Les services de prévention-sécurité à l épreuve du politique - article ; n°2 ; vol.24, pg 23-39
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Politiques et management public - Année 2006 - Volume 24 - Numéro 2 - Pages 23-39
On a assisté ces vingt dernières années à la formation de services
prévention-sécurité au sein des municipalités dans un contexte de politisation de l'insécurité dans les villes. Dès lors, on peut s'interroger sur la politisation de ces services : dans quelle mesure les contraintes politiques déterminent- elles leur fonctionnement quotidien ? La réponse à cette question fait apparaître que les agents de ces services agissent en contact régulier avec les élus et en tenant compte des contraintes du politique dans la prise de décision. Les résultats montrent également que ces agents s'investissent subjectivement dans la conduite des politiques, sortant dès lors de la stricte neutralité webérienne. Il nous semble cependant erroné de conclure à une politisation totale de leur activité dans la mesure où, d'une part, les acteurs politiques ne sont pas toujours en mesure de fixer des orientations suivies, d'autre part, ces acteurs valorisent également des identités et des façons de faire à distance du politique.
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2006
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jacques de Maillard
Les services de prévention-sécurité à l'épreuve du politique
In: Politiques et management public, vol. 24 n° 2, 2006. pp. 23-39.
Résumé
On a assisté ces vingt dernières années à la formation de services
prévention-sécurité au sein des municipalités dans un contexte de politisation de l'insécurité dans les villes. Dès lors, on peut
s'interroger sur la politisation de ces services : dans quelle mesure les contraintes politiques déterminent- elles leur
fonctionnement quotidien ? La réponse à cette question fait apparaître que les agents de ces services agissent en contact
régulier avec les élus et en tenant compte des contraintes du politique dans la prise de décision. Les résultats montrent
également que ces agents s'investissent subjectivement dans la conduite des politiques, sortant dès lors de la stricte neutralité
webérienne. Il nous semble cependant erroné de conclure à une politisation totale de leur activité dans la mesure où, d'une part,
les acteurs politiques ne sont pas toujours en mesure de fixer des orientations suivies, d'autre part, ces acteurs valorisent
également des identités et des façons de faire à distance du politique.
Citer ce document / Cite this document :
de Maillard Jacques. Les services de prévention-sécurité à l'épreuve du politique. In: Politiques et management public, vol. 24
n° 2, 2006. pp. 23-39.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pomap_0758-1726_2006_num_24_2_2318SERVICES DE PREVENTION-SECURITE A L'EPREUVE DU POLITIQUE LES
Jacques de MAILLARD*
Résumé On a assisté ces vingt dernières années à la formation de services
prévention-sécurité au sein des municipalités dans un contexte de politisation
de l'insécurité dans les villes. Dès lors, on peut s'interroger sur la
de ces services : dans quelle mesure les contraintes politiques déterminent-
elles leur fonctionnement quotidien ? La réponse à cette question fait
apparaître que les agents de ces services agissent en contact régulier avec
les élus et en tenant compte des contraintes du politique dans la prise de
décision. Les résultats montrent également que ces agents s'investissent
subjectivement dans la conduite des politiques, sortant dès lors de la stricte
neutralité webérienne. Il nous semble cependant erroné de conclure à une
politisation totale de leur activité dans la mesure où, d'une part, les acteurs
politiques ne sont pas toujours en mesure de fixer des orientations suivies,
d'autre part, ces acteurs valorisent également des identités et des façons de
faire à distance du politique.
* Université de Rouen / PACTE-Sciences Po Grenoble.
Revue POLITITQUES ET MANAGEMENT PUBLIC, Volume 24, n° 2, juin 2006.
© Institut de Management Public - 2006. 24 Jacques de MAILLARD
Sous l'effet de la politisation de l'insécurité depuis la fin des années 70, les
municipalités ont déployé toute une série de moyens d'actions, dont la
généralisation des services municipaux dits de " prévention-sécurité "
constitue une expression emblématique. L'insécurité (c'est-à-dire la
combinaison entre la pression chiffrée de la délinquance et le sentiment
d'insécurité de la population) apparaît, en effet, comme enjeu politique à la fin
des années 70 (Roche, 1993). Depuis, même s'il ne s'agit en aucun cas d'un
mouvement linéaire et homogène sur tout le territoire national, on peut dire
que la sécurité s'est politisée localement d'une triple manière : d'abord, il
s'agit d'un enjeu local sur lequel les différents partis politiques et candidats
aux mandats municipaux se confrontent ; c'est ensuite un problème d'action
publique sur lequel les collectivités locales interviennent de façon croissante ;
enfin, c'est une question sociale fortement investie symboliquement et
" émeutes " ou tensions sociales émotionnellement, les différentes " crises ",
moins spectaculaires, exerçant une pression sur les formes du vivre
ensemble (Ferret et Mouhanna, 2005).
Dans ce contexte, on a assisté ces dernières années, à une montée en
puissance de services aux intitulés divers (service prévention-sécurité,
délégation tranquillité publique, direction sécurité...) qui traduisent la prise en
charge par les villes des questions de sécurité et de prévention. Contraintes
pour certaines, impliquées de façon volontariste pour d'autres, la plupart des
villes de plus de 50 000 habitants sont aujourd'hui dotées de services - de
tailles variables - en charge des questions de sécurité et de prévention. Ces
services se sont développés en englobant les services de police municipale
ou parallèlement à eux. Ils sont composés d'agents aux statuts divers
(fonctionnaires ou contractuels), en charge de la gestion des dispositifs de
concertation qui se sont fortement diffusés en matière de gestion de
l'insécurité ces dernières années (que ce soit sous la forme des contrats
locaux de sécurité ou des conseils locaux de sécurité et de prévention de la
délinquance). Ces services sont constitués de façon hétérogène en fonction
des municipalités, leurs missions leurs compositions et leurs rattachements
variant sensiblement en fonction des sites. On peut ainsi distinguer quatre
positionnements différents des responsables prévention-sécurité dans les
municipalités : à proximité du cabinet du maire sans affectation hiérarchique
particulière, à la tête d'un service spécialisé sur les questions de prévention
et sécurité, à la tête d'une direction plus générale incluant les questions de
prévention et sécurité, inclus dans une direction globale (incluant, selon les
cas, des services jeunesse, développement social urbain, etc.). Ces
rattachements différents sont significatifs de la visibilité et de la place plus ou
moins importante accordée aux questions de prévention sécurité dans les
organigrammes municipaux et de proximité variable au politique qui en
découle (Bailleau, Faget, de Maillard et Pattegay, 2005).
Ces positionnements différents n'empêchent pas que ces agents aient bien
souvent des missions relativement similaires : ils ont en charge des missions
de coordination (tant interne qu'externe à la municipalité) autour des enjeux
de sécurité. La multiplicité des acteurs inclus dans le champ des politiques de
prévention et sécurité est patente : police nationale, magistrats du siège et du
parquet, police municipale, organismes HLM, transporteurs, élus, services
municipaux, travailleurs sociaux, etc. Devant cette multiplicité d'inves
tissements, bien souvent guidés par des préoccupations différentes et des Les services de prévention-sécurité à l'épreuve du politique 25
rationalités dissemblables, se pose fortement la question de l'ajustement
entre ces différentes organisations et logiques d'intervention. Aussi, on ne
sera pas étonné qu'au cœur de ces nouvelles fonctions soit posée la
question de la coordination entre de multiples acteurs. Le souhait ici n'est pas
de comprendre la gouvernance locale de la sécurité, ce que nous avons déjà
eu l'occasion de faire ailleurs (de Maillard, 2005b), il est d'interroger comment
le gouvernement de la sécurité dans les municipalités est soumis aux
pressions du politique, ou, plus précisément, comment les professionnels en
charge de l'élaboration et de la mise en œuvre des politiques de sécurité sont
influencés, voire déterminés par les contraintes politiques. L'autre objectif est
de comprendre, en retour, comment ces professionnels contribuent à donner
du sens à la production des décisions publiques.
Notre interrogation empirique retrouve de ce point une tradition importante de
recherche, dans la mesure où la question des relations entre bureaucrates et
politiques (sous le double aspect de la participation des à la
prise de décision et des pressions politiques sur l'exercice des fonctions
techniques ou administratives) constitue l'un des grands classiques de la
science politique, récemment réactivé dans la recherche internationale
(RFAP, 1998 ; Rhodes & Weller, 2001 ; Peters & Pierre, 2004). En Fra

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