La Communauté européenne et la Grande-Bretagne - article ; n°1 ; vol.32, pg 35-47
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Description

Politique étrangère - Année 1967 - Volume 32 - Numéro 1 - Pages 35-47
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1967
Nombre de lectures 9
Langue Français

Extrait

Joachim Willmann
La Communauté européenne et la Grande-Bretagne
In: Politique étrangère N°1 - 1967 - 32e année pp. 35-47.
Citer ce document / Cite this document :
Willmann Joachim. La Communauté européenne et la Grande-Bretagne. In: Politique étrangère N°1 - 1967 - 32e année pp. 35-
47.
doi : 10.3406/polit.1967.2191
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1967_num_32_1_2191LA COMMUNAUTÉ EUROPÉENNE
ET LA GRANDE-BRETAGNE <1>
La discussion qui s'est engagée dans les différents pays memb
res de la C.E.E. sur les avantages et les désavantages de l'en
trée de la Grande-Bretagne dans le Marché commun a exploité
des arguments qui tantôt obéissaient à une vue étroite des inté
rêts nationaux et tantôt, le plus souvent, étaient dictés par des
préjugés ou des considérations d'ordre sentimental. Pourtant,
l'éventuelle adhésion britannique ne sera pas acquise au moyen
d'accords bilatéraux, mais par une décision prise à l'unanimité
par les six Etats membres de la C.E.E. Il convient donc d'exa
miner le problème en fonction des intérêts communautaires.
Si l'on veut parvenir à une telle unanimité, il est indispensable
de connaître les motifs et les objectifs qui ont poussé le gou
vernement britannique actuel à poser sa candidature ; une
telle analyse nous permettra, en effet, de savoir si ces objectifs
peuvent ou non se concilier avec ceux de la C.E.E.
Il est nécessaire, en outre, d'évaluer les conséquences que
l'adhésion de la Grande-Bretagne et d'autres pays européens
au Marché commun aurait sur l'évolution économique de celui-
ci. Faute de procéder à un tel examen, on risquerait, soit d'ex
clure les Anglais pour de mauvaises raisons, soit de les admettre
sur la base d'une appréciation erronée. Dans les deux cas, le
développement interne de la C.E.E. et l'unification de l'Europe
s'en ressentiraient.
(1) L'auteur de cet article, M. Joachim Willmann, est actuellement secrétaire
général du groupe allemand du C.E.P.E.S. (Comité européen pour le progrès
économique et social), organisme privé fondé par les industriels du Marché
Commun. 36 WILLMANN
Les raisons de la demande britannique.
Les motifs qui ont poussé le gouvernement de Londres à
demander à adhérer au Marché commun ont donné lieu à des
interprétations très diverses : certains sceptiques prétendent
qu'il s'agit uniquement d'une manœuvre de M. Wilson, desti
née d'une part à satisfaire une opinion dont l'évolution en faveur
de l'Europe a été révélée par les sondages, d'autre part à suren
chérir sur les positions pro-européennes de l'opposition conser
vatrice et libérale. Le gouvernement de Londres — affirme-t-on
— chercherait à provoquer un nouveau refus de la part de la
France, afin d'affaiblir les mouvements pro-européens en
Grande-Bretagne et de faire une nouvelle brèche dans la
cohésion des six Etats membres de la C.E.E. A l'appui de cette
thèse, on fait valoir que, lors de la dernière campagne électo
rale, M. Wilson avait pris ouvertement position contre l'entrée
de la Grande-Bretagne dans le Marché commun et qu'il est peu
croyable qu'il ait à tel point changé d'avis dans l'espace de
quelques mois. Dans le même ordre d'idées, on cite la déclara
tion faite par M. Wilson devant le Conseil de l'Europe à
Strasbourg, le 23 janvier dernier ; si la Grande-Bretagne se
voyait, une fois de plus exclue de la C.E.E. , la faute, disait-il,
ne lui en incomberait pas. En somme, le Premier ministre br
itannique chercherait essentiellement à se décharger de sa res
ponsabilité devant ses propres électeurs.
Cette interprétation des mobiles du gouvernement britan
nique actuel s'accorde mal, toutefois, avec la circonstance que
le Premier ministre a entrepris d'effectuer lui-même une tournée
dans les capitales de la C.E.E. au lieu de confier cette tâche
à son ministre des Affaires étrangères. M. Wilson s'est engagé
personnellement dans cette affaire ; un échec de sa tentative
serait, par conséquent, interprété inévitablement comme une
défaite personnelle, et il est peu probable que le Premier minist
re britannique s'expose volontairement à un tel risque. De plus,
de nombreuses considérations économiques ont dû pousser
M. Wilson à reconsidérer son attitude première à l'égard du
Marché commun. CEE ET GRANDE-BRETAGNE 37
La lenteur du processus d'assainissement de l'économie br
itannique prouve qu'une association dans le cadre de l'AELE
ne saurait suffire au Royaume-Uni pour rejoindre le niveau des
pays de dimension comparable dont les progrès ont été plus rapi
des que les siens. La politique d'austérité instaurée par le gou
vernement britannique pour stabiliser la monnaie n'exerce, à la
longue, que peu d'attraits sur le peuple britannique. D'autre
part, le soutien de la livre est subordonné, comme par le passé,
à l'appui et à la compréhension des pays membres du Marché
commun disposant de fortes réserves en devises et de balances
des comptes favorables. En revanche, le gouvernement de
Londres ne saurait prétendre à l'aide spéciale dont peuvent bénéf
icier en cas de crise les Etats membres, en vertu de l'article
108 du Traité. Une autre raison qui pourrait expliquer le chan
gement d'attitude du gouvernement britannique à l'égard de la
C.E.E. est la part décroissante que les pays du Commonwealth
occupent dans le commerce extérieur britannique, évolution
qui contraste avec celle, extrêmement favorable, que souligne
une récente étude du patronat britannique (1), des exportations
britanniques dans le Marché commun. L'argument que cette
étude invoque en faveur de l'entrée de la Grande-Bretagne dans
le Marché commun est, sur le plan économique, le plus vala
ble de tous. « Dans le monde d'aujourd'hui et de demain, décla-
re-t-elle, un pays industrialisé avancé a besoin avant tout d'avoir
libre accès à d'autres marchés industriels étendus et dynamiques
et de s'ouvrir totalement au jeu de la concurrence. L'Europe
occidentale fournit à la Grande-Bretagne cette possiblité et cette
chance dont elle a besoin ». On peut supposer que M. Wilson
a, lui aussi, compris cet impératif.
Mais même si l'on admet la validité, sur le plan économique,
des raisons qui poussent le gouvernement britannique à adhérer
au Marché commun, il n'en reste pas moins que, en matière
de politique étrangère, M. Wilson et les dirigeants du parti tra
vailliste ne paraissent pas encore prêts à tirer toutes les consé
quences d'un tel geste. Les dicours prononcés par le Premier
(1) Confederation of British Industry « Britain and Europe - an Industrial
Appraisal », vol. I, 1967. 38 WILLMANN
ministre devant la Chambre des Communes les 10 et 17 novem
bre dernier ainsi que la prise de position du président du groupe
parlementaire travailliste, M. Emanuel Shinwell (1), en réponse
à une déclaration de Lord Gladwyn (2), en sont la preuve.
Le gouvernement britannique cherche apparemment à bénéf
icier des avantages économiques de la CEE sans renoncer à
aucune de ses prérogatives nationales. Jusqu'ici, M. Wilson
n'a pas fait sienne la philosophie de la C.E.E. A Strasbourg
et à Paris, il s'est contenté d'évoquer certaines préoccupations : il
a évoqué le retard technologique de l'Europe vis-à-vis des Etats-
Unis, il a insisté sur le danger d'une mainmise des entreprises
américaines sur l'économie européenne et il a souligné que les
Etats européens n'étaient pas en mesure d'exercer une influence
suffisante dans le dialogue entre les puissances mondiales. En
revanche, il n'a pas suivi le conseil des conservateurs : il s'est
gardé de dire que la Grande-Bretagne était prête à signer le
Traité de Rome et à accepter ainsi la C.E.E. avec toutes les
conséquences économiques et politiques qui en découlent. Les
sondages effectués jusqu'ici par M. Wilson n'ont porté que sur
les conditions posées par la Grande-Bretagne d'une part et par
les divers membres de

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