S. NIES
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S. NIES

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L’Europe en formation
, n° 312, printemps 1999
Fédéralisme et faiblesse
des structures étatiques en Russie
par Susanne Nies
*
La Russie n'a jamais connu de système fédéral, mais a été marqué tout
au long de son histoire tsariste ou soviétique par un centralisme extrême.
Dans le vaste Empire structuré en
goubernijas
1
à l'époque des tsars,
dans les Républiques soviétiques ensuite, les sous-entités ne représentaient
que des entités administratives, des courroies de transmission du haut –
Saint-Petersbourg, puis Moscou – vers le bas – la « périphérie ».
Si bien que la Russie post-soviétique se trouve un peu perdue dans son
nouvel État fédéral, qui ne peut pas s'appuyer sur une quelconque
expérience historique.
Max Weber appelait la Russie tsariste « État césaropapiste » ou
« patrimonial » : « Dans l'État patrimonial, le prince organise son pouvoir
politique comme il exerce son pouvoir patriarcal
2
. » L'État était
étroitement lié à l'Église et souvent confondu avec elle, et se caractérisait
par le servage et les
chins
, les rangs, ainsi que par l'absence d'une classe
bourgeoise instruite et d'entrepreneuriale. Dans un tel État, légitimé par la
religion (en Russie tsariste) ou par l'idéologie remplaçant la religion (en
U.R.S.S.), aucun pluralisme n'avait sa place. La nécessité d'établir non pas
* Lectrice du D.A.A.D., chargée d’enseignement à l’I.E.H.E.I., Nice.
1. De
gubernium
(lat.) = diriger. Les entités administratives dans l'Empire austro-
hongrois s'appelaient également
Goubernium.
Il ne s'agissait pas d'entités indépendantes,
mais de courroies de transmission de la volonté centrale. Les
goubernijas
russes ne
tenaient pas compte des frontières ethno-culturelles.
2. Max Weber,
Wirtschaft und Gesellschaft.
(1922), Tübingen : Mohr Siebeck,
1980, livre II, chapitre IX, 3, p. 621, en particulier le tsarisme. Weber rejetait l'idée que
la Russie tsariste ait les capacités de se moderniser. La rapide industrialisation de la fin
du
XIX
e
siècle, dans laquelle d'autres voyaient un rattrapage en matière de démocratie et
d'économie de marché, a été perçue par Weber comme « effet de surface ». Aussi la
séparation des pouvoirs introduite par les lois fondamentales de 1906 ne changea pas,
d'après Weber, le caractère césaropapiste du régime, soutenu par le mythe de « Moscou –
Troisième Rome ». Cf. Dominique Colas,
Les Constitutions de l'U.R.S.S. et de la Russie,
Paris, P.U.F., coll. « Que sais-je ? », 1997.
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