La Communauté entre la paix et la guerre - article ; n°1 ; vol.58, pg 79-91
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Politique étrangère - Année 1993 - Volume 58 - Numéro 1 - Pages 79-91
The EC Between Peace and War, by Dominique David
Facing a changing international environment, the shift from economie community to a political structure takes on a new dimension. In this context, the European Union to corne bas to exist as an independent strategie actor, able to play major economic and diplomatic role in favour of stability for the entire continent. This difficult ambition certainly faces various oppositions from other strategic actors. The experience of the crisis in Yugoslavia leads to various interpretations ; if one can denounce the EC's impotence, one must also underline its first rank political and diplomatic role. Even if the way seems long it is hard to imagine another solution than that of the progressive building of a Western European strategic entity, only possible solution to organise at least part of the continent, and the only chance to think in a collective way our relations to the South .
Le passage de la communauté économique à la communauté politique revêt un sens particulier face aux actuelles mutations de l'environnement international. Ces dernières contraignent à penser la future Union européenne comme un acteur stratégique autonome, pouvant fonctionner, économiquement ou diplomatiquement au profit de la stabilité globale du continent. Cette ambition se heurte à de multiples difficultés, tenant aux oppositions ou aux réticences d'autres acteurs. Le fonctionnement même de la Communauté pendant la crise yougoslave peut être interprété de différentes manières : on peut dénoncer son impuissance, mais aussi constater l'importance de sa présence politique et diplomatique. Même si le chemin s'annonce long, il est difficile d'imaginer une autre voie que la constitution progressive d'une entité stratégique ouest-européenne, pour l'heure seul principe d'organisation sur un continent éclaté, seule chance d'organiser collectivement nos relations au Sud.
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

David
La Communauté entre la paix et la guerre
In: Politique étrangère N°1 - 1993 - 58e année pp. 79-91.
Abstract
The EC Between Peace and War, by Dominique David
Facing a changing international environment, the shift from economie community to a political structure takes on a new
dimension. In this context, the European Union to corne bas to exist as an independent strategie actor, able to play major
economic and diplomatic role in favour of stability for the entire continent. This difficult ambition certainly faces various
oppositions from other strategic actors. The experience of the crisis in Yugoslavia leads to various interpretations ; if one can
denounce the EC's impotence, one must also underline its first rank political and diplomatic role. Even if the way seems long it is
hard to imagine another solution than that of the progressive building of a Western European strategic entity, only possible
solution to organise at least part of the continent, and the only chance to think in a collective way our relations to the South .
Résumé
Le passage de la communauté économique à la communauté politique revêt un sens particulier face aux actuelles mutations de
l'environnement international. Ces dernières contraignent à penser la future Union européenne comme un acteur stratégique
autonome, pouvant fonctionner, économiquement ou diplomatiquement au profit de la stabilité globale du continent. Cette
ambition se heurte à de multiples difficultés, tenant aux oppositions ou aux réticences d'autres acteurs. Le fonctionnement même
de la Communauté pendant la crise yougoslave peut être interprété de différentes manières : on peut dénoncer son impuissance,
mais aussi constater l'importance de sa présence politique et diplomatique. Même si le chemin s'annonce long, il est difficile
d'imaginer une autre voie que la constitution progressive d'une entité stratégique ouest-européenne, pour l'heure seul principe
d'organisation sur un continent éclaté, seule chance d'organiser collectivement nos relations au Sud.
Citer ce document / Cite this document :
David. La Communauté entre la paix et la guerre. In: Politique étrangère N°1 - 1993 - 58e année pp. 79-91.
doi : 10.3406/polit.1993.4174
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1993_num_58_1_4174POLITIQUE ÉTRANGÈRE I 79
~.w.~ La Communauté Dominique DAVID* . _ .
entre la paix et la guerre
« Si j'ordonnais à un général de voler d'une fleur à
l'autre à la façon d'un papillon, ou d'écrire une tragé
die, ou de se changer en oiseau de mer, et si le
général n'exécutait pas l'ordre reçu, qui de lui ou de
moi serait dans son tort ? »
Antoine de Saint-Exupéry
La construction européenne s'est longtemps contentée d'apparaître
comme une exigence morale. Le débat sur la ratification du traité de
Maastricht a contraint à dépasser ce confort. Les choix qui seront faits,
ou ne le seront pas, quant à la construction de la Communauté politique,
devront s'analyser par rapport à des forces et à des intérêts divergents.
Dimensions de l'héritage
La preuve définitive que l'acteur stratégique européen n'est pas une évidence,
c'est qu'il n'a jamais existé. Dans les équilibres stratégiques du continent,
l'Europe communautaire n'a jusqu'ici eu que peu de place. Pour une raison
simple : la Communauté ne figurait pas au nombre des principes, ou des
forces, organisateurs, de l'espace stratégique européen. Le système Est-Ouest
définissait un espace unique, structuré par les alliances, fonctionnant selon des
règles simples et aisément déchiffrables, bref un espace prévisible dans lequel
l'ancien discours européiste ne revendiquait nulle autonomie — au mieux la
cherchait-il à la marge. Un seul organisme jouissait d'un monopole d'inte
rvention dans les situations touchant à la sécurité des Européens : l'Alliance.
Le discours sur la construction européenne parlait donc d'autre chose (d'éc
onomie ou de commerce par exemple), ou s'insérait dans le déterminant
atlantique. Les politiques étrangères des principaux Etats de l'Europe de
l'Ouest ne plaçaient d'ailleurs pas la construction de l'Europe politique au
centre de leurs conceptions diplomatiques. La France était mue par le fameux
espoir de dépasser Yalta, ce qui ne pouvait d'évidence se faire en privilégiant
une communauté politique européenne qui eût été intérieure au système
atlantique ; il lui fallait plutôt déployer son jeu propre en dehors du
d'alliance [1]. La République fédérale d'Allemagne demeurait dépendante et
elle « collait » donc aux positions atlantiques ou américaines sans trop se
* Chargé de mission auprès du directeur de l'Institut français des relations internationales (Ifri),
professeur à l'Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr-Coëtquidan. 80 I POLITIQUE ÉTRANGÈRE
soucier de définir une logique politique proprement européenne. Le
Royaume-Uni faisait de même, pour d'autres raisons, fort connues.
Certes la coopération politique avait été engagée depuis les années 70 — à
vrai dire, sous une forme ou une autre, elle avait toujours existé — , mais elle
s'apparentait plus à une coordination minimale, à l'organisation d'un forum
où les points de vue s'échangeraient, s'affirmeraient, pour déboucher sur des
politiques étrangères autonomes, qu'à la construction d'un personnage diplo
matique et stratégique. L'Europe de l'Ouest, cet ensemble sans définition
géographique ou culturelle propre, est jusqu'à la fin des années 80 un espace
d'action économique amorçant une simple coopération politique [2]. Elle est
donc, jusqu'à l'effondrement du bloc de l'Est, un personnage stratégique
introuvable.
Les bouleversements récents donnent une autre dimension à l'héritage. Tout a
été dit ou presque sur une situation stratégique qui présente quatre caractères
majeurs. Tout d'abord, une multiplication des acteurs, Etats ou communautés
non étatiques, tant il est vrai que la parthénogenèse des Etats au centre et à
l'est de l'Europe se paye de l'affaiblissement de leurs capacités de contrôle sur
leur propre espace. D'un système maîtrisable, nous passons à un ensemble en
fusion, en perpétuel renouvellement ou éclatement, par excellence imprévisib
le. Ce mouvement pourrait se solder par une simple « renationalisation » des
politiques d'Etats, mais cela n'est pas (encore ?) le cas.
Deuxième tendance lourde, la disparition du massif soviétique nous laisse
devant un vaste espace qui se défait ; mais elle implique surtout que le pôle
soviétique, ou même russe, ne pourra dans un avenir proche jouer un rôle
positif, organisateur, sur le continent européen. L'espace ex-soviétique ne sort
pas pour autant de l'Europe, mais il y sera un ferment déstabilisant, plus
qu'un partenaire de l'Ouest comme on pouvait le penser en 1990.
Troisième tendance, les institutions collectives, alliances, regroupements régio
naux, CSCE, piétinent ; dans le meilleur des cas, elles suivent l'événement,
l'accompagnent, sans l'organiser ni le contraindre. Ceci ne devrait surprendre,
au demeurant, que ceux qui oublient que toutes sans exception ont été réglées
sur des situations exactement contraires aux développements actuels. De plus,
les collectifs internationaux n'ont que rarement la souplesse politique qui
permet de s'adapter à un temps révolutionnaire.
Quatrième et dernier caractère, la situation militaire du continent est très
préoccupante, relevant d'un triptyque explosif. D'énormes quantités d'armes
de toutes sortes sont déployées en Europe et aucune promesse de désarme
ment ne pourra faire rapidement disparaître cette donnée ; un grand nombre
d'Etats du centre et de l'est de l'Europe semblent de moins en moins capables
de contrôler ces arsenaux, sans parler d'impulser les nécessaires réformes des
appareils militaires ; enfin, la multiplication des conflits locaux promet un
usage très concret de ces armes, et ouvre des marchés quasiment inépuisables
aux matériels de guerre. Nous avions hier des arsenaux énormes mais
contrôlés et muets ; nous au

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