L Europe centrale et l avenir du système collectif - article ; n°5 ; vol.1, pg 3-17
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L'Europe centrale et l'avenir du système collectif - article ; n°5 ; vol.1, pg 3-17

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Description

Politique étrangère - Année 1936 - Volume 1 - Numéro 5 - Pages 3-17
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1936
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Stefan Osusky
L'Europe centrale et l'avenir du système collectif
In: Politique étrangère N°5 - 1936 - 1e année pp. 3-17.
Citer ce document / Cite this document :
Osusky Stefan. L'Europe centrale et l'avenir du système collectif. In: Politique étrangère N°5 - 1936 - 1e année pp. 3-17.
doi : 10.3406/polit.1936.5655
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1936_num_1_5_5655L'EUROPE CENTRALE ET L'AVENIR
DU SYSTÈME COLLECTIF
La Société des Nations a-t-elle subi un échec?
Au mois d'octobre 1935, le Conseil de la Société des Nations a estimé
que l'Italie avait rompu le Covenant de la des Nations, en comm
ettant un acte d'agression contre un de ses membres. En conséquence,
et en vertu du Pacte, tous les États-Membres, sauf un, l'Autriche, ont
pris l'engagement d'appliquer à l'Italie, en rupture de Pacte, des sanc
tions financières et commerciales. La constatation de la rupture du Pacte
par l'Italie a été faite par le Conseil dans des conditions qui ne prêtaient
à aucune équivoque — l'unanimité moins une voix. Les mesures coerci-
tives prescrites furent appliquées dans les conditions matérielles les plus
favorables.
L'ambiance internationale devant les sanctions.
Trois des six grandes puissances mondiales, autres que l'Italie, n'étaient
pas membres de la Société des Nations; deux d'entre elles, l'Allemagne
et le Japon, attendirent avec une curiosité intéressée le développement
politique de cette initiative; la troisième, les États-Unis, observait avec
une sympathie évidente cet effort collectif pour le maintien de la paix,
en vue d'obtenir, par la pression, le respect de conventions librement
consenties.
Les trois autres grandes puissances, la France, la Russie et l'Angleterre
étaient membres de la Société des Nations. La Grande-Bretagne se mit
à leur tête. La France, depuis la Conférence de la Paix avait fait de l'idée
de la sécurité collective, sa politique nationale bien arrêtée, et avec une
telle opiniâtreté, que son gouvernement n'avait d'autre parti à prendre
que d'appliquer les prescriptions du Pacte. Quant à la Russie soviétique,
elle soutenait publiquement le système de la Société des Nations, à la
fois par intérêt et par conviction.
Dans la mesure où les États balkaniques étaient intéressés, leur atti- - - 4
tude fut déterminée par le fait qu'ils étaient riverains de la Méditerranée;
celle des États de l'Europe Centrale le fut par la légitime préoccupation
de ne pas devenir eux-mêmes l'Abyssinie de quelqu'un.
Les neutres, à l'exception de la Suisse, étaient assez heureux de voir
leurs devoirs collectifs envers la Société des Nations se concilier avec leur
neutralité. Ils pouvaient voter contre l'Italie et appliquer les sanctions
économiques et financières sans exposer à des risques sérieux leur sécu
rité nationale ou leur prospérité économique. Pour les Etats Scandinaves
et baltes le commerce avec l'Italie n'était pas d'une importance vitale;
les sanctions, puisqu'elles étaient limitées à des mesures financières et
commerciales, ne leur demandaient point de sérieux sacrifices matériels.
L'Espagne, en raison de ses intérêts commerciaux avec l'Italie, jugea
bon d'établir une distinction entre ses devoirs collectifs et ses droits de
neutre. Quant aux pays d'Outre-Mer, ils ne risquaient ni leur sécurité
nationale, ni leur prospérité économique; ils avaient de plus le privilège
de servir un haut idéal humain.
Enfin, l'État en rupture du Pacte étant une grande puissance, l'épreuve
ne pouvait pas être considérée comme illusoire, comme on aurait pu le
prétendre des cas antérieurs qui intéressaient de petites puissances, en
arguant que celles-ci se seraient spontanément soumises à la volonté
concertée des grandes, même si la Société des Nations n'avait pas existé.
En outre, du point de vue du prestige politique, l'Italie était une
grande puissance de très fraîche date; économiquement et financièr
ement, la moins indépendante des grandes puissances, embouteillée dans
la Méditerranée, dépourvue des matières 'prermères indispensables et
dépendant plus, du point de vue monétaire, des pays étrangers que de ses
ressources nationales. Bref, il lui fallait suppléer par un effort extrême de
volonté, aux richesses que lès autres grandes puissances avaient en leur
possession sous forme de réserves accumulées.
J'ai voulu tracer de la situation un dessin fortement accusé pour pou
voir regarder sans illusion les réalités. Mise à l'épreuve, dans les condi
tions pourtant les plus favorables, la Société des Nations, dit-on couram
ment, a échoué. La question qui se pose alors est de savoir quelles conclu
sions nous devons en tirer?
Il nous serait impossible de juger sainement les choses, si nous n'éta
blissions d'abord exactement la cause et la nature réelle de l'échec. Une
inflammation de l'œil n'implique pas nécessairement une lésion de cet
organe. Elle peut être seulement la conséquence d'une mauvaise digestion,
ou même d'un mauvais fonctionnement des reins. S'il est permis de dire
qu'il y a eu échec pour ce qui a été fait, il n'est pas permis de parler d'échec
pour tout ce qui n'a pas été fait. Responsabilité des intérêts particuliers.
J'ai le droit, je crois, de me présenter à vous comme un sérieux témoin
oculaire de l'activité de la Société des Nations depuis sa fondation. J'ai
d'abord assisté à toutes les assemblées. J'ai, en outre, en qualité de
Président de la Commission de Contrôle, été intimement mêle aux
travaux de cette commission, dont la tâche est de traduire les idées et les
résolutions de l'Assemblée et du Conseil en chiffres budgétaires, c'est-
à-dire de traduire les paroles en actes.
Si nous examinons la conduite des membres de la Société des Nations
nous nous apercevons qu'une lutte triangulaire n'a cessé de s'y livrer
depuis sa fondation, certains États s'efforçant de consolider leurs droits
nationaux acquis; d'autres luttant pour regagner ce qu'ils avaient perdu
ou ce qu'ils n'avaient pu acquérir par la grande guerre; les autres, enfin,
pratiquant simplement une politique de neutralité.
La lutte pour la suppression de l'Article 10 du Pacte, engagée par la
délégation canadienne en 1920; le Traité d'Assistance Mutuelle de 1923;
le Protocole de Genève de 1924; le Pacte Briand-Kellog de 1928 et les
efforts qui suivirent, en 1929 et 1930, pour le mettre en harmonie avec le
Pacte ; les tentatives faites en vue de supprimer l'Article 1 6 et de refondre
l'Article 19; la Conférence du Désarmement elle-même, tout cela n'a
été qu'une lutte d'intérêts particuliers selon le système triangulaire que
j'ai défini plus haut. Les neutres observaient cette lutte avec un certain
détachement dédaigneux, fort tentés de donner leur appui à ceux qui,
criant le plus fort, troublaient leur quiétude. C'était le cas, par exemple,
pour les Etats Scandinaves qui, depuis la disparition de l'Empire des
Tsars et l'effondrement de l'Allemagne, vivaient dans une sécurité parf
aite, n'ayant nullement à craindre, en effet, que la Grande-Bretagne
menaçât jamais la tranquillité de la Mer du Nord et de la Baltique : d'où
leur conviction qu'ils trouveraient leur sécurité dans une pratique de la
Société des Nations n'impliquant pas le sacrifice de leur position de
neutres. Ils pratiquaient la Société des Nations en tant que neutres et
dans le dessein de rester neutres.
C'est la lutte entre ces trois conceptions qui a désorganisé la Société des
Nations. C'est elle qui l'a empêchée d'avoir une âme qui lui fût propre,
et par là, d'être une force dans la vie internationale.
Or, c'est précisément au moment où la lutte, livrée pendant seize ans
entre ces trois intérêts, ces trois conceptions, était parvenue à la paralyser
psychologiquement, spirituellement et politiquement, qu

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