Les rivages d Istanbul : des espaces publics au cœur de la mégapole
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Les rivages d'Istanbul : des espaces publics au cœur de la mégapole

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 Les rivages dIstanbul  : des espaces publics à part, au cœur de la mégapole.
Par Antoine Fleury, Agrégé de géographie Doctorant U.M.R. Géographie-cités 13, rue du Four 75006 PARIS
Résumé. Après des années d'aménagement fonctionnaliste, les rivages d’Istanbul tendent à s’affirmer comme des espaces publics de plus en plus fréquentés. Cette réappropriation est plus ou moins avancée selon les lieux. Formes et pratiques de l’espace public varient en fonction des aménagements exécutés et surtout, en fonction du contexte où ils s’inscrivent, révélant notamment la dualité de la répartition socio-spatiale. On peut dire néanmoins que les rivages acquièrent une place incontournable à l’intérieur d’une grande ville travaillée par la recomposition de ses centralités. Certains subissent des processus de marchandisation, d’autres sont le lieu d’une urbanité nouvelle. Dans tous les cas, le « désir de rivage » des citadins comme des acteurs publics, tout ambigu soit-il, transforme les rivages de manière inédite depuis un siècle.
Mots-clés. Appropriation, centralité, espaces publics, formes, marchandisation, pratiques spatiales, rivages, urbanité.
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Introduction.
Le Bosphore, la Corne d’Or et les côtes de la mer de Marmara donnent à l’agglomération d’Istanbul une configuration toute particulière, où les rivages occupent une place importante. Des années d’aménagement fonctionnaliste les ont transformés en voies de circulation rapide, en lieux peu attrayants. Cela n’a pas manqué d’accentuer la rupture entre les habitants et la mer, à l’intérieur d’une mégapole de plus de dix millions d’habitants. Considérer les rivages comme des espaces publics ne va donc pas de soi. La notion même est-elle pertinente, dans un contexte culturel relativement éloigné des modèles occidentaux qui l’ont vu naître ? Les relations entre les sexes, la limite public/privé, et plus généralement, les codes sociaux et la vision de l’espace divergent, même si des processus d’occidentalisation sont à l’œuvre. Enfin, d’autres lieux ont un caractère nettement plus central dans les pratiques spatiales des citadins, que ce soit les mosquées, les rues commerçantes, et plus récemment les centres commerciaux. Pourtant, certains rivages sont devenus des espaces très fréquentés par le public. Ils donnent lieu à une multitude de nouveaux usages par lesquels la ville change et se construit. Les acteurs publics visent désormais à corriger les erreurs commises par le passé. Si l’on considère les espaces publics au sens large, comme des espaces d’usage public, définis par les pratiques concrètes des citadins, ainsi que par leur triple rôle de mise en relation – entre les citadins, entre les lieux, entre les différentes échelles de la ville –, on peut bel et bien parler d’espaces publics pour les rivages d’Istanbul. Ceux-ci, et les espaces publics en général, sont au cœur des recompositions récentes de cette mégapole qu’est Istanbul, tout à la fois soumise à une croissance urbaine mal maîtrisée, à un accroissement de la mobilité, et à dans une certaine mesure, à la métropolisation. Jusqu’aux années 1980, les espaces publics ne sont que très ponctuels, hérités de l’histoire (1). Depuis lors, un retour aux rivages s’est engagé, donnant lieu à des formes et à des pratiques multiples, qui souvent, ne trouvent place qu’en ces lieux particuliers : promenades de la bourgeoisie et appropriations populaires1(2). La tendance actuelle est à la création d’autres espaces publics caractérisés par leurs ambiguïtés, entre marchandisation et urbanité (3). L’émergence de tous ces espaces publics ne peut se comprendre sans être replacée dans son contexte urbain. Tout d’abord, celui de la recomposition des centralités dans la ville (4). Et ensuite, celui des représentations de la ville : l’établissement de ces espaces publics est le fruit d’un « désir du rivage » vécu par les citadins (5), finalement instrumentalisé par les acteurs publics à des fins politiques notamment (6).
Vers une géographie des espaces publics d’Istanbul. Cette article2est le fruit d’un séjour de trois mois et demi à Istanbul (septembre-décembre 2002). Il a largement bénéficié de l’expérience de terrain des chercheurs de l’Institut Français d’Etudes Anatoliennes, en particulier de J.-F. Pérouse, et se fonde avant tout sur l’observation directe et participante, une méthode essentiellement qualitative, déjà éprouvée par d’autres sciences sociales (Chapoulie, 2000). L’obstacle de
1Voir la caricature de Tan ORAL, “Istanbulers”, présentée en première page. 2  Une autre version, plus synthétique, a été proposée au comité de rédaction de la revueGéographie et culturesen mai 2003.
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