La politique étrangère de l URSS après Khrouchtchev - article ; n°1 ; vol.31, pg 5-18
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La politique étrangère de l'URSS après Khrouchtchev - article ; n°1 ; vol.31, pg 5-18

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Description

Politique étrangère - Année 1966 - Volume 31 - Numéro 1 - Pages 5-18
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1966
Nombre de lectures 20
Langue Français

Extrait

Philip E. Mosely
Foreign Policy Association
La politique étrangère de l'URSS après Khrouchtchev
In: Politique étrangère N°1 - 1966 - 31e année pp. 5-18.
Citer ce document / Cite this document :
Mosely Philip E., Foreign Policy Association. La politique étrangère de l'URSS après Khrouchtchev. In: Politique étrangère N°1 -
1966 - 31e année pp. 5-18.
doi : 10.3406/polit.1966.2226
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1966_num_31_1_2226LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE DE L'U.R.S.S.
APRÈS KHROUCHTCHEV (1)
Après la seconde guerre mondiale, le système multipolaire
qui avait façonné la politique mondiale au cours des deux siècles
précédents a fait place à un système bipolaire, les Etats-Unis et
l'Union Soviétique constituant les deux pôles autour desquels
un grand nombre de nations mineures étaient groupées. Dispo
sant d'armes nucléaires et d'engins à longue portée, les deux
superpuissances — l'U.R.S.S. et les Etats-Unis — se trouvèrent
en possession de moyens de destruction uniques au monde.
Jusqu'à la fin des années cinquante, un grand nombre d'obser
vateurs pensaient que la bi-polarité durerait pendant un temps
illimité. Mais, paradoxe étonnant, l'extrême concentration de
puissance entre les mains des Etats-Unis et de l'Union Sovié
tique a, depuis 1960, déterminé l'érosion du système bipolaire.
La rivalité acerbe qui s'est instaurée entre la Russie et la
Chine a été à la fois la conséquence et l'un des facteurs qui ont
accéléré ce processus. L'équilibre instable qui s'est formé entre
les deux grandes puissances nucléaires permet à la Chine de
défier tant la Russie que les Etats-Unis, de même que la
France, sous la conduite du président Charles de Gaulle, est
décidée à se rendre maîtresse de son sort et à échapper à
« l'hégémonie » des Etats-Unis. Afin de bien assurer leur auto
nomie, tant la Chine que la France, sont en train d'édifier une
force de dissuasion indépendante : la mise en œuvre de ces
(1) Nous devons à l'obligeance de la Foreign Policy Association de publier en bon
nes feuilles la conclusion d'une étude qui paraîtra aux Etats-Unis dans la « Headline
Series » sous le titre « The Soviet Union since Khrushchev ». D MOSELY
programmes coûteux doit, à leurs yeux, hâter la transformation
d'un équilibre bipolaire en un équilibre multipolaire.
Aux Etats-Unis et en Russie, la partie la plus éclairée de
l'opinion a pris douloureusement conscience des dangers d'une
guerre nucléaire où il n'y aurait pas de vainqueur au sens tradi
tionnel du terme. Beaucoup de Russes et d'Américains, par
exemple, soupçonnent les dirigeants chinois de se réjouir à l'idée
que les deux géants nucléaires pourraient, un jour, s'entre-
dévorer, ouvrant ainsi, pensent-ils, un champ illimité à l'expan
sion chinoise.
De plus en plus, et surtout depuis la crise des fusées à Cuba,
en octobre 1962, les chefs soviétiques et américains se sont
convaincus de la nécessité d'éviter un affrontement direct à la
suite duquel l'une ou l'autre partie pourrait être mise en demeure
de choisir entre l'acceptation d'une défaite majeure et le recours
à un conflit nucléaire. Cette prudence, pour souhaitable qu'elle
soit n'en laisse pas moins le champ libre (et ce champ est vaste)
à des guerres limitées et à des conflits politiques éventuellement
entrepris à travers des pays tiers. Aujourd'hui, le danger le plus
grave est que l'un de ces conflits par « personne interposée »
ne dégénère en affrontement, voire en hécatombe, nucléaire.
L'équilibre stratégique.
Les deux grandes puissances nucléaires ont mis chacune un
certain temps à comprendre la nature de ces armes
monstrueuses. Au départ, l'une et l'autre croyaient — dans la
hargne ou l'enthousiasme — que cet arsenal unique au monde
accroîtrait énormément sa capacité d'influencer le cours des
événements. L'ancien secrétaire d'Etat Foster Dulles proclamait
en 1954 que les Etats-Unis étaient en mesure de riposter à toute
grande offensive communiste « aux endroits et avec les moyens
de leur choix ».
Au cours des années 1955-56, le président Khrouchtchev
avait contracté l'habitude désagréable d'adresser des notes POLITIQUE DE L'U.R.S.S. 7
menaçantes aux gouvernements dont la politique lui déplaisait.
Dans ces messages, il les informait du nombre exact de bombes
nucléaires, par exemple six pour la Grande-Bretagne, sept pour
l'Allemagne Occidentale, qui étaient nécessaires pour détruire
leur pays. Entre la crise de Suez en 1956 et la crise des fusées
à Cuba en 1962, Khrouchtchev donna l'impression qu'il s'em
ployait activement à accumuler des avantages politiques — à
Berlin, au Moyen-Orient, en Afrique, dans les Antilles — sous
le couvert du « parapluie nucléaire » flambant neuf qu'il venait
d'acquérir. La crise cubaine de 1962 se termina d'une manière
très différente que Khrouchtchev ne l'espérait, ce qui ne laissa
pas de contribuer largement à sa chute. Les sphères dirigeantes
soviétiques se rendirent compte rapidement des dégâts causés
par une politique qui revenait à s'aventurer d'abord dangereu
sement afin de provoquer un changement radical et secret dans
l'équilibre des deux grandes puissances nucléaires, quitte à
devoir battre en retraite au moment d'abattre les cartes. Depuis
lors, tant sous Khrouchtchev qu'après lui, le Kremlin a montré
qu'il pouvait « vivre », au moins pendant un certain temps, avec
un statut d'infériorité nucléaire relative. De cet épisode dramat
ique et extrêmement dangereux, certaines fractions de l'opinion
publique occidentale ont tiré deux conclusions aussi importantes
qu'erronées.
La première de ces conclusions est, qu'étant donné le rapport
actuel des forces militaires entre les deux pays, les dirigeants so
viétiques se verront contraints à reculer dans toute prochaine
confrontation et que leur liberté d'action en sera réduite en con
séquence pendant un grand nombre d'années à venir. Cette hy
pothèse néglige l'éventualité, pourtant problable, que les fac
teurs susceptibles de jouer un rôle au cours d'une nouvelle crise
ne soient pas exactement les mêmes que ceux du passé, ou que
la crise elle-même ne se déroule pas suivant le même schéma que
les crises précédentes. Elle néglige également le fait que lors
de la crise d'octobre 1962, les Etats-Unis ont été, grâce à leurs
forces aériennes et maritimes, en mesure de jouer sur un clavier
extrêmement varié et souple d'instruments, et qu'ils bénéfi- MOSELY 8
ciaient par surcroît d'un avantage géographique considérable.
De plus, les demandes de Washington étaient modérées, et
Moscou a pu les accepter sans sacrifier aucun de ses intérêts vi
taux. Dans d'autres crises, au contraire, beaucoup de ces fac
teurs pourront jouer en faveur des objectifs communistes, so
viétiques ou chinois, plutôt que de ceux des Etats-Unis.
D'autre part, rien ne prouve que l'Union Soviétique se con
sidère satisfaite du rapport de forces actuel. En fait, son gou
vernement s'emploie très activement pour surmonter l'état de
relative infériorité nucléaire qui a limité la gamme de ses choix
au cours de la crise cubaine. Ces considérations conduisent à re
mettre en question une seconde conclusion également très r
épandue : à savoir que, soit la technique militaire, soit la puis
sance stratégique ont atteint une sorte de plafond, si bien qu'il
y aurait peu de chance qu'une nouvelle grande invention vienne
bouleverser l'équilibre actuel. En réalité, la course à la supérior
ité militaire se poursuit des deux côtés sans que l'interdiction
partielle des expériences nucléaires en août 1963 en ait beau
coup affecté l'intensité. Il est possible qu'aucune découverte à
venir n'ait l'importance de la bombe ou des engins interconti
nentaux. Mais, po

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