La politique américaine au Viet-Nam - article ; n°3 ; vol.20, pg 299-322
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Description

Politique étrangère - Année 1955 - Volume 20 - Numéro 3 - Pages 299-322
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1955
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Bernard B. Fall
La politique américaine au Viet-Nam
In: Politique étrangère N°3 - 1955 - 20e année pp. 299-322.
Citer ce document / Cite this document :
Fall Bernard B. La politique américaine au Viet-Nam. In: Politique étrangère N°3 - 1955 - 20e année pp. 299-322.
doi : 10.3406/polit.1955.2582
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1955_num_20_3_2582POLITIQUE AMÉRICAINE AU VIET-NAM LA
Lorsque la France capitula en juin 1940, l'équilibre des. forces dans le
Pacifique — déjà fortement ébranlé par l'isolement des Indes Néerland
aises de leur métropole et par le départ des meilleures unités franco-
anglaises pour l'Europe et le Moyen-Orient — pencha sérieusement en
faveur du Japon. Les troupes françaises en Indochine étaient réduites à
quelque 50 000 hommes, dont 12 000 Européens ; les unités de la marine
étaient limitées à quelques avisos patrouilleurs et l'aviation n'existait qu'à
l'état squelettique : vieux avions qui n'étaient pas capables de se
mesurer avec les chasseurs « Zéro » des forces nippones. Au surplus,
l'équipement des forces terrestres était vétusté et peu fait pour résister
aux efforts d'une guerre moderne (1).
Il est clair que cet état pitoyable de la situation militaire française n'avait
pas échappé à l'état-major nippon et déjà, quelques jours avant la signature
de l'armistice franco-allemand, le 19 juin 1940, le Japon demandait à la
France de fermer l'accès du chemin de fer du Yunnan au matériel de guerre
étranger qui, déchargé à Haïphong, y prenait le chemin du Yunnan et de la
Chine libre. Cette demande ne reçut pas de réponse immédiate, et, le jour
suivant, l'ambassadeur de France à Washington présenta le problème à
Sumner Welles, alors sous-secrétaire américain aux Affaires étrangères,
qui ne s'engagea à aucune promesse d'aide américaine — diplomatique
ou autre — contre la pression japonaise et qui même déclara catégorique
ment que « le gouvernement américain ne croit pas pouvoir entrer en conflit
avec le Japon ». Quelques jours après la signature de l'armistice, l'Angleterre
aussi refusa toute aide militaire à l'Indochine, et, pour un certain temps, à
titre d'offre conciliatoire envers le Japon, ferma la route de Mandalay,
la dernière ligne de communication des Chinois avec l'extérieur.
Un suprême effort fut fait par les autorités françaises en Indochine —
(1) Œ général Sabattier, Le Destin de l'Indochine, p. 37. 300 BERNARD B. FALL
isolées de la métropole aussi bien que de leurs alliés traditionnels dans le
Pacifique — pour mettre l'Indochine en état de défense. A la fin du mois de
juin 1940, le général Catroux, alors gouverneur général de l'Indochine,
envoya une mission d'achat aux Etats-Unis afin d'y acquérir un certain
nombre d'avions de chasse modernes ainsi que de l'artillerie de D. C. A.
Cette nouvelle mission se termina aussi par une fin de non-recevoir, car les
autorités américaines étaient d'avis que, «les Japonais contrôlant les points
clés en Indochine, il nous répugnait de vendre de l'équipement militaire
supplémentaire à l'Indochine... (1) ».
Le 25 juillet, le général Catroun fat remplacé à la tête Ae l'Indochine par
l'amiral Decoux. Le 30 août 1940, Vichy signa un accord avec le Japon
donnant à ce dernier la permission d'établir des installations militaires en
Indochine * afin de pouvoir résoudre l'incident »de Chine ». Le glas de
l'Indochine française avait sonné.
Oàen était la politique asiatique américaine en cet «été de \ 940 ? Ce notait
guère plus qu'une de * laut»-de-mieux », limitée, à -en croire les
Mémoires du secrétaire tTÉtat Cordeli -Hull, à encourager dés pays «tels
que l'Indochine... à atermoyer et à parlementer avec les Japonais et à tenir
jusqu'à la dernière minute contre les exigences japonaises», ceci, bien
entendu, «ans le moindre support militaire ou moral defc États-Unis. H c*t
prcibable, d'ailleurs, que les services américains croyaient qu'une telle
altitude était ce qu'il fallait pour arrêter l'avance japonaise dans lé Sud-Est
asiatique, car — toujours d'après Hull •— ils étaient d'avis que « le Japon
n'oserait pas attaquer militairement ».
Cette supposition se trouva infirmée par les faite quelques semaines
plus tard. Des concentrations d'unités -amphibies japonaises furent signa
lées à Canton "vers le 10 septembre 1940, <et, le 15 de ce mois, le général
Martin, alors commandant supérieur des troupes au Tonton, adressa une
demande confidentielle à l'amiral commandant 4'<escadre américaine sta
tionnée aux Philippines, lui suggérant (l'exécuter une démonstration navale
dans le golfe du Tonkin, afin de montrer J'intérêt américain dans la mainte
nance du steal quo en Indochine. Aucune suite ne fût donnée à cette demande
par les autorités américaines, tant à Manille (où le général Mac Arthur
commandait alors en cheQ qu'a Washington.
Le 22 septembre, *u petit matât, <des éléments de deux divisions japo
naises, stationnées sur k côté chinois de la frontière est du Tonkin, att
aquèrent soudainement les petites garnisons des vieilles forteresses-front
ières de Lang-Son et de Dong-Dang, tandis que l'aviation japonaise exécut
ait des vols de reconnaissance armée sur le délia du Fleuve Rouge et,
(1) Cordell Hull, Mémoires. 1er vol., p. 907. AMÉRICAINE AU VIET-NAM 501 POLITIQUE
particulièrement, sur Haïphong. Après trois jour» d'une résistance acharnée
qui coûta, ai» défenseur» de nombreux morte, lea postes, informés entre
temps de. la signature. <£ç l'accord francs- japonais, cessèrent le feu et, à
Hanoï, le général japonais Nishihara, qui avait signé L'accord, franco-japo-
nai&poiir le gouvernement nippon, appela l'attaque deDong-Danget Lang»
So» une « regrettable erreur ».
L'incident, qui eut lieu en même temps que la Bataille aérienne pour la>
Grands-Bretagne, n'eut pas les honneurs de la presse mondiale. En France,
le$ censures vichy*soÎ3e et allemande se changèrent de l'étouffer, et sa seule
épitaphe fut un. sous-titre ironique d'un journal américain :Who wants, to
dit for dear old Dong~Dang?(Q?û veut mourir pour le pauvre vieux Dong*
Dang?) Un livre récent su* L'Indochine* œuvre d'une jeune Américaine,
rend l'hommage suivant aux morts français du Tonkin, qui furent les pre
miers hommes blancs à résister à l'agression japonaise, quinze mois avant
Pearl Harbour : « La résistance française (à l'attaque japonaise) était surtout
remarquable par sa brièveté» (1).
Le point crucial» cependant, e«t celui de la valeur d'une résistance fran
çaise « jusqu'au bout » en, Indochine, dans les. circonstances, telles, qu'elles?
se présentaient en automne 1940. L'Angleterre était engagée dans une lutte
à mort en Europe. Les. Indes néerlandaises, s» trouvaient: dan* un état de
dénuement militaire semblable,, sinon pire, à celui: de l'Indochine ; et le»
États-Unis n'étaient, ni militairement, ni poétiquement prêts- à assumer les»
charges de «leadership » qui leur revenaient maintenant par défaut en*
Extrême-Orient. De plus, ils avaient montré qu'ils, étaient prêt* à entériner
pratiquement n'importe quelle provocation japonaise, même si celle-ei
mettait en danger tout le dispositif stratégique des pays démocratiques en
Asie.
Eik fait, lorsque là. guerre du Pacifique éclata, la, résistance anglo~amén~
caine à, ragression japonaise, en Asie du Sud-Est, quand, cette dernière s»
déclencha ouvertement; en décembre. 1941, fut, elle aussi, « remarquable
par sa brièveté. ». L'exception de ta défense de Corregidor par une garnison
américano-philippine s'explique aisément par les conditions très spéciale»
de cett© lutte (une îlerforteresse défendue par une armée de mé

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