Les relations germano-polonaises - article ; n°3 ; vol.25, pg 248-264
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Description

Politique étrangère - Année 1960 - Volume 25 - Numéro 3 - Pages 248-264
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1960
Nombre de lectures 9
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Percy-Ernst Schramm
Les relations germano-polonaises
In: Politique étrangère N°3 - 1960 - 25e année pp. 248-264.
Citer ce document / Cite this document :
Schramm Percy-Ernst. Les relations germano-polonaises. In: Politique étrangère N°3 - 1960 - 25e année pp. 248-264.
doi : 10.3406/polit.1960.6143
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1960_num_25_3_6143LES RELATIONS GERMANO-POLONAISES
L'interprétation historique des rapports germano-polonais à tra
vers les siècles soulève de nombreux points de désaccords entre
historiens allemands et polonais, surtout lorsqu'il s'agit d'époques
reculées, pour lesquelles il est difficile de vérifier l'authenticité des
faits, si l'on veut se conformer aux exigences très strictes de la
science historique. Depuis le XIX* siècle, le nationalisme militant
s'est en outre saisi de l'analyse historique pour déformer à ses
fins les événements du passé. Il a ainsi fortement embrouillé et
compliqué le dialogue en ce qui concerne les relations franco-a
llemandes et germano-anglaises, mais ceci n'est rien à côté des ra
vages opérés dans les relations polono-allemandes. Chaque fois
qu'un historien de l'un ou l'autre pays semble accepter le bien
fondé de la thèse de l'autre, il se trouve accusé dans sa propre
patrie de manquer de dignité nationale ou d'être responsable d'une
perte de prestige pour son propre pays.
A l'époque contemporaine, ce problème a encore été terriblement
alourdi, au point qu'on est tenté de n'y plus toucher jusqu'au
moment où un climat meilleur pourra s'instaurer entre Polonais
et Allemands. Les Polonais peuvent nous reprocher à juste titre
ce qui s'est passé sous l'occupation allemande et nous leur repro
chons l'annexion des provinces allemandes de l'Est et l'expulsion
de la population allemande. Ceci explique aisément pourquoi beau
coup d'Allemands qui ont tout perdu du fait de l'expulsion et qui
ont été maltraités ne peuvent entendre le mot « Pologne » sans
éprouver une réaction violente. Ceci dit, il faut ajouter que d'i
nnombrables Polonais ne peuvent que réagir violemment quand il
s'agit de l'Allemagne sous la domination de laquelle ils ont souf
fert atrocement.
La question qui se pose maintenant est la suivante : devons-
nous attendre et laisser le soin d'aborder ce problème délicat à
une nouvelle génération qui des deux côtés n'aura connu que par
ouï dire le passé récent ? Cela me semble être une politique de
l'autruche. Car le problème « Pologne » s'est posé, se pose et se
posera à nous toujours, simplement parce que la Pologne est un
pays voisin. De même, nous ne pouvons feindre d'ignorer la Fran
ce ou l'Angleterre, parce que ces pays sont là et que d'une façon
ou d'une autre nous sommes obligés de coexister. L'expérience RELATIONS GERMANO-POLONAISES 249
récente nous a d'ailleurs donné la preuve encourageante qu'il était
possible de coexister et de coopérer avec nos voisins occidentaux
malgré tout ce qui nous a séparés dans le passé.
Il est à l'heure actuelle évident que les gouvernements en All
emagne comme en Pologne ne peuvent pas proposer de solutions
acceptables à la fois pour les deux parties. Il résulte de cette s
ituation que rien né se fait sur le plan pratique. Nous sommes à
un point mort dont il nous faudra bien sortir un jour. La ques
tion de savoir comment reste du domaine des hommes politiques.
Mais il n'est peut-être pas inutile de montrer que l'histoire nous
enseigne, à travers les erreurs passées, à tenter de mieux faire.
En tant qu'historien, nous avons la tâche d'expliquer impartiale
ment au public allemand comment ont évolué les rapports ge
rmano-polonais et nous contribuerons ainsi à faciliter la confront
ation et les négociations nécessaires. En Allemagne, comme pro-»
bablement en Pologne, ignorance et préjugés pèsent une
ombre sur les relations de nos deux peuples et le bût de notre
étude se trouve ainsi délimité : éclairer les faits historiques et
contribuer à faire disparaître la méconnaissance des événements.
Retracer l'histoire millénaire de la Pologne n'est guère possible
en quelques pages. Nous nous bornerons en conséquence à mettre
en relief ce qui est essentiel pour les rapports germano-polonais.
1°) D'abord il faut faire une première constatation : depuis son
entrée dans l'histoire, la Pologne a fait partie de l'Europe. Les
Polonais ont à chaque époque contribué grandement à la civilisa
tion européenne et ils ont défendu l'Europe contre les incursions
venant de l'Est et du Sud-Est. Plus précisément cette appartenanc
e à l'Europe doit être attribuée d'abord au fait que la Pologne
a opté pour l'Eglise catholique contrairement à ce qui s'est passé
en Bulgarie, en Roumanie, en Russie et chez les Serbes.
Grâce à l'écriture et à la langue latine qu'ils avaient adoptées,
les Polonais ont pleinement participé à tous les grands courants
artistiques et spirituels de l'Europe. Ce sont les Polonais qui ont
assuré la ligne de défense orientale de l'Europe. Alors que les
Magyars pouvaient encore pousser leur avance jusqu'au cœur de
l'Allemagne, les Mongols étaient arrêtés en Silésie par un duc
d'origine polonaise.
Les jugements partiaux et injustes nés de la fièvre nationaliste
du siècle dernier ont ignoré que l'étroite interdépendance de la
civilisation polonaise et de la civilisation des autres pays- euro
péens n'a jamais cessé d'exister. Il en est de même du rôle de dé-
■'"■
,,£) 250 P.-E. SCHRAMM
fense que la Pologne a joué pour l'Europe et qu'elle a rempli jus
qu'à une époque récente.
Quand les Russes menacèrent de bouleverser l'ordre dans la
région balte en 1588, ce furent les Suédois et les Polonais qui ar
rêtèrent encore une fois la poussée russe vers la mer Baltique.
L'état de choses créé par l'intervention suédo-polonaise devait du
rer un siècle et demi au nord de la Duna et deux siècles plus au
sud, dans la partie sous influence polonaise. Le résultat fut que
l'élément allemand a pu s'y maintenir jusqu'à la deuxième guerre
mondiale et que les Estoniens et les Lithuaniens purent rester liés
à l'Europe.
Parallèlement la Pologne a joué un rôle décisif dans la lutte
contre les Turcs qui, dès le XVF siècle, menacèrent l'Europe après
avoir subjugué les Balkans. Le point culminant de cette lutte con
tre les Turcs fut, en 1683, la libération de Vienne, alors assiégée,
par l'armée polonaise, sous son roi Jean Sobieski, et par une ar
mée de l'Empire.
2*) La Pologne a ceci de commun avec l'Allemagne qu'elle n'a
pas de frontières naturelles. L'Allemagne avait du moins cet avan
tage d'être limitée au nord par la mer Baltique et la mer du Nord
et par les Alpes au Sud. La Pologne disposait seulement sur les
Carpathes d'une ligne qui constituait, bien qu'imparfaitement,
une frontière naturelle. Vers le Nord, l'Est et l'Ouest, rien ne pou
vait donner aux Polonais un sentiment de sécurité. Vers l'Est, les
Polonais ont toujours été tentés de pousser plus loin leurs fron
tières, mais en même temps une forte poussée en sens contraire
s'est produite chaque fois qu'un voisin puissant s'affiimait et
cherchait à élargir son territoire aux dépens de la Pologne. Vers
l'Ouest, c'est-à-dire là où les Polonais faisaient face aux Allemands,
l'Oder a joué un rôle, mais pas celui de frontière. Le fleuve cons
tituait plutôt un lien entre les régions situées de part et d'autre.
Les Allemands avaient cet avantage d'être déjà installés sur les
côtes de la mer Baltique et ils poussèrent leur avance le long des vers le Mecklenbourg et la Poméranie. En conséquence, les
Polonais se sont vus coupés de la mer, vers laquelle pourtant ils
avaient pu se frayer provisoirement un chemin vers l'an 1000.
Entre les Polonais et la mer se trouvaient les Poméraniens, peu
ple ethniquement proche, mais jaloux de ses particularités et

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