La fin de la géopolitique ? Réflexions géographiques sur la grammaire des puissances - article ; n°1 ; vol.62, pg 19-31
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Politique étrangère - Année 1997 - Volume 62 - Numéro 1 - Pages 19-31
The End of Geopolitics ? Géographie Reflections on the Powers' Conventions, by Michel Foucher
The analysis of the interaction between territories and political power needs a fresh look at the threshold of the coming century. Traditional geopolitics — dedicated to the analysis of rivalries on closed territories — is no longer sufficient to address the new interactions taking place between open states and societies. Economie globalization impacts on territories — by introducing a new hierarchy of states and regions — but geo-economies doesn 't offer a comprehensive view of the contemporary world. What is at stake is to conceive a viable organisation of the world political space, an active and constructive geography, a task which even the US is no longer able to achieve by itself The European experiment, described so far as an attempt to build up an organized system of open and democratie states, could become, through a joint effort, a « co-operative power » able to produce the effects of power (a combination of might and influence). If successful, it could set a valuable precedent for shaping the new international relations toward a more « civilised » globalization.
Qu'en est-il de la relation entre puissance et espace au seuil du XXIe siècle ? La géopolitique traditionnelle, entendue comme analyse des rivalités sur des territoires fermés, ne suffit plus à élucider les interactions inédites qui se nouent entre des Etats ouverts. Les jeux de l'économie globalisée ont, pour leur part, des effets territoriaux concrets souvent négligés, en introduisant de nouvelles hiérarchisations, mais la géoéconomie n'offre qu'une lecture partielle du monde contemporain, d'autant que les appareils d'Etat sont des acteurs majeurs dans les pays émergents. L'enjeu est d'inventer une géographie active et constructive apte à dessiner les contours d'organisation d'un système multiétatique viable, tâche inaccessible aux Etats singuliers et isolés, fût-ce les Etats-Unis. L'expérience européenne tente de faire vivre un système organisé et ouvert d'Etats nationaux qui pourrait devenir une « puissance coopérative » capable de produire des effets de puissance (avec ses composantes de force, rayonnement et influence) et propice à tenir lieu de référence pour penser les nouvelles relations internationales et contribuer à « civiliser » la mondialisation.
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 82
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Foucher
La fin de la géopolitique ? Réflexions géographiques sur la
grammaire des puissances
In: Politique étrangère N°1 - 1997 - 62e année pp. 19-31.
Citer ce document / Cite this document :
Foucher. La fin de la géopolitique ? Réflexions géographiques sur la grammaire des puissances. In: Politique étrangère N°1 -
1997 - 62e année pp. 19-31.
doi : 10.3406/polit.1997.4609
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1997_num_62_1_4609Abstract
The End of Geopolitics ? Géographie Reflections on the Powers' Conventions, by Michel Foucher
The analysis of the interaction between territories and political power needs a fresh look at the threshold
of the coming century. Traditional geopolitics — dedicated to the analysis of rivalries on closed
territories — is no longer sufficient to address the new interactions taking place between open states
and societies. Economie globalization impacts on territories — by introducing a new hierarchy of
and regions — but geo-economies doesn 't offer a comprehensive view of the contemporary world.
What is at stake is to conceive a viable organisation of the world political space, an active and
constructive geography, a task which even the US is no longer able to achieve by itself The European
experiment, described so far as an attempt to build up an organized system of open and democratie
states, could become, through a joint effort, a « co-operative power » able to produce the effects of
power (a combination of might and influence). If successful, it could set a valuable precedent for
shaping the new international relations toward a more « civilised » globalization.
Résumé
Qu'en est-il de la relation entre puissance et espace au seuil du XXIe siècle ? La géopolitique
traditionnelle, entendue comme analyse des rivalités sur des territoires fermés, ne suffit plus à élucider
les interactions inédites qui se nouent entre des Etats ouverts. Les jeux de l'économie globalisée ont,
pour leur part, des effets territoriaux concrets souvent négligés, en introduisant de nouvelles
hiérarchisations, mais la géoéconomie n'offre qu'une lecture partielle du monde contemporain, d'autant
que les appareils d'Etat sont des acteurs majeurs dans les pays émergents. L'enjeu est d'inventer une
géographie active et constructive apte à dessiner les contours d'organisation d'un système multiétatique
viable, tâche inaccessible aux Etats singuliers et isolés, fût-ce les Etats-Unis. L'expérience européenne
tente de faire vivre un système organisé et ouvert d'Etats nationaux qui pourrait devenir une «
puissance coopérative » capable de produire des effets de puissance (avec ses composantes de force,
rayonnement et influence) et propice à tenir lieu de référence pour penser les nouvelles relations
internationales et contribuer à « civiliser » la mondialisation.La fin de la géopolitique ?
Michel FOUCHER Réflexions géographiques sur la
grammaire des puissances
La grammaire des puissances au seuil du XXIe siècle mérite un profond
renouvellement. La production des règles d'un langage véritablement
international — qui serait fondé sur une morphologie originale et une
syntaxe novatrice — a commencé sur des bases théoriques assez restreintes,
exprimées par quelques mots-clefs tels que « globalisation », « démocratie de
marché » (sic), « nouvel ordre économique mondial », « superpuissance unique ».
Répétés à l'envi, ces mots s'apparentent parfois à une nouvelle langue de bois ou,
pour le dire plus doctement, risquent de devenir des concepts-obstacles à la
compréhension des mutations politiques du monde actuel.
Le nouvel état du monde paraît marqué par deux distorsions, porteuses de désé
quilibres qui appellent de nouveaux agencements. La première résulte du téle
scopage entre deux types d'espaces politiques : celui des sociétés closes, où
l'interaction entre les États s'établit sur un mode strictement binaire, fondé sur
le jeu à somme nulle des rivalités territoriales et des ambitions contradictoires
opposant des nations ou des empires ; celui des sociétés ouvertes, cherchant à
promouvoir des intérêts nationaux dont la durabilité repose sur la conciliation
avec ceux des Etats partenaires. Ces deux types d'interactions entre Etats conti
nuent de structurer le champ international, même si elles relèvent de temps
socio-historiques distincts : la guerre bosniaque et la construction européenne se
déroulent dans des espaces parcourus par le même fuseau horaire. L'analyse géo
politique traditionnelle rend compte des configurations du premier type sans
épuiser le champ de l'interaction entre puissances et territoires ; pour le second
type, une géographie active et constructive, empruntant aux sources de la science
politique et de la sociologie comparée, permet de baliser les étapes dans la
recherche d'une organisation multiétatique viable de l'espace politique mondial.
La seconde distorsion s'est installée entre l'espace économique, où se déploie un
ordre marchand d'échelle planétaire, et les espaces politiques des puissances,
dont l'ambition d'un ordre stable n'est pas satisfaite, faute d'expérience, d'in
struments et de langue commune. Dans le premier, les acteurs disposent d'un
langage « unique », avec ses mots-clefs identiques et ses critères partagés d'éva
luation de l'efficacité qui autorisent l'intercompréhension.et contribuent à éta
blir des normes globales. Une culture économique mondiale est née du constat
des interdépendances, au point que les appareils d'Etat s'adonnent désormais
:;' Professeur à l'université Lumière Lyon II et au Collège d'Europe de Varsovie, directeur de
l'Observatoire européen de géopolitique. 20 / POLITIQUE ÉTRANGÈRE
aux ardentes obligations de la diplomatie économique et de la géoéconomie qui
prolongeraient la rivalité stratégique entre puissances par d'autres moyens.
La gestion des espaces politiques du monde contemporain est autrement plus
complexe et infiniment moins élaborée, faute de règles et de visions communes.
L'action publique internationale est-elle amenée à se faire plus modeste à mesure
que triompheraient le libéralisme économique planétaire et les pratiques de la
libre circulation ? Ne faut-il pas, à l'inverse, exhumer les ambitions politiques
des Etats qui sous-tendent les stratégies de croissance économique et chercher à
anticiper sur les conséquences politiques et territoriales de celles-ci ?
Ce qui complique l'action internationale est l'hétérogénéité des pratiques poli
tiques à l'œuvre, qui semblent emprunter leurs références et leurs idéaux à des
périodes fort différentes. Toutes les nations ne vivent pas à la même heure poli
tique et le monde en apparence unifié par la logique de l'échange marchand re
ssemble en réalité à un archipel dont les composants restent séparés par des temps
socio-historiques distincts. Alors que l'Europe invente chaque jour, en un pro
cessus de négociation permanente, un modèle civilisé d'interaction entre nations
en essayant de projeter à l'extérieur les comportements démocratiques internes,
de manière à tempérer les seules logiques de rapport de forces, d'autres nations
vivent encore à l'heure de leur formation et de la détermination de leurs espaces,
de leurs frontières et de leurs attributs de souveraineté. Plusieurs catégories de
relations dites internationales se heurtent, plusieurs types de processus histo
riques se télescopent. Introduire un ordre fondé sur des principes communs
relève aujourd'hui de la gageure. On se contente donc de maintenir l'ordre là où
les crises affectent les intérêts vitaux des rares puissances capables d'actions de
police et là où il urge d'atténuer l'inconfort des opinions publiques saisies par
l'irruption de drames préalablement sélectionnés pour la force de leurs images.
C'est dire qu'un seul outil d'analyse ne suffit plus à décrire la complexité dia-
chronique d'un monde d'autant plus difficile à entendre qu'il paraît plus acces
sible. Plusieurs modes d'interprétation seront successivement explorés, pour
cerner les difficultés et les enjeux de l'invention d'une organisation multi&

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