L islam dans le monde - article ; n°4 ; vol.48, pg 953-964
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Description

Politique étrangère - Année 1983 - Volume 48 - Numéro 4 - Pages 953-964
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 14
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Kodmani
L'islam dans le monde
In: Politique étrangère N°4 - 1983 - 48e année pp. 953-964.
Citer ce document / Cite this document :
Kodmani. L'islam dans le monde. In: Politique étrangère N°4 - 1983 - 48e année pp. 953-964.
doi : 10.3406/polit.1983.5717
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1983_num_48_4_5717POLITIQUE ÉTRANGÈRE I 953
Bassma KODMANI* L'ISLAM DANS LE MONDE
C'est au nom de l'Islam que sont commis des attentats de plus
en plus meurtriers au Moyen-Orient et dans certains pays
occidentaux, notamment en France, contre des intérêts européens
et américains. Un tel degré de fanatisme et de violence n'avait jamais
été atteint jusqu'à l'apparition de ces groupuscules qui sont à l'origine
des opérations terroristes de ces derniers mois. L'Islam a perdu ainsi
aux yeux de l'opinion internationale sa valeur religieuse pour apparaît
re comme un phénomène dangereux, générateur de terrorisme et
capable de déstabiliser la planète.
Les mouvements islamistes déjà présents dans certains pays du
Moyen-Orient depuis plusieurs décennies ont pris une ampleur nouv
elle dans les années 70. Ils traduisent la déception des peuples face
à l'échec des courants de pensée politique laïcs et nationalistes, tels
que le baasisme ou le nassérisme. L'Islam, lui, semble apporter des
réponses à tous les problèmes : il offre un modèle social, économique,
juridique et politique qu'il n'y a pas lieu de discuter puisqu'il est
d'inspiration divine, et dont l'application ne pose en théorie aucun
problème puisqu'il constitue la culture même du peuple. Il est vrai
que les mouvements islamistes sont aujourd'hui la seule force qui
parvient à mobiliser les masses tandis que les partis politiques nés
dans les années 40 et 50 ne sont soutenus que par une élite plus ou
moins réduite.
Le formidable attrait que ces mouvements exercent sur les populations
musulmanes à travers le monde s'est révélé dans toute sa dimension
avec la révolution islamique en Iran. L'Islam est devenu de ce fait
un enjeu de taille dans les conflits et les rivalités interétatiques.
Les Frères musulmans de Syrie, principale force d'opposition au rég
ime militaire alaouite, bénéficient du soutien de la Jordanie et Damas
à son tour ne se prive pas de prêter la main aux Frères musulmans
opposés au roi Hussein. Le colonel Kadhafi se sert également de
l'Islam comme un instrument de propagande et de déstabilisation
de ses voisins africains. En effet, le Niger, le Nigeria et le Sénégal
s'inquiètent très sérieusement de la pénétration libyenne par l'inter-
* Chargée de recherches à l'Institut français des relations internationales. 954 I POLITIQUE ÉTRANGÈRE
médiaire des institutions islamiques et des cheiks musulmans. Enfin
l'Iran islamique, par sa propagande et sa volonté affichée d'exporter
sa révolution chez ses voisins du Golfe, apparaît aux yeux du monde
occidental et des pays concernés comme la menace la plus sérieuse
à la sécurité des de la péninsule arabique, menace confirmée
par la série d'attentats qui ont eu lieu à Koweit en décembre 1983.
Par son rôle déterminant sur la stabilité interne de certains Etats et
les problèmes que posent les relations des pays musulmans avec le
reste du monde, l'Islam doit être considéré comme une nouvelle force,
susceptible d'exercer une influence accrue dans les relations interna
tionales.
L'intérêt que l'on y porte est relativement récent et s'est développé
surtout après la révolution islamique en Iran. Depuis l'expérience
iranienne, on a souvent tendance à percevoir toutes les régions isl
amiques comme étant susceptibles de « flamber » de la même manière.
C'est pourquoi il est indispensable de donner à ce phénomène sa
juste proportion et d'éviter de confondre pratique religieuse et fana
tisme.
Il est des pays où la communauté musulmane est bien intégrée dans
la société et vit en harmonie avec les autres groupes nationaux sans
pour cela renoncer à ses croyances. Dans les pays où l'Islam est
présent, qu'il soit majoritaire ou minoritaire, la « question islamique »
se présente sous des formes diverses selon les problèmes propres à
chaque pays.
Les difficultés économiques, les disparités sociales et la misère sont
souvent à l'origine des soulèvements populaires spontanés qui pren
nent très vite une coloration religieuse comme ce fut le cas en Egypte
en 1977, au Soudan et au Maroc en 1981, en Tunisie très récemment.
En Iran, dans les pays arabes et dans la plupart des pays où les
moyens d'expression démocratiques ne sont pas disponibles, la Mos
quée est très vite devenue le lieu de manifestations du mécontentement,
et tout naturellement la religion sert de bannière pour l'opposition
aux régimes en place, ce qui explique le fait que les mouvements
intégristes recrutent beaucoup parmi les jeunes.
Il convient cependant d'introduire ici la distinction entre Islam sunnite
et Islam chiite au Moyen-Orient. En Iran, c'est sans doute la fana-
tisation de la population autour de thèmes spécifiquement chiites, tels
que la notion de martyr et l'attente du douzième imam, qui a réussi
à venir à bout du régime du Shah. Ailleurs, dans les Etats du
Golfe, le problème religieux prend la forme d'une opposition des
chiites, qui sont en général privés de droits politiques et étroitement
surveillés, contre les sunnites, qui contrôlent le pouvoir même lors
qu'ils sont minoritaires (c'est le cas en Irak et à Bahrein). Cette
division semble cependant avoir des origines plutôt historiques et DANS LE MONDE I 955 ISLAM
politiques dans la mesure où les différences religieuses entre le
sunnisme et le chiisme ne sont pas très importantes. Dans un pays
comme l'Afghanistan par exemple, où la communauté chiite représent
e 20 % des musulmans et est géographiquement concentrée, il n'y a
aucune différenciation entre sunnites et chiites et les musulmans sont
tous unis dans leur lutte contre l'occupation soviétique. L'occidentali
sation forcée (et souvent avortée) de certaines sociétés musulmanes
provoque également des réactions brutales de la part d'une population
attachée à ses croyances et à ses coutumes. De même les tentatives
pour imposer un régime marxiste à des peuples musulmans se heur
tent à une résistance, parfois acharnée à l'idéologie « athée » et, dans
le cas de l'Afghanistan, à l'« envahisseur infidèle ».
Dans les pays ou l'Islam est minoritaire, la « question islamique »
se pose également, bien qu'en des termes très différents. L'Islam
apparaît dans ces cas comme un critère de différenciation et permet
à la communauté musulmane d'affirmer sa spécificité par rapport au
reste de la population. Aux Philippines et en Thaïlande, par exemple,
les musulmans réclament l'autonomie pour leurs régions tandis qu'en
Union soviétique, les républiques islamiques sont parmi celle qui ont
manifesté pendant longtemps une grande résistance à leur intégration
au sein du système communiste. Si un certain modus vivendi a. été
trouvé entre Moscou et ces régions, il n'en reste pas moins que les
musulmans d'URSS sont une source d'inquiétude permanente pour le
pouvoir central.
La question islamique c'est aussi le danger de persécution que courent
les minorités musulmanes dans les pays non musulmans, notamment
lorsque la différence religieuse se double d'une différence ethnique
(la région du Zanzibar en Tanzanie), raciale (les immigrés d'Europe
occidentale), socio-économique (en Inde) ou encore politique (parti
sans et adversaires de la Libye au Tchad). Dans certains conflits,
ces facteurs sont plus déterminants que la différence religieuse : mais
il est tout de même frappant de voir que ces tensions, même si elles
ont pour origine des problèmes socio-économiques ou ethniques, n'en
prennent pas moins une tournure religieuse chaque fois que l'on est
en présence d'une communauté musulman

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