L islam politique en Iran - article ; n°1 ; vol.70, pg 61-72
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Politique étrangère - Année 2005 - Volume 70 - Numéro 1 - Pages 61-72
■ Yann Richard, Political Islam in Iran
Nothing, before 1978, could have led one to predict that the wealthy and strong regime of the Shah would collapse so quickly in 1979. One had expected that the liberal nationalist forces would have gotten the upper hand over the religious leaders whom nobody had suspected to be real outsiders. This article explains the historical roots of this religious revival, going back at least to the Constitutional Revolution of 1906. It analyzes the way in which the Islamic Republic consolidated its power thanks to the war with Iraq. Even after the loss of popular support ― especially among the youth ― the Islamic Republic of Iran has no real challengers today. It has helped foster the emergence of a new type of « Islamic secularism » among Iranian intellectuals, which corresponds to a new way of envisaging the future of Iran within the framework of Islam.
La longue opposition entre intellectuels libéraux et clercs chiites qu'a connue l'Iran se conclut en 1979 par la victoire de ces derniers. Le régime acquiert pendant la guerre contre l'Irak une légitimité nationale, et montre ses capacités d'adaptation politique. Mais la population s'éloigne progressivement de ses dirigeants, et l'environnement régional contraint le régime à normaliser sa politique étrangère. La question même du lien entre religieux et pouvoir politique semble ouverte.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2005
Nombre de lectures 61
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Richard
L'islam politique en Iran
In: Politique étrangère N°1 - 2005 - 70e année pp. 61-72.
Abstract
■ Yann Richard, Political Islam in Iran
Nothing, before 1978, could have led one to predict that the wealthy and strong regime of the Shah would collapse so quickly in
1979. One had expected that the liberal nationalist forces would have gotten the upper hand over the religious leaders whom
nobody had suspected to be real outsiders. This article explains the historical roots of this religious revival, going back at least to
the Constitutional Revolution of 1906. It analyzes the way in which the Islamic Republic consolidated its power thanks to the war
with Iraq. Even after the loss of popular support ― especially among the youth ― the Islamic Republic of Iran has no real
challengers today. It has helped foster the emergence of a new type of « Islamic secularism » among Iranian intellectuals, which
corresponds to a new way of envisaging the future of Iran within the framework of Islam.
Résumé
La longue opposition entre intellectuels libéraux et clercs chiites qu'a connue l'Iran se conclut en 1979 par la victoire de ces
derniers. Le régime acquiert pendant la guerre contre l'Irak une légitimité nationale, et montre ses capacités d'adaptation
politique. Mais la population s'éloigne progressivement de ses dirigeants, et l'environnement régional contraint le régime à
normaliser sa politique étrangère. La question même du lien entre religieux et pouvoir politique semble ouverte.
Citer ce document / Cite this document :
Richard. L'islam politique en Iran. In: Politique étrangère N°1 - 2005 - 70e année pp. 61-72.
doi : 10.3406/polit.2005.1086
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_2005_num_70_1_1086politique étrangère 1 1:2005
L'islam politique en Iran
Par Yann Richard
Yann Richard a vécu en Iran dans les années 1970, et notamment pendant la révolution
islamique. Chercheur au laboratoire «Monde iranien» du Centre national de ta
recherche scientifique (CNRS) et professeur à la Sorbon ne nouvelle où il dirige l'Institut
d'études iraniennes, il se consacre à la sociologie religieuse du chiisme contemporain
et à l'histoire de l'Iran au xxe siècle.
La longue opposition entre intellectuels libéraux et clercs chiites qu'a
connue l'Iran se conclut en 1979 par la victoire de ces derniers. Le
régime acquiert pendant la guerre contre l'Irak une légitimité nationale,
et montre ses capacités d'adaptation politique. Mais la population
s'éloigne progressivement de ses dirigeants, et l'environnement
régional contraint le régime à normaliser sa politique étrangère. La
question même du lien entre religieux et pouvoir politique semble
ouverte.
politique étrangère
Beaucoup d'observateurs de l'Iran des années 1960 et 1970 décrivent
une société sécularisée, tranquille, volontiers libre-penseuse. Aucun
spécialiste, sauf deux islamologues, l'un français, l'autre américain, ne
prêtait alors attention au discours insurrectionnel d'un prédicateur
exilé à Nadjaf, Khomeyni, qui avait conduit une révolte contre les
réformes du shah, contre la réforme agraire et contre les droits civiques
conférés aux femmes iraniennes notamment.
Inutile de spéculer sur les causes de la révolution iranienne de 1979 :
qu'il y ait eu, inconsciemment, de la part des États-Unis, le désir de
prévoir et d'aider à constituer, contre toute menace communiste {cf.
l'Afghanistan), une alternative islamique modérée à Téhéran, qui aurait
soulagé après l'arrogance du shah. . . ou qu'il y ait eu tout simplement
un aveuglement devant la tranquille assurance de ce monarque opulent
et allié de l'Occident, il est certain que la venue des démocrates améri
cains au pouvoir en 1977 ouvrait la voie à des formes nouvelles
d'expression politique partout où s'exerçait l'influence américaine,
notamment en Iran. étrangère ; 1:2005 politique
Libérer l'expression politique dans ce royaume où les espoirs national
istes du mouvement mosaddeqiste, renversé par un coup d'État pro
américain en août 1953, avaient laissé beaucoup d'amertume, c'était
apparemment appeler à l'expression idéologique des mouvements libé
raux, laïcs, socialisants voire marxistes, mais tous nationalistes et volont
iers xénophobes, que le régime Pahlavi avait étouffés depuis plus de
20 ans. La répression s'était accrue depuis le début des années 1970,
pour juguler les premiers mouvements de type insurrectionnel et
réduire le personnel politique à des rôles de flagorneurs ou syco-
phantes grassement rémunérés sur les immenses retombées du boom
pétrolier. Le parti unique Rastakhiz (« Renouveau ») créé en 1975 mettait
un terme à un bipartisme fictif : tout devait désormais être aux mains
du shah et tendre avec lui vers ce qu'il appela la « Grande civilisation ».
Ainsi, la liberté d'expression aurait dû permettre aux revendications
polies des nationalistes et des démocrates de se faire entendre, inau
gurer au Parlement un espace de débat plus sain et plus critique,
donner espoir aux partisans d'une participation politique élargie, sur le
modèle des sociétés occidentales. D'où vient que cette ouverture,
depuis le printemps 1977, n'ait pas plus profité aux laïcs iraniens ? D'où
sont sortis les religieux qui menèrent bientôt les cortèges révolution
naires et prirent le pouvoir en février 1979 ? Un regard historique éclai
rera la fausse surprise de la Révolution islamique.
Les racines islamiques du mouvement national
L'islam a joué un rôle majeur dans la prise de conscience politique des
Iraniens depuis la fin du XIXe siècle. Face aux ingérences européennes,
notamment russe et britannique, islam et nationalisme se sont
confondus. Or les oulémas iraniens, impliqués dans le processus poli
tique, y jouent un rôle plus visible et plus critique qu'ailleurs, à égalité
avec les intellectuels et les libéraux, parce que,
L'islam a jOUe UII rôle majeur dans le chiisme, ils constituent un corps social
dans \B prise de Conscience très autonome, largement indépendant écono-
pOlîtlque des Iraniens rniquement de l'appareil étatique. Dans la
depUÎS la fin du XIXe SÎède R*"**™ constitutiormaliste de 1906-1909 ce
r sont les clercs qui ont d abord pris la tête du
mouvement par des manifestations spectaculaires. Les premières diver
gences sont venues lorsqu'il a fallu définir des droits démocratiques :
certains théologiens du début du XXe siècle n'étaient pas prêts à accepter
le suffrage universel et l'égalité des citoyens devant la loi votée par un
Parlement. Le divorce a été prononcé en 1909 lorsque les révolution
naires constitutionnalistes, définitivement revenus au pouvoir, font .
L'islam politique en Iran
exécuter Fazlollah Nuri sur la place publique - un grand théologien (on
dirait aujourd'hui ayatollah) qui s'était retourné contre la légitimité
démocratique et avait fait alliance avec le despote Mohammad-Ali shah.
La distance entre modemisateurs libéraux et clercs chiites n'a depuis
cessé de se creuser. Lorsque, dans les années 1920, se met en place le
régime modernisateur et résolument laïc de Reza Pahlavi (père du
dernier shah), le clergé chiite se recompose à l'écart de la société civile
dans une sorte de contre-État, à Qom, ville de pèlerinage au sud de
Téhéran. Tous les désirs de revanche sur l'Occident et sur l'impiété libé
rale s'y renforcent en vase clos pendant 50 ans, subissant les vexations
des mesures anti-islamiques de Reza shah (dévoilement des femmes,
laïcisation avancée de l'enseignement et de la justice, rétrécissement
symbolique de la place de l'islam dans la vie publique), mais aussi les
humiliations de la Seconde Guerre mondiale (occupation soviéto-
britannique) et la montée d'un fort mouvement communiste chez les
intellectuels et dans les couches populaires urbaines.
Une réconciliation historique a failli ressouder les deux forces de chan
gement qu'avaient été depuis 1906 les libéraux nationalistes et les rel
igieux ouverts à la modernité : le Front national du docteur Mosaddeq a
r&

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