Réflexions sur la force multilatérale - article ; n°1 ; vol.30, pg 45-74
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Description

Politique étrangère - Année 1965 - Volume 30 - Numéro 1 - Pages 45-74
30 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1965
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Eugène Hinterhoff
Réflexions sur la force multilatérale
In: Politique étrangère N°1 - 1965 - 30e année pp. 45-74.
Citer ce document / Cite this document :
Hinterhoff Eugène. Réflexions sur la force multilatérale. In: Politique étrangère N°1 - 1965 - 30e année pp. 45-74.
doi : 10.3406/polit.1965.2252
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1965_num_30_1_2252RÉFLEXIONS SUR LA FORCE MULTILATÉRALE
Aucun problème, depuis la crise de Suez en 1956, n'a divisé
aussi profondément l'Alliance Atlantique que le projet d'une
flotte à équipages multinationaux, couramment appelée dans
un souci de brièveté, M.L.F.
Conçu suivant les termes de Lord Kennet à l'Assemblée de
l'Union de l'Europe Occidentale à Paris, en décembre 1964
« par un petit groupe de théoriciens et de fonctionnaires des
« Etats-Unis, hommes d'une très haute intelligence, mais
« dépourvus de toute expérience militaire et de ce type d'ex-
« périence politique qui seul nous permet de pénétrer au
« cœur des dures réalités », ce projet est devenu une sorte de
pari qui, s'il est perdu, peut briser l'OTAN irrémédiablement
et risque, s'il est gagné, de déformer la structure de l'Alliance.
Malgré l'art consommé de « vendeurs » déployé par les en
voyés du gouvernement américain, l'accueil que les alliés des
Etats-Unis ont réservé au projet n'a été rien moins qu'enthous
iaste ; sept des membres de l'OTAN ont purement et sim
plement décliné l'invitation et les sept autres ont, tout en
l'acceptant, soulevé de nombreuses objections. Parmi eux
la Turquie devait par la suite annoncer son refus tandis que
la Grande-Bretagne ne s'y ralliait qu'après une longue discus-
siaon entre le Ministère de la Défense et le Foreign Office.
D'autre part, et en dépit de tout ce qu'ont pu dire ses au
teurs sur la contribution que la M.L.F. ne manquerait d'ap
porter à la cohésion de l'Alliance, certains des membres de
celle-ci, et, en particulier la France, soupçonnent le projet de
s'inscrire dans le cadre d'un plan machiavélique visant à isoler
de Gaulle, dont l'attitude, on le sait, cause beaucoup de soucis
au Département d'Etat. 46 EUGÈNE HINTERHOFF
Dans un article intitulé : « Les Etats-Unis après Nassau »,
paru dans le Reporter du 23 mars 1963, le professeur H. Kis
singer écrit :
« Une tentative d'isoler la France en organisant les rapports
« dans le domaine nucléaire de telle manière que l'Allemagne
« Occidentale se verrait attribuer un rôle prépondérant en
« Europe risque de faire craquer tout l'édifice de la solidarité
« européenne et atlantique et de troubler la stabilité intérieure
« en Allemagne même ».
En effet, le problème toujours ouvert de la réunification et
les revendications territoriales de l'Allemagne rendent extr
êmement dangereux pour la cohésion de l'OTAN n'importe quel
projet qui tendrait à assurer à une influence
majeure dans le système d'armements envisagé.
Au demeurant, la tension s'étant atténuée grâce au Traité
de Moscou, aux efforts des grandes puissances et à l'attitude
moins menaçante que l'Union Soviétique, la nécessité d'un
nouveau système d'armements n'est pas très évidente ; ind
épendamment de son coût astronomique, le moment choisi
pour le proposer ne paraît pas non plus très opportun.
L'idée de la M.L.F. a été officiellement lancée à la suite de
la conférence de Nassau, en décembre 1962. Celle-ci avait eu
lieu peu après le refus de de Gaulle d'admettre la Grande-Bre
tagne dans le Marché Commun et quelques jours avant la
signature du traité franco-allemand, en janvier 1963. De plus,
la présentation du projet a presque coïncidé avec le message
du Président Johnson à la Conférence du désarmement des
Nations Unies à Genève, par lequel il proposait, dans un plan
en cinq points, de geler les moyens de lancement des armes
nucléaires.
Enfin, il est difficile d'échapper à l'impression que l'initia
tive dont il s'agit est le fruit d'un malentendu, d'une erreur
d'interprétation quant au caractère des revendications de
l'Allemagne dans lé domaine atomique : celle-ci, af f irme-t-on ,
demanderait à « participer » à la maîtrise des armes stratégi- la m;l.f. 47
ques, alors que toutes ses revendications portent sur une maît
rise accrue de l'armement tactique.
Il est avéré qu'avant que les Américains n'aient présenté leur
projet de M.L.F., les Allemands ne s'étaient jamais avisés de
réclamer une participation quelconque. C'est un de leurs
hommes les plus qualifiés qui l'affirme, à savoir l'ancien mi
nistre de la Défense, M. Josef Strauss. Au cours d'une confé
rence de presse, tenue à Bonn en présence de 80 journalistes,
le 1er décembre 1964, celui-ci déclarait solennellement que
l'Allemagne de l'Ouest n'éprouvait ni le désir ni la nécessité
de participer à la maîtrise de l'arme nucléaire. C'est encore
M. Strauss qui, dans une lettre au directeur de l'hebdomadaire
Welt am Sonntag, toujours en décembre 1964, manifestait
des doutes sérieux quant à l'efficacité du soutien que la M.L.F.
pourrait apporter à l'OTAN, ajoutant que le projet lui-même
risquait, s'il était réalisé, de détruire toute la structure de
l'OTAN.
Or, il faut avoir présent à l'esprit que, du temps où il était
ministre de la Défense, M. Strauss discutait ferme avec les
Américains sur les détails techniques d'un système de maîtrise
à « double clé » de diverses armes atomiques tactiques four
nies en nombre croissant à la Bundeswehr, suivant les instruc
tions d'un document ultra-secret (MC-70) émanant du groupe
permanent de l'OTAN au début de 1958 ; ces faits ont été
révélés par M. Strauss lui-même dans un article « Armements
atomiques et Bundeswehr» paru dans la Revue Militaire Gé
nérale, en mai 1962. M. Strauss, dans cet article, réclamait
qu'on levât toute interdiction à l'armement de la Bundeswehr
en armes atomiques tactiques, de manière à placer celle-ci sur
un pied d'égalité totale avec les autres armées de l'OTAN, aux
côtés desquelles elle serait éventuellement appelée à combatt
re. Entre temps, en août 1960, avait paru le fameux memo
randum des généraux allemands : Die Voraussetzungen einer
wirksamer Verteidigung (« Les conditions d'une défense
efficace ») réclamant un traitement égalitaire pour la Bun
deswehr en matière d'armement atomique tactique ; quelques 48 EUGÈNE HINTERMOFF
jours après la parution de celui-ci, le gouvernement de Bonn,
dans un communiqué officiel, avait fait savoir qu'il était
entièrement d'accord avec son contenu.
Revenons maintenant à notre sujet. Le professeur H. Kis
singer écrit dans l'article cité :
<( Pour l'instant, et au moins jusqu'à la fin de la prochaine
« législature en. 1969, rien ne montre l'existence en Allemagne
«d'une pression quelconque concernant la mise en œuvre
« d'un programme national d'armes nucléaires. Les choses
<( peuvent néanmoins changer, après que la force multilaté-
« raie aura éveillé les appétits »,
M. F. Mulley, ancien porte parole du groupe travailliste sur
les problèmes de la défense, et actuel secrétaire à la Guerre
en Grande-Bretagne, écrit dans un article paru dans la revue
américaine Orbis (printemps 1964) sous le titre : « Les pro
blèmes nucléaires de l'OTAN » :
« Les réactions des Allemands à la proposition américaine
de participer à la M.L.F. manquaient d'enthousiasme et leur
acceptation n'a été due qu'au désir de ne pas offenser les Etats-
Unis. Fait paradoxal, les Etats-Unis ont proposé la M.L.F.
parce qu'ils estimaient que les Allemands désiraient quelque
chose de ce genre, et les Allemands l'ont acceptée pour faire
plaisi

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