Le rapprochement irano-irakien et ses conséquences - article ; n°3 ; vol.40, pg 273-291
20 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le rapprochement irano-irakien et ses conséquences - article ; n°3 ; vol.40, pg 273-291

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
20 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Politique étrangère - Année 1975 - Volume 40 - Numéro 3 - Pages 273-291
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1975
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Djalili
Le rapprochement irano-irakien et ses conséquences
In: Politique étrangère N°3 - 1975 - 40e année pp. 273-291.
Citer ce document / Cite this document :
Djalili. Le rapprochement irano-irakien et ses conséquences. In: Politique étrangère N°3 - 1975 - 40e année pp. 273-291.
doi : 10.3406/polit.1975.1771
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1975_num_40_3_1771LE RAPPROCHEMENT IRANO-IRAKIEN
ET SES CONSÉQUENCES
par Mohammad Reza DJALILI (*)
Introduction
L'accord de réconciliation signé le 6 mars 1975 par le Souverain
iranien et le Vice-Président irakien M. Saddam Hussein, à l'issue
du premier « sommet » de l'OPEP à Alger, allait mettre fin aux
différends qui opposaient les deux pays voisins depuis plus de cinq
ans de façon permanente, mais qui ont une origine beaucoup plus
ancienne, et déclencher le processus de normalisation rapide des
relations irano-irakiennes. Conclu sous l'égide du Président Houari
Boumédiène, cet accord est le résultat d'un effort de médiation des
pays arabes et des rencontres successives des représentants des
deux pays durant ces derniers mois.
Quelles sont les origines historiques des différends qui ont opposé
les deux pays pendant une quarantaine d'années ? Quelles sont les
modalités du rapprochement actuel et que peuvent être les consé
quences et la portée de l'entente entre Bagdad et Téhéran à court
et moyen terme ? Ce sont là les trois points que nous essayerons
de développer dans cet article. Mais, conscients du peu de temps
qui nous sépare des événements et, tenant compte des négociations
qui sont actuellement en cours entre les représentants des deux
pays, nous ne pourrons ici tracer que quelques esquisses des faits
et ne déduire que des conclusions prudentes.
(*) Mohammad Reza Djalili est Assistant-Professeur à la Faculté de Droit et des
Sciences Politiques et Secrétaire Général du Centre des Hautes Etudes Internationales
de l'Université de Téhéran. MOHAMMAD REZA DJALILI 274
I. — HISTORIQUE
Bien que voisins, et tous deux pays musulmans, l'Iran et l'Irak
n'ont presque jamais eu de relations tout à fait détendues et nor
males. A deux reprises pourtant, à l'époque du « Pacte de Saada-
bad » en 1937 (1) et du « Pacte de Bagdad» en 1955 (2), ces
relations ont semblé se normaliser et se développer rapidement,
mais ce n'était qu'à titre provisoire. Avant la signature de ces deux
Pactes et pendant la période qui les sépare, mais surtout après le
retrait de l'Irak du Pacte de Bagdad, les relations sont passées par
des hauts et des bas. Il y a eu des périodes de détente relative, de
crise et de menace, de guerres sur les ondes et des accrochages dans
les régions frontalières. A certains moments, on a cru même, de
part et d'autre, à l'imminence d'une intervention généralisée des
forces armées. Depuis la révolution du 14 juillet 1958 en Irak et
l'instauration d'un régime républicain à Bagdad, il est apparu de
plus en plus difficile de diminuer les tensions toujours latentes qui
existaient entre les deux pays. La crise atteindra son point culminant
le 19 avril 1969, lorsque l'Iran, las de voir ses droits lésés dans le
Chatt-el-Arab, dénonça officiellement le Traité du 4 juillet 1937
réglementant la navigation sur le fleuve et délimitant la frontière
entre les deux pays. Depuis lors, le problème majeur du contentieux
irano-irakien est le conflit du Chatt-el-Arab autour duquel gra
vitent des questions comme celle concernant les résidents d'origine
iranienne en Irak et surtout le problème kurde. Nous allons ici les
évoquer rapidement.
A propos du Chatt-el-Arab (3), Nouri Saïd déclarait devant la
(1) Le Pacte de Saabadad était un Traité de non-intervention dans les affaires
intérieures des pays signataires, de consultation, et de non-agression. Ce Pacte a été
signé par l'Iran, l'Irak, la Turquie et l'Afghanistan, le 8 juillet 1937 à Téhéran au
Palais de Saadabad.
(2) Les membres du Pacte de Bagdad étaient l'Iran, l'Irak, le Pakistan, la Turquie
et la Grande-Bretagne. Dès 1956, les Etats-Unis, sans devenir membres à part
entière du Pacte, se joignent à plusieurs comités spécialisés. Après le retrait de
l'Irak du Pacte de Bagdad, ce dernier s'est transformé en Central Treaty Organization
(CENTO).
(3) Sur le Chatt-el-Arab, on consultera avec intérêt : Ramesh SANGHAW,
Shatt-al-Arab : The Facts behind the Dispute, London, New Publisher, 1969, et
Rochan MAVADDAT, L'Iran, l'Irak et le Chatt-el-Arab, Aspects historique, juridique
et politique du conflit, D.E.S., Sciences Politiques, Université de Nice, Faculté de
Droit et des Sciences Economiques, 1972. IRAN 275
Société des Nations que l'« Irak était essentiellement le pays de deux
fleuves, l'Euphrate et le Tigre. Le Chatt-el-Arab, formé par leur
jonction, constitue le seul accès de l'Irak à la mer. Bassorah, situé
à 100 km de l'embouchure est le seul port de l'Irak » (4). En consé
quence, il jugeait indésirable qu'une puissance étrangère contrôle
les eaux du Chatt.
Quant à l'Iran, le Chatt-el-Arab lui est aussi vital qu'à l'Irak. Le
Karoun, seul fleuve navigable iranien, s'y jette. Khoramchahr, un
des plus importants ports iraniens par lequel transite une grande
partie du commerce extérieur de l'Iran, et Abadan, où se trouve
la première raffinerie du pays, sont tous deux situés sur le bord
du Chatt. De plus, la plupart des puits de pétrole sont concentrés
dans cette région proche du Chatt.
Comme on le constate, le problème est donc d'une importance
capitale pour les deux pays : l'Irak voulant faire du Chatt un fleuve
complètement irakien et l'Iran désirant faire admettre un principe
de droit international, à savoir la désignation du thalweg comme
ligne frontière entre les deux pays sur le Chatt-el-Arab.
Le litige qui oppose l'Iran et l'Irak à propos du Chatt-el-Arab
remonte au XIXe siècle. A l'époque l'Irak ne formait que quelques
« vilayat » de l'Est de l'Empire Ottoman. A plusieurs reprises, en
1848 par le Traité d'Erzéroum, en 1911 par le Protocole de Téhé
ran et en 1913 par le Protocole de Constantinople (5) on avait
essayé de délimiter les frontières de l'Iran et de l'Empire Ottoman,
mais ces traités n'ont jamais revêtu un caractère définitif. Ainsi, le
problème était resté en suspens.
En 1921, l'Emir Fayçal fut proclamé Roi d'Irak, pays qui devint
un Etat indépendant sous tutelle britannique. Le gouvernement ira
nien ne reconnut le nouvel Etat qu'en 1929, après avoir reçu des
Britanniques, protecteurs du régime irakien, des garanties quant à
la conclusion d'un traité équitable au sujet du Chatt-el-Arab. Mais
après cette reconnaissance, le gouvernement irakien ne montra aucun
empressement à conclure un accord frontalier avec l'Iran. Le voyage
du Roi Fayçal en Iran, en 1932, permit aux deux pays d'avoir des
(4) Journal Officiel de la SDN, 1935, p. 121.
(5) Qui instaura une commission de délimitation des frontières en 1914. MOHAMMAD REZA DJALILI 276
relations relativement bonnes pendant une courte période et d'éveil
ler quelques espoirs quant à la signature imminente d'un accord
sur le Chatt-el-Arab. La mort de Fayçal survenue le 8 septem
bre 1933 mit brusquement fin à cette période. La situation se dété
riora et des notes, d'un ton plutôt vif, furent échangées entre les
deux capitales. Par ailleurs, les incidents frontaliers se multipliaient.
Prenant prétexte d'un de ces incidents, le gouvernement irakien
déposa une plainte contre l'Iran à la Société des Nations, le 4 dé
cembre 1934 (6). Mais la S.D.N. n'ayant pu trouver une solution
au différend, les deux parties engagèrent peu à peu des pourparlers
directs. Ceux-ci aboutirent à la signature à Téhéran, le 4 juillet 1937,
du Traité de frontière sur le Chatt-el-Arab, qui comporte 6 articles
et un protocole annexe (7).
Le seul changement important que ce Traité ait apporté dans
le tracé de la frontière concerne le port d'Abadan ; la frontière est
déplacée vers l'ouest sur le thalweg, créant ainsi une zone de

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents