Les tendances nouvelles de la politique extérieure hongroise - article ; n°1 ; vol.2, pg 11-27
18 pages
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Description

Politique étrangère - Année 1937 - Volume 2 - Numéro 1 - Pages 11-27
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1937
Nombre de lectures 14
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Gustave Gratz
Les tendances nouvelles de la politique extérieure hongroise
In: Politique étrangère N°1 - 1937 - 2e année pp. 11-27.
Citer ce document / Cite this document :
Gratz Gustave. Les tendances nouvelles de la politique extérieure hongroise. In: Politique étrangère N°1 - 1937 - 2e année pp.
11-27.
doi : 10.3406/polit.1937.5577
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1937_num_2_1_5577LES TENDANCES NOUVELLES
DE LA POLITIQUE EXTÉRIEURE HONGROISE
Au temps de la dualité constitutionnelle de la monarchie austro-hong
roise, la politique extérieure hongroise était conduite en collaboration
avec l'Autriche. Pour cela il fallait que les intérêts particuliers de la Hongrie
fussent en harmonie avec ceux de l'Autriche. Le rôle de grande puissance
de l'Empire austro-hongrois dépendait de l'harmonie de cette politique;
la Hongrie avait par conséquent le même intérêt que l'Autriche à poursuivre
une politique extérieure commune. Il en résultait pour les deux pays
l'obligation de prendre en considération des intérêts qui ne les touchaient
pas directement, mais qui étaient primordiaux pour leur partenaire :
ainsi la Hongrie se devait de défendre les frontières autrichiennes du
Tyrol du sud, de l'Istrie, etc.. contre l'Italie, tandis que l'Autriche était
obligée de défendre les frontières hongroises de Croatie contre la Serbie,
et celles de Transylvanie contre la Roumanie. Après la grande guerre,
l'Autriche et la Hongrie, même si elles avaient conservé leur unité, n'au
raient pas gardé leur rôle de grande puissance, et leur politique commune
aurait perdu sa raison d'être. Par conséquent, après la séparation des deux
pays, la Hongrie dut réorganiser complètement sa politique extérieure,
en ne prenant plus en considération que ses intérêts propres. Il existait
par ailleurs d'autres raisons qui rendaient cette réorganisation inévitable.
l' Autriche-Hongrie furent détrônés pendant ou Les anciens alliés de
après la guerre et le rapport des forces européennes subit une transfor
mation fondamentale. Il ne pouvait plus être question d'équilibre entre
deux groupes d'Etats européens, car les États de l'Entente, la France en
particulier, exerçaient sur tout le continent une influence prédominante;
de même, au sein de l'Entente, la situation s'était profondément modifiée
du fait que la Russie fut bouleversée par une révolution dont le résultat,
le bolchevisme, fut combattu avec une extrême violence par les puissances
occidentales. Du point de vue hongrois cette révolution russe constituait
un événement de première importance : heureusement, la Russie avait
rompu avec l'Entente avant la fin de la guerre, car si elle avait participé
aux conférences de la paix les résultats auraient peut-être été plus désas- 12 LES TENDANCES NOUVELLES DE LA
treux encore pour la Hongrie. Cependant cette révolution, qui détachait
la Russie de l'Entente, présentait un autre danger pour la Hongrie : les
idées bolchevistes avaient la même tendance à se propager que les idées
panslaves d'autrefois et constituaient par là un danger d'une autre
nature sans doute, mais d'une égale gravité.
De plus, la situation créée par la guerre mettait la Hongrie en face de
nombreux problèmes. Le germe de nouveaux conflits internationaux
apparaissait à la fois dans les territoires qui autrefois faisaient partie de
l'Empire austro-hongrois, et dans les Etats avoisinants. Avant la guerre
déjà, la mésintelligence qui régnait entre les différentes nationalités
coexistant en Autriche et en Hongrie avait soulevé de grosses et multiples
difficultés. Mais, aussi longtemps qu'avait duré l'unité des deux pays,
ces problèmes étaient restés dans le domaine de la politique intérieure. Ils
contribuaient, il est vrai, à l'affaiblissement de la monarchie et présentaient
de ce fait un certain caractère international, mais leurs répercussions
restaient internes et ils ne risquaient pas encore de provoquer des diff
icultés internationales.
Il en fut autrement après les traités de paix qui entraînèrent la dislocation
de l'Empire austro-hongrois, le terrible démembrement de la Hongrie, la
création d'un nouvel État, la Tchécoslovaquie, et l'agrandissement consi
dérable de la Roumanie et de la Yougoslavie. Dans ce nouvel état de choses
chaque conflit entre ces différents peuples devenait un problème interna
tional. Dès le début, il fallait compter — et de nombreux hommes d'Etat
français l'avaient prévu clairement — avec le danger de voir apparaître en
Europe Centrale, à la suite du partage de l'Empire austro-hongrois des
situations analogues à celles qui firent autrefois donner le surnom de
« tonneau de poudre » à la péninsule balkanique. Il était à craindre que
chacun des nouveaux États s'emploierait à renforcer sa position par une
alliance avec une des grandes puissances, comme cela s'était produit autre
fois dans les Balkans, où chaque pays avait son protecteur d'importance,
et chaque protecteur ses protégés particuliers. Il en résultait que l'Europe
Centrale aussi était devenue un foyer de guerres. Le moindre différend
entre deux pays danubiens pouvait entraîner dans un conflit général l'e
nsemble des grandes puissances et vice versa. Les traités de paix avaient,
en fait, provoqué cette « balkanisation de l'Europe Centrale » dont on se
plaisait à parler à la fin de la guerre et qui créait une situation également
dangereuse pour les Etats du bassin danubien et pour la paix euro
péenne. Un devoir nouveau s'imposait à la politique hongroise : la
prochaine révision des traités. La Hongrie ne s'était jamais accom
modée de l'état de chose créé par la paix telle qu'on la lui avait imposée.
Le traité ?n'avait pas encore été signé | que tous les Hongrois étaient EXTÉRIEURE HONGROISE 13 POLITIQUE
convaincus de la nécessité d'une révision prochaine. Le Hongrois possède,
en effet, à un degré très élevé, la capacité de penser et de sentir selon la
tradition historique. Le passé millénaire de son pays n'est pas seulement
pour lui une réminiscence des livres d'école, mais un sentiment vivant
qui influence nettement sa façon de raisonner. Cet état d'esprit historique
manque à l'Autrichien moyen, c'est pourquoi il a été plus facile à celui-
ci de s'habituer à la nouvelle situation, qu'au Hongrois qui a toujours
considéré comme un devoir sacré de conserver entier le patrimoine de
ses ancêtres. Il comprit dès le premier moment que le but suprême de la
politique extérieure magyare devait être le suivant : préparer et exécuter
la révision du traité de Trianon. Le caractère sentimental de la politique
hongroise a fait que l'on a toujours fait naître l'occasion qui entretenait la
psychose du deuil national et qui maintenait l'espoir de la [renaissance
d'une plus grande Hongrie.
Les deux voies de la politique extérieure hongroise
Deux possibilités se présentaient dès le début à la Hongrie : elle pouvait
essayer de trouver un accord avec ses voisins ; elle pouvait rechercher
l'appui d'une grande puissance, au cas où un conflit éclaterait avec un de
ses voisins. La Hongrie aurait pu s'engager de suite dans la première voie,
mais les conditions psychologiques n'y étaient guère favorables. L'autre
voie correspondait davantage aux sentiments du peuple magyare ; mais elle
nécessitait l'isolement total de la Hongrie pendant plusieurs années, afin
qu'elle pût trouver auprès d'une grande puissance la compréhension de
son attitude hostile à la situation créée par les traités de paix, et de sa
demande de révision. Au total chacune des deux tendances avait ses par
tisans et ses arguments.
Ceux qui étaient partisans d'une alliance entre les Etats danubiens
partaient d'un point de vue pessimiste : ils craignaient que la Hongrie,
isolée, repliée sur elle-même, entourée d'ennemis et ne pouvant compter
sur l'appui amical d'aucun voisin puissant, courût, en cas de conflit avec ses
voisins, un danger d'autant pl

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