La question de Libye - article ; n°6 ; vol.14, pg 505-522
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Description

Politique étrangère - Année 1949 - Volume 14 - Numéro 6 - Pages 505-522
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1949
Nombre de lectures 178
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Mahmoud Azmi
La question de Libye
In: Politique étrangère N°6 - 1949 - 14e année pp. 505-522.
Citer ce document / Cite this document :
Azmi Mahmoud. La question de Libye. In: Politique étrangère N°6 - 1949 - 14e année pp. 505-522.
doi : 10.3406/polit.1949.2780
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1949_num_14_6_2780QUESTION DE LIBYE (l) LA
De l'antiquité jusqu'à la conquête italienne.
La Libye fut connue des Anciens dès les temps les plus reculés. Les basr
reliefs pharaoniques en représentent la population en conflit avec l'Egypte,
les légendes d'Homère en font mention, et les travaux des historiens et géo
graphes grecs et romains en délimitent le territoire aussi bien dans sa partie
maritime que dans l'arrière-pays.
En venant d'Egypte le long de la côte, on rencontrait d'abord l'aride
Marmarique, habitée par les Psylles, les Nasamons et les Gilégammes. On
trouvait le pays de Cyrène, aux rivages fertiles et verdoyants, célèbre par les
collines des Grâces, le jardin des Hespérides, garnis de pommes d'or, et la
source limpide de Cyré. C'était là qu'on recueillait le fameux silphium
servant à fabriquer des baumes précieux. Plus loin vers l'ouest, il y avait la
Syrtique des Lotophages, qui touchait à la Numidie. Dans l'arrière-pays
proche de l'Egypte, et à dix journées de marche dans les sables, se trouvait
la riante oasis de l'Ammonide, connue pour son temple de Jupiter Ammon.
De là partait vers le sud-ouest la fameuse route commerciale qui conduis
ait d'Egypte à Garama, principale ville du pays des Garamantes, au sud de
la Syrtique.
Dans le langage contemporain, la Marmarique s'appelle la province
de Derna ; Cyrène, la province de Benghazi ; les collines' des Grâces,
El Djebel El Akhdar, et l'ensemble forme, sur le plateau de Barqa, le terri
toire de la Cyrénaïque. La Syrtique, qui touche à la Numidie, est devenue
la province de Misurata, qui s'étend jusqu à la province de Tripoli et confine,
au sud de la frontière tunisienne, à l'Algérie du Sud-Est. Le pays des Gara-
mantes, avec sa principale ville, Garama, est aujourd'hui le Fezzan avec la
ville de Djerma. La riante Ammonide, enfin, est l'actuelle oasis égyptienne
de Siwah.
1 Depuis toujours, donc, enfoncée comme un coin dans le littoral nord-
africain au fond de la mer des Syrtes, appartenant beaucoup plus aux
régions sahariennes qu'au monde méditerranéen, la Libye comprenait,
comme encore maintenant, la Tripolitaine à l'ouest, la Cyrénaïque à Test,
(I) Consulter pour le détail le livre de M. Jean Pichon": La question de Libye, Paris, 1945. 506 MAHMOUD AZMI
le désert libyque avec le Fezzan au sud. -Elle est entourée de frontières natur
elles, en générale assez nettement tracées, qui la séparent de la dépres
sion des chotts algéro-tunisiens, du Sahara central, du bassin du Tchad et
de la vallée du Nil.
Le littoral tripolitain fut d'abord soumis à l'influence des Phéniciens.
Ils fondèrent à Macar Ayat, Sabrante et Leptis des comptoirs qui tom
bèrent bientôt sous la dépendance de Carthage.
La Cyrénaïque appartint en premier lieu au monde grec et ne tarda pas à
constituer par ses établissements de Cyrène, Barké, Eunespéride (devenue
Bérénice, puis Benghazi), la fameuse Pentapolis, centre intellectuel et arti
stique de l'hellénisme.
En l'an 25 avant J.-C., la Libye devint une province romaine. Mais, tan
dis que la Tripolitaine dépendait de Carthage, la Cyrénaïque subit davan
tage l'influence d'Alexandrie. Les Romains s'avancèrent dans l'intérieur du
pays, jusqu'à Cydamus (Ghadamès) et jusqu'au Phazania (Fezzan), mais
n'occupèrent pas ces régions d'une façon permanente.
Lors du partage de l'Empire romain, la Tripolitaine fut rattachée à
l'Empire d'Occident, la Cyrénaïque à celui d'Orient.
Les Vandales, en 455 après J.-C, puis les tribus berbères de l'intérieur
ravagèrent les côtes de Libye. En 533, le pays tomba momentanément au
pouvoir des Byzantins. Il fut islamisé au VIIe siècle, lors de la première inva
sion arabe. Au XIe siècle, les Berbères se retirèrent progressivement vers
le sud à l'époque de la grande invasion islamique des Hilal et des Soleim.
La Cyrénaïque dépendit alors de Damas, de Bagdad, puis du Caire ; la
Tripolitaine, de Kairouan.
Les Normands de Sicile occupèrent Tripoli de 11 46 à M 58. Puis la Libye
fut conquise en 1510 par les Espagnols ^de Pierre de Navarre, au nom de
Ferdinand le Catholique, à l'instigation du cardinal Ximénès. Charles-
Quint la céda en 1539, en même temps que Malte, aux chevaliers de Saint-
Jean de Jérusalem qui venaient de perdre Rhodes et qui occupèrent la
Libye jusqu'en 1551.
Tripoli fut alors enlevée de vive force, le 14 août 1551, pour le compte
du Grand Seigneur, par les Turcs de Sinan Pacha et les deux célèbres cor
saires Saleh Raes et Dragut. Le pays fut transformé en pachalik, comme,
bientôt après, Tunis et Alger. La Barbarie se composa désormais des trois
régences d'Alger, de Tunis et de Tripoli,* vassales de Constantinople, ainsi
que de l'Empire du Maroc, qui, lui, ne reconnut jamais l'autorité de la Porte
ottomane.- Les trois régences s'émancipèrent l'une après l'autre — celle de
Tripoli, la dernière des trois, en 171 1.
A cette époque, Ahmed Karamanli, appuyé par la population arabe, ren
versa le pacha de Tripoli et massacra la garnison turque. La Porte s'inclina
devant ce coup de force et reconnut le nouveau pacha, dont la tiedysna LA QUESTION DE LIBYE 507
héréditaire allait se maintenir à Tripoli pendant près d'un siècle. Ahmed
Karamanli descendait d'un matelot corsaire turc établi dans l'oasis de
Tripoli du temps de Dragut et qui avait pour épouse une femme arabe. Sa
postérité était alliée également à des Arabes, de sorte qu'il était considéré
dans le pays comme de race arabe plutôt que turque.
Les navires barbaresques des régences nouvellement émancipées sillon
nèrent alors la Méditerranée entière, guettant et pourchassant les vaisseaux
étrangers. Les nations qui désiraient voir naviguer librement leur pavillon
passaient des traités avec les Etats barbaresques et leur payaient des tributs
consulaires.
Tant que les colons anglais d'Amérique du Nord reconnurent l'autorité
de la mère patrie, ils purent échanger facilement dans la Méditerranée leurs
grains, leurs farines et leurs poissons fumés ou séchés contre du vin et de
la monnaie d'argent, car ils bénéficiaient de la protection que les accords de
la Grande-Bretagne avec les Etats barbaresques assuraient au commerce
britannique. Il n'en fut plus de même après la Déclaration d'Indépendance ;
d'autant plus que le gouvernement de Londres s'empressa d'exciter les
pirates contre ses anciens sujets révoltés. Les États-Unis prièrent alors la
France d'exercer en leur faveur ses bons offices auprès des trois régences,
puis signèrent, après des négociations directes, un premier traité avec le
pacha de Tripoli, le 4 novembre 1 796. Mais des difficultés survinrent dans
l'application de ce traité, et le pacha de Tripoli déclara la guerre aux États-
Unis, le 14 mai 1801. Les hostilités continuèrent jusqu'au 4 juin 1805 ; la
paix fut alors signée, et les marins de la frégate américaine Philadelphia
tombés aux mains des Tripolitains recouvrèrent enfin la liberté.
A cette époque, et du fait de sa présence à Malte, l'Angleterre était à
même d'exercer une action prépondérante à Tripoli. Elle ménageait la
Régence, car elle en avait besoin pour le ravitaillement de Malte. Mais des
retards dans ses négociations avec le pacha de Tripoli en vue du renouvelle
ment du régime des Capitulations la poussèrent à faire une démonstration
navale devant Tripoli en 1816.
Les puissances européennes ayant, d'autre part, chargé la France et l'An
gleterre, au Congrès d'Aix-la-Chapelle, d'interdire aux Barbaresques de
continuer d'armer des navires corsaires, les escadres anglaise et française
se présentèrent devant Tripoli le 8 octobre 1819.
La Hollande, la Suède, Naples et

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