L Europe et le conflit israélo-arabe - article ; n°4 ; vol.45, pg 835-847
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Politique étrangère - Année 1980 - Volume 45 - Numéro 4 - Pages 835-847
Europe and the Arab-Israeli conflict, by Dominique Moïsi
The numerous statements made in common by the Nine about the Middle-East since 1973 illustrate a new phenomenom: a gradual adoption by the Europeans of a policy that was originally that of France. This European unity with regards to the Middle-East has been to the detriment of Israel and it reflects a process of increasing isolation of the Jewish State which is partly due to the Israeli themselves. As clearly indicated by the conflict between Iran and Irak, Europe can have only a relative influence in the Middle-East. Indeed, it finds itself limited by a dual dependence: militarily vis-a-vis the United States and economically vis-a-vis the oil producing countries. The Europeans' position with respect to the Palestinian cause may above all allow them to play a diplomatic role in the Gulf more than it directly helps in finding the solution to the Arab-Israeli dispute.
L'Europe et le conflit israélo-arabe, par Dominique Moïsi
Les nombreuses déclarations communes des Neuf sur le Moyen-Orient depuis 1973 illustrent un phénomène nouveau : un rapprochement des Européens autour d'une ligne politique qui était à l'origine celle de la France. Cette unité européenne sur le Moyen-Orient s'est constituée aux dépens d'Israël et traduit un processus d'isolement croissant, partiellement l'oeuvre des Israéliens eux-mêmes, de l'Etat hébreu. L'Europe, comme l'illustre le conflit entre l'Iran et l'Irak, ne peut qu'exercer une influence relative au Proche-Orient. Elle se trouve limitée par une double dépendance : militaire à l'égard des Etats-Unis, économique à l'égard des pays arabes producteurs de pétrole. La position des Européens à l'égard de la cause palestinienne permet peut-être avant tout aux Européens de jouer un rôle diplomatique dans le Golfe plus qu'elle ne facilite directement la solution du conflit israélo-arabe.
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Dominique Moïsi
L'Europe et le conflit israélo-arabe
In: Politique étrangère N°4 - 1980 - 45e année pp. 835-847.
Abstract
Europe and the Arab-Israeli conflict, by Dominique Moïsi
The numerous statements made in common by the Nine about the Middle-East since 1973 illustrate a new phenomenom: a
gradual adoption by the Europeans of a policy that was originally that of France. This European "unity" with regards to the Middle-
East has been to the detriment of Israel and it reflects a process of increasing isolation of the Jewish State which is partly due to
the Israeli themselves. As clearly indicated by the conflict between Iran and Irak, Europe can have only a relative influence in the
Middle-East. Indeed, it finds itself limited by a dual dependence: militarily vis-a-vis the United States and economically vis-a-vis
the oil producing countries. The Europeans' position with respect to the Palestinian cause may above all allow them to play a
diplomatic role in the Gulf more than it directly helps in finding the solution to the Arab-Israeli dispute.
Résumé
L'Europe et le conflit israélo-arabe, par Dominique Moïsi
Les nombreuses déclarations communes des Neuf sur le Moyen-Orient depuis 1973 illustrent un phénomène nouveau : un
rapprochement des Européens autour d'une ligne politique qui était à l'origine celle de la France. Cette "unité" européenne sur le
Moyen-Orient s'est constituée aux dépens d'Israël et traduit un processus d'isolement croissant, partiellement l'oeuvre des
Israéliens eux-mêmes, de l'Etat hébreu. L'Europe, comme l'illustre le conflit entre l'Iran et l'Irak, ne peut qu'exercer une influence
relative au Proche-Orient. Elle se trouve limitée par une double dépendance : militaire à l'égard des Etats-Unis, économique à
l'égard des pays arabes producteurs de pétrole. La position des Européens à l'égard de la cause palestinienne permet peut-être
avant tout aux Européens de jouer un rôle diplomatique dans le Golfe plus qu'elle ne facilite directement la solution du conflit
israélo-arabe.
Citer ce document / Cite this document :
Moïsi Dominique. L'Europe et le conflit israélo-arabe. In: Politique étrangère N°4 - 1980 - 45e année pp. 835-847.
doi : 10.3406/polit.1980.3002
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1980_num_45_4_3002POLITIQUE ÉTRANGÈRE / 835
L'EUROPE ET LE CONFLIT
Dominique 4 MOISI* ISRAELO-ARABE ^_
Le simple fait que l'on puisse évoquer « l'Europe » à propos du
conflit israélo-arabe, traduit un phénomène nouveau. Les nom
breuses déclarations communes des Neuf sur le Moyen-Orient,
depuis 1973, illustrent leur rapprochement évident dans ce domaine,
autour de la ligne politique fixée par la France en 1973, sinon en 1967.
Cette unité croissante de l'Europe peut-elle se manifester par un sur
croît d'influence ou par de nouvelles possibilités d'action dans la région ?
Etant donné le caractère militaire du conflit, le rôle de l'Europe,
« puissance civile », est-il destiné à être uniquement marginal ? Les
Etats-Unis continueront-ils à considérer le Moyen-Orient et le processus
de paix qui s'y déroule comme leur « chasse gardée » ? Les Etats-Unis
et l'Europe, peuvent-ils se sentir unis par une conception commune de
leurs intérêts, à la lumière de la menace soviétique et de l'instabilité
croissante dans la région, au point d'œuvrer réellement ensemble dans
cette partie du monde ? Ou, au contraire, le Moyen-Orient consti-
tuera-t-il la zone privilégiée des tensions entre alliés ?
En traitant ces questions, nous analyserons d'abord l'évolution des
positions des trois principaux acteurs européens : la France, la Répu
blique fédérale d'Allemagne et la Grande-Bretagne. Ensuite, nous
examinerons la façon dont s'est élaborée une politique européenne
commune en la matière. Enfin, nous aborderons le rôle que l'Europe
peut jouer en ce qui concerne l'instabilité nouvelle qui règne dans la
région du Golfe.
Réfléchir au rôle des pays européens vis-à-vis du conflit du Moyen-
Orient peut constituer pour quiconque veut croire à l'Europe, un
exercice qui engendre un sentiment de frustration : une réflexion sur
le poids de la marginalité dans l'histoire. Il peut être pénible de se
demander constamment non point tant ce que l'Europe peut apporter à
la solution du conflit du Moyen-Orient, mais ce que ce conflit peut infl
iger à l'Europe occidentale.
* Adjoint au directeur de l'Institut français des relations internationales (IFRI). 836 I POLITIQUE ÉTRANGÈRE
L'évolution des positions nationales
La France
En ce qui concerne le conflit, la politique de la France contraste nett
ement avec celles de l'Allemagne et de la Grande-Bretagne. Cette poli
tique se caractérise en effet, depuis 1967, par une remarquable conti
nuité ; c'est l'argument que les diplomates français mettent en avant pour
réfuter l'accusation selon laquelle leur attitude serait dictée par la seule
crise du pétrole. Cette continuité provient, en partie, du fait que le
Moyen-Orient est une région où la France a toujours eu des intérêts
et une influence à défendre, même s'il n'est pas besoin de rappeler
à ce propos l'alliance entre François Ier et Soliman au début du XVIe siècle.
Pour la France, le Moyen-Orient s'inscrit dans un dessein politique
mondial que caractérise sa volonté de transcender un rôle purement
régional. Dans un monde divisé en blocs, la France pourrait souhaiter
jouer un rôle de médiateur potentiel entre l'Est et l'Ouest, et entre le
Nord et le Sud depuis que s'est dégagée l'idée d'un dialogue de ce
type. Aussi, la France a-t-elle vu dans le Moyen-Orient une région très
propice à cette double ambition : sur le plan stratégique, le conflit du
Moyen-Orient est également un affrontement entre l'Est et l'Ouest (ou
entre l'Est et le Sud) et sur le plan économique on pourrait le définir
comme un aspect de la relation Nord-Sud.
Une fois libérée de l'hypothèque algérienne, la France chercha à
rétablir sa présence dans le monde arabe, condition préalable à toute
tentative pour exercer un rôle global dans le Tiers-Monde. Cette att
itude supposait une révision des relations extrêmement étroites établies
jusque-là avec Israël et fondées sur une solidarité face à un ennemi
commun.
Il y avait à cela une autre raison, surtout déterminante après 1973 :
le pétrole. La France importe en effet 74 % de son pétrole du Moyen-
Orient. Par ailleurs, l'une des caractéristiques de l'attitude française
en matière de commerce tient à ses résonnances politiques et à la
tentation de croire que l'on peut s'assurer des marchés par la seule
vertu de déclarations et de prises de position diplomatiques. Cette
méthode est exactement l'inverse de celle de l'Allemagne, et elle s'est
révélée décevante pour la conquête de marchés en général — si l'on
excepte les ventes d'armes, domaine dans lequel la France a fait la
preuve de sa compétitivité, peut-être parce qu'il s'agit d'un marché de
type politique.
Négligeant d'une part les sentiments ressentis par l'opinion publique
et partagés par la majorité de la classe politique, d'autre part les rét
icences de certains fonctionnaires qui se sont traduites notamment lors de CONFLIT ISRAÉLO-ARABE I 837
l'incident des « vedettes de Cherbourg », la France est devenue en 1967
le premier pays européen à établir des relations spéciales avec le nonde
arabe en lui fournissant une assistance militaire dans le cadre d'une
ambitieuse politique de ventes d'armes. Tout en défendant le principe
du droit à l'existence pour l'Etat d'Israël, la France a été aussi loin que
possible dans son rapprochement avec le monde arabe. Elle se dissoc
iait ainsi du reste des pays européens, en exprimant toutefois, le souhait
d'être suivie à condition de conserver le premier rôle de manière à se
distinguer « du lot ».
Concrètement, au cours de ces dernières années, l'attitude de la France
a eu deux implications :
— La France s'inscrit comme le premier Etat européen

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