L Iran des réformes : la société face au pouvoir - article ; n°1 ; vol.67, pg 103-114
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Description

Politique étrangère - Année 2002 - Volume 67 - Numéro 1 - Pages 103-114
Reforms in Iran: When Society Faces the State, by Delphine Minoui
If there is a country that will profit from the Afghan crisis, it is Iran. Rid of a troublesome neighbour, which portrayed the image of a radical Islam, Iran is celebrating the return of stability to Kabul. Twenty-three years after the revolution that ended the Shah's regime, the Islamic Republic of Iran is developing its relations with the West, and hopes to represent the face of moderate Islam. The reforming president Khatami, who was re-elected last August, finds himself once again confronting the obstacles that have been put in place by the conservative clergy in recent years. The followers of the supreme spiritual leader, Ayatollah Ali Khamenei, who remains the dominating force in the regime, still control the police, the army and the judiciary. But how can they keep control of a society that is becoming more and more active, 50% of which is under the age of 20 and which rejects the uneasy combination of religion and politics? This is the principle problem that those in power are trying to face. Today in Iranian society, three large groups represent real forces that favour a transition to democracy: intellectuals, women and youth.
Avec la réélection de Mohammad Khatami à la tête de l'Etat, en juin 2001, la République islamique d'Iran semble de plus en plus tiraillée entre deux camps : celui des réformateurs et celui des conservateurs. Les premiers bénéficient du soutien d'une majorité de la population : ils ont remporté les élections présidentielles de 1997, les élections municipales de 1999, les législatives de 2000 et les présidentielles de 2001. Leur chef de file, le président Khatami, a cherché à donner un ton nouveau au régime et prône l'ouverture sur le plan intérieur autant qu'extérieur. Mais les conservateurs, rassemblés autour de l'ayatollah Ali Khamenei, qui reste le numéro un du régime, contrôlent toujours la police, la justice et l'armée, ainsi que la plupart des médias. Ils disposent du soutien d'institutions aussi influentes que le Conseil des gardiens, chargé de veiller à la conformité des lois avec l'islam. Les blocages qu'ils imposent au quotidien remettent régulièrement en cause le processus de démocratisation timidement amorcé. Au-delà de la lutte qui les oppose, réformateurs et conservateurs devront cependant tenir compte d'une troisième force : celle d'une société civile de plus en plus active et dont l'impatience croissante menace d'ébranler un régime en pleine crise de crédibilité.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 79
Langue Français

Extrait

Minoui
L'Iran des réformes : la société face au pouvoir
In: Politique étrangère N°1 - 2002 - 67e année pp. 103-114.
Citer ce document / Cite this document :
Minoui. L'Iran des réformes : la société face au pouvoir. In: Politique étrangère N°1 - 2002 - 67e année pp. 103-114.
doi : 10.3406/polit.2002.5160
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_2002_num_67_1_5160Abstract
Reforms in Iran: When Society Faces the State, by Delphine Minoui
If there is a country that will profit from the Afghan crisis, it is Iran. Rid of a troublesome neighbour,
which portrayed the image of a radical Islam, Iran is celebrating the return of stability to Kabul. Twenty-
three years after the revolution that ended the Shah's regime, the Islamic Republic of Iran is developing
its relations with the West, and hopes to represent the face of moderate Islam. The reforming president
Khatami, who was re-elected last August, finds himself once again confronting the obstacles that have
been put in place by the conservative clergy in recent years. The followers of the supreme spiritual
leader, Ayatollah Ali Khamenei, who remains the dominating force in the regime, still control the police,
the army and the judiciary. But how can they keep control of a society that is becoming more and more
active, 50% of which is under the age of 20 and which rejects the uneasy combination of religion and
politics? This is the principle problem that those in power are trying to face. Today in Iranian society,
three large groups represent real forces that favour a transition to democracy: intellectuals, women and
youth.
Résumé
Avec la réélection de Mohammad Khatami à la tête de l'Etat, en juin 2001, la République islamique
d'Iran semble de plus en plus tiraillée entre deux camps : celui des réformateurs et celui des
conservateurs. Les premiers bénéficient du soutien d'une majorité de la population : ils ont remporté les
élections présidentielles de 1997, les élections municipales de 1999, les législatives de 2000 et les
présidentielles de 2001. Leur chef de file, le président Khatami, a cherché à donner un ton nouveau au
régime et prône l'ouverture sur le plan intérieur autant qu'extérieur. Mais les conservateurs, rassemblés
autour de l'ayatollah Ali Khamenei, qui reste le numéro un du régime, contrôlent toujours la police, la
justice et l'armée, ainsi que la plupart des médias. Ils disposent du soutien d'institutions aussi influentes
que le Conseil des gardiens, chargé de veiller à la conformité des lois avec l'islam. Les blocages qu'ils
imposent au quotidien remettent régulièrement en cause le processus de démocratisation timidement
amorcé. Au-delà de la lutte qui les oppose, réformateurs et conservateurs devront cependant tenir
compte d'une troisième force : celle d'une société civile de plus en plus active et dont l'impatience
croissante menace d'ébranler un régime en pleine crise de crédibilité.POLITIQUE ÉTRANGÈRE 1/2002
repères
Delphine MINOUI L'Iran des réformes :
la société face au pouvoir
Avec la réélection de Mohammad Khatami à la tête de l'Etat, en juin 2001, la
République islamique d'Iran semble de plus en plus tiraillée entre deux camps :
celui des réformateurs et celui des conservateurs. Les premiers bénéficient du sou
tien d'une majorité de la population : ils ont remporté les élections présidentielles
de 1997, les élections municipales de 1999, les législatives de 2000 et les prési
dentielles de 2001. Leur chef de file, le président Khatami, a cherché à donner
un ton nouveau au régime et prône l'ouverture sur le plan intérieur autant qu'ex
térieur. Mais les conservateurs, rassemblés autour de l'ayatollah Ali Khamenei,
qui reste le numéro un du régime, contrôlent toujours la police, la justice et l'ar
mée, ainsi que la plupart des médias. Ils disposent du soutien d'institutions aussi
influentes que le Conseil des gardiens, chargé de veiller à la conformité des lois
avec l'islam. Les blocages qu'ils imposent au quotidien remettent régulièrement en
cause le processus de démocratisation timidement amorcé. Au-delà de la lutte qui
les oppose, réformateurs et conservateurs devront cependant tenir compte d'une
troisième force : celle d'une société civile de plus en plus active et dont l'impa
tience croissante menace d'ébranler un régime en pleine crise de crédibilité.
Politique étrangère
Alors que le règne de l'islam radical et répressif vient de sonner
ses dernières heures en Afghanistan, tous les regards se tour
nent vers son voisin, l'Iran. Premier pays à avoir expérimenté
une révolution religieuse, il y a vingt-trois ans, la République isla-
Delphine Minoui est correspondante à Téhéran pour France Info, France Inter et France Culture. Elle prépare
une thèse de sociologie à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), sous la direction de
Farhad Khosrokhavar, sur le théâtre iranien contemporain. .
104 / POLITIQUE ÉTRANGÈRE
mique d'Iran est entrée dans une nouvelle phase depuis la première
élection du président Khatami, en 1997 : celle des réformes, du dia
logue avec les pays occidentaux et de l'ouverture politique. L'étiquette
« islam-terrorisme-tchador », qui collait à l'Iran depuis des années, a
cédé la place à une image plus souriante, symbolique de la jeune
société iranienne (plus de 50 % de la population a moins de vingt ans),
avide de changements, et présentée comme la vitrine d'un islam
modéré et tolérant1.
Sur le plan international, la crise afghane a largement profité à la
République islamique, qui y a trouvé l'occasion de développer sa poli
tique d'ouverture sur l'extérieur. Les événements du 1 1 septembre ont
marqué une nouvelle étape dans la politique de rapprochement entre
l'Iran et les Etats-Unis - dont les relations étaient quasiment gelées
depuis la prise d'otages à l'ambassade américaine de Téhéran en
novembre 1979. L'Iran a été l'un des premiers pays à transmettre ses
condoléances à la nation américaine, tandis que les habituels cris de
mort contre les Etats-Unis se sont faits silencieux lors de la tradition
nelle prière du vendredi, qui s'est tenue à l'université de Téhéran, deux
jours après les attentats perpétrés à New York et à Washington. En
plein cœur de la guerre en Afghanistan, l'Iran s'était également déclaré
prêt à secourir les pilotes américains en difficulté dans le ciel afghan.
Ce rapprochement a aussi trouvé son illustration dans la première ren
contre entre Kamal Kharazi, le chef de la diplomatie iranienne, et son
homologue américain Colin Powell, en marge d'une réunion du
groupe « 6 + 2 » qui réunit les voisins de l'Afghanistan, les Etats-Unis
et la Russie. Plus récemment, pour la première fois depuis la révolu
tion de 1979, un bateau américain a pu accoster dans un port iranien
du golfe Persique. Ce bateau, qui avait obtenu le feu vert du gouver
nement iranien, était chargé de 45 000 tonnes de blé et de farine des
tinées à la population afghane. Si la normalisation des rapports entre
les deux pays est régulièrement remise en cause par les factions
conservatrices du régime, la politique de rapprochement irano-améri-
caine a bel et bien été amorcée depuis l'élection de Khatami en 1997.
Tout le monde garde en mémoire le fameux discours du président ira
nien à la tribune des Nations unies, ainsi que sa première interview sur
1 Voir A. Kian-Thiébault (dir.), « Iran. Incertain avenir ? », Les Cahiers de l'Orient, 4e trimestre 2000, n° 60. L'IRAN DES RÉFORMES : LA SOCIÉTÉ FACE AU POUVOIR / 105
la chaîne américaine CNN, qui avait débouché, quelques mois plus
tard, sur une levée de l'embargo américain sur le caviar, les pistaches
et les tapis.
La crise afghane a également donné l'occasion à Téhéran de renforcer
son dialogue avec l'Europe. Au cours des deux mois qui ont suivi les
attentats du 1 1 septembre, le secrétaire britannique au Foreign Office,
Jack Straw, s'est rendu à deux reprises en Iran pour y consulter la
diplomatie sur l'avenir de l'Afghanistan, le rôle de l'Ir

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