La méthode de transformation des économies d Europe centrale et orientale - article ; n°1 ; vol.20, pg 49-66
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Description

Politiques et management public - Année 2002 - Volume 20 - Numéro 1 - Pages 49-66
Si on analyse les réformes économiques menées dans les PECO depuis 1990 sous l'angle de la méthode de transformation, il apparaît que celle-ci présente deux aspects importants : le fait qu'il existe un programme préétabli qui s'impose dans tous les pays et qui est fondé sur l'économie de marché qu'on veut mettre en place ; le fait que ce programme exige que l'Etat soit l'agent de changement. C'est un paradoxe qui apparaît dans les modalités de mise en oeuvre des réformes : l'Etat doit diriger une grande transformation destinée justement à réduire son rôle dans l'économie et son pouvoir sur la société.
Cette méthode de transformation ne produit pas les effets escomptés. L'Etat a effectivement beaucoup de mal à se désengager surtout auprès des entreprises, bien que son action ait largement reculé sur le plan social, et le rôle social des entreprises reste important, dès le début des années 1990, la contrainte socio-politique joue fortement, la réorganisation sociale et les réactions des citoyens ayant eu lieu rapidement. Dans certains pays la transmutation de l'Etat paternaliste en un Etat moderne libéral a échoué, et on constate une rupture de la relation entre l'Etat et les citoyens. Dans les pays qui réussissent mieux cette transfonriation, il y a également chez les populations des résistances aux changements et elles pourraient bien se renforcer car la perspective d'intégrer l'Union européenne a été inscrite par les gouvernants dans la même démarche que celle adoptée pour la transformation économique.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Anne-Marie Cretieneau
La méthode de transformation des économies d'Europe centrale
et orientale
In: Politiques et management public, %vol. 20 n° 1, 2002. Reconfigurer l'action publique : big bang ou réforme ?
Actes du onzième colloque international - Nice, jeudi 4 et vendredi 5 octobre 2001 - Tome 1. pp. 49-66.
Résumé
Si on analyse les réformes économiques menées dans les PECO depuis 1990 sous l'angle de la méthode de transformation, il
apparaît que celle-ci présente deux aspects importants : le fait qu'il existe un programme préétabli qui s'impose dans tous les
pays et qui est fondé sur l'économie de marché qu'on veut mettre en place ; le fait que ce programme exige que l'Etat soit l'agent
de changement. C'est un paradoxe qui apparaît dans les modalités de mise en oeuvre des réformes : l'Etat doit diriger une
grande transformation destinée justement à réduire son rôle dans l'économie et son pouvoir sur la société.
Cette méthode de transformation ne produit pas les effets escomptés. L'Etat a effectivement beaucoup de mal à se désengager
surtout auprès des entreprises, bien que son action ait largement reculé sur le plan social, et le rôle social des entreprises reste
important, dès le début des années 1990, la contrainte socio-politique joue fortement, la réorganisation sociale et les réactions
des citoyens ayant eu lieu rapidement. Dans certains pays la transmutation de l'Etat paternaliste en un Etat moderne libéral a
échoué, et on constate une rupture de la relation entre l'Etat et les citoyens. Dans les pays qui réussissent mieux cette
transfonriation, il y a également chez les populations des résistances aux changements et elles pourraient bien se renforcer car
la perspective d'intégrer l'Union européenne a été inscrite par les gouvernants dans la même démarche que celle adoptée pour
la transformation économique.
Citer ce document / Cite this document :
Cretieneau Anne-Marie. La méthode de transformation des économies d'Europe centrale et orientale. In: Politiques et
management public, %vol. 20 n° 1, 2002. Reconfigurer l'action publique : big bang ou réforme ? Actes du onzième colloque
international - Nice, jeudi 4 et vendredi 5 octobre 2001 - Tome 1. pp. 49-66.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pomap_0758-1726_2002_num_20_1_2705LA METHODE DE TRANSFORMATION DES ECONOMIES
D'EUROPE CENTRALE ET ORIENTALE
Anne-Marie CRETIENEAU'
Résumé Si on analyse les réformes économiques menées dans les PECO depuis
1990 sous l'angle de la méthode de transformation, il apparaît que celle-ci
présente deux aspects importants : le fait qu'il existe un programme préétabli
qui s'impose dans tous les pays et qui est fondé sur l'économie de marché
qu'on veut mettre en place ; le fait que ce programme exige que l'Etat soit
l'agent de changement. C'est un paradoxe qui apparaît dans les modalités de
mise en oeuvre des réformes : l'Etat doit diriger une grande transformation
destinée justement à réduire son rôle dans l'économie et son pouvoir sur la
société.
Cette méthode de transformation ne produit pas les effets escomptés. L'Etat a
effectivement beaucoup de mal à se désengager surtout auprès des
entreprises, bien que son action ait largement reculé sur le plan social, et le
rôle social des entreprises reste important, dès le début des années 1990, la
contrainte socio-politique joue fortement, la réorganisation sociale et les
réactions des citoyens ayant eu lieu rapidement. Dans certains pays la
transmutation de l'Etat paternaliste en un Etat moderne libéral a échoué, et on
constate une rupture de la relation entre l'Etat et les citoyens. Dans les pays
qui réussissent mieux cette transfonriation, il y a également chez les
populations des résistances aux changements et elles pourraient bien se
renforcer car la perspective d'intégrer l'Union européenne a été inscrite par
les gouvernants dans la même démarche que celle adoptée pour la
transformation économique.
* Université de Poitiers, GEDES.
Revue POLITIQUES ET MANAGEMENT PUBLIC, Volume 20, n° 1, mars 2002.
© Institut de Management Public, 2002. 50 Anne-Marie CRETIENEAU
Les pays d'Europe centrale et orientale et de l'ex-URSS, que nous
regrouperons sous le sigle PECO1, ont, au début des années 1990, adopté
pour transformer leur système économique un programme axé sur la libération
des prix et des transactions, la privatisation et la restructuration des
entreprises et la création du cadre institutionnel d'une économie
concurrentielle. Une politique de stabilisation complétant le dispositif, la liberté
de contrat et le durcissement des contraintes budgétaires devaient engager
"naturellement" ces pays sur la voie de l'efficacité économique. Ce modèle
standard d'économie de marché, souvent appelé "consensus de
Washington"2, s'est naïvement imposé dans toute la région sans tenir compte
des modalités de mise en œuvre concrète des réformes, des spécificités du
socialisme de type soviétique et des particularismes culturels locaux. On a
cherché à instaurer de façon téléologique et constructiviste, et le plus
rapidement possible, cette représentation idéale du capitalisme occidental. En
optant pour des réformes radicales affectant la totalité de l'économie, on
choisissait "évolutionnaire" de s'appuyer de transformation sur une forte aurait volonté exigé politique d'emblée alors une qu'un participation processus
active de la société. Ce sont ces aspects qui caractérisent la méthode de
transformation qui constitueront l'objet de notre première partie. Cette
n'a pas permis d'obtenir les effets escomptés, l'application des réformes
s'étant heurtée à des difficultés et des obstacles qui en ont infléchi le cours3.
Ce point sera examiné dans notre seconde partie. L'évolution des relations
entre l'Etat et les agents économiques montre que la transmutation de l'Etat
paternaliste en Etat moderne libéral ne s'est pas opérée comme prévu et
qu'elle peut engendrer une relation problématique entre l'Etat et les citoyens.
Principales Si, après une décennie de transition, on pourrait affirmer qu'il existe autant de
caractéristiques transitions que de pays en au début des années 1990 c'est un seul
de la méthode modèle de passage à l'économie de marché qui a fondé les stratégies
de adoptées en Europe de l'Est. Selon Weitzman (1993), ce modèle se distingue
du modèle chinois de transformation plus "évolutionnaire" par l'idée essentielle transformation
adoptée par les de faire une transition la plus rapide possible vers un capitalisme de type
PECO ouest-européen, c'est-à-dire fondé sur des droits de propriété précisément
définis dans le cadre d'un marché concurrentiel. Toutes les autres formes de
propriété (coopératives, entreprises mixtes, autogestionnaires...) sont à
proscrire, non seulement parce qu'elles rappellent le passé socialiste, mais
aussi parce qu'elles ne sont pas conformes aux préceptes de la théorie
économique contemporaine (Aghion et Grosfeld, 1990). La conception de la
transformation est celle des changements institutionnels exogènes : qu'ils
soient décidés par les préférences des gouvernants soutenus par des experts
1 Précisément on s'intéresse ici aux pays de l'ex-URSS qui composent maintenant la Communauté d'Etats
Indépendants (CEI), aux trois États Baltes, et aux sept autres pays d'Europe centrale et orientale qui sont
candidats à l'adhésion à l'Union européenne. Le choix d'une analyse transversale comporte toujours le risque
de généralisations excessives, mais elle permet de mieux saisir les principaux enjeux de cette transformation.
2 L'expression conçue par l'économiste américain J. Williamson en 1990, à propos des recommandations à
suivre en Amérique latine pour sortir des difficultés monétaires, s'est étendue aux économies d'Europe de l'Est
en transition, à cause notamment des analogies avec les situations hypehnflationnistes d'Amérique latine.
3 Paradoxalement alors que l'incrémentalisme ne faisait pas re

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