La nouvelle crise polonaise - article ; n°4 ; vol.36, pg 381-404
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Description

Politique étrangère - Année 1971 - Volume 36 - Numéro 4 - Pages 381-404
L'auteur décrit les données essentielles qui ont été à l'origine de la nouvelle crise polonaise de décembre 1970 : données économique, démographique, politique. Il distingue les deux groupes d'acteurs principaux d'une part, les dirigeants du parti et notamment la nouvelle équipe ; d'autre part les ouvriers - et non les intellectuels. Il présente les efforts entrepris au-dedans comme au dehors, par la nouvelle équipe pour résoudre les problèmes polonais.
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1971
Nombre de lectures 31
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-Paul Stepnik
La nouvelle crise polonaise
In: Politique étrangère N°4 - 1971 - 36e année pp. 381-404.
Résumé
L'auteur décrit les données essentielles qui ont été à l'origine de la nouvelle crise polonaise de décembre 1970 : données
économique, démographique, politique. Il distingue les deux groupes d'acteurs principaux d'une part, les dirigeants du parti et
notamment la nouvelle équipe ; d'autre part les ouvriers - et non les intellectuels. Il présente les efforts entrepris au-dedans
comme au dehors, par la nouvelle équipe pour résoudre les problèmes polonais.
Citer ce document / Cite this document :
Stepnik Jean-Paul. La nouvelle crise polonaise. In: Politique étrangère N°4 - 1971 - 36e année pp. 381-404.
doi : 10.3406/polit.1971.5701
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1971_num_36_4_5701NOUVELLE CRISE POLONAISE LA
par Jean-Paul STEPNIK
L'auteur décrit les données essentielles qui ont été à l'origine
de la nouvelle crise polonaise de décembre 1970 : données écono
mique, démographique, politique. Il distingue les deux groupes
d'acteurs principaux d'une part, les dirigeants du parti et notam
ment la nouvelle équipe ; d'autre part les ouvriers — et non les
intellectuels. Il présente les efforts entrepris au-dedans comme au
dehors, par la nouvelle équipe pour résoudre les problèmes
polonais.
La Pologne a traversé une nouvelle crise. Nous avons connu en
1956 une crise de cette dimension, bien différente il est vrai dans
son origine, son déroulement et sa signification, qui avait permis à
la Pologne de recouvrer sa personnalité.
La récente crise polonaise marque un tournant dans la vie du
pays comme dans ses relations internationales. Sans prétendre en
donner une explication pleine et exhaustive nous voudrions nous
livrer à une première réflexion sur cette crise. Elle portera sur deux
aspects essentiels de celle-ci, à savoir : Les Causes de la Crise et Les
Apports de la Crise. En ce qui concerne les causes de la crise nous
pensons qu'il faut s'interroger sur le cadre dans lequel elle a pu naître
et voir les circonstances qui ont motivé son brusque éclatement. Par
contre, pour ce qui est des apports de la crise nous devons nous
interroger sur les efforts entrepris pour la résoudre afin de voir quels
éléments nouveaux cette crise a pu apporter au niveau interne et
international polonais.
Ve partie
LES CAUSES DE LA CRISE
La nouvelle crise polonaise ne fut qu'un aboutissement, une
conjonction de plusieurs facteurs que nous pouvons décomposer en
regardant le cadre général dans lequel elle s'inscrit et les circons
tances particulières qui ont provoqué son éclatement. 382 STEPNIK
I. LE CADRE
D'emblée il faut dire que des considérations internationales sont
étrangères au déclenchement brutal de la crise. En effet, si la crise
de 1956 s'est développée dans un climat de tension internationale,
celle de 1970 se situe dans une période d'accalmie relative marquée
par un succès diplomatique non négligeable pour la Pologne, à savoir
la reconnaissance de ses frontières par la RFA.
Les problèmes préoccupants sont surtout d'ordre interne. Sans
vouloir privilégier telle ou telle composante, nous en détacherons au
moins trois qui constituent à notre avis les dominantes du cadre : la
donnée économique, la donnée démographique et la donnée poli
tique.
1 . La donnée économique
Elle demanderait de longs développements mais en schématisant
on peut avancer qu'elle repose sur deux constatations.
La première constatation a été faite vers les années 1962-1963,
par tous les pays de l'Est européen. On s'est aperçu que le taux de
croissance allait progressivement en diminuant comme l'indique le
tableau suivant :
Taux d'accroissement du revenu national dans certains pays pour la période
1950-65 en prix fixes et en % (moyenne annuelle)
PAYS Périodisation quinquennale
1951-55 1956-60 1961-65 I. Pays socialistes
Bulgarie 12,2 9 6,7
Hongrie 6 6,3 4,4
Pologne 8,6 6,5 6,2
R.D.A 11,3 7,1 3,4
Roumanie .... 14,2 6,5 9,2
Tchécoslovaquie 8,2 7,1 1,9
9 U.R.S.S 11,3 6,5
II. Pays capitalistes avancés
France 4,2 4,9 5,2
Grande-Bretagne 2,3 2,7 3,5
Italie 5,9 5,6 5,2
Japon 8,6 10 9,6
R.F.A 9,4 6,2 5,1
Etats-Unis 4,2 2,3 4,9
Voir l'article de Kazimierz Secomski : « Dynamika i kierunki wzrostu gospo-
darki narodowej oraz zmiany jej struktury spoleczno-ekonomicznej » (Dynamique et
orientation de l'accroissement dans l'économie nationale ; les changements de sa
structure socio-économique) dans Ekonomista n° 6/1970, p. 1064. LA POLOGNE 383
Suivant ces évaluations on pouvait craindre une perte de vitesse
du développement économique. Mais ce qui était plus grave c'est
qu'en termes de compétition Est-Ouest, la situation était peu flat
teuse pour les pays de l'Est européen. En effet, en valeur absolue, le
revenu national brut progressait plus vite à l'Ouest qu'à l'Est, l'écart
étant imputable pour une large part au mauvais rendement de l'agri
culture.
La deuxième constatation touche à la situation particulière polon
aise. On s'est aperçu de la concomitance quasi-permanente d'une
pénurie de denrées alimentaires et de l'existence d'un stock de mar
chandises invendues. Or, dans les budgets familiaux polonais, la
moitié des dépenses est consacrée à la nourriture (2). Nous insistons
sur ce point car pour accroître la production il fallait constamment
faire appel à l'importation de matières premières et exporter de
plus en plus de produits non-compétitifs, ce qui avait pour effet
de diminuer la part du revenu national utilisable à l'intérieur. Ces
deux constatations, l'une générale aux pays de l'Est européen, l'autre
typiquement polonaise (eu égard aux sacrifices nationaux consentis)
ne pouvaient manquer d'avoir un impact psychologique défavorable.
Aussi ont-elles inspiré aux intéressés l'idée qu'il fallait faire quelque
chose et qu'il était nécessaire d'entreprendre une profonde réforme
économique.
Après plusieurs années de tâtonnements, tous les pays de l'Est
européen procédèrent à une réforme économique. Seule la réforme
hongroise, entrée en vigueur le 1er janvier 1968, fut un succès (3).
La Pologne qui avait été la première à lancer l'idée d'une réforme
du système de gestion et de planification fut la dernière à la réaliser.
Trois projets furent mis en avant. Les deux premiers en 1957/
1958 et 1964/1965, étaient élaborés par l'équipe du Pr. Oscar
Lange (qui a surtout inspiré le premier) inventeur d'un socialisme de
marché ; ils ébauchaient un modèle fondé sur l'abandon des méthod
es de gestion administratives et la mise en pratique du calcul éco
nomique. Le succès de ces réformes était subordonné à un partage
rigoureux des rôles entre le politique et l'économique, mais la situa
tion ne s'y prêtait pas. La troisième réforme codifiée en 1969/1970,
(2) La Pologne contemporaine, n° 5, 1971, p. 17.
(3) Avec sa méthode originale des trois prix : un prix fixe pour les produits
industriels, un prix minimum et maximum pour les produits de consommation
courante et les prix libres pour les produits de luxe. 384 STEPNIK
par des hommes nouveaux, groupés autour du tandem Jaszczuk-
Pajestka, devait produire tous ses effets le 1" janvier 1971 ; cette
date coïncidait avec le lancement du nouveau plan quinquennal qui
devait lui-même marquer le passage d'une stratégie de développe
ment extensif, à une stratégie de développement intensif. A cet effet,
on redonnait à l'entreprise son autonomie. Pour augmenter le rendede l'agriculture (85 % des propriétés sont individuelles) l'accent
était mis sur l'industrie mécanique et chimique des engrais. Enfin,
pour pallier la faiblesse des services et développer le tourisme, on
préconisait un accroissement de la capacité d'initiative du secteur
artisanal (qui emploie 350.000 personnes et produit 2,7 % du revenu
national) (4).
Cette nouvelle stratégie économique définie par le Pr. Pajestka
se résume en quatre propositions : — la mise en œuvre de nouveaux
fact

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