Les élections présidentielles en Turquie - article ; n°3 ; vol.38, pg 365-377
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Description

Politique étrangère - Année 1973 - Volume 38 - Numéro 3 - Pages 365-377
Le mémorandum du 12 mars 1971 et ses effets ; Officiers, Haut-Commandement et Parlement sous la IIe-République ; Aspects de la gauche turque ; L'armée et la gauche ; Le Haut-Commandement dans la tourmente ; Les partis politiques et le Haut-Commandement ; Position des forces ; La manoeuvre.
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1973
Nombre de lectures 32
Langue Français

Extrait

Denis Burnouf
Les élections présidentielles en Turquie
In: Politique étrangère N°3 - 1973 - 38e année pp. 365-377.
Résumé
Le mémorandum du 12 mars 1971 et ses effets ; Officiers, Haut-Commandement et Parlement sous la IIe-République ; Aspects
de la gauche turque ; L'armée et la gauche ; Le dans la tourmente ; Les partis politiques et le Haut-
Commandement ; Position des forces ; La manoeuvre.
Citer ce document / Cite this document :
Burnouf Denis. Les élections présidentielles en Turquie. In: Politique étrangère N°3 - 1973 - 38e année pp. 365-377.
doi : 10.3406/polit.1973.2016
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1973_num_38_3_2016LES ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES
EN TURQUIE
Interactions entre le haut commandement
et le Parlement
par Denis BURNOUF
Le memorandum du 12 mars 1971 et ses effets ; Officiers, Haut-
Commandement et Parlement sous la IP-République ; Aspects de
la gauche turque ; L'armée et la gauche ; Le Haut-Commandement
dans la tourmente ; Les partis politiques et le Haut-Commande
ment ; Position des forces ; La manœuvre.
Au mois de mars de cette année, le Parlement d'Ankara,
conformément à la constitution, se réunissait pour trouver un
successeur au président de la république, le général Sunay,
ancien chef de l'état-major général, dont le septennat arrivait à
expiration.
La constitution turque prévoit que le président de la répu
blique doit être désigné parmi les parlementaires. Afin de pou
voir faire acte de candidature, le chef d'état-major en exercice,
le général Gurler, avait démissionné de ses fonctions et avait
été nommé par Sunay sénateur du contingent présidentiel. La
même procédure avait été appliquée sept ans auparavant en
faveur du même Sunay, successeur du général Gursel, que les
auteurs du putsch militaire du 27 mai 1960 avaient d'abord
choisi comme caution, puis fait nommer président de la répu
blique par le Parlement.
Alors que les élections de Gursel et de Sunay avaient été
acquises pratiquement sans difficulté, la candidature de Gurler 366 BURNOUF
devait se solder par un échec. A l'étranger, l'éviction de Gurler
a parfois été interprétée comme une victoire du parlementarisme
sur le militarisme, voire même comme le triomphe des démoc
rates sur une vraie armée avide de pouvoir. L'événement mér
ite peut-être une appréciation moins stéréotypée. La récente
élection présidentielle constitue probablement un événement
d'importance historique mineure, mais cet épisode éclaire,
croyons-nous, la vraie nature des forces qui s'affrontent en
Turquie. A ce titre il mérite sans doute l'attention. Nous nous
proposons de le replacer dans son contexte afin de pouvoir
l'observer « in vivo ».
Le mémorandum du 12 mars 1971 et ses effets
L'élection présidentielle arrivait exactement deux ans après
que le haut commandement soit intervenu ouvertement dans
les affaires publiques. Dès 1969, des affrontements armés entre
jeunes gens se réclamant de diverses obédiences marxistes et
adeptes d'un nationalisme paroxystique ensanglantaient les uni
versités ; des grèves sauvages et des émeutes ouvrières paraly
saient l'économie ; des fanatiques parcouraient les provinces,
prêchant le mysticisme et la violence. En 1970, la majorité
parlementaire du Parti de la Justice ayant éclaté, son leader,
Demirel, tentait de compenser sa faiblesse au Parlement par la
fermeté en face des mouvements de rue. Peu sûr de sa police,
il commit l'erreur d'affecter l'armée au rétablissement de l'or
dre, mais le corps des officiers, par tradition et par conviction,
répugnait à cette mission. Le 12 mars 1971, le haut comman
dement bloquait un début de soulèvement militaire en mettant
Demirel en demeure de se retirer puis rendait public un mémo
randum accusant le Parlement et le gouvernement de « conduire
le pays à l'anarchie, à la lutte fratricide et au chaos social et
économique ; enlevant à la nation tout espoir d'atteindre le
niveau d'une civilisation moderne, but qui lui a été assigné par
Ataturk ». L'état-major préconisait « la formation d'un gou
vernement fort, capable de réaliser les réformes ordonnées par
la constitution ». En cas de refus le commandement faisait part
de « sa décision d'assumer directement le pouvoir ». 367 TURQUIE
Depuis ce mémorandum, des gouvernements « au-dessus des
partis » se sont succédé. Le premier d'entre eux, composé
d'hommes politiques et de hauts fonctionnaires, s'était efforcé
de faire entrer en application les mesures d'égalité sociale et
les dispositions destinées à sauvegarder l'indépendance natio
nale dans le domaine économique, inscrites dans la constitution
de 1961 mais qui demeuraient inappliquées. Néanmoins, dans
le même temps, la constitution était amputée des clauses garant
issant les libertés publiques et un état de siège confiant des
pouvoirs d'exception aux généraux commandant les régions
militaires, était mis en application.
Cette politique contradictoire dura de mars à novembre
1971. Pendant ces huit mois on vit les « ministres techniciens »,
pour la plupart des économistes, tenter de faire entrer dans les
faits une réforme agraire, une extension de la sécurité sociale,
une politique de conventions collectives, une réforme de l'ex
ploitation minière, un contrôle des capitaux étrangers. Simulta
nément, leurs collègues parlementaires, s'appuyant sur la
Chambre et sur une partie du Sénat, ruinaient ces efforts mais
faisaient ratifier des dispositions renforçant l'appareil répressif
de l'Etat. Après la démission des ministres non parlementaires,
des gouvernements composés de politiciens « en congé de part
i » se sont attachés à renforcer la rigueur des lois, cependant
que les réformes sociales et économiques exigées par le mémo
randum du 12 mars étaient renvoyées de commissions d'études
en commissions d'examen. Périodiquement, le haut commande
ment fulminait des mises en demeure à l'adresse des politiciens,
ceux-ci répondaient par des assurances de bonne volonté mais
les projets sociaux n'aboutissaient pas et l'état-major ne mettait
pas à exécution ses menaces d'intervention.
Nous sommes maintenant à quelques mois des élections légis
latives. Le pouvoir civil s'est doté de moyens juridiques sur
abondants pour juguler l'opposition de la rue, cependant que
les autorités militaires de l'état de siège continuent à pours
uivre, à arrêter et à condamner ceux qui à tort ou à raison
passent pour s'opposer au système politique en vigueur. Pourt
ant, malgré cette coopération apparente des politiciens et des 368 BURNOUF
généraux, les premiers ont refusé aux seconds la satisfaction de
voir leur chef porté à la présidence de la république suivant un
usage qui semblait établi. Quelles sont les raisons profondes de
ce refus ?
Officiers, haut commandement et Parlement
sous la lllme République
On se souvient qu'après le mouvement militaire du 27 mai
1960, qui abattit le gouvernement et la majorité parlementaire
du Parti Démocrate, une partie des officiers putschistes avait
mis en chantier une constitution avec l'aide d'universitaires. Un
avant-projet, reflétant la volonté d'empêcher un parti dominant
de monopoliser le pouvoir, comme cela avait été le cas sous le
règne des Démocrates, morcelait au maximum le pouvoir exé
cutif et privilégiait le pouvoir judiciaire. Cet avant-projet, sou
mis à une constituante composée en majorité d'hommes poli
tiques, avait été profondément remanié au profit du législatif.
C'est ce texte de compromis qui fut adopté par référendum en
1961. Néanmoins, redoutant le retour au pouvoir d'un parti
tout puissant, les officiers et les professeurs avaient obtenu l'i
nsertion d'un article 111, instituant un conseil national de
sécurité, présidé par le président de la république et composé
des principaux ministres et des chefs d'état-major.

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