La politique du traité d Ankara - article ; n°3 ; vol.19, pg 257-274
19 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

La politique du traité d'Ankara - article ; n°3 ; vol.19, pg 257-274

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
19 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Politique étrangère - Année 1954 - Volume 19 - Numéro 3 - Pages 257-274
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1954
Nombre de lectures 12
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Ljuba Radovanovic
La politique du traité d'Ankara
In: Politique étrangère N°3 - 1954 - 19e année pp. 257-274.
Citer ce document / Cite this document :
Radovanovic Ljuba. La politique du traité d'Ankara. In: Politique étrangère N°3 - 1954 - 19e année pp. 257-274.
doi : 10.3406/polit.1954.6294
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1954_num_19_3_6294LA POLITIQUE DU TRAITÉ D'ANKARA
En février 1953, la Yougoslavie, la Grèce et la Turquie ont conclu à
Ankara un traité d'amitié et de collaboration. Ce traité a immédiatement
retenu l'attention de nombreux "milieux politiques dans le monde. Le
développement des rapports entre les trois pays, qui a précédé la conclu
sion de ce traité, a été, lui aussi, l'objet d'une grande attention à l'étranger.
Ceci nous amène à conclure que l'importance du traité d'Ankara ne se
réduit pas seulement aux rapports qu'il définit entre les États contractants.
En réalité, il existe une politique du traité d'Ankara, comme il existe
une politique du Pacte Atlantique ou de la Communauté Européenne
de Défense. Si différents que soient ces documents par le territoire qu'ils
embrassent, par les forces^ qu'ils engagent et par la manière dont ils les
engagent, il y a lieu de dire que chacun d'eux contient une conception
particulière d'un problème général de politique internationale. Ce sont
trois instruments de collaboration internationale en vue d'une défense
commune, chacun organisant cette collaboration selon une formule distincte.
I
Le développement de la politique internationale dans la période d'après
guerre, et surtout le développement des rapports entre le bloc soviétique et
les puissances occidentales, à partir de 1948, a bouleversé les bases d'un
ordre international stable et a mis en relief un problème international
essentiel, celui de la sécurité. Les Alliés ont, pendant la guerre, considéré
ce problème sous un angle tout à fait différent de celui qu'il a revêtu lorsque
le bloc hitlérien a été brisé ; ils ont jeté les bases d'une organisation destinée
à empêcher la restauration de l'impérialisme allemand et du fascisme, forces
agressives jugées dangereuses pour la paix du monde. Ce faisant, ils ont
sous-estimé la possibilité de l'apparition de contradictions politiques parmi
les Alliés eux-mêmes. * LJUBA RADOVANOVIC 258
Dans leur loyauté d'Alliés unis par des liens de fraternité dans les sacri
fices de la guerre et dans la victoire, ils n'ont pu supposer que la sécurité
dans le monde serait menacée en premier lieu non par la restauration de
l'ennemi, mais par leurs propres divergences. De là vient que le système
de ta sécurité collective, conçu dans la Charte des Nations Unies, n'a pu
être réalisé.
Nous ne sommes pas de ceux qui nient toute efficacité aux Nations Unies
et sous-estiment les résultats obtenus par cette organisation dans le domaine
de la collaboration internationale et de la stabilisation de la paix, pendant
la période vraiment difficile de la liquidation de la guerre mondiale. Mais
nous ne sous-estimons pas non plus l'importance du fait que l'organisation
des Nations Unies dans son ensemble avait été créée en prévision d'une
solidarité plus ferme parmi les nations que celle qui a été en fait réalisée.
Le mécanisme des Nations Unies est basé sur une abstraction' et une
conception^ plus ou moins idéalisée de cette solidarité. De là vient que les
mesures préventives qui étaient prévues contre toute infraction à cette
solidarité ne se sont pas avérées suffisamment efficaces. Elles ont pu l'être
contre les petites puissances et contre des infractions isolées, mais non les grandes et les blocs de membres.
Ce défaut s'est particulièrement manifesté dans le domaine de la sécur
ité. Conformément à la Charte des Nations Unies, le porte-parole du sys
tème de la sécurité collective est le Conseil de Sécurité, dont le méca
nisme a été établi sur le principe de l'unanimité des membres permanents
de ce Conseil. Ce mécanisme n'a pu fonctionner ni contre un des membres
permanents ni dans d'autres cas où n*a pu être atteinte. Le
système du veto a ainsi paralysé le système de, sécurité collective des
Nations Unies et, étant donné le développement après la guerre des contra
dictions parmi les membres permanents, est devenu une arme de lutte au
sein même de l'organisation, aboutissant, dans son application, à un résul
tat tout à fait contraire à celui qui avait été cherché.
Cette absence d'adaptation des rapports réels entre les Alliés et du
mécanisme international sur lequel reposait la protection de la paix est
devenue toujours plus manifeste au fur et à mesure que la guerre froide
s'amplifiait et que la tension internationale s'accroissait, introduisant l'i
nquiétude parmi les États qui se sont sentis menacés. A partir de 1948,
la psychose de l'insécurité générale n'a fait que s'accroître et le fantôme
d'une nouvelle guerre est apparu à l'horizon, au-dessus des ruines non
encore déblayées de la précédente.
La tension internationale, qui a été le trait essentiel de la situation
mondiale, surtout dans la période qui a suivi les événements de Tchécoslo
vaquie, au début de 1948, puis, plusieurs mois après, lors de la pression D'ANKARA ' 259 TRAITÉ
exercée sur la Yougoslavie, jusqu'à la mort de Staline au début de 1 953, a
été caractérisée, d'une part, par le danger d'agression et, d'autre part,
par un accroissement incessant de la propagande idéologique et de l'intol
érance entre l'Est et l'Ouest et enfin, conséquence logique, par une course
fébrile aux armements. Des efforts en vue de l'organisation de la résistance
à l'agression ont été employés à l'Occident et spécialement aux Etats-
Unis, dans l'atmosphère d'une orientation idéologique anticommuniste.
Par ailleurs, la guerre froide que le gouvernement soviétique a déclenchée
sur le front diplomatique a été complétée du point de vue tactique par
une propagande idéologique contre le système social en Occident, dans
les cadres intérieurs de différents États occidentaux, par des canaux que la
direction de l'Etat soviétique a liés aux partis kominformistes dans ces pays.
Cependant, dans cette guerre froide, les grandes puissances antagonistes
n'étaient pas les seules à se trouver sur la scène. Sous la pression et devant
un danger direct, d'autres peuples aussi ont été mis en cause, et parmi eux
les peuples indépendants de la Péninsule balkanique.
Cette situation a fait naître le besoin d'organiser la sécurité en dehors
des cadres organiques des Nations Unies, au moyen d'unions militaires
de défense entre États qui s'estimaient menacés, se référant aux droits
que l'article 51 de la Charte des Nations Unies leur accordait à cet égard.
Sur le continent européen, quatre organisations de sécurité collective
ont pris forme : le traité de Bruxelles, le Pacte Atlantique, la Commun
auté Européenne de Défense et le traité d'Ankara.
Le traité de Bruxelles, le premier conclu, est une union • militaire et
politique, instituant une garantie internationale d'aide militaire et visant
à une vaste collaboration politique, économique et culturelle. Néanmoins,
ses obligations d'ordre militaire ont été absorbées par les communautés
formées ultérieurement : Pacte Atlantique et traité de la Communauté
Européenne de Défense.
Le Pacte Atlantique a subi au cours de son développement .dans les cinq
dernières années ' d'importantes transformations de structure. Il a revêtu
pratiquement le caractère d'une organisation militaire centralisée, dotée
d'une compétence totale. Son actuelle dépasse peut-être déjà
les cadres juridiques du traité primordial et contient certains éléments de
caractère supranational. v
La Communauté Européenne de Défense a le caractère d'

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents