Le développement communautaire en Afrique noire - article ; n°2 ; vol.29, pg 161-180
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Description

Politique étrangère - Année 1964 - Volume 29 - Numéro 2 - Pages 161-180
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1964
Nombre de lectures 66
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Julien Quirino-Lanhounmey
Le développement communautaire en Afrique noire
In: Politique étrangère N°2 - 1964 - 29e année pp. 161-180.
Citer ce document / Cite this document :
Quirino-Lanhounmey Julien. Le développement communautaire en Afrique noire. In: Politique étrangère N°2 - 1964 - 29e année
pp. 161-180.
doi : 10.3406/polit.1964.2282
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1964_num_29_2_2282LE DÉVELOPPEMENT COMMUNAUTAIRE
EN AFRIQUE NOIRE
Leçons d'une expérience au Dahomey
Le développement économique et social de l'Afrique Noire
pose de très graves problèmes dont certains spécialistes ne
voient la solution que dans une politique d'industrialisation
accélérée. D'autres pensent, au contraire, que l'avenir de
l'Afrique réside dans la modernisation et l'extension du sec
teur agricole. Il est à constater en effet que les 2/3 au moins
de la population négro-africaine sont engagés dans la product
ion agricole ; les 2/3 des dépenses des foyers sont consacrés
à l'achat des denrées alimentaires. L'exemple des pays euro
péens et américains, le miracle japonais et les efforts actuels
de la Chine populaire nous poussent à considérer l'industria
lisation comme le meilleur processus pouvant conduire l'Afri
que noire au rang des continents développés. Elle ne saurait
constituer cependant le seul moyen d'exploiter les richesses
du continent noir.
Le problème essentiel est celui du capital à découvrir et à
exploiter de façon rationnelle pour en tirer tous les avantages.
Les progrès de l'Europe occidentale au xixe siècle nous ont
montré que le secteur agricole reçoit très mal les effets d'in
duction qui proviennent des autres secteurs de l'économie
nationale ; bien que très sensible aux mouvements des prix
dont il est très souvent la victime, il demeure peu perméable
aux diverses impulsions. Dès qu'il s'est inséré dans le mouve
ment de croissance du xixe siècle, il a connu un déclin spec
taculaire et l'Europe occidentale dans la recherche de la pro- J. QUmiNO-LANHOUNMEY 162
gression de son développement n'a pas compté sur ce secteur
comme secteur-clé. L'agriculture s'est ainsi révélée un
neutre aussi bien dans la phase de décollage que sous le règne
de la civilisation industrielle. L'économie africaine étant pu
rement agricole et artisanale, certains spécialistes croient
devoir lui imposer le même cheminement que l'Europe au
xixe siècle.
Ils pensent que le premier souci des responsables du déve
loppement en Afrique doit être de trouver des capitaux dis
ponibles.
Deux modes de financement demeurent possibles . pour
l'installation de l'industrie : si les capitaux viennent de l'exté
rieur, l'industrialisation est entièrement prise en charge par
l'épargne étrangère et l'agriculture ne participe pas du tout
au décollage qui s'effectue sans son concours. Même dans ce
cas, les responsables du développement se retrouvent dans
l'obligation de porter une attention particulière sur le secteur
agricole qui doit soutenir le de l'industrie.
L'activité industrielle provoque un accroissement inévitable
de la demande des denrées alimentaires et la production agri
cole doit augmenter constamment de volume même si elle
continue d'occuper une place réduite dans le cadre de l'éc
onomie nationale.
Si les responsables du développement décident de financer
l'implantation de l'industrie en faisant appel uniquement
aux ressources internes, ils se prononcent pour un dévelo
ppement en vase clos. L'agriculture étant l'unique secteur
existant, il lui sera demandé de fournir l'excédent d'épargne
nécessaire au financement du décollage industriel. Le rôle de
l'agriculture, bien que décisif, sera alors transitoire ; car son
apport se réduira progressivement dès que le secteur indust
riel se révélera capable de réaliser des bénéfices substantiels
lui permettant de réinvestir. Les responsables négro-africains
ont vite compris que malgré la générosité et la spontanéité
avec lesquelles l'aide extérieure est dispensée, il leur faudra
disposer de moyens propres afin de ne pas lier le develop- DAHOMEY 163 LE
pement aux aléas politiques. En plus de cela, l'instabilité des
gouvernements qui est due à l'excès de jeunesse de l'ind
épendance récemment acquise et la non-viabilité sur le plan
économique de certains Etats qui emploient toute l'aide
étrangère à combler des déficits budgétaires s'élevant tou
jours à plusieurs milliards de francs CF. A., ont mis en évi
dence la nécessité de faire supporter au secteur agricole les
frais du décollage industriel.
Les institutions des anciennes métropoles ne sauraient
constituer des exemples ; le respect de l'indépendance exige
qu'elles soient exclues des modèles. Du temps de la coloni
sation, on avait deviné que l'avenir de l'Afrique devait ré
sider dans un développement essentiellement communauta
ire basé sur le secteur agricole ; les coopératives euro
péennes avaient été transplantées en Afrique sous toutes les
formes ; les responsables de l'administration coloniale
avaient essayé de faire jouer « le culte de la solidarité qui,
chez le Noir africain, trouve son expression la plus totale
dans la forme même de sa vie traditionnelle : la vie commun
autaire » (1). La mentalité communautaire du négro-afri-
cain qui est à base d'altruisme et d'oubli de soi, a contribué
à la constitution des structures sociales en Afrique Noire où
le salariat est inconnu. Les promoteurs de l'expérience colo
niale ont voulu mettre cette mentalité à contribution, et,
pour empêcher l'établissement de classes rivales de capital
istes et de prolétaires, ils ont lancé une série de mouvements
coopératifs. Les sociétés indigènes de prévoyance, créées
avant la guerre pour délivrer le paysan de l'usure et de la
disette, ont contribué parfois à la construction d'écoles et de
centres sanitaires de brousse, à la distribution de vivres et
de semences. Mais elles jouissaient du statut d'organismes
para-administratifs ; obligatoires et systématiques, usant de
méthodes autoritaires, elles ont vite acquis la férocité du
commerçant habituel dans l'exploitation du paysan, dépour-
(1) Contribution à l'étude du mouvement coopératif en Afrique noire. Mamadou
Dia, Revue des Etudes Coopératives n<> 124 - 2me trimestre 1961. 164 J. QUimiNO-LANHOUNMEY
vu de toute ouverture sur le monde extérieur. Au lieu de
délivrer le monde rural de ses adversaires, elles se sont
substituées à ces derniers. Les sociétés indigènes de pré
voyance devinrent ainsi aux yeux des paysans un instrument
d'oppression et de répression ; d'où leur impopularité.
Les coopératives, constituées pour remplacer les sociétés
indigènes de prévoyance, manquaient de cadres et, sans le
vouloir, tombaient dans les mêmes travers. Ne visant que la
rentabilité, elles ont institué un automatisme et un dirigisme
tels, qu'ils ont annihilé chez le paysan tout effort personnel
et toute volonté d'invention et de progrès. Au lieu « d'aider
à faire », elles formulaient trop d'exigences et les paysans se
sont refusés à coopérer avec elle.
Aussi les Etats indépendants d'Afrique noire ont-ils éprou
vé le besoin de rechercher de nouveaux modèles. C'est alors
qu'ils ont découvert la Suisse et Israël. La Suisse étant un
Etat fédéral au sein duquel plusieurs races vivent en bonne
intelligence tout en parlant diverses langues, a eu, durant
son histoire, à résoudre les mêmes problèmes que la plupart
des Etats africains. Elle constitue un exemple, mais elle
possède une infrastructure industrielle dont l'importance
n'est pas à négliger. Aussi lui préfère-t-on Israël qui s'est
bâti à partir du sable du désert, et de l'eau du Jourdain, un
petit Etat lui aussi, dont le peuple dynamique et entre
prenant cherche à se faire des amis sur le continent noir
afin de barrer la route à la propagande anti-isra

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