Les agents électoraux. La naissance d un rôle politique dans la deuxième moitié du XIXe siècle - article ; n°38 ; vol.10, pg 47-62
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Les agents électoraux. La naissance d'un rôle politique dans la deuxième moitié du XIXe siècle - article ; n°38 ; vol.10, pg 47-62

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Politix - Année 1997 - Volume 10 - Numéro 38 - Pages 47-62
The Electioneering Agents. The Formation of a Political Role in the Second Part of the XIXth Century
Francois Miquet-Marty [47-62].
The invention of the role of electioneering agents during the second part of XIXth century in France takes place into the process of formation of an autonomous political sphere distinct from the social one. These agents assume a mediation role beetween social and politics. They contribute to put political relationships back in everyday life.
Les agents électoraux. La naissance d'un rôle politique dans la deuxième moitié du XIXe siècle.
François Miquet-Marty [47-62].
L'apparition des agents électoraux dans la France du second XIXe siècle s'inscrit dans un processus de formation d'une sphère politique autonome, qui se différencie progressivement du social. Les agents électoraux assurent dans ce cas un rôle de médiation entre le social et le politique ; ils contribuent à ancrer le politique dans le cadre familier des relations quotidiennes, tout en témoignant des réactions que certains individus et certains groupes expriment face à l'autonomisation d'activités et de groupes proprement politiques.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 34
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

François Miquet-Marty
Les agents électoraux. La naissance d'un rôle politique dans la
deuxième moitié du XIXe siècle
In: Politix. Vol. 10, N°38. Deuxième trimestre 1997. pp. 47-62.
Abstract
The Electioneering Agents. The Formation of a Political Role in the Second Part of the XIXth Century
Francois Miquet-Marty [47-62].
The invention of the role of electioneering agents during the second part of XIXth century in France takes place into the process
of formation of an autonomous political sphere distinct from the social one. These agents assume a mediation role beetween
social and politics. They contribute to put political relationships back in everyday life.
Résumé
Les agents électoraux. La naissance d'un rôle politique dans la deuxième moitié du XIXe siècle.
François Miquet-Marty [47-62].
L'apparition des agents électoraux dans la France du second XIXe siècle s'inscrit dans un processus de formation d'une sphère
politique autonome, qui se différencie progressivement du social. Les agents électoraux assurent dans ce cas un rôle de
médiation entre le social et le politique ; ils contribuent à ancrer le politique dans le cadre familier des relations quotidiennes, tout
en témoignant des réactions que certains individus et certains groupes expriment face à l'autonomisation d'activités et de
groupes proprement politiques.
Citer ce document / Cite this document :
Miquet-Marty François. Les agents électoraux. La naissance d'un rôle politique dans la deuxième moitié du XIXe siècle. In:
Politix. Vol. 10, N°38. Deuxième trimestre 1997. pp. 47-62.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polix_0295-2319_1997_num_10_38_1667Les agents électoraux
La naissance d'un rôle politique
dans la deuxième moitié du XIXe siècle*
François Miquet-Marty
École des hautes études en sciences sociales
DU CŒUR du XIXe siècle à celui du XXe, les agents électoraux
furent l'un des visages les plus familiers des veilles d'élections, et
l'un des rouages essentiels de la conquête électorale. Relais des
candidats auprès des électeurs, ils étaient ceux qui «faisaient les
élections». Leur apparition est souvent associée aux transformations
des conditions et des exigences de la lutte électorale. Elle semble liée à
un monde où l'autorité traditionnelle des grands notables tendait à
s'éroder, mais où les médias et les partis modernes n'existaient pas
encore1. Cette hypothèse générale, certes résumée à l'excès, repose
cependant sur un présupposé manifeste : elle tient pour spontanée la
reconnaissance de la spécificité politique de la figure de l'agent
électoral. De la nécessité pratique d'une activité politique nouvelle
découlerait naturellement le postulat de sa spécificité politique. Telle
est l'hypothèse que cet article invite à nuancer. Il s'agit d'illustrer l'idée
que l'apparition des agents électoraux dans la France du second XIXe
siècle s'inscrit dans un processus de formation d'une sphère politique
autonome, qui se différencie progressivement du social. Les agents
électoraux assurent dans ce cas un rôle de médiation entre le social et
le politique ; ils contribuent à ancrer le politique dans le cadre familier
des relations quotidiennes tout en témoignant des réactions que
certains individus et certains groupes expriment face à l'autonomisation
d'activités et de rôles proprement politiques.
Le rôle d'agent électoral
Réfléchir sur l'avènement des agents électoraux impose, en premier lieu,
de distinguer ces derniers de la catégorie beaucoup plus large des
intermédiaires politiques. La notion d'intermédiaire englobe l'ensemble
des hommes dévoués à un candidat lors d'une campagne électorale, de
façon bénévole ou non, officielle ou non, agissant ou non sur l'injonction
* Je remercie J.-L. Briquet, Y. Déloye et F. Sawicki pour l'attention et le regard critique
qu'ils ont accordés à ce texte.
1. Ces distinctions sont analysées par Manin (B.), Principes du gouvernement
représentatif, Paris, Calmann-Lévy, 1995.
Politix, n°38, 1997, pages 47 à 62 4 7 L'institution des rôles politiques
de ce dernier. Les amis personnels des candidats, les prêtres
intervenant en tant que tels au profit de certains de ceux-là, les élus
locaux, entrent dans cette catégorie. Le groupe qui nous intéresse ici
comprend les hommes effectivement dénommés agents électoraux par
leurs contemporains, reconnus comme tels par les populations et
investis de missions précises par certains candidats. Aux yeux de tous,
un agent électoral est l'homme de main d'un candidat particulier, et son
activité prend sens en regard du plan de campagne de ce dernier. Il ne
s'agit donc pas d'en établir une définition construite a posteriori,
indépendamment des perceptions qu'en ont les acteurs, mais d'utiliser
la notion d'agent électoral uniquement lorsqu'elle était effectivement
employée par les citoyens du XIXe siècle1. Ce n'est qu'ainsi que l'on
pourra rendre compte de la manière dont se constitue, dans les
représentations des acteurs sociaux eux-mêmes, la spécificité politique
d'un rôle.
Notre réflexion invite en effet à raisonner en termes de rôle politique.
La notion de rôle ne désigne pas ici un rôle de la vie quotidienne, tel
que le fait d'être successivement chef de famille, journalier, ou fidèle du
culte protestant. Elle ne se comprend pas non plus selon la perspective
de l'interactionnisme symbolique, car elle ne renvoie pas à l'idée d'une
mise en scène de soi2. Elle ne s'entend pas enfin selon une acception
fonctionnaliste, en vertu de laquelle l'existence du rôle participerait à
l'intégration et au maintien de la société globale3. La notion de rôle
correspond d'abord pour nous à l'idée d'une activité spécifique, définie
par «la connaissance pratique de ce qu'il convient de faire quand on est
appelé à s'insérer dans des interactions successives en y occupant la
même position»4. Elle renvoie alors à un ensemble de pratiques et de
savoir-faire usuels, dans des situations locales disparates, et
s'apparente en ce sens à la notion de métier5. Mais elle désigne aussi
les formes institutionnalisées d'une profession qui se définit
généralement, et dont les caractéristiques tendent à devenir homogènes
sur l'ensemble du territoire national au fur et à mesure que se constitue
une sphère politique spécialisée et différenciée. Cette dualité structure
l'ensemble de cet article. Interroger la genèse du rôle d'agent électoral
impose d'abord d'analyser la formation de nouveaux métiers
politiques ; mais il s'agit dans le même temps de comprendre la façon
1. Cette perspective conduit à ne pas raisonner sur le cas des notables locaux, parfois
maires, instituteurs ou prêtres, n'agissant pas en tant qu'agents électoraux explicitement
reconnus comme tels. Sur ces notables locaux, voir Singer (B.), Village Notables in
Nineteenth-Century France. Priests, Mayors, Schoolmasters, New York, State
University of New York, 1983.
2. Goffman (E.), La mise en scène de la vie quotidienne, Paris, Minuit, 1973, vol. 1.
3. Voir par exemple Merton (R.), Éléments de théorie et de méthode sociologique, Paris,
Pion, 1965, p. 292.
4. Lagroye (J.), «Être du métier», Politix, 28, 1994, p. 6.
5. La distinction entre métier et profession est précisée par Chapoulie (J.-M.), «Sur
l'analyse sociologique des groupes professionnels», Revue française de sociologie, 14 (1),
1973 ; voir aussi Briquet (J.-L.), «Communiquer en actes. Prescriptions de rôle et exercice
quotidien du métier politique», Politix, 28, 1994, p. 16-18.
48 François Miquet-Marty
dont a pu être historiquement pensée l'existence de ce rôle comme
élément constitutif de la sphère politique. Dans quelles conditions l'idée
de cette spécificité politique a-t-elle pu advenir ? Comment a-t-elle pu
être conçue, c'est-à-dire imaginée, pensée et comprise, au sein d'une
société qui n'était pas nécessairement familière avec l'idée

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