Les organisations internationales européennes et les relations entre l'Est et l'Ouest - article ; n°5 ; vol.33, pg 491-526

Jacques Defolin

Description

Politique étrangère - Année 1968 - Volume 33 - Numéro 5 - Pages 491-526
Quatre organisations internationales européennes, une organisation à vocation universelle et trois organisations de caractère « occidental », s'efforcent de promouvoir ou de consolider la « détente » en développant les relations commerciales, culturelles ou techniques entre l'Europe de l'Ouest et l'Europe de l'Est. Chaque organisation a ses méthodes, ses objectifs et sa composition géographique. Mais toutes ces organisations ont un but commun : mettre en œuvre une coopération internationale qui atténue ou même efface les effets de la division de l'Europe. L'auteur dresse le bilan des résultats obtenus : ceux-ci dépendent de la nature de chaque organisation. Au printemps de 1968, des possibilités intéressantes commençaient à se dessiner, après des années de « guerre froide ». Au lendemain de l'affaire tchécoslovaque, que peut-il se passer ? Le développement des contacts techniques entre l'Est et l'Ouest a l'avantage de ne pas trop dépendre du contexte politique général. On peut donc en attendre, même dans des circonstances difficiles, une amélioration des relations entre les deux parties de l'Europe. L'Est ne peut y voir systématiquement des tentatives d'infiltration ou de subversion. Les efforts des organisations internationales européennes ne sont-pas toujours spectaculaires ; ils n'en sont pas moins nécessaires à la « détente ».
36 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: POLITIQUE_ETRANGERE
• Publié le: 01 janvier 1968
• Nombre de lectures: 25
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Jacques De Folin
Les organisations internationales européennes et les relations
entre l'Est et l'Ouest
In: Politique étrangère N°5 - 1968 - 33e année pp. 491-526.
Résumé
Quatre organisations internationales européennes, une organisation à vocation universelle et trois organisations de caractère «
occidental », s'efforcent de promouvoir ou de consolider la « détente » en développant les relations commerciales, culturelles ou
techniques entre l'Europe de l'Ouest et l'Europe de l'Est. Chaque organisation a ses méthodes, ses objectifs et sa composition
géographique. Mais toutes ces organisations ont un but commun : mettre en œuvre une coopération internationale qui atténue ou
même efface les effets de la division de l'Europe.
L'auteur dresse le bilan des résultats obtenus : ceux-ci dépendent de la nature de chaque organisation. Au printemps de 1968,
des possibilités intéressantes commençaient à se dessiner, après des années de « guerre froide ». Au lendemain de l'affaire
tchécoslovaque, que peut-il se passer ? Le développement des contacts techniques entre l'Est et l'Ouest a l'avantage de ne pas
trop dépendre du contexte politique général. On peut donc en attendre, même dans des circonstances difficiles, une amélioration
des relations entre les deux parties de l'Europe. L'Est ne peut y voir systématiquement des tentatives d'infiltration ou de
subversion.
Les efforts des organisations internationales européennes ne sont-pas toujours spectaculaires ; ils n'en sont pas moins
nécessaires à la « détente ».
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De Folin Jacques. Les organisations internationales européennes et les relations entre l'Est et l'Ouest. In: Politique étrangère
N°5 - 1968 - 33e année pp. 491-526.
doi : 10.3406/polit.1968.2141
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1968_num_33_5_2141LES ORGANISATIONS
INTERNATIONALES EUROPÉENNES
ET LES RELATIONS
ENTRE L'EST ET L'OUEST
par Jacques de FOLIN
Quatre organisations internationales européennes, une organi
sation à vocation universelle et trois organisations de caractère
« occidental », s'efforcent de promouvoir ou de consolider la
« détente » en développant les relations commerciales, culturelles
ou techniques entre l'Europe de l'Ouest et l'Europe de l'Est. Chaque
organisation a ses méthodes, ses objectifs et sa composition géogra
phique. Mais toutes ces organisations ont un but commun : mettre
en œuvre une coopération internationale qui atténue ou même
efface les effets de la division de l'Europe.
L'auteur dresse le bilan des résultats obtenus : ceux-ci dépendent
de la nature de chaque organisation. Au printemps de 1968, des
possibilités intéressantes commençaient à se dessiner, après des
années de « guerre froide ». Au lendemain de l'affaire tchécoslo
vaque, que peut-il se passer ? Le développement des contacts tech
niques entre l'Est et l'Ouest a l'avantage de ne pas trop dépendre
du contexte politique général. On peut donc en attendre, même
dans des circonstances difficiles, une amélioration des relations
entre les deux parties de l'Europe. L'Est ne peut y voir systéma
tiquement des tentatives d'infiltration ou de subversion.
Les efforts des organisations internationales européennes ne sont-
pas toujours spectaculaires ; ils n'en sont pas moins nécessaires
à la « détente ».
Jusqu'au 21 août dernier, on avait pris l'habitude de consi
dérer la « détente » comme un fait acquis d'ordre poli
tique, qui avait suivi la destalinisation et qui pouvait avoir des DE FOLIN 492
conséquences allant bien au-delà de la « coexistence pacifi
que ». A vrai dire, les opinions variaient quant à la nature
exacte et la portée de ces conséquences. Mais tout le monde
était d'accord pour voir dans la « détente » aussi bien le dégel
des relations entre le monde socialiste et le monde occident
al qu'un assouplissement des liens très rigides existant entre
PU.R.S.S. et les démocraties populaires. La détente n'a de sens
véritable que si elle est un processus tendant à mettre fin à la
division de l'Europe.
On conçoit en général deux manières d'aborder le problème
de la « détente », qui sont d'ailleurs complémentaires : des ini
tiatives politiques spectaculaires (par exemple la signature d'un
traité de non-prolifération des armes nucléaires — la reconnais
sance de la ligne Oder-Neisse — l'arrêt des bombardements sur
le Nord- Vietnam...) peuvent être envisagées en vue de créer un
climat favorable à la solution des grands problèmes en suspens.
Par des moyens plus modestes, on peut aussi rechercher les
contacts de toute sorte — commerciaux — culturels — techni
ques — susceptibles de se développer entre l'Est et l'Ouest. La
multiplication de ces contacts, les résultats attendus, les liens
créés sur les plans administratif, professionnel ou même hu
main, permettent d'espérer des répercussions bien plus génér
ales, c'est-à-dire un meilleur climat et une amorce de libé
ralisation.
Certes tout est lié ; il est bien évident qu'un retour à la guerre
froide mettrait un terme aux progrès qui ont été faits dans
tous les domaines depuis quelques années.
Si de son côté l'Est reniait ces progrès, refusait ces contacts,
fussent-ils les plus modestes, ne prendrait-il pas une grave res
ponsabilité dans la restauration d'un climat de méfiance ?
L'Agence Tass déclarait le 6 octobre dernier que les hommes
d'Etat occidentaux se trompaient lourdement s'ils espéraient
que de meilleures relations Est-Ouest « préparaient la voie à
la subversion idéologique et à des actes subversifs contre la ORGANISATIONS EUROPÉENNES 493
communauté socialiste ». Un mois plus tard, le 7 novembre, sur
la Place Rouge, M. Mazourov, au nom du Bureau Politique
du P.C. soviétique, déclarait que, « les forces impérialistes
voulaient exporter la contre-révolution par la politique dite
« des ponts » . Des déclarations de cette nature n'augurent
rien de bon car elles pourraient confirmer que Moscou a
maintenant tendance à assimiler tout désir de liberté dans le
camp socialiste à de la subversion. Les pays de l'Est semblent
ainsi une nouvelle fois paralysés par la crainte de voir leurs
régimes internes se laisser influencer dans un sens libéral. Quel
intérêt trouverait-on alors à rechercher des contacts qui ne se
raient pas bien accueillis sous préteste qu'ils encourageraient
un libéralisme assimilé à de la subversion ?
Mais tant qu'un espoir subsiste d'engager un dialogue utile,
fût-ce de la manière la moins spectaculaire, l'approche de la
« détente » par les contacts techniques offre, en temps de crise,
l'avantage d'être relativement à l'abri des retombées des grands
événements politiques. Elle est même, à certains moments, la
seule possible. Ainsi tout récemment, l'éditorialiste du journal
« Le Monde », évoquant les contre-coups de l'affaire tchéco
slovaque sur les travaux des Nations Unies, écrivait-il que
l'O.N.U. ne pourrait lors des prochains mois « poursuivre la
coopération internationale que dans les domaines généraux et
techniques ».
L'étude des efforts faits depuis quelques années par les or
ganisations internationales européennes pour développer leurs
contacts avec les pays de l'Est présente donc aujourd'hui un
intérêt tout particulier.
Il s'agit ici de se limiter à quatre organisations : le Conseil
de l'Europe, la Commission Economique Européenne des Nat
ions Unies de Genève, l'O.C.D.E., les Communautés de
Bruxelles. Il n'y a pas lieu de retenir, dans le cadre de cette
étude, l'U.E.O., car ses objectifs et ses liens avec l'O.T.A.N.
la rendent impropre aux yeux des pays de l'Est pour engager
avec eux un dialogue. 494 DE FOLIN
Le Conseil de l'Europe.
Le Conseil de l'Europe a été créé en 1949, au début de la
« guerre froide », et ce sont ces origines qui provoquent en
core aujourd'hui une certaine méfiance à son égard dans les
pays de l'Est europé