Pour Moscou, Le chemin de Damas passe par Groznyï
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Pour Moscou, Le chemin de Damas passe par Groznyï. La politique russe conçernant la Syrie se préoccupe peut-être plus de Groznyï que de Tartous. Les critiques et les analystes, en Occident, ont déjà tout dit sur l'obstruction russe au Conseil de Sécurité relative à la crise humanitaire syrienne pour laquelle il ne semble y avoir aucune lumière au bout du tunnel. Depuis le début du "soulèvement" armé en Syrie, vingt mois se sont passés, on se demande si le seul intérêt russe à soutenir le régime faiblissant de Bashar al-Assad n'est pas de protéger sa seule base navale, en mer chaude, de Tartous, unique facilité navale de ce genre en dehors de l'ancienne sphère soviétique et fournisseurs essentiels d'armes légères, d'artillerie et autres matériels militaires à la Syrie. Quoi qu'il en soit, ils savent très bien que les dictateurs à la recherche d'armement vont et viennent dans l'histoire de la guerre froide et que les contrats maritimes peuvent toujours se renégocier avec les régimes qui se succèdent. Ce qui est crucial, pour le gouvernement de Vladimir Poutine, c'est la politique privilégiée des affaires intérieures d'une nation état. Les "Siloviki", sobriquet russe des élites dirigeantes se souviennent du chaos des années 90 et la perte brève mais si douloureuse à leur ego, de ce qui devint un état chètchène quasi- indépendant dans le nord du Caucase.

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Publié le 13 décembre 2012
Nombre de lectures 69
Langue Français

Extrait

Pour Moscou, Le chemin de Damas passe par Groznyï.
La politique russe conçernant la Syrie se préoccupe peut-être plus de Groznyï que de Tartous. Les critiques et les
analystes, en Occident, ont déjà tout dit sur l'obstruction russe au Conseil de Sécurité relative à la crise humanitaire
syrienne pour laquelle il ne semble y avoir aucune lumière au bout du tunnel.
Depuis le début du "soulèvement" armé en Syrie, vingt mois se sont passés, on se demande si le seul intérêt russe à
soutenir le régime faiblissant de Bashar al-Assad n'est pas de protéger sa seule base navale, en mer chaude, de
Tartous, unique facilité navale de ce genre en dehors de l'ancienne sphère soviétique et fournisseurs essentiels
d'armes légères, d'artillerie et autres matériels militaires à la Syrie. Quoi qu'il en soit, ils savent très bien que les
dictateurs à la recherche d'armement vont et viennent dans l'histoire de la guerre froide et que les contrats maritimes
peuvent toujours se renégocier avec les régimes qui se succèdent.
Ce qui est crucial, pour le gouvernement de Vladimir Poutine, c'est la politique privilégiée des affaires intérieures d'une
nation état. Les "Siloviki", sobriquet russe des élites dirigeantes se souviennent du chaos des années 90 et la perte
brève mais si douloureuse à leur ego, de ce qui devint un état chètchène quasi-indépendant dans le nord du Caucase.
Boris Ieltsine affaibli, est obliger de négocier en août 1996, avec le chef nationaliste chètchène Aslan Maskhadov et
de signer les accords de paix à Khasavyourt au Daguestan. Signature à laquelle il remédiera en lançant la seconde
guerre russo-chètchène à l'automne de 1999. Poutine arrivait au pouvoir grâce à cette ré invasion de la chètchènie en
exploitant la crise d'autorité de la fédération russe à son immense avantage, il y est toujours aujourd'hui.
Une Russie renouvelée économiquement et politiquement sous le duo rotatif Poutine Medvedev, soutenue par de
copieuses ventes d'énergie en Europe et de métaux à la Chine trouvait le moyen de "perdre" Saddam et Kadhafi
durant la tenue du duo. Ils se sont dits que la Syrie d'Assad, bon vieux client de la Russie depuis l'ère soviétique, ne
serait pas une autre pièce de domino dans l'odieuse machination mise au point par les occidentaux sous les veneurs
jumeaux de l'intervention humanitaire et de l'internationalisme libéral, concepts qui rendent les siloviki extrêmement
sceptiques.
En dépit des coups significatifs portés par la vengeance des Chètchènes aussi loin au nord qu'à Moscou, secouée
périodiquement par des bombardements suicide, le Kremlin est parvenu à prévenir toute intervention extérieure
imposée en Chètchènie.
L'approche abstraite des puissances occidentales a laissé les forces terrestres russes et ses alliés chètchènes,
pratiquer une politique de terre brûlée y compris la pulvérisation de la capitale Groznyï, ce qui ne manque pas de
ressembler à la punition collective infligée par le régime d'Assad dans certains quartiers de Homs, Alep, Idlib et
Daraa.
Assad et son frère, le vindicatif Maher ont, sans surprise, utilisé une artillerie russe identique ou similaire à celle
utilisée à Groznyï contre la population
Sous Poutine, les Russes et les autorités locales ont supprimé avec succès l'accès de la presse dans la république
chètchène, au point ou elle fut largement oubliée par l'Ouest, reléguée au chaos des années 90. Durant la gestion
d'ivrogne de Ieltsine en 1994-1996, les journalistes occidentaux passèrent amok et rapportèrent la catastrophe
humanitaire librement. Quand Poutine frappa à nouveau les rebelles trois ans plus tard, un de ses soucis principaux
fut, après la mauvaise gestion des guerres antérieures, de contrôler l'accès au front des médias à tous les niveaux
possibles.
Assad, ayant, au départ le sentiment que les puissances occidentales jouaient contre lui, a laissé deux options à la
presse occidentale, fort réminiscente de la partition de Poutine, soit accepter les tours de piste orchestrées par le
régime ou risquer la mort en entrant illégalement, avec les bandes erratiques de rebelles, sur son territoire. Poutine et
Assad, par leurs tactiques contre insurectionnelles, à la fois anarchiques et brutales obtinrent un résultat similaire. Ils
ont miné les commandements des rebelles nationaux et confinés les guerriers islamistes et djihadistes les plus
virulents.
Pour éliminer toute évidence visuelle de la démolition de Grosnyi, Moscou s'est lancé dans sa reconstruction à toute
vitesse. Mais tandis que le Kremlin y remet la main en sachant qu'il y avait défait l'ensemble de l'insurrection, elle
s'est décentralisée, partout, loin, dans toute la région. La Russie s'est attaquée sans répit, avec un effet létal, au
nationalisme ethnolinguistique chètchène. Le résultat de cette politique s'incarne dans une insurrection bien plus large
qui se donne le nom d'Emirat du Caucase, dirigé par l'ambitieux commandant islamiste appelé "Emir" Doku Umarov.
Si le Kremlin a écrasé le rêve d'un état chètchène, il a aussi donné naissance à l'ambition d'un état islamique qui
s'étendrait des rives de la Caspienne à celles de la Mer Noire.
En Syrie, aujourd'hui, la rébellion a commencé avec des hommes qui proclamaient leur combat pour une nouvelle
Syrie libérée de la dictature bathiste et qui doivent de plus en plus partager le chant de bataille avec des éléments qui
prétendent installer un état islamique dans une Syrie traditionnellement pluraliste.
La Russie, après des décades de lutte contre des insurrections islamistes bien financées en Afghanistan et en
Chetchènie pense que les faiseurs politiques occidentaux sont naïfs à propos de la dynamique politico-religieuse dumonde musulman et que la Russie et l'Occident auront tous deux à faire face l'imprévisibilité des réactionnaires
salafistes et djihadistes issus du printemps arabe.
La Russie et la Chine dans leurs empires, essentiellement continentaux, souffrent depuis toujours de périphéries peu
sures, constellées de minorités irrédentistes aux mouvements nationalistes récurrents. Ces deux nations n'inclinent
en aucune manière à acquiescer aux initiatives d'intervention occidentale, quelle qu'elles soient.
Pour les observateurs, Moscou et Beijing semblent montrer de la solidarité avec leurs pairs en autoritarisme ou
craignent simplement la perte d'intérêts économiques établis depuis longtemps, quoi qu'il en soit, ils se voient comme
les défenseurs du précepte infaillible de la souveraineté nationale contre la menace perceptible des projets
d'intervention international avec un œil sur leurs propres colonies telles la Chètchènie et le Tibet. Préserver le statut
quo en Syrie est devenu une de leurs "lignes rouges".
C'est Poutine, le premier gouvernant mondial à avoir téléphoné à George W Bush après les attaques du 9/11/2001 à
New York pour manifester ses regrets. Les Russes étaient pressés de donner de la substance à leur intervention
contre les séparatistes dans le Caucase, dans la perspective d'une "guerre totale" contre la terreur. Par la suite, les
Etats-Unis tempérèrent fortement leurs critiques sur les tactiques brutales de la Russie en Chètchènie en échange de
sa coopération avec sa nouvelle guerre globale.
La Russie cherche à interdire toute forme d'intervention militaire, partout, dans son ancienne sphère d'influence, avec
actuellement la Syrie comme intérêt principal. La Chine a suivi avec sa position politique de non-intervention en Syrie,
indiquant ainsi son anxiété à propos de Taiwan et du Tibet.
Les effets délétères des deux guerres chètchènes se reflètent dans les annonces de ses agences de presse, en
Syrie, jusqu'au aujourd'hui, avec des rapports non-vérifiés de la présence de combattants chètchènes sur la ligne de
front. Depuis des années, le gouvernement russe propage l'idée des la dangerosité des éléments chètchènes
présentés comme les plus dangereux et les plus dispersés des djihadistes transnationaux.
Les généraux pakistanais racontent des histoires de cadavres chètchènes identifiés lors des opérations contre
insurrectionnelles au Nord-Waziristan et les Marines américains croient s'être battus contre des nationaux chètchènes
dans le gouvernorat d' al-Anbar en Irak, le cliché d'une guerre sans frontières de guerriers chètchènes

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