L institutionnalisation de la région comme apprentissage des rôles. Le cas des conseillers régionaux - article ; n°38 ; vol.10, pg 18-46
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L'institutionnalisation de la région comme apprentissage des rôles. Le cas des conseillers régionaux - article ; n°38 ; vol.10, pg 18-46

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Politix - Année 1997 - Volume 10 - Numéro 38 - Pages 18-46
The Institutionalization of the «Région» as Apprenticeship of a Political Role. The Case of the «Conseillers régionaux».
Olivier Nay [18-46].
The obervation of the roles assumed by the regional political representatives helps us to understand the processes by which a political institution such as the «Région» emerges in France. The article argues that the roles played by regional politicians are shaped to a great extent by the conditions of their intervention on subregional political territories. In particular, it is suggested that regional representatives involve themselves in the action by taking on a role as a mediator. This action consists in assuming continuous intercession between groups of actors who do not usually interact. Nevertheless, because the mediating activity obliges the representatives to intervene simultaneously in different political arenas, it leads them to confront contradictory demands that they are not always able to reconcile.
L'institutionnalisation de la Région comme apprentissage des rôles. Le cas des conseillers régionaux.
Olivier Nay [18-46].
L'observation de rôles tenus par les élus politiques régionaux peut aider à la compréhension des processus par lesquels prend forme une institution politique telle que la Région. L'article s'attache à montrer que les rôles endossés par les représentants politiques dans l'exercice du mandat régional restent largement déterminés par les conditions de leur intervention sur des territoires politique infra-régionaux. C'est notamment par l'apprentissage d'un rôle d'intermédiaire — rôle par lequel est assurée une intercession permanente entre des acteurs éloignés les uns de autres — que les élus régionaux sont amenés à s'engager dans leur action de représentation. L'activité d'intermédiaire, toutefois, en conduisant ces derniers à intervenir simultanément dans une pluralité de lieux d'échange, tend à les confronter à des exigences contradictoires qu'ils ne sont pas toujours en mesure de concilier.
29 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 36
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Olivier Nay
L'institutionnalisation de la région comme apprentissage des
rôles. Le cas des conseillers régionaux
In: Politix. Vol. 10, N°38. Deuxième trimestre 1997. pp. 18-46.
Abstract
The Institutionalization of the «Région» as Apprenticeship of a Political Role. The Case of the «Conseillers régionaux».
Olivier Nay [18-46].
The obervation of the roles assumed by the regional political representatives helps us to understand the processes by which a
political institution such as the «Région» emerges in France. The article argues that the roles played by regional politicians are
shaped to a great extent by the conditions of their intervention on subregional political territories. In particular, it is suggested that
regional representatives involve themselves in the action by taking on a role as a mediator. This action consists in assuming
continuous intercession between groups of actors who do not usually interact. Nevertheless, because the mediating activity
obliges the to intervene simultaneously in different political arenas, it leads them to confront contradictory
demands that they are not always able to reconcile.
Résumé
L'institutionnalisation de la Région comme apprentissage des rôles. Le cas des conseillers régionaux.
Olivier Nay [18-46].
L'observation de rôles tenus par les élus politiques régionaux peut aider à la compréhension des processus par lesquels prend
forme une institution politique telle que la Région. L'article s'attache à montrer que les rôles endossés par les représentants
politiques dans l'exercice du mandat régional restent largement déterminés par les conditions de leur intervention sur des
territoires politique infra-régionaux. C'est notamment par l'apprentissage d'un rôle d'intermédiaire — rôle par lequel est assurée
une intercession permanente entre des acteurs éloignés les uns de autres — que les élus régionaux sont amenés à s'engager
dans leur action de représentation. L'activité d'intermédiaire, toutefois, en conduisant ces derniers à intervenir simultanément
dans une pluralité de lieux d'échange, tend à les confronter à des exigences contradictoires qu'ils ne sont pas toujours en mesure
de concilier.
Citer ce document / Cite this document :
Nay Olivier. L'institutionnalisation de la région comme apprentissage des rôles. Le cas des conseillers régionaux. In: Politix. Vol.
10, N°38. Deuxième trimestre 1997. pp. 18-46.
doi : 10.3406/polix.1997.1666
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polix_0295-2319_1997_num_10_38_1666L'institutionnalisation de la région
comme apprentissage des rôles
Le cas des conseillers régionaux
Olivier Nay
Institut d'études politiques de Bordeaux
LES SOCIOLOGIES de l'institution se donnent habituellement pour
ambition de chercher à identifier les ressorts sociaux qui assurent
la stabilité et la solidité de formes d'action collective à différents
niveaux de la vie sociale. Elles s'attachent plus précisément à repérer
les ensembles relativement stables de normes, de règles, de croyances,
de comportements, de procédures et de routines permettant à des
groupes d'acteurs, présents dans un même espace social, d'interagir, de
négocier, d'anticiper, de se comprendre, et même de se confronter. La
notion d'institution indique en effet que certaines formes sociales
établies dans la société ont une existence qui n'est pas réductible à la
seule confrontation des volontés individuelles à un moment donné ;
autrement dit que ces formes sociales présentent une certaine
permanence et une autonomie qui les distinguent des situations
d'interaction particulières dans lesquelles elles peuvent être observées.
L'institution peut être ainsi entendue comme un ensemble de
combinaisons de valeurs, de modèles de conduite et d'usages dominants
dans un espace-temps qui, par leur stabilité et leur récurrence,
orientent à la fois les pratiques individuelles des acteurs sociaux et la
structuration des activités collectives auxquelles ils prennent part1.
Dans l'univers politique, l'étude d'une institution invite plus
particulièrement à considérer les ensembles de valeurs, de conduites et
d'usages autour desquels s'établissent des jeux de domination dans un
même espace de pouvoir. Dans une telle perspective, l'ordre politique
est observé moins dans les organisations formelles, les règles juridiques
et les procédures prévues pour assurer la direction administrative d'une
collectivité, que dans les ensembles de règles progressivement établies
1. L'institution s'exprime ainsi sous des formes sociales très diverses. Elle prend corps
dans des attitudes typifiées, des modèles d'action, des formes d'organisation, des
routines, des savoir-faire, des techniques et des procédures, auxquels recourent les
acteurs sociaux dans leur activité quotidienne sans qu'ils aient pour autant l'impression
d'avoir à s'en expliquer. Elle s'exprime également dans des dispositifs symboliques, dans
des ensembles de significations, de normes, de valeurs, de représentations, de
connaissances, de codes, de conventions sociales et même de mythes, sur lesquels les
acteurs sociaux s'appuient pour conduire, interpréter et justifier leurs pratiques.
18 Politix, n°38, 1997, pages 18 à 46 Olivier Nay
entre différents groupes d'acteurs concrètement engagés dans des
relations de pouvoir1.
La région peut être à ce titre considérée comme une institution
politique2. Certes, un grand nombre d'observateurs s'accordent à
montrer que la mise en place d'un échelon d'action régional3 est loin
d'avoir contribué à modifier de façon sensible l'organisation des activités
politiques sur le territoire, les lois de décentralisation ayant largement
concouru à maintenir le département comme l'arène privilégiée où se
construisent des systèmes de pouvoir durables dans l'espace politique.
À l'exception de certaines régions dont le découpage administratif
coïncide plus ou moins avec une entité «historique» régionale (comme la
Bretagne ou l'Alsace), les régions françaises restent bien souvent des
espaces politiques faiblement intégrés ; elles sont des lieux d'échange et
de confrontation étroitement interconnectés, par de multiples canaux4, à
d'autres espaces d'action collective fortement institutionnalisés5, dont
les logiques sociales spécifiques influent sur la forme des transactions
régionales6. Si la région n'est pas un échelon privilégié dans
l'organisation du pouvoir local, elle n'en est pas moins marquée, en
revanche, par l'émergence et la consolidation de formes institutionnelles
inédites. La multiplication d'échanges mettant aux prises des groupes
d'acteurs représentant différents secteurs de la vie sociale, l'émergence
de formes de concurrence nouvelles pour l'acquisition de financements et
de positions de pouvoir, et la construction progressive d'intérêts et
d'enjeux particuliers autour desquels se mobilisent les acteurs
1. Il est bien évident qu'un tel choix ne doit pas conduire à ignorer les dispositifs
juridiques et organisationnels mis en place par les réformes, ou à considérer qu'ils sont
d'un intérêt mineur pour l'observation sociologique des institutions politiques. Les effets
de ces dispositifs sont loin d'être négligeables sur les anticipations et les croyances des
acteurs (et donc sur leurs comportements institutionnels) dans une société occidentale
où les principes de droit irriguent de façon croissante le fonctionnement des institutions
politiques et constituent un élément déterminant de la légitimité à intervenir dans
l'espace politique.
2. Cet article est issu de recherches menées dans le cadre d'une thèse de doctorat
intitulée La région, site institutionnel. Les logiques de représentation en Aquitaine, IEP
de Bordeaux, 1997 (à paraître aux éditions L'Harmattan).
3. La région renvoie ici à l'espace administratif et politique tel qu'il est issu des réformes
de régionalisation engagées à partir des années cinquante. Elle ne concerne donc ni les
régions «historiques» ou «culturelles» (conçues comme les lieux d'expression d'une
revendicati

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