La furie américaine dans la communication - article ; n°4 ; vol.14, pg 159-185
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Politiques et management public - Année 1996 - Volume 14 - Numéro 4 - Pages 159-185
Le développement technique de l'Amérique s'est fait dans le prolongement immédiat de la révolution industrielle britannique, dont les inventions furent très vite transposées et assimilées par son industrie naissante dès la fin du 18ème siècle, tout naturellement dans le textile et la métallurgie.
En même temps l'Amérique s'est elle même montrée très inventive (yankee ingenuity, comme on dit là-bas), ainsi sa contribution, parfois décisive, a beaucoup des premiers développements de l'électricité (en particulier avec Thomas Edison), du téléphone (avec Graham Bell), puis ensuite dans l'automobile et dans l'industrie manufacturière de façon générale, et, plus tard, dans l'aviation, comme dans la chimie, puis dans la pharmacie, etc., sans parier de l'espace et de l'informatique. En fait, il y avait déjà furie américaine dans les techniques dès le milieu du 19èrne siècle.
Mais si les produits agricoles (blé, coton, tabac, etc.) ont rapidement traversé l'Atlantique d'Ouest en Est dans des volumes de plus en plus importants, les produits industriels (et leurs fabricants) ont très peu passé l'océan jusqu'à, pratiquement, la deuxième guerre mondiale (sauf pour quelques exceptions, comme Singer, Ford, General Motors ou Michelin). Quant aux services, ils n'ont pris le grand large que très récemment, en pratique au cours des vingt dernières années, sauf bien sûr la banque et l'assurance, qui ont été de toutes les aventures depuis quasiment la renaissance.
En conséquence la problématique des relations économiques, des rapports de force et des échanges entre l'Europe et l'Amérique a considérablement évolué au fil du temps. Aussi courons-nous toujours le risque de les analyser avec les grilles de lecture et d'analyse relevant de la guerre précédente. Les facteurs géo-politiques ont également pesé lourdement, au cours du 20ème siècle, sur la nature et l'importance de ces échanges. Ainsi, par deux fois au cours de ce siècle, l'Amérique a incamé l'espoir pour une Europe déchirée. Elle fut, dit-on, 'l'arsenal des démocraties. Il en est résulté des flux monétaires, des transferts technologiques (et ce faisant culturels) et des flux de marchandises de très grande ampleur.
Depuis, l'Amérique a voulu se redynamiser, en particulier au cours des vingt dernières années, en explorant de nouveaux gisements de valeur économique (notamment dans le domaine des technologies de l'information), qui ont périmé beaucoup des anciens gisements, pour eux comme pour les autres peuples. Mais le résultat, c'est qu'après l'espoir, l'Amérique inspire aujourd'hui la crainte, celle, pour les européens, d'être bousculés dans le confort qu'elle les avait aidé à construire pendant les Trente glorieuses, en particulier grâce au Plan Marshall, par tarissement des gisements de valeur sur lesquels ils avaient assis leur prospérité (et ce faisant les droits acquis par sa population) depuis la deuxième guerre mondiale.
Après le lifting en profondeur qu'a produit la déréglementation dans le secteur des télécommunications, le véritable raz de marée (Bill Gates parle de 'sea change) qui emporte le monde de la communication vers des rivages incertains est en effet lourd de menaces pour l'Europe, si elle ne savait pas s'adapter rapidement à la nouvelle donne.
Mais la peur est mauvaise conseillère en matière de stratégie. Aussi faut-il d'abord analyser la dynamique à l'œuvre dans le champ de la communication et se demander dans quelle mesure elle nous concerne directement. Ensuite seulement se pose la question de l'adéquation de nos réponses collectives. Sont-elles, en effet, les plus pertinentes et les plus appropriées, eu égard aux nouveaux rapports de force tels qu'ils s'organisent et se profilent, en dynamique, dans l'économie mondiale ; surtout compte tenu de la vitesse du jeu tel qu'il est mené actuellement par les américains?
Cette dynamique renouvelle en profondeur l'assise même de nos économies et périme beaucoup des cadres d'analyse anciens. Il en résulte de sérieux malentendus et erreurs d'appréciation dans la sphère du politique en ce qui concerne les ressorts profonds et le métabolisme de l'économie, et surtout les leviers et les marges d'action réels des politiques (de tous bords) sur ces économies.
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 42
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jean Ruffat
La furie américaine dans la communication
In: Politiques et management public, %vol. 14 n° 4, 1996. pp. 159-185.
Citer ce document / Cite this document :
Ruffat Jean. La furie américaine dans la communication. In: Politiques et management public, %vol. 14 n° 4, 1996. pp. 159-
185.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pomap_0758-1726_1996_num_14_4_2126Résumé
Le développement technique de l'Amérique s'est fait dans le prolongement immédiat de la révolution
industrielle britannique, dont les inventions furent très vite transposées et assimilées par son industrie
naissante dès la fin du 18ème siècle, tout naturellement dans le textile et la métallurgie.
En même temps l'Amérique s'est elle même montrée très inventive ("yankee ingenuity", comme on dit
là-bas), ainsi sa contribution, parfois décisive, a beaucoup des premiers développements de l'électricité
(en particulier avec Thomas Edison), du téléphone (avec Graham Bell), puis ensuite dans l'automobile
et dans l'industrie manufacturière de façon générale, et, plus tard, dans l'aviation, comme dans la
chimie, puis dans la pharmacie, etc., sans parier de l'espace et de l'informatique. En fait, il y avait déjà
furie américaine dans les techniques dès le milieu du 19èrne siècle.
Mais si les produits agricoles (blé, coton, tabac, etc.) ont rapidement traversé l'Atlantique d'Ouest en Est
dans des volumes de plus en plus importants, les produits industriels (et leurs fabricants) ont très peu
passé l'océan jusqu'à, pratiquement, la deuxième guerre mondiale (sauf pour quelques exceptions,
comme Singer, Ford, General Motors ou Michelin). Quant aux services, ils n'ont pris le grand large que
très récemment, en pratique au cours des vingt dernières années, sauf bien sûr la banque et
l'assurance, qui ont été de toutes les aventures depuis quasiment la renaissance.
En conséquence la problématique des relations économiques, des rapports de force et des échanges
entre l'Europe et l'Amérique a considérablement évolué au fil du temps. Aussi courons-nous toujours le
risque de les analyser avec les grilles de lecture et d'analyse relevant de la guerre précédente. Les
facteurs géo-politiques ont également pesé lourdement, au cours du 20ème siècle, sur la nature et
l'importance de ces échanges. Ainsi, par deux fois au cours de ce siècle, l'Amérique a incamé l'espoir
pour une Europe déchirée. Elle fut, dit-on, 'l'arsenal des démocraties". Il en est résulté des flux
monétaires, des transferts technologiques (et ce faisant culturels) et des flux de marchandises de très
grande ampleur.
Depuis, l'Amérique a voulu se redynamiser, en particulier au cours des vingt dernières années, en
explorant de nouveaux gisements de valeur économique (notamment dans le domaine des
technologies de l'information), qui ont périmé beaucoup des anciens gisements, pour eux comme pour
les autres peuples. Mais le résultat, c'est qu'après l'espoir, l'Amérique inspire aujourd'hui la crainte,
celle, pour les européens, d'être bousculés dans le confort qu'elle les avait aidé à construire pendant les
Trente glorieuses, en particulier grâce au Plan Marshall, par tarissement des gisements de valeur sur
lesquels ils avaient assis leur prospérité (et ce faisant les droits acquis par sa population) depuis la
deuxième guerre mondiale.
Après le lifting en profondeur qu'a produit la déréglementation dans le secteur des télécommunications,
le véritable raz de marée (Bill Gates parle de 'sea change") qui emporte le monde de la communication
vers des rivages incertains est en effet lourd de menaces pour l'Europe, si elle ne savait pas s'adapter
rapidement à la nouvelle donne.
Mais la peur est mauvaise conseillère en matière de stratégie. Aussi faut-il d'abord analyser la
dynamique à l'œuvre dans le champ de la communication et se demander dans quelle mesure elle nous
concerne directement. Ensuite seulement se pose la question de l'adéquation de nos réponses
collectives. Sont-elles, en effet, les plus pertinentes et les plus appropriées, eu égard aux nouveaux
rapports de force tels qu'ils s'organisent et se profilent, en dynamique, dans l'économie mondiale ;
surtout compte tenu de la vitesse du jeu tel qu'il est mené actuellement par les américains?
Cette dynamique renouvelle en profondeur l'assise même de nos économies et périme beaucoup des
cadres d'analyse anciens. Il en résulte de sérieux malentendus et erreurs d'appréciation dans la sphère
du politique en ce qui concerne les ressorts profonds et le métabolisme de l'économie, et surtout les
leviers et les marges d'action réels des politiques (de tous bords) sur ces économies.FURIE AMERICAINE DANS LA COMMUNICATION LA
(dans le prolongement de la déréglementation)
JeanRUFFAT*
Résumé Le développement technique de l'Amérique s'est fait dans le prolongement immédiat
de la révolution industrielle britannique, dont les inventions furent très vite transposées
et assimilées par son industrie naissante dès la fin du 18ème siècle, tout
naturellement dans le textile et la métallurgie.
En même temps l'Amérique s'est elle même montrée très inventive ('yankee
ingenuity", comme on dit la-bas), ainsi sa contribution, parfois décisive, a beaucoup
des premiers développements de l'électricité (en particulier avec Thomas Edison), du
téléphone (avec Graham Bell), puis ensuite dans l'automobile et dans l'industrie
manufacturière de façon générale, et, plus tard, dans l'aviation, comme dans la
chimie, puis dans la pharmacie, etc., sans parier de l'espace et de l'informatique. En
fait, il y avait déjà furie américaine dans les techniques' dès le milieu du Wèrne
siècle.
Mais si les produits agricoles (blé, coton, tabac, etc.) ont rapidement traversé
l'Atlantique d'Ouest en Est dans des volumes de plus en plus importants, les produits
industriels (et leurs fabricants) ont très peu passé l'océan jusqu'à, pratiquement, la
deuxième guerre mondiale (sauf pour quelques exceptions, comme Singer, Ford,
General Motors ou Michelin). Quant aux services, ils n'ont pris le grand large que très
récemment, en pratique au cours des vingt dernières années, sauf bien sûr la banque
et l'assurance, qui ont été de toutes les aventures depuis quasiment la renaissance.
En conséquence la problématique des relations économiques, des rapports de force
et des échanges entre l'Europe et l'Amérique a considérablement évolué au fil du
temps. Aussi courons-nous toujours le risque de les analyser avec les grilles de
lecture et d'analyse relevant de la guerre précédente.
* CPA, Stratégies & Structures.
Revue POLITIQUES ET MANAGEMENT PUBLIC, Volume 14, n° 4, décembre 1996.
© Institut de Management Public - 1996. 160 JeanRUFFAT
Les facteurs géo-politiques ont également pesé lourdement, au cours du 20ème
siècle, sur la nature et l'importance de ces échanges. Ainsi, par deux fois au cours de
ce siècle, l'Amérique a incamé l'espoir pour une Europe déchirée. Elle fut, dit-on,
'l'arsenal des démocraties". Il en est résulté des flux monétaires, des transferts
technologiques (et ce faisant culturels) et des flux de marchandises de très grande
ampleur.
Depuis, l'Amérique a voulu se redynamiser, en particulier au cours des vingt dernières
années, en explorant de nouveaux gisements de valeur économique (notamment
dans le domaine des technologies de l'information), qui ont périmé beaucoup des
anciens gisements, pour eux comme pour les autres peuples. Mais le résultat, c'est
qu'après l'espoir, l'Amérique inspire aujourd'hui la crainte, celle, pour les européens,
d'être bousculés dans le confort qu'elle les avait aidé à construire pendant les Trente
glorieuses, en particulier grâce au Plan Marshall, par tarissement des gisements de
valeur sur lesquels ils avaient assis leur prospérité (et ce faisant les droits acquis par
sa population) depuis la deuxième guerre mondiale.
Après le lifting en profondeur qu'a produit la déréglementation dans le secteur des
télécommunications, le véritable raz de maré

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