Retour sur l après-guerre avec George Kennan - article ; n°4 ; vol.33, pg 397-406
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Description

Politique étrangère - Année 1968 - Volume 33 - Numéro 4 - Pages 397-406
Un essai d'interprétation de la guerre froide et des réflexions sur les problèmes posés par la prévision en matière de politique internationale, par celui qui fut le chef du Policy Planning Staff pendant des années décisives.
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1968
Nombre de lectures 21
Langue Français

Extrait

Jacques Vernant
Retour sur l'après-guerre avec George Kennan
In: Politique étrangère N°4 - 1968 - 33e année pp. 397-406.
Résumé
Un essai d'interprétation de la guerre froide et des réflexions sur les problèmes posés par la prévision en matière de politique
internationale, par celui qui fut le chef du Policy Planning Staff pendant des années décisives.
Citer ce document / Cite this document :
Vernant Jacques. Retour sur l'après-guerre avec George Kennan. In: Politique étrangère N°4 - 1968 - 33e année pp. 397-406.
doi : 10.3406/polit.1968.2160
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1968_num_33_4_2160RETOUR SUR L'APRÈS-GUERRE,
avec George Kennan
par Jacques VERNANT
Un essai d'interprétation de la guerre froide et des réflexions sur
les problèmes posés par la prévision en matière de politique inter
nationale, par celui qui fut le chef du Policy Planning Staff pendant
des années décisives.
Les « Mémoires » (1) récemment parus, de George Kennan,
sont importants à plus d'un titre : d'abord en raison de la
personnalité de l'auteur et de son expérience exceptionnelle ;
ensuite par les questions qu'il pose, ou qu'il suggère, à propos
notamment des événements de l'après-guerre, et dont l'intérêt
est tout autant méthodologique qu'historique.
Avant, pendant et après la deuxième guerre mondiale, George
Kennan fut placé à des postes diplomatiques où il lui fut pos
sible d'observer le déroulement du drame européen. Il fit part
ie de l'équipe que l'ambassadeur Bullitt emmena avec lui à
Moscou en 1933, quand furent rétablies les relations diplomat
iques entre les Etats-Unis et l'URSS. Il était en poste à Pra
gue, du lendemain des accords de Munich à l'occupation de
la Tchécoslovaquie, puis à Berlin, jusqu'à ce qu'Hitler déclare
la guerre aux Etats-Unis. En 1942 et 1943, il est à l'ambas
sade des Etats-Unis à Lisbonne où il est chargé d'affaires au
moment où se négocie, dans la confusion, l'accord américano-
portugais sur les Açores ; en 1944, il fit partie de la Commiss
ion consultative européenne, organe consultatif tripartite dont
(1) « Mémoires 1925-1950 », Hutchinson, Londres, 1968. 398 VERNANT
la création avait été décidée à la conférence de Moscou en
octobre 1943 et qui devait, en principe, faciliter la conver
gence des vues alliés sur les problèmes qui se poseraient après
la défaite allemande ; puis de 1944 à 1946, il fut le conseiller
de M. Averell Harriman, ambassadeur à Moscou. Enfin, de
1946 à 1949, il fut chargé par le président Truman et son
secrétaire d'Etat, le général Marshall, d'organiser et de diri
ger, au sein du Département d'Etat, un Bureau de Planification
(Policy Planning Staff). C'est là que la pensée politique de
Kennan eut la possibilité de s'approfondir et de s'exprimer.
C'est aussi à cette occasion que se posèrent à lui des problèmes
dont il préféra rechercher la solution, à partir de 1950, dans
le cadre de l'une des plus grandes institutions universitaires
américaines, VInstitute for Advanced Study, de Princeton.
C'est sur cette « conversion » que se termine le présent
volume de « Mémoires ». On sait toutefois que George Ken
nan retourna après 1950 à la carrière diplomatique : il fut
ambassadeur à Moscou, puis à Belgrade.
Avant d'aborder les questions de fond que pose l'ouvrage,
je relèverai quelques appréciations sur les personnes ou les
événements.
De Roosevelt, George Kennan dit peu de choses : ses fonc
tions ne l'appelaient guère à entretenir des rapports directs
avec le Président ; il fallut des circonstances exceptionnelles
pour qu'il obtînt d'être reçu par lui à deux reprises, afin de
dissiper des malentendus créés par le défaut d'organisation et
l'incapacité des services ; plus précisément par l'élimination
du Département d'Etat au bénéfice des militaires. Roosevelt
apparaît comme intelligent, compréhensif, professant un pro
fond mépris pour la plupart des exécutants de sa politique.
Kennan dit le plus grand bien du général Marshall ; on sent
chez lui moins de sympathie pour Dean Acheson, diplomate de
carrière que Truman appela à la succession de Marshall comme
Secrétaire d'Etat ; moins de sympathie encore pour John Foster
Dulles,présenté plutôt comme un « politicien », préoccupé
par les remous de l'opinion américaine que comme le responsa- PORTE OUVERTE 399
ble clairvoyant de la diplomatie de son pays ; ou pour Dean
Rusk.
Quant aux événements, et à la politique qui s'y adapte ou
qui les détermine, Kennan, dès le temps de guerre, dénonçait
l'illusion de ceux qui à Washington, caressaient l'espoir d'une
coopération sans nuages avec Moscou dans l'après-guerre. Ken
nan estimait inévitables les conflits d'intérêts entre les deux gran
des puissances mondiales, et plus encore l'opposition des princi
pes et des méthodes entre les deux métropoles de la démocratie
libérale et du socialisme étatique. Mais si Kennan pensait qu'il
fallait s'attendre à des tensions, s'y préparer et tenir avec fe
rmeté les positions jugées conformes aux intérêts américains,
il ne pensait pas pour autant que la négociation fût impossible,
et par conséquent inutile avec les Russes.
Si j'essaye de schématiser la pensée de Kennan, telle qu'elle
s'exprime dans ses mémoires et dans les documents cités (fiag-
ments de journal et rapports officiels), j'obtiens ce qui suit :
1) L'intérêt des Etats-Unis n'était pas, à la fin de la deuxiè
me guerre mondiale de laisser se cristalliser, pour une durée
indéfinie, la division de l'Europe en deux camps hostiles. Mais
l'intérêt des Etats-Unis était d'empêcher que la ligne de démarc
ation entre les deux camps ne soit déplacée vers l'Ouest.
2) L'Union Soviétique ne pourrait à la longue maintenir
dans sa stricte obédience la totalité des peuples que l'issue de
la deuxième guerre mondiale avait placés dans son orbite.
Pour faciliter ce reflux inéluctable, et nécessaire à l'équilibre
de l'Europe, il fallait résister aux pressions soviétiques, et agir
au mieux des intérêts américains et européens dans les régions
qui échappaient au contrôle de l'URSS, sans se soucier outre
mesure des récriminations de celle-ci. Cette thèse avait été expo
sée par Kennan dans une note rédigée en février 1946 à l'i
ntention du Secrétaire à la Marine, James Forrestal. Le texte
en fut publié dans le numéro de juillet 1947 de la revue
« Foreign Affairs », sous la signature anonyme de X. Il fit
grand bruit. On y vit l'annonce d'une nouvelle politique amér
icaine, celle du « containment » . 400 VERNANT
A l'égard de l'Europe occidentale, l'Union Soviétique, selon
Kennan, ferait preuve d'un dynamisme politique, visant à
accroître son influence et si possible son empire mais n'aurait
pas recours à la force militaire. Le défi lancé par l'Union Sovié
tique était politique, non militaire.
3) En conséquence, les Etats-Unis devaient tout faire pour
accroître la résistance politique — et par conséquent écono
mique et militaire — de l'Europe occidentale dans son ensemb
le, y compris les trois zones d'occupation occidentale en All
emagne ; mais en prenant bien soin de laisser ouverte la porte
d'une négociation avec l'Union Soviétique sur la réunification
de l'Allemagne et par conséquent de l'Europe. Kennan estimait
ainsi qu'il eût été préférable de « ne pas inclure parmi les
adhérents au Traité de l'Atlantique la Grèce, la Turquie, et
même l'Italie ». Ces exclusions lui paraissaient justifiées « par
le souci d'éviter ce qui aurait pu apparaître aux dirigeants so
viétiques comme un encerclement agressif de leur pays »
(p. 411). La sécurité des pays non inclus eût pu, selon lui,
être assurée par

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