Le IIIe Reich et le capitalisme - article ; n°6 ; vol.2, pg 503-519
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Description

Politique étrangère - Année 1937 - Volume 2 - Numéro 6 - Pages 503-519
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1937
Nombre de lectures 12
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

John Brech
Le IIIe Reich et le capitalisme
In: Politique étrangère N°6 - 1937 - 2e année pp. 503-519.
Citer ce document / Cite this document :
Brech John. Le IIIe Reich et le capitalisme. In: Politique étrangère N°6 - 1937 - 2e année pp. 503-519.
doi : 10.3406/polit.1937.6325
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1937_num_2_6_6325IIIe REICH ET LE CAPITALISME LE
Historique
Pour comprendre les rapports entre l'Empire allemand et le capitalisme
il est nécessaire de tenir compte des deux facteurs caractéristiques suivants :
1) la découverte scientifique du capitalisme est l'œuvre de Karl Marx;
2) le débat sur le sens exact de cette notion dogmatique et historique
s'est poursuivi sans interruption tant sur le terrain scientifique que dans
la lutte politique des partis. Ce débat a préoccupé avant tout la critique
économique allemande et ce sont les économistes allemands eux-mêmes,
bien plus que ceux d'autres pays, qui lui ont donné sa forme littéraire,
en orientant leurs recherches vers les origines de ce phénomène essentie
llement moderne de l'économie, appelé par Marx « processus de product
ion du capital ». Il importe peu dans ce débat que Werner Sombart ait
cru pouvoir fixer la date exacte de la naissance du capitalisme en 1203, ou
que d'autres savants ne l'aient fait naître qu'aux XIVe et XVe siècles, c'est-
à-dire à l'époque où l'esprit humain commençait à se dégager des liens
imposés par la religion et l'état féodal; en réalité, les premières formes
capitalistes de l'économie ont existé bien antérieurement. Max Weber,
dans ses recherches sur l'histoire agraire de l'Antiquité, a démontré avec
preuves à l'appui que non seulement le commerçant romain dirigeait
ses affaires en calculateur habile, mais en outre que les manifestations
de l'esprit de profit individuel, favorisées par la liberté de mouvement
économique et politique, permettent également de déterminer sans équi
voque le point de départ de l'action primitive du capitalisme.
Dès le début, et relativement aux caractères du capitalisme, il est résulté
dans les opinions des économistes allemands deux conceptions diamétra
lement opposées : l'une d'elles, la conception marxiste proprement dite,
ne voit dans le capitalisme que le processus évolutif inévitable de l'économie
moderne, son début consisté dans la libération de la force économique
de l'individu, et son but dans la socialisation des moyens de production;
l'autre conception voit dans le capitalisme prendre corps, indépendamment
de l'époque et de la raison économique, une exigence conforme à la nature
des choses et sous sa forme la plus rationnelle et la plus caractéristique. 504 . LE IIIe REICH ET LE CAPITALISME
Marx lui-même a mieux que tout autre discerné et exposé dans son œuvre
principale les lois fondamentales de l'économie libérale, en dégageant
de la loi prépondérante la notion particulière du capital privé et profi
teur. Ce faisant, il a découvert à la fois son dynamisme et son côté révo
lutionnaire, tant au point de vue politique que social. C'est cette découverte
qui donna l'impulsion essentielle aux investigations des savants spécial
isés en économie sociale, tels que Sombart, Max Weber, Schmoller, dont
les œuvres maîtresses sont consacrées à l'histoire sociale et morale du capi
talisme.
En présence de cette direction prise par l'économie allemande, la science
étrangère, en particulier celle des pays anglo-saxons continuateurs du
système classique, n'a pas pris position dans ce domaine — du moins avant
la guerre — car le capitalisme n*a pas été le centre attractif de ses pré
occupations.
La France, dont la littérature socialiste fut si abondante au cours de
la première moitié du XIXe siècle, n'a, aux dires de Charles Gide, guère
contribué par la suite à l'investigation du problème socialiste; elle s'est
plutôt consacrée à l'étude de questions d'ordre économique, soit de l'éc
onomie sociale considérée surtout au point de vue juridique. La raison
de l'attachement si frappant des savants allemands aux problèmes de l'e
ssence et de l'évolution capitalistes est en connexion directe avec la situa
tion politique de l'Allemagne au cours de la seconde moitié du XIXe siècle.
L'évolution si considérable de la législation sociale allemande resterait
incompréhensible si on faisait abstraction de sa préparation scientifique due
aux savants dénommés par leurs adversaires « socialistes universitaires »
(Katheder Socialisten). D'autre part, l'Allemagne économique d'après-
guerre, fortement influencée par les idées anticapitalistes, se fonde sur
les bases de l'économie sociale et de la politique générale posées par l'Ancien
Régime. Pour établir sa législation sociale elle n'eut par conséquent qu'à
reprendre intégralement l'héritage des conceptions politiques léguées
par son prédécesseur. Seul le domaine restreint du droit ouvrier fut
l'objet de créations législatives nouvelles.
Examinons les rapports entre la politique et le capitalisme en Allemagne.
L'évolution des idées anticapitalistes
Sous l'influence de Rodbertus les « socialistes universitaires » préconi
sèrent l'intervention de l'État dans l'économie et se mirent à la disposition
de Bismarck. Dès 1842, date de son premier écrit, Rodbertus avait con
damné l'égoïsme originel de l'homme et avait déclaré que la distinction ÎÏIe ÏÏEKM ET LE CMTTALISME . 585 LE
faite entre l'économie théorique reconnaissant le règne de Tégoïsme, et
la politique économique visant au salut public, équivalait nécessair
ement à la destruction de toute économie politique. C'est pourquoi aux
yeux de Rodbertus les socialistes étaient dignes de respect. Les professeurs,
eux, en exigeant que toutes les décisions économiques s'appuient sur
l'échelle des valeurs morales, s'écartaient sans contredit du socialisme.
Theodor Lohmann, collaborateur de Bismarck en matière sociale et
rapporteur au ministère du Commerce, n'était point satisfait des « socia
listes universitaires». Il leur reprochait de ne pas faire de distinction claire
entre les lois naturelles de l'économie et les devoirs de la personnalité
individuelle et nationale. Rodbertus lui-même n'épargnait pas ses cri
tiques aux partisans de sa propre doctrine.
Ce groupe universitaire n'était pas anticapitaliste, mais plutôt et surtout
antimanchestérien, et son représentant le plus marquant, le professeur
Adolf Wagner, en arriva à ne retenir du socialisme de Rodbertus qu'un pr
ogramme limité à l'impôt sur le revenu et à la nécessité de l'intervention
croissante de l'État.
Au fond, le socialisme de ces hommes était une politique de protection
de classe, et par là un système d'idées sociales moins bien étayé que
celui des socialistes disciples de Marx. Ces derniers exigeaient, comme
minimum, une réglementation nouvelle des deux facteurs essentiels de
la production, et pour cette raison s'attaquaient à la situation prépondér
ante que le capital occupait en fait.
Les réformateurs sociaux allèrent plus loin que les « socialistes uni
versitaires ». En critiquant le capitalisme, ils ne tirèrent pas leurs arguments
de la misère de la classe ouvrière, mais bien de l'essence même du système
capitaliste. Theodor Lohmann était convaincu que la question sociale
serait résolue par la création d'un système social nouveau, équivalant à
une modification totale de l'ordre social existant, plutôt que par des mesures
isolées et inopérantes. Lohmann considérait comme dangereux le concept
libéral de la centralisation du pouvoir et sa notion abstraite de la liberté.
Cette argumentation en faveur d'une politique économique anticapitaliste
ne perdait rien de sa vitalité dans l'Allemagne d'avant-guerre. Les partisans
de Stocker d'abord, de Naumann ensuite, qui tous deux ajoutèrent à
leurs tendances socialistes une forte note nationale, eurent de solides
attaches

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