L étranger dans le champ de vision des Français - article ; n°4 ; vol.67, pg 899-914
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Politique étrangère - Année 2002 - Volume 67 - Numéro 4 - Pages 899-914
Comment les Français voient-ils le monde ? Que pensent-ils de la politique étrangère de leur pays ? Du rôle joué par les Etats-Unis, par l'Union européenne, par la Russie ou par la Chine ? Pensent-ils que la France a encore une influence sur la scène mondiale ? Quelles sont pour eux les nouvelles menaces mettant en péril leur sécurité ? Le 11 septembre a-t-il changé leur regard sur l'étranger proche ou lointain ? A toutes ces questions, Jean-François Bureau tente de répondre en analysant de nombreux sondages et enquêtes d'opinion réalisés en France, en Europe ou aux Etats-Unis. D'un côté, les Français semblent se méfier du monde, en avoir peur. De l'autre, c'est dans l'Europe qu'ils placent leurs espoirs de pouvoir maîtriser encore les évolutions globales qu'ils ont trop l'impression de subir. Et ils ne semblent plus trouver dans l'exception française en matière de défense ou de politique étrangère de quoi les rassurer quant au destin de leur pays, dont ils savent la puissance déclassée.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 33
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Bureau
L'étranger dans le champ de vision des Français
In: Politique étrangère N°4 - 2002 - 67e année pp. 899-914.
Résumé
Comment les Français voient-ils le monde ? Que pensent-ils de la politique étrangère de leur pays ? Du rôle joué par les Etats-
Unis, par l'Union européenne, par la Russie ou par la Chine ? Pensent-ils que la France a encore une influence sur la scène
mondiale ? Quelles sont pour eux les nouvelles menaces mettant en péril leur sécurité ? Le 11 septembre a-t-il changé leur
regard sur l'étranger proche ou lointain ? A toutes ces questions, Jean-François Bureau tente de répondre en analysant de
nombreux sondages et enquêtes d'opinion réalisés en France, en Europe ou aux Etats-Unis. D'un côté, les Français semblent se
méfier du monde, en avoir peur. De l'autre, c'est dans l'Europe qu'ils placent leurs espoirs de pouvoir maîtriser encore les
évolutions globales qu'ils ont trop l'impression de subir. Et ils ne semblent plus trouver dans l'exception française en matière de
défense ou de politique étrangère de quoi les rassurer quant au destin de leur pays, dont ils savent la puissance déclassée.
Citer ce document / Cite this document :
Bureau. L'étranger dans le champ de vision des Français. In: Politique étrangère N°4 - 2002 - 67e année pp. 899-914.
doi : 10.3406/polit.2002.5236
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_2002_num_67_4_5236:
;
;
.
ÉTRANGÈRE 4/2002 POLITIQUE
Jean-François • BUREAU™ r.r-A . L'étranger . . . . dans — le champ .
de vision des Français
Comment les Français voient-ils le monde ? Que pensent-ils de la politique étran
gère de leur pays ? Du rôle joué par les Etats-Unis, par l'Union européenne, par
la Russie ou par la Chine ? Pensent-ils que la France a encore une influence sur
la scène mondiale ? Quelles sont pour eux les nouvelles menaces mettant en péril
leur sécurité ? Le 11 septembre a-t-il changé leur regard sur l'étranger proche ou
lointain ? A toutes ces questions, Jean-François Bureau tente de répondre en ana
lysant de nombreux sondages et enquêtes d'opinion réalisés en France, en Europe
ou aux Etats-Unis. D'un côté, les Français semblent se méfier du monde, en avoir
peur. De l'autre, c'est dans l'Europe qu'ils placent leurs espoirs de pouvoir maît
riser encore les évolutions globales qu'ils ont trop l'impression de subir. Et ils ne
semblent plus trouver dans l'exception française en matière de défense ou de poli
tique étrangère de quoi les rassurer quant au destin de leur pays, dont ils savent
la puissance déclassée.
Politique étrangère
Les observateurs auront relevé que, loin de se focaliser sur la
question de la lutte contre le terrorisme, les débats qui ont
accompagné, en France, les « commémorations » du 11 sep
tembre ont d'abord porté sur la question de l'antiaméricanisme. A
cette occasion, il a semblé que l'élan de proximité qui s'était manif
esté après le 11 septembre, et qui s'était traduit par de réelles
manifestations de solidarité, avait cédé la place aux « vieux » schémas,
ou plutôt au retour de sentiments mêlant attraction et séduction
d'une part, répulsion et jalousie de l'autre, si caractéristiques de
« l'esprit français1 ». En bref, il a semblé que le fameux « Nous
Jean-François Bureau est haut fonctionnaire. Les points de vue exprimés dans cet article n'engagent que
l'auteur.
1 Voir entre autres « Depuis un an, l'image des Etats-Unis s'est fortement dégradée en France », Le
Monde, 11 septembre 2002 Ph. Roger, « Notre antiaméricanisme révèle avant tout nos propres peurs »,
Libération, 21 2002 Th. de Montbrial, « De la relativité de l'antiaméricanisme », Le Monde,
5 octobre 2002. 900 / POLITIQUE ÉTRANGÈRE
sommes tous Américains2 » avait cédé la place aux reclassements
traditionnels de l'ambivalence de l'opinion française à l'égard des
Etats-Unis.
En réalité, cette situation exprime moins un antiaméricanisme viscéral
de l'opinion publique française que la difficulté à se situer par rapport
à une puissance qui entretient la mesure du sentiment d'impuissance
de tous les autres acteurs de la scène internationale. Plus que Panimo-
sité à l'encontre des Etats-Unis, ce que l'opinion publique exprime est
le sentiment diffus, mais profond, de voir se diluer progressivement la
maîtrise qu'elle a de son devenir.
Dans ce contexte, la représentation qui constitue le prisme à travers
lequel l'opinion française crée son rapport au monde se situe dans un
triptyque Europe/Etats-Unis/Monde. Il est traversé par un autre tri
ptyque qui va de la sécurité à la mondialisation en passant par le
« conflit de civilisations » et le terrorisme. La combinaison de ce
double réseau de représentations crée les bases d'une « demande
d'Europe », conçue comme le niveau adéquat de protection en même
temps que l'espace de rayonnement planétaire permettant d'échapper
à la « guerre des cultures ».
La mondialisation, nouveau masque de la menace ?
En mars 2002, FIFOP a réalisé pour Le Figaro une enquête3 qui fait
apparaître que 47 % des personnes interrogées estiment que « le rôle
de la France dans le monde a augmenté au cours des sept dernières
années », contre 42 % qui sont d'un avis contraire, 9 % estimant qu'il
ne s'est ni accru ni affaibli. Cet apparent équilibre d'opinions cache
cependant des appréciations assez contrastées. Ainsi, 51 % des
femmes estiment que le rôle de la France a augmenté (38 % sont d'un
avis contraire) tandis qu'une majorité relative d'hommes (47 %)
estime qu'il a diminué. L'âge est également un critère fort discriminant
puisque 62 % des moins de 35 ans estiment que le rôle de la France a
augmenté tandis que 47 % des plus de 35 ans estiment qu'il a diminué
(42 % sont d'un avis contraire). Enfin, du point de vue des catégories
socioprofessionnelles, 53 % des professions intermédiaires et 60 %
2. Le Monde, 13 septembre 2001.
3. Publiée le 28 mars 2002. .
DANS LE CHAMP DE VISION DES FRANÇAIS / 901 L'ÉTRANGER
des employés estiment que le rôle de la France s'est accru, tandis que
60 % des professions libérales et des cadres supérieurs et 51 % des
retraités estiment qu'il a diminué, comme 52 % des habitants de la
région parisienne.
La mesure de l'influence de la France dans le monde est dominée
depuis plusieurs années par la crainte de la mondialisation. Perçue
comme ayant pour effet d'affaiblir les protections étatiques, la
mondialisation suscite une inquiétude manifeste puisque 64 % des
personnes interrogées s'affirment « très » ou « plutôt inquiètes » de la des échanges, contre 34 % qui expriment une opinion
inverse. A la seule exception des jeunes de moins de 35 ans, qui
s'affirment à 51 % « pas inquiets » vis-à-vis de la mondialisation,
toutes les catégories de la population expriment une angoisse
marquée. Ainsi, 71 % des plus de 35 ans disent leur inquiétude ; il en
est de même des agriculteurs (85 %), des professions intermédiaires
(69 %), des ouvriers (68 %), des retraités (67 %) et même des profes
sions libérales et des cadres supérieurs (62 %). Corollaire de cette att
itude, 47 % des personnes interrogées estiment que la France « a plus
à perdre » avec la mondialisation tandis que 41 % estiment qu'elle a
« plus à gagner ». Autre expression de cette crainte, parmi sept
propositions jugées « le plus efficace en matière de politique interna
tionale », « lutter contre le blanchiment des capitaux » arrive en premier
(44 % de citations), loin devant « l'annulation de la dette des pays en
développement » (17 %), « la mise en place d'un conseil de sécurité
économique et social » (14 %) et « la mise en place d'une taxe sur les
flux financiers » (7 %).
La réunion du G8 de Gênes, en juillet 2001, a été l'occasion de mesurer
la réalité des perceptions liées à la mondialisation. Ainsi, à l

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