Les fonctionnaires en période de décroissance : moral, motivation et image - article ; n°2 ; vol.7, pg 37-58
23 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Les fonctionnaires en période de décroissance : moral, motivation et image - article ; n°2 ; vol.7, pg 37-58

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
23 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Politiques et management public - Année 1989 - Volume 7 - Numéro 2 - Pages 37-58
Décroissance et libéralisme rendent difficile le contexte dans lequel se meut la fonction publique. Ont-ils eu de l'influence sur les opinions et les attitudes des fonctionnaires ?
Les fonctionnaires ne se font guère d'illusions sur la perception que la population se fait d'eux-mêmes et de l'administration. Même si leur motivation au travail n'a pas disparu, leur moral est en baisse.
On enregistre, cependant, un début de recomposition, parmi eux, d'une image moins centrée sur l'État et le service public et plus sur l'usager et le service à la population.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 149
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Jean-Luc Bodiguel
Les fonctionnaires en période de décroissance : moral,
motivation et image
In: Politiques et management public, vol. 7 n° 2, 1989. Quel projet pour les administrations et les entreprises
publiques ? - Actes du Troisième Colloque International - Québec - 3-4 novembre 1988 - (Deuxième partie). pp. 37-
58.
Résumé
Décroissance et libéralisme rendent difficile le contexte dans lequel se meut la fonction publique. Ont-ils eu de l'influence sur les
opinions et les attitudes des fonctionnaires ?
Les fonctionnaires ne se font guère d'illusions sur la perception que la population se fait d'eux-mêmes et de l'administration.
Même si leur motivation au travail n'a pas disparu, leur moral est en baisse.
On enregistre, cependant, un début de recomposition, parmi eux, d'une image moins centrée sur l'État et le service public et plus
sur l'usager et le service à la population.
Citer ce document / Cite this document :
Bodiguel Jean-Luc. Les fonctionnaires en période de décroissance : moral, motivation et image. In: Politiques et management
public, vol. 7 n° 2, 1989. Quel projet pour les administrations et les entreprises publiques ? - Actes du Troisième Colloque
International - Québec - 3-4 novembre 1988 - (Deuxième partie). pp. 37-58.
doi : 10.3406/pomap.1989.2886
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pomap_0758-1726_1989_num_7_2_2886FONCTIONNAIRES EN PERIODE DE DECROISSANCE : 37 LES
MORAL, MOTIVATION ET IMAGE
Jean-Luc BODIGUEL*
Résumé Décroissance et libéralisme rendent difficile le contexte dans lequel se meut la
fonction publique. Ont-ils eu de l'influence sur les opinions et les attitudes des
fonctionnaires ?
Les ne se font guère d'illusions sur la perception que la population
se fait d'eux-mêmes et de l'administration. Même si leur motivation au travail
n'a pas disparu, leur moral est en baisse.
On enregistre, cependant, un début de recomposition, parmi eux, d'une image
moins centrée sur l'État et le service public et plus sur l'usager et le service à la
population.
Directeur de Recherches au CNRS, Centre de Recherches Administratives, Fondation Nationale des
Sciences Politiques. 38 Jean-Luc BODIGUEL
Introduction Décroissance et libéralisme ont représenté un coup sévère pour la fonction
que dont le cœur est à gauche. Le sondage « Sortie des Urnes » (CNRS-BVA,
1988) établissait que 74 % des salariés du secteur public avaient voté pour François
Mitterrand aux élections présidentielles et 26 % pour Jacques Chirac (1). 1981
avait créé un moment d'euphorie, la Gauche et pour quelle politique ! : un statut
renouvelé apportant encore davantage de droits, des embauches massives, une
extension de la notion de fonctionnaire par inclusion dans le statut général des
agents des collectivités territoriales, un accroissement du secteur public avec les
nationalisations.
Le désenchantement survint rapidement. La décentralisation, en entamant les
compétences de l'État, provoqua des remises en causes qui inquiétèrent, la rigueur
budgétaire, mise en place dès 1984-1985, atteignit vite le revenu, se poursuivit
par une diminution des effectifs et entrafna un cycle de suppression d'organismes.
Ce n'est pas le lieu de s'attacher à préciser l'ampleur de ces changements (BODI-
GUEL-ROUBAN, 1987). Même modestes, ils furent et restent vécus comme un
bouleversement tant les fonctionnaires avaient oublié, à travers ces années de
Welfare-State, "les commissions de la Hache" qui, régulièrement, ont échenillé
l'administration. De l'extérieur, c'est " à boulets rouges " que l'on tire. Ouvrages
et articles dénoncent " les planqués de la guerre économique " et " l'insupporta
ble privilège de la sécurité d'emploi ". La Droite revint en 1986, tout animée d'un
esprit anti-fonctionnaire. Ne confia-t-elle pas l'important ministère (ne serait-ce
que par le nombre de ses agents) des PTT à Gérard Longuet ? Et chacun de se
souvenir, qu'à la fin du septennat de Valéry Giscard d'Estaing, celui-ci prévoyait
de réduire de façon draconienne le nombre des fonctionnaires à 400 000 agents ;
les autres devenant des contractuels gérés par des conventions collectives comparab
les à celles du secteur privé.
Mais au-delà de ces à-coups politiques conjoncturels, il paraît vraisemblable de
postuler que la modernisation de l'administration, la recherche de productivité,
la diminution des coûts seront des politiques durables. Les notions d'optimisation
du service public, de qualité des prestations fournies aux usagers, d'utilisation
judicieuse des moyens fleurissent dans le discours politique. Il s'agit de répondre
à la dégradation de l'image du service public. La remise en cause de l'État, le
poids des conflits sociaux et la gêne ressentie par les usagers, l'assimilation à un
privilège de la sécurité de l'emploi dont bénéficient les fonctionnaires ont accru,
le décalage entre les attentes de la société civile et la réalité du service rendu par
le service public. Et l'échec de trop nombreuses tentatives de réformes administ
ratives pèse tant sur l'opinion que sur les agents eux-mêmes.
(1) En 1981, les intentions de vote au second tour donnaient en mars 71 % pour F. Mitterrand et 29 %
pour V. Giscard d'Estaing. fonctionnaires en période de décroissance : 39 Les
moral, motivation et image
Le public devient plus exigeant à l'égard des services publics dont les agents,
face à cette contestation, se replient dans une défense corporative.
L'insatisfaction est générale, insatisfaction du public, mais aussi insatisfaction du
personnel que le rapport Arthuis analyse en ces termes :
" Le personnel du service public souffre des décalages qu'il constate entre les
attentes du public et la façon dont les missions s'exercent. Il se sent parfois mal
utilisé, et mis en porte-à-faux dans son besoin de reconnaissance. Par ailleurs la
dégradation de l'image du service public dans la Nation est porteuse de phéno
mènes de démoralisation. Dans ce contexte, la défense des avantages acquis, la
réticence au changement, et le scepticisme à l'égard des multiples réformes consti
tuent des réactions de protection ;
Les cadres perçoivent le décalage qui existe entre les modes de management et
de valorisation en vigueur dans le secteur privé et ceux qui caractérisent le secteur
public. Leur volonté d'action se heurte vite aux contraintes du système administ
ratif, ce qui les conduit rapidement à privilégier les perspectives individuelles de
carrière qu'offre une bonne technicité administrative au détriment de la perfo
rmance des unités et du développement de pratiques de gestion modernes ; "
(ARTHUIS Jean, 1987, p. 21).
L'ambition de cette communication est d'appréhender la réalité et l'ampleur de
l'insatisfaction des agents du service public.
La réponse à ce type d'interrogation n'est pas évidente car les sondages qui portent
exclusivement sur les « fonctionnaires » sont excessivement rares et la définition
qui en est donnée varie : parfois la cible est l'ensemble des salariés du secteur pub
lic, dans d'autres cas seuls sont concernés les fonctionnaires civils de l'État. En
outre, il n'existe pas encore, à notre connaissance, d'analyses secondaires qui
permettraient d'affiner les frustes résultats que procure un simple croisement
par le sexe, l'âge, la "CSP...
Il existe encore moins d'études internes à l'administration. Rarissimes sont les
directions de personnel qui ont commandité des études sur la satisfaction, les
attentes et les motivations de leur personnel. Lorsqu'elles existent, l'accès à de
telles études est très problématique.
Cette étude présente donc des limites :
— il y a quasi impossibilité, sauf exception, de séparer les opinions des fonctionn
aires stricto sensu et celles des agents des services publics. Jean-Luc BODIGUEL 40
— il y a quasi impossibilité de procéder à une analyse temporelle des opinions
par suite du nombre insuffisant d'études portant sur le même thème.
— il y a impossibilité de généraliser les études sectorielles en raison de leur spéci
ficité. Si nous disposons d'un grand sondage sur 2 500 agents du Ministère de

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents