Les paradoxes de la politique étrangère polonaise - article ; n°1 ; vol.59, pg 99-114
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Politique étrangère - Année 1994 - Volume 59 - Numéro 1 - Pages 99-114
Paradoxes of Polish Foreign Policy, by Jan Zielonka
Poland, just released from the Soviet grip, is finding it difficult to assert her new international position between integrated but inward-looking Western Europe, and disintegrated and unstable Eastern Europe. Despite Poland's successes in generating economie growth, consolidating democracy and reforming the military, Poland's major foreign policy objectives — membership of the EU and NATO — are still distant prospects. Poland's relations with her Eastern neighbours are better than at any time in modem history, but they are nevertheless being hampered hy régional rivalities, economie difficultes, ethnie conflicts and political chaos. The West can make a serious contribution to peace and stability in Poland's part of Europe by allowing the Visegrad group to join the EU before the year 2000 or earlier.
Libérée de la tutelle soviétique, la Pologne éprouve des difficultés à affirmer sa nouvelle position internationale entre une Europe occidentale, de plus en plus intégrée mais repliée sur elle-même, et une Europe de l'Est en proie à la désintégration et à l'instabilité. Malgré sa croissance économique retrouvée, malgré la consolidation des institutions démocratiques et la réforme de ses forces armées, la Pologne n'a toujours pas réussi à atteindre ses deux principaux objectifs de politique étrangère : à savoir, son adhésion à l'Union européenne et à l'OTAN. Ses relations avec les nouveaux voisins de l'Est sont certes bien meilleures qu'à aucun autre moment de son histoire moderne, mais elles restent entravées par les rivalités politiques, les difficultés économiques, les conflits interethniques et le chaos qui règne en Europe orientale. L'Occident peut contribuer de manière significative au rétablissement de la paix et de la stabilité dans la région, en permettant aux pays du groupe de Visegrad de rejoindre l'Union européenne au plus tard en l'an 2000.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 37
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Zielonka
Ewa Kulesza-Mietkowski
Les paradoxes de la politique étrangère polonaise
In: Politique étrangère N°1 - 1994 - 59e année pp. 99-114.
Abstract
Paradoxes of Polish Foreign Policy, by Jan Zielonka
Poland, just released from the Soviet grip, is finding it difficult to assert her new international position between integrated but
inward-looking Western Europe, and disintegrated and unstable Eastern Europe. Despite Poland's successes in generating
economie growth, consolidating democracy and reforming the military, Poland's major foreign policy objectives — membership of
the EU and NATO — are still distant prospects. Poland's relations with her Eastern neighbours are better than at any time in
modem history, but they are nevertheless being hampered hy régional rivalities, economie difficultes, ethnie conflicts and political
chaos. The West can make a serious contribution to peace and stability in Poland's part of Europe by allowing the Visegrad
group to join the EU before the year 2000 or earlier.
Résumé
Libérée de la tutelle soviétique, la Pologne éprouve des difficultés à affirmer sa nouvelle position internationale entre une Europe
occidentale, de plus en plus intégrée mais repliée sur elle-même, et une Europe de l'Est en proie à la désintégration et à
l'instabilité. Malgré sa croissance économique retrouvée, malgré la consolidation des institutions démocratiques et la réforme de
ses forces armées, la Pologne n'a toujours pas réussi à atteindre ses deux principaux objectifs de politique étrangère : à savoir,
son adhésion à l'Union européenne et à l'OTAN. Ses relations avec les nouveaux voisins de l'Est sont certes bien meilleures qu'à
aucun autre moment de son histoire moderne, mais elles restent entravées par les rivalités politiques, les difficultés
économiques, les conflits interethniques et le chaos qui règne en Europe orientale. L'Occident peut contribuer de manière
significative au rétablissement de la paix et de la stabilité dans la région, en permettant aux pays du groupe de Visegrad de
rejoindre l'Union européenne au plus tard en l'an 2000.
Citer ce document / Cite this document :
Zielonka, Kulesza-Mietkowski Ewa. Les paradoxes de la politique étrangère polonaise. In: Politique étrangère N°1 - 1994 - 59e
année pp. 99-114.
doi : 10.3406/polit.1994.4250
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1994_num_59_1_4250POLITIQUE ÉTRANGÈRE I 99
Jan ZIELONKA- ^f8 P*™*™* de la Politique
étrangère polonaise -
La situation actuelle de la Pologne — et, par là même, sa politique
étrangère — est marquée par de nombreuses contradictions. Du temps
de la guerre froide, la Pologne incarnait de manière spectaculaire le
caractère artificiel de la division de l'Europe : son refus de la domination
soviétique, son attachement aux valeurs occidentales, la force de son catholi
cisme en avaient fait un cas unique parmi les satellites de l'URSS. Les
événements de ces dernières années ont radicalement transformé le paysage du
Vieux Continent, mais la Pologne continue d'être considérée comme un
« pays de l'Est » et les portes du « club » ouest-européen lui demeurent
fermées. Dans le passé, les Polonais ont longtemps souffert de ce que l'on
pourrait appeler « le syndrome bipolaire », conséquence de la position
médiane de leur pays sur l'axe Berlin-Moscou et, plus récemment, de l'ant
agonisme des blocs. L'organisation bipolaire du monde et de l'Europe a
disparu ; la Pologne s'efforce aujourd'hui d'entretenir des relations aussi
correctes que possible avec les sept nouveaux Etats que les bouleversements
de l'après-communisme ont fait surgir à ses frontières. Le difficile processus
de transition dans lequel elle-même et tous ses voisins se trouvent engagés a
toutefois fait naître d'autres incertitudes et engendré des risques inédits
d'instabilité. Alors qu'elle n'avait jamais cessé d'aspirer, même durant la
période la plus sombre du stalinisme, à retrouver pleinement sa souveraineté,
la Pologne ne s'est pas révélée capable de définir et de mettre en œuvre,
depuis 1989, une politique extérieure véritablement autonome ; l'effondrement
de l'URSS lui en avait pourtant offert la possibilité.
Aussi, bien que la chute du communisme ait permis que se réalisent la
plupart des aspirations traditionnelles de la Pologne, la marge de manœuvre
effective de sa politique étrangère reste-t-elle limitée par les contraintes que
lui impose l'environnement international. Quels que soient ses efforts et ses
succès sur les plans économique, politique et diplomatique, elle ne pourra
jamais s'affranchir totalement du jeu complexe des interdépendances qui
caractérise le nouveau contexte européen. Elle peut tout au plus s'efforcer de
réduire sa vulnérabilité, en espérant que la paix et la coopération en Europe
finiront bien par prévaloir un jour.
* Professeur associé de relations internationales à l'université de Leiden (Pays-Bas).
** Cet article a été traduit par Ewa Kulesza-Mietkowski. / POLITIQUE ÉTRANGÈRE 100
Forces et faiblesses
Les comparaisons historiques sont omniprésentes dans le débat actuel sur la
politique étrangère polonaise. Dans un pays qui, durant plus de deux siècles
et demi, a été victime de la politique impériale des grandes puissances, on
éprouve en effet quelque difficulté à admettre que le tournant de 1989 a
définitivement clos le long chapitre des malheurs de la nation. Le contexte
international de 1994 a beau être fondamentalement différent de celui de
1773, 1815, 1939 ou 1944 [1], la fragilité de la Pologne n'en demeure pas
moins réelle [2].
Cette fragilité tient, en tout premier lieu, à la double dépendance, multiforme
et asymétrique, de la Pologne à l'égard de la Russie et de l'Occident. D'un
côté, son armée est toujours équipée de matériel soviétique et la Russie
continue de couvrir près de deux tiers de ses besoins d'énergie ; d'un autre
côté, l'Europe occidentale et les Etats-Unis, devenus ses principaux parte
naires commerciaux, sont à l'origine de la quasi-totalité des investissements,
crédits, transferts de technologies et autres aides indispensables au relèvement
de son économie. Cette situation est d'autant plus inconfortable et incertaine
que la Pologne n'appartient plus à aucun système d'alliances et ne peut donc
s'appuyer sur aucun « pays ami », fût-il de l'Ouest ou de l'Est. Trop faible
pour occuper une place de premier ordre dans le nouveau concert européen,
elle est en même temps trop importante pour se satisfaire d'un second rang :
avec ses 39 millions cr habitants et ses quelque 300 000 soldats d'activé [3], on
l'imagine difficilement tenir, en Europe centrale, un rôle comparable à celui
que les Pays-Bas jouent, par exemple, auprès de leurs partenaires ouest-
européens. Sa position géographique, à la jonction d'une Europe occidentale
prospère et d'une Europe de l'Est instable et appauvrie, peut aussi être
considérée comme un handicap. Ses frontières, artificiellement déplacées vers
l'ouest à l'issue de la Seconde Guerre mondiale, n'ont pu être fixées que grâce
à des transferts massifs de populations, ce qui a provoqué un traumatisme
durable et n'est pas pour faciliter aujourd'hui les relations avec ses voisins.
L'évolution paradoxale de la vie politique interne du pays se répercute
également sur le plan international. En 1989, la Pologne a été le premier Etat
est-européen à voir se constituer un gouvernement dominé par les forces de
l'opposition anticommuniste ; à peine quatre années plus tard, le retour au
pouvoir des héritiers du PC n'a pas manqué de soulever des interrogations
sur la pérennité de l'orientation pro-occidentale de la politique extérieure de
Varsovie. De même, bien que la Pologne soit l'un des rares pays de la région
à ne pas connaître de graves problèmes de minorités ethniques, le « facteur
national » y est l'un des thèmes prédominants du débat politique, dont
certains accents nationalistes, voire franchement xénophobes [4], ont suscité
l'inquiétude des Etats limitrophes et contribué à en

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