Le jeu politique allemand. : la situation intérieure et les positions internationales - article ; n°4 ; vol.16, pg 339-350
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Description

Politique étrangère - Année 1951 - Volume 16 - Numéro 4 - Pages 339-350
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1951
Nombre de lectures 20
Langue Français

Extrait

Grosser
Le jeu politique allemand. : la situation intérieure et les positions
internationales
In: Politique étrangère N°4-5 - 1951 - 16e année pp. 339-350.
Citer ce document / Cite this document :
Grosser. Le jeu politique allemand. : la situation intérieure et les positions internationales. In: Politique étrangère N°4-5 - 1951 -
16e année pp. 339-350.
doi : 10.3406/polit.1951.2702
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1951_num_16_4_2702LE JEU POLITIQUE ALLEMAND
LA SITUATION INTÉRIEURE
ET LES POSITIONS INTERNATIONALES
On peut dire que, depuis bien longtemps, en Europe, il n'y a plus d'évolut
ion de la politique intérieure qui puisse se dissocier de l'évolution de la
politique internationale. C'est ainsi, par exemple, que la date la plus
importante de l'histoire de France, depuis 1945, est la même que pour
l'Allemagne : c'est l'échec de la Conférence de Moscou, eh mars-avril 1 947.
Elle a marqué, pour la France, le départ des communistes du pouvoir
quelques semaines plus tard et, pour l'Allemagne, la séparation progressive
en Allemagne orientale et en Allemagne occidentale.
Les répercussions de la politique internationale sur la politique intérieure
peuvent être de tous ordres. Par exemple, des répercussions immédiates
s'exercent sur l'économie et sur les structures sociales intérieures à la
suite d'une conjoncture de réarmement et de coupure du monde en deux.
Un autre aspect que nous signalons pour ne plus y revenir, c'est l'inte
rvention directe d'un pays étranger ; ceci est particulièrement sensible
en Allemagne. Voici un récent exemple : 1 5 millions de Deutschmarks vont
être « prêtés » à la presse allemande, théoriquement pour améliorer ses
conditions d'exploitation ; 33 journaux allemands vont recevoir de ces
subsides d'outre-Atlantique : la Franckfurter Rundschau est en tête avec
1 ,6 millions de marks, sans doute parce qu'elle est très liée avec M. Kempner,
l'accusateur général à Nuremberg ; la petite Vœlkische Zeitung vient
en queue de liste, avec simplement 50 000 marks. Il s'agit bien d'une
influence « internationale » sur la politique intérieure.
En revanche, on peut citer des cas où la politique intérieure influe sur le
développement de la politique internationale. C'est ainsi que la résistance 340 ALFRED GROSSER
allemande au réarmement (et la résistance française également) a eu une
répercussion profonde sur les négociations entre Alliés.
Il y a interpénétration de ces problèmes. Ceux-ci sont nombreux et forment
un mélange inextricable où l'on a peine à voir clair : évolution intérieure
allemande ; rapports franco-allemands ; rapports de l'Europe et de l'Amér
ique, de l'Amérique et de l'U. R. S. S. ; problème de l'unité, problème
du réarmement — tous deux inséparables du des réfugiés all
emands ; problème des débouchés économiques de l'Allemagne et de la
stabilité économique européenne. On peut, en tout cas, tenter d'y apporter
quelque lumière. Cela est d'autant plus nécessaire que, dans l'ensemble, le
public français manque de moyens d'information sur l'Allemagne et sur la
politique internationale en général (1).
Il convient de partir du moment où il n'y avait pas de politique intérieure
allemande, c'estrà-dire de remonter à Yalta. On en arrive alors à trouver
un certain humour aux déclarations actuelles des leaders politiques, qu'ils
soient occidentaux ou orientaux. Quand, en effet, aujourd'hui, à l'Ouest
et à l'Est, on se déclare solidaire du désir allemand d'unité, on oublie ce
qu'a été le but principal de la Conférence de Yalta : le démembrement
de l'Allemagne. L'Allemagne n'était pas alors considérée comme une
future alliée; on se promettait, au contraire, d'être dur avec elle.
M. Stettinius, dans son livre sur Yalta, note cette remarque du président
Roosevelt arrivant en Crimée : « Toutes ces destructions le poussaient à
être plus sanguinaire à l'égard de l'Etat allemand qu'il ne l'avait été un an
auparavant » (c'est-à-dire à Téhéran).
Le projet américain soumis à la conférence de Yalta prévoyait la division
de l'Allemagne en cinq : une Prusse réduite, le Hanovre et le Nord-Ouest,
la Saxe avec Leipzig, puis la Hesse-Darmstadt, le Hesse-Cassel et une partie
de la Rhénanie, enfin la Bavière, le Bade et le Wurtemberg. Le protocole
final de Yalta marque que la paix doit amener trois résultats : le désarme
ment, la démilitarisation et le démembrement de l'Allemagne.
Quant à l'évolution du niveau de vie de l'Allemagne, voici ce que pré
voyait le projet américain : « Pendant la période qui suivrait immédiate
ment la défaite, les autorités occupantes se garderaient de toute démarche
qui assurerait aux Allemands un standard de vie plus élevé que celui
qu'exige la protection contre la maladie et le désordre... » On ne saurait être
plus net.
(1) La presse française est à peu près dépourvue, en Allemagne, de correspondants permanents
sérieux, à une exception près. Si on cherche, parmi les quotidiens, celui qui publie une informat
ion régulière comprenant le texte des documents les plus importants concernant l'Allemagne, il
faut avoir recours au New York Times. ALLEMANDE 341 POLITIQUE
A Potsdam, on évitait déjà de parler de démembrement. On déclarait
vouloir préparer la reconstruction de la vie politique allemande sur une
base « démocratique ». On sait que l'interprétation différente de ce
terme, à l'Est et à l'Ouest, est une des causes du conflit actuel.
Dès Yalta, il y avait confusion dans les esprits sur la notion de désa
rmement et la notion de réparation. On parlait, en effet, de « prélèvements »
afin de détruire le potentiel de guerre. A Potsdam, on insista sur la nécessité
de faire des prélèvements, de prendre des réparations, mais en ajoutant
une petite phrase qui remettait tout en question : « Le paiement des répa
rations devra laisser suffisamment de ressources au peuple allemand pour
lui permettre de subsister sans l'aide de l'extérieur. » Les Américains ne
tenaient pas à financer indirectement les réparations allemandes, comme ils
l'avaient fait après 1919. Roosevelt affirmait d'ailleurs à Yalta « qu'il n'y
aurait pas de prêts américains à l'Allemagne après cette guerre »!
Un point capital discuté à Yalta et à Potsdam est la question des fron
tières orientales de l'Allemagne. C'est un des points où l'interaction entre la
politique interne allemande et la politique internationale est le plus sensible.
La position théorique actuelle des Occidentaux est qu'il y a eu à Yalta et
à Potsdam des accords provisoires qui doivent être ratifiés par les traités de
paix — seul Kœnigsberg et la région environnante sont définitivement
rattachés à la Russie. C'est sous la pression allemande que la position occi
dentale devient de plus en plus « revendicative ». Cependant (et c'est
pourquoi la position du chancelier Adenauer — lier la question de l'unité
à celle de la ligne Oder-Neisse — n'est pas aisée à défendre par les Occi
dentaux), les Anglais avaient bel et bien consenti alors à la ligne Oder-
Neisse. Dans les extraits des mémoires de Churchill, parus dans Le Figaro,
on a pu lire qu'à Téhéran déjà Eden et Churchill suggéraient ces fron
tières afin de permettre à la Pologne d'acquérir des régions industrielles
qui compenseraient avantageusement les marécages du Pripet « récupérés »
par lfU. R. S. S.
Et, à Yalta, Churchill était d'accord, alors que, Roosevelt ne l'était pas.
Les deux hommes d'État se préoccupaient beaucoup moins alors de la
question des frontières de la Pologne et des frontières allemandes que du
problème de la structure intérieure de l'État polonais. L'autre question
était à ce moment accessoire. Churchill aurait dit cependant, selon M. Stetti-
nius, « que les 6 à 7 millions de morts allemands, plus un million de pertes
probables avant la reddition, feraient

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