La diplomatie marocaine dans l affaire du Sahara occidental - article ; n°4 ; vol.43, pg 417-428
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Description

Politique étrangère - Année 1978 - Volume 43 - Numéro 4 - Pages 417-428
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1978
Nombre de lectures 50
Langue Français

Extrait

Pierre Vellas
La diplomatie marocaine dans l'affaire du Sahara occidental
In: Politique étrangère N°4 - 1978 - 43e année pp. 417-428.
Citer ce document / Cite this document :
Vellas Pierre. La diplomatie marocaine dans l'affaire du Sahara occidental. In: Politique étrangère N°4 - 1978 - 43e année pp.
417-428.
doi : 10.3406/polit.1978.1616
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1978_num_43_4_1616LA DIPLOMATIE MAROCAINE
DANS L'AFFAIRE DU SAHARA OCCIDENTAL
par Pierre VELLAS (*)
L'étude de l'action menée par la diplomatie marocaine dans
l'affaire du Sahara occidental est intéressante à bien des titres, mais
surtout parce qu'elle a été conduite avec une rare habileté, par-delà
des obstacles qui paraissaient insurmontables.
Elle a débuté, pour l'essentiel, en 1970 et elle devait aboutir
en novembre 1975 à l'intégration du Sahara occidental aux terri
toires du Maroc et de la Mauritanie avec l'accord de Madrid du
14 novembre 1975. Et pourtant, au début de 1970, la diplomatie
marocaine ne disposait que d'une marge de négociation bien
étroite.
Elle se heurtait, tant à l'O.N.U. qu'à l'Organisation de l'Unité
Africaine à des prises de position incompatibles avec ses objectifs.
Elle affrontait des politiques, notamment algérienne et espagnole,
radicalement opposées à la sienne. Elle subissait, dans le domaine
de la politique intérieure, le très sévère handicap non seulement
de l'opposition très dure de l'Union Nationale des Forces Popul
aires mais aussi des différentes tentatives de putsch militaire ou
d'assassinat du roi Hassan II ; invasion sanglante du Palais de
Skhirat par les cadets mutinés d'Ahermoumou en juillet 1971,
attaque en plein vol du Boeing royal le 16 août 1972 et quelques
heures plus tard suicide du général Oufkir qui avait dirigé le
complot. Quant à la Mauritanie, qui allait devenir son partenaire
(*) Professeur à la Faculté de Droit de Toulouse. Directeur de l'Unité d'Ensei
gnement et de Recherche « Etudes Internationales et Développement ». PIERRE VELLAS 418
dans le partage du Sahara, elle était jusqu'en 1970 très défiante à
l'égard de son voisin du Nord qui n'avait reconnu que très tardiv
ement son indépendance après avoir échoué dans sa tentative visant
à l'intégrer au territoire chérifien.
Comment, dans des conditions aussi difficiles, la diplomatie
marocaine allait-elle pouvoir agir? Comment allait-elle pouvoir
renverser une situation aussi défavorable ?
La diplomatie marocaine s'est d'abord tournée contre l'Espagne,
c'est-à-dire la puissance coloniale, en cherchant à constituer contre
elle une unité maghrébine, arabe, africaine, dont Rabat était
appelé à bénéficier. La première difficulté se présentait du fait que
l'Espagne avait reconnu, dès 1966 devant le Comité spécial (1),
le principe de la décolonisation du Sahara occidental par l'exercice
du droit à l'autodétermination. Déclaration qui avait bénéficié
de l'approbation du Maroc et de la Mauritanie, en même temps
d'ailleurs que ceux-ci prenaient soin de rappeler que selon eux
le Sahara occidental constituait une partie intégrante de leur
territoire.
La diplomatie chérifienne allait mettre en cause l'Espagne en
la soupçonnant de poursuivre, par-delà l'autodétermination, la
recherche d'une solution trop conforme à ses intérêts, que ce
soit par la confirmation de la souveraineté espagnole ou par la
constitution d'un Etat indépendant qui lui aurait permis de conserver
le contrôle des phosphates et d'exercer une influence dans la
région. Le contentieux algéro-marocain consécutif à la guerre des
sables de 1963 ayant été réglé par le traité d'Ifrane le 15 jan
vier 1967, il était possible à la diplomatie marocaine de faire appel
à la solidarité maghrébine face aux entreprises « coloniales » de
Madrid. Le 27 mai 1970, à Tlemcen, les chefs d'Etat d'Algérie,
du Maroc et de Mauritanie se réunissent et décident de créer une
commission paritaire chargée de délimiter la frontière entre Figuig
et Tindouf mettant ainsi un terme définitif à leur conflit terri-
Ci) Comité spécial chargé d'étudier la situation en ce qui concerne l'application
de la déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux.
Editions « Techniques et Economiques », Paris, 1973, pages 44 et 45. SAHARA OCCIDENTAL 419
torial (2). Après quoi, le président Boumédienne déclare soutenir
les revendications marocaines sur le Sahara occidental. Quelques
jours plus tard, le 8 juin à Casablanca, le roi Hassan II conclut avec
le président Moktar Ould Dada un traité de solidarité, de bon
voisinage et de coopération en même temps qu'il convient que le
Maroc et la Mauritanie collaboreront étroitement pour hâter la
libération du Sahara. Le Front Commun du Maghreb est réalisé
contre l'Espagne. Un premier obstacle à l'action du Maroc, tenant
aux relations difficiles ou aux oppositions de l'Algérie et de la
Mauritanie, est levé.
Restait une autre difficulté très importante. La consultation
de la population proposée par l'Espagne et qui devait être réalisée
sous le contrôle des Nations Unies n'allait-elle pas aboutir à la
création d'un Etat indépendant? Solution tout à fait contraire à
l'objectif du Maroc, c'est-à-dire l'intégration, après partage, du
Sahara occidental aux territoires du Maroc et de la Mauritanie.
Comment empêcher l'application du principe d'autodétermination
consacré par de nombreuses résolutions adoptées par les Nations
Unies de 1966 à 1973 et auxquelles le Maroc, comme la Mauritanie,
avait souscrit tout en rappelant comme cela a été dit plus haut,
que le Sahara occidental constituait partie intégrante de leurs
territoires ? Comment s'y opposer non seulement dans le cadre de
l'O.N.U. mais aussi à l'Organisation de l'Unité Africaine où les
Etats sont particulièrement attachés au principe d'autodétermination
en même temps qu'au principe de l'intangibilité des frontières
(consacré par l'article 3 de la Charte d'Addis-Abeba, par le proto
cole du Caire et par différentes résolutions adoptées par la Confé
rence des Chefs d'Etat et de Gouvernement, notamment le
27 juillet 1964)?
Il fallait pour cela que la diplomatie marocaine puisse se fonder
sur une argumentation incontestable, en faisant la preuve de sa
bonne foi et de son désir de respecter les résolutions des deux orga
nisations internationales (3). Il fallait que la solution recherchée
(2) Voir sur ce point Boutros-Ghali : Les conflits frontaliers en Afrique.
(3) Voir l'exposé de la thèse marocaine devant la Cour dans l'avis consultatif
du 16 octobre 1965 ; voir aussi Mohamed Bennouna, doyen de la Faculté de
Droit de Rabat : L'affaire du Sahara occidental devant la C.I.J. Revue politique
et économique du Maroc, décembre 1976, pp. 81 et suivantes ; Driss Alami : La
récupération du Sahara et le droit positif, idem pp. 9 et suivantes. 420 PIERRE VELLAS
ait le meilleur fondement juridique. Dans ce but, le ministre des
Affaires étrangères du Maroc, le Docteur Laraki, adresse le
23 septembre 1974 au ministre des Affaires étrangères d'Espagne
une communication dans laquelle il rappelle les termes d'une
déclaration du roi Hassan II proposant, le 17 septembre 1974,
à l'Espagne de soumettre conjointement à la Cour Internationale
de Justice le problème du Sahara occidental dans les termes
suivants : « Vous prétendez, gouvernement espagnol, que le Sahara
est « terra nullius ». Vous prétendez que c'était une terre ou un
bien qui était en déshérence, vous prétendez qu'il n'y avait aucun
pouvoir ni aucune administration établis sur le Sahara ; le Maroc
prétend le contraire. Alors demandons l'arbitrage de la Cour
Internationale de Justice de La Haye... Elle dira le droit sur
titres... ». L'Espagne a rejeté cette proposition.
La diplomatie marocaine, dont la position était déjà renforcée au
sein des Nations Unies par sa proposition de règlement du différend
par jugement de

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