Le point de vue aérien de Robert Putnam. À propos de Making Democracy Work - article ; n°42 ; vol.11, pg 179-204
27 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le point de vue aérien de Robert Putnam. À propos de Making Democracy Work - article ; n°42 ; vol.11, pg 179-204

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
27 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Politix - Année 1998 - Volume 11 - Numéro 42 - Pages 179-204
Robert Putnam's Aerial Point of View : about Making Democracy Work.
Hervé Rayner [179-204]
With Making Democracy Work, published in 1993, the American political scientist Robert. D. Putnam brings to an end his research programm about the efficiency of Italian regional governments. Analysing contrasted institutional performances would allow to solve the mistery of good governance. Successfull administrations would have the advantage of an ancestral civic tradition, norms and practices propitious for the rising of social capital, while unsuccessfuU ones would be dependent on an uncivic tradition made of vertical allegiances, dichotomous explanation that Putnam does not hesitate to universalyse. Celebrated as a masterpeace in the United States, this sophisticated version of behaviorist theories gives evidence of an objectivitic approach which dissimulates at great cost ideological aims.
«Le point de vue aérien de Robert Putnam : à propos de Making Democracy Work».
Hervé Rayner [ 179-204]
Avec Making Democracy Work, ouvrage publié en 1993, le politologue américain Robert D. Putnam conclut un programme de recherche consacré aux performances des administrations régionales en Italie. L'analyse de «rendements institutionnels» constrastés permettrait de résoudre l'énigme du «bon gouvernement». Les administrations efficaces bénéficieraient d'une ancestrale tradition civique, ensemble de pratiques et de normes favorables à l'émergence du capital social, quand les administrations déficientes relèveraient d'une tradition incivique caractérisée par des rapports sociaux verticaux, explication dichotomique que Putnam n'hésite pas à universaliser. Célébrée comme une œuvre de référence aux États-Unis, cette version sophistiquée des théories behavioristes témoigne d'une approche objectiviste dissimulant à grands frais des visées pour le moins idéologiques.
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 43
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Hervé Rayner
Le point de vue aérien de Robert Putnam. À propos de Making
Democracy Work
In: Politix. Vol. 11, N°42. Deuxième trimestre 1998. pp. 179-204.
Abstract
Robert Putnam's Aerial Point of View : about Making Democracy Work.
Hervé Rayner [179-204]
With Making Democracy Work, published in 1993, the American political scientist Robert. D. Putnam brings to an end his
research programm about the efficiency of Italian regional governments. Analysing contrasted institutional performances would
allow to solve the mistery of good governance. Successfull administrations would have the advantage of an ancestral civic
tradition, norms and practices propitious for the rising of social capital, while unsuccessfuU ones would be dependent on an
uncivic tradition made of vertical allegiances, dichotomous explanation that Putnam does not hesitate to universalyse. Celebrated
as a masterpeace in the United States, this sophisticated version of behaviorist theories gives evidence of an objectivitic
approach which dissimulates at great cost ideological aims.
Résumé
«Le point de vue aérien de Robert Putnam : à propos de Making Democracy Work».
Hervé Rayner [ 179-204]
Avec Making Democracy Work, ouvrage publié en 1993, le politologue américain Robert D. Putnam conclut un programme de
recherche consacré aux performances des administrations régionales en Italie. L'analyse de «rendements institutionnels»
constrastés permettrait de résoudre l'énigme du «bon gouvernement». Les administrations efficaces bénéficieraient d'une
ancestrale tradition civique, ensemble de pratiques et de normes favorables à l'émergence du capital social, quand les
administrations déficientes relèveraient d'une tradition incivique caractérisée par des rapports sociaux verticaux, explication
dichotomique que Putnam n'hésite pas à universaliser. Célébrée comme une œuvre de référence aux États-Unis, cette version
sophistiquée des théories behavioristes témoigne d'une approche objectiviste dissimulant à grands frais des visées pour le moins
idéologiques.
Citer ce document / Cite this document :
Rayner Hervé. Le point de vue aérien de Robert Putnam. À propos de Making Democracy Work. In: Politix. Vol. 11, N°42.
Deuxième trimestre 1998. pp. 179-204.
doi : 10.3406/polix.1998.1730
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polix_0295-2319_1998_num_11_42_1730Le point de vue aérien
de Robert Putnam
A propos de Making Democracy Work
Hervé Rayner
Laboratoire d'analyse des systèmes politiques
Université Paris X-Nanterre
POLITOLOGUE, directeur du Center for International Affairs de
l'université de Harvard, Robert D. Putnam a conduit à partir de
1970 une vaste recherche sur les administrations régionales en
Italie. Ce programme, codirigé par Robert Leonardi et RafFaella Y.
Nanetti, a mobilisé de nombreux chercheurs américains et italiens
durant plus de vingt ans. Il a bénéficié du soutien de prestigieuses
institutions, tant universitaires que politiques (les universités du
Michigan et de Harvard, le Center for Advanced Study in the Behavorial
Sciences, le German Marshall Fund of the United States, la National
Science Foundation, la Rockefeller Foundation, Ylstituto Carlo Cattaneo,
la présidence du Conseil des ministres italien, la Commission
européenne et six administrations régionales). Cette étude au budget
hors du commun a donné lieu à de nombreuses publications, en anglais
et en italien, dont Making Democracy Work. Civic Traditions in Modern
Italy est l'aboutissement1. Salué comme une œuvre de référence aux
États-Unis, «rêve de la science politique américaine qui se trouve
réalisé»2, cet ouvrage s'attache aux causes du dualisme entre le Nord et
le Sud de l'Italie pour, au-delà, proposer un modèle explicatif général
des «performances» des institutions.
Le point de vue d'un politologue américain
Résoudre Vénigme du bon gouvernement
R. D. Putnam et ses collaborateurs prétendent résoudre l'énigme du
«bon gouvernement» : «La question centrale de notre voyage
d'investigation est la suivante : quelles sont les conditions pour créer
1. Putnam (R. D.), Making Democracy Work. Civic Traditions in Modern Italy, Princeton,
Princeton University Press, 1993. Quand elles ne sont suivies d'aucune autre indication
que le numéro de la page, les citations reproduites dans le texte (que nous avons
traduites) sont issues de cet ouvrage.
2. Smith (R. M.), «La quête américaine d'une science politique démocratique et
scientifique», Politix, 40, 1997, p. 83.
Politix, n°42, 1998, pages 179 à 204 179 Varia
des institutions représentatives fortes, attentives et efficaces ?» (p. 6).
L'instauration, en 1970, des administrations régionales à statut
ordinaire offrirait une occasion idéale pour l'étude in vivo des
institutions politiques, de leur implantation à leur adaptation à
différents contextes sociaux. Convaincu de la profondeur et de la
persistance des disparités territoriales en Italie, R. D. Putnam compare
ses expéditions à travers la Péninsule à un voyage dans le temps : «Du
point de vue du gouvernement public, se déplacer de Seveso à
Pietrapertosa dans les années 1970, c'était retourner plusieurs siècles
en arrière» (p. 4). Ces contrastes garantiraient l'intérêt de la recherche :
«Socialement et économiquement, des régions comme la Basilicate de
Pietrapertosa, étaient à ranger parmi les pays du Tiers-Monde, alors
que d'autres, comme la Lombardie de Seveso, devenaient déjà post
industrielles» (p. 6-7).
Paré du prestige de Harvard, le professor of government prend soin
d'assurer que son «ambition est théorique» et sa «méthode empirique»
(p. 3) pour administrer une leçon magistrale de science politique. La
discipline aurait eu le tort d'abandonner la question du «bon
gouvernement» à la philosophie politique et aux disciplines juridiques.
Commandé par sa mission, l'auteur veut mesurer l'efficacité des
gouvernements régionaux afin de «résoudre le mystère de la
performance institutionnelle».
Pour ce faire, il construit, pour chacune des régions italiennes, un
«indice de rendement institutionnel», obtenu à partir d'une batterie de
douze indicateurs portant sur l'élaboration et la mise en œuvre des
politiques régionales1. Les données, recueillies entre 1970 et 1976 puis
entre 1978 et 1985, permettent d'élaborer deux classements. Il ressort
du premier que l'Émilie-Romagne devance puis distance les régions du
triangle industriel du Nord, tandis que la Calabre ferme la marche. Le
deuxième classement comprend les régions à statut spécial2 et permet
de saisir une dynamique. Le tableau de la performance institutionnelle
reste dominé par l'Émilie-Romagne, suivie par l'Ombrie, la Toscane et
le Piémont, le Frioul, la Vénétie, la Lombardie (qui occupait la
deuxième position en 1970-1976), la Ligurie et le Trentin-Haut-Adige, le
Latium, les Marches, la Basilicate et les Abruzzes, la Sardaigne et les
Pouilles, la Sicile, la Campanie et enfin la Calabre. Décrite comme un
modèle de bon gouvernement, l'administration régionale de l'Émilie-
1. Plus précisément, cet indice est construit à partir de données portant sur : le travail
législatif, le nombre de crèches, le logement et le développement urbain, les services
d'information et de statistiques, l'innovation législative, la stabilité des exécutifs
régionaux, les cliniques de consultation familiale, la réceptivité bureaucratique, la
politique industrielle, le respect du calendrier budgétaire, les dépenses de santé par
habitant et les capacités de dépense pour l'agriculture.
2. Certaines régions (Sicile, Sardaigne, Val d'Aoste, Prioul-Vénétie Giulia et Trentin-
Haut-Adige) avaient été dotées d'un statut spécial d'autonomie par la Constitution de
1948.
180 Hervé Rayner
Romagne s'acquitte infiniment mieux de la chose publique que les
administrations méridionales.
Ce hit-parade des régions n'a rien de surprenant et ne fait que recouper
peu ou prou les classements des instituts d'études italiens. Ainsi, le
Centro Studi Investimenti Sociali (Censis) réalise depuis 1967 un
rapport annuel sur la situation sociale du pays, qui comprend un
classement des régions basé sur six in

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents