Renforcement de l OTAN : le rôle de l Europe - article ; n°2 ; vol.51, pg 545-558
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Description

Politique étrangère - Année 1986 - Volume 51 - Numéro 2 - Pages 545-558
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 42
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Bernard W. Rogers
Renforcement de l'OTAN : le rôle de l'Europe
In: Politique étrangère N°2 - 1986 - 51e année pp. 545-558.
Citer ce document / Cite this document :
Rogers Bernard W. Renforcement de l'OTAN : le rôle de l'Europe. In: Politique étrangère N°2 - 1986 - 51e année pp. 545-558.
doi : 10.3406/polit.1986.3589
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1986_num_51_2_3589POLITIQUE ÉTRANGÈRE I 545
DOCUMENTS
Général W. ROGERS Bernard * Renforcement de l'OTAN
le rôle de l'Europe **
On assiste dans tous les pays de l'Alliance de part et
d'autre de l'Atlantique à une prise de conscience du fait
que notre dispositif de sécurité rencontre des difficultés
majeures et que nous devons unir les potentialités de nos pays
démocratiques pour résoudre collectivement ces difficultés. La
contribution des membres européens de l'OTAN dans leur
propre défense est déjà considérable ; leur contribution supplé
mentaire aux très importants programmes de modernisation et
d'amélioration de l'OTAN est vitale. Toutefois, la plus grosse
difficulté qui se présente à nous — et « nous » en l'occurrence
englobe tous ceux qui assument une part des responsabilités
politiques et militaires de l'Alliance — consiste à convaincre nos
populations qu'une menace pèse bel et bien sur leurs libertés,
que l'on peut y trouver une solution, que si nous dépensons
avec discernement, nous aurons les moyens de prévenir toute
agression et qu'en consentant dès maintenant des sacrifices
financiers, nous pourrons éviter des dépenses beaucoup plus
lourdes à l'avenir. Je me propose de vous exposer les efforts
réalisés au sein du Commandement allié en Europe (CAE) pour
résoudre ces difficultés, — ainsi que d'autres — en soulignant
spécialement le rôle qu'à mon sens l'Europe peut jouer à cet
égard.
* Commandant suprême des Forces alliées en Europe et commandant en chef
des Forces américaines en Europe.
** Conférence prononcée devant l'Institut français des relations internatio
nales, à Paris, le 18 février 1986. 546 I POLITIQUE ÉTRANGÈRE
La menace
Tous les pays de l'Alliance sont confrontés à une menace
commune issue de l'inexorable montée en puissance des forces
militaires soviétiques et du pacte de Varsovie. Du point de vue
quantitatif, le déséquilibre militaire entre l'OTAN et le Pacte
est au moins de 2 à 1 en faveur de ce dernier ; il est supérieur
à ce chiffre dans la plupart des domaines et l'écart se creuse
d'année en année. Du point de vue qualitatif, l'Union soviéti
que a, depuis 1970, élaboré et mis en service plus de 150
systèmes d'armes nouveaux ou modifiés d'importance majeure
et de tous types. Cette évolution reflète les progrès graduels et
constants qui ont permis l'amélioration considérable des nou
veaux systèmes d'armes soviétiques dans les domaines du rayon
d'action, de la vitesse, de la précision et de la charge utile.
Nombre de leurs systèmes égalent et, dans certains cas, dépas
sent les capacités des armes occidentales. Rappelez- vous qu'en
1973, le pacte de Varsovie ne possédait pas d'hélicoptères
d'attaque. Aujourd'hui, non seulement les hélicoptères d'atta
que du Pacte surclassent nettement en nombre ceux de
l'OTAN, mais les Soviétiques ont mis en service l'hélicoptère le
plus fortement armé du monde — le Hind — dont la perfo
rmance en vol rivalise avec celle des meilleurs hélicoptères
occidentaux. Dans un domaine longtemps considéré comme un
point faible des forces du Pacte — le transport stratégique — ,
les Soviétiques viennent de mettre en service un avion de
transport géant, le CONDOR AN- 124, qui détient le record
mondial en matière de capacité d'emport. Manifestement, l'épo
que est révolue où nous pouvions nous consoler à l'idée que les
avantages qualitatifs de l'Occident pouvaient compenser la supér
iorité quantitative des Soviétiques. Mais cela ne signifie null
ement que les forces de l'OTAN n'ont pas été modernisées et
améliorées du point de vue de la valeur combative. Elles le
sont, bien évidemment, mais ce qui me préoccupe, c'est la
courbe ascendante de la modernisation des forces soviétiques.
Cependant, ce n'est pas seulement l'accroissement et le perfe
ctionnement du matériel militaire qui me dérangent. Nous cons
tatons également que le pacte de Varsovie continue d'améliorer
sa doctrine opérationnelle offensive et de donner à ses forces
une instruction de caractère nettement offensif. Il est clair que
les chefs militaires soviétiques — s'ils choisissaient d'attaquer —
cherchent les moyens de bousculer rapidement les positions
défensives de l'OTAN et de mener à son terme une
guerre en Europe avant que l'Occident n'ait le temps d'organi
ser efficacement ses défenses. DOCUMENTS I 547
Etant donné que l'écart se creuse entre les capacités des forces
de l'OTAN et celles du Pacte, on peut à juste titre s'inquiéter
de voir que les Soviétiques risquent d'exploiter ce déséquilibre.
Aussi sommes-nous inquiets. Mais, en dépit de la très réelle
menace patente, je pense que ce qui menace le plus les libertés
en Europe occidentale, c'est moins une agression caractérisée
que l'intimidation, la coercition et le chantage inhérents à la
menace que constitue ce gigantesque potentiel militaire. Tel est
l'objectif à long terme des Soviétiques. Si l'écart entre les
capacités militaires respectives s'accentue au point que le désé
quilibre militaire, même pour une alliance défensive, dépasse le
point de non-retour, les libertés de l'Europe de l'Ouest risquent
très fort de s'éroder dans la mesure où les dirigeants occiden
taux prendraient des décisions influencées par la puissance mili
taire du Pacte.
Nécessité d'une Alliance puissante
Pour résoudre les difficultés créées par la puissance militaire
croissante du pacte de Varsovie, l'OTAN doit veiller à mainten
ir une capacité suffisante dans chacune des trois composantes
de la triade des forces nécessaires pour appliquer sa stratégie de
la riposte graduée.
Heureusement, les programmes de modernisation entrepris au
Royaume-Uni et aux Etats-Unis rétabliront, s'ils sont menés à
leur terme, la valeur dissuasive de notre potentiel à l'échelon
nucléaire stratégique. Bien qu'elle ne fasse évidemment pas
partie de la triade de l'OTAN, la force de frappe française
contribue à la dissuasion occidentale contre une agression sovié
tique. La est certes renforcée par le maintien de
cette force et par le vaste programme de modernisation adopté
par votre pays. L'existence de cette force nucléaire indépen
dante rend le calcul des coûts et des risques d'une agression
beaucoup plus complexe pour les Soviétiques que si la France
n'avait pas de force de frappe.
La valeur dissuasive des forces nucléaires non stratégiques de
l'OTAN est de plus en plus crédible à mesure que l'Alliance
poursuit la mise en place des missiles de croisière et des
Pershing IL Le fait que ce déploiement se déroule conformé
ment au calendrier, malgré les pressions exercées par les Sovié
tiques pour y mettre fin, constitue un progrès considérable pour
l'Alliance. La poursuite du déploiement permet de combler une
brèche qui affaiblissait depuis longtemps notre potentiel de
dissuasion et cela doit inciter fortement l'Union soviétique à
négocier des réductions équilibrées et équitables dans cette 548 I POLITIQUE ÉTRANGÈRE
catégorie de forces. Les cinq pays européens qui ont pris la
décision d'accueillir sur leur sol les FNI de l'OTAN sont à
féliciter pour le rôle qu'ils assument dans le partage de cette
charge le compte de l'OTAN. Il convient également de
rendre nommage aux Etats-Unis, qui ont fourni les armes et le
personnel pour les servir. La poursuite de ce programme de
modernisation jusqu'à son terme représentera une contribution
majeure de l'Europe au renforcement de la dissuasion par la

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