est
votée fixant ainsi des règles de recrutement, d'avancement et de discipline communes à
l'ensemble des agents communaux. Cf. Burdeau (E), Histoire de l'administration française, Paris,
Montchrestien, 1989 ; Marillia (G.-D.), Les agents territoriaux, Paris, Berger-Levrault, 1992 ; Pinet
(M.), dir., Histoire de la fonction publique en France, Paris, Nouvelle Librairie de France, 1993 ;
Thomas (Y), de l'administration, Paris, La Découverte, 1995. L'Ecole nationale d'administration municipale 147

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