Une crise en gestation ? La Macédoine et ses voisins - article ; n°1 ; vol.59, pg 179-207
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Description

Politique étrangère - Année 1994 - Volume 59 - Numéro 1 - Pages 179-207
La politique étrangère de la Macédoine est entremêlée de façon inextricable de problèmes internes, politiques, économiques et sociaux. Ceux-ci la poussent en quête de garanties internationales pour sa sécurité. La Macédoine poursuit donc un programme pragmatique visant à protéger ses frontières et favoriser sa prospérité économique. Elle cherche également à obtenir une reconnaissance internationale plus grande tant pour améliorer sa sécurité que pour affirmer l'existence de son nouvel Etat et de sa nation et, ainsi, renforcer la cohésion nationale au sein de la société. Mais, en fin de compte, l'intransigeance grecque sur la question du nom, à laquelle s'ajoutent l'embargo des Nations Unies contre la petite Yougoslavie et les tensions ethniques internes en Macédoine, pourrait avoir raison du nouvel Etat.
A Crisis in the Making ? Macedonia and its Neighbours, by Duncan M. Perry
Macedonian foreign policy is inextricably mixed up with internal political, économie and social problems which force it to search for international security guarantees. Macedonia thus follows a pragmatic foreign policy, aiming to protect its frontiers and to favour its economie prosperity. It seeks wider international recognition not only to increase its security but also to affirm its new existence as state and nation thereby reinforcing internai national cohesion. Finally however, Greek intransigence over its name, added to the UN embargo of rump Yugoslavia and internal ethnie tensions in Macedonia, could get the better of the new State.
29 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 57
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Duncan M. Perry
Maureen Saint Georges
Chaumet
Une crise en gestation ? La Macédoine et ses voisins
In: Politique étrangère N°1 - 1994 - 59e année pp. 179-207.
Résumé
La politique étrangère de la Macédoine est entremêlée de façon inextricable de problèmes internes, politiques, économiques et
sociaux. Ceux-ci la poussent en quête de garanties internationales pour sa sécurité. La Macédoine poursuit donc un programme
pragmatique visant à protéger ses frontières et favoriser sa prospérité économique. Elle cherche également à obtenir une
reconnaissance internationale plus grande tant pour améliorer sa sécurité que pour affirmer l'existence de son nouvel Etat et de
sa nation et, ainsi, renforcer la cohésion nationale au sein de la société. Mais, en fin de compte, l'intransigeance grecque sur la
question du nom, à laquelle s'ajoutent l'embargo des Nations Unies contre la petite Yougoslavie et les tensions ethniques
internes en Macédoine, pourrait avoir raison du nouvel Etat.
Abstract
A Crisis in the Making ? Macedonia and its Neighbours, by Duncan M. Perry
Macedonian foreign policy is inextricably mixed up with internal political, économie and social problems which force it to search
for international security guarantees. Macedonia thus follows a pragmatic foreign policy, aiming to protect its frontiers and to
favour its economie prosperity. It seeks wider international recognition not only to increase its security but also to affirm its new
existence as state and nation thereby reinforcing internai national cohesion. Finally however, Greek intransigence over its name,
added to the UN embargo of rump Yugoslavia and internal ethnie tensions in Macedonia, could get the better of the new State.
Citer ce document / Cite this document :
Perry Duncan M., Saint Georges Chaumet Maureen. Une crise en gestation ? La Macédoine et ses voisins. In: Politique
étrangère N°1 - 1994 - 59e année pp. 179-207.
doi : 10.3406/polit.1994.4255
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1994_num_59_1_4255POLITIQUE ÉTRANGÈRE I 179
.- «™™ Un© crise en gestation ?
Duncan M. PERRY* . _. , . . " .
La Macédoine et ses voisins
La Macédoine prise dans un étau
La République de Macédoine l, l'Etat le plus récent des Balkans, est la
seule des anciennes républiques yougoslaves à ne pas avoir été impli
quée dans une guerre consécutive à la dissolution de la Yougoslavie de
Tito. Cependant, du fait d'une économie de plus en plus ruinée, d'un
durcissement des tensions ethniques et de difficultés avec ses voisins, l'avenir
de la Macédoine est loin d'être clair ou assuré.
Située au cœur des Balkans, la Macédoine, carrefour historique entre l'Europe
et le Proche-Orient et route d'invasion vers l'Europe centrale, est encerclée
par l'Albanie à prédominance musulmane et trois pays orthodoxes, la « nouv
elle Yougoslavie », réduite à la Serbie et au Monténégro, au nord, la Bulgarie
à l'est et la Grèce, au sud. Tous, au cours de l'histoire, ont convoité, en
partie ou dans son ensemble, le territoire géographique de la Macédoine.
Deux objectifs, la sécurité et la stabilité, déterminent les orientations de la
politique étrangère de la Macédoine. A l'heure actuelle, les pressions internes
et les réalités extérieures concourent à rendre la Macédoine faible et potentiel
lement instable. Pour les observateurs attentifs, il devient de plus en plus
évident que l'instabilité de la Macédoine aurait de graves répercussions dans
les Balkans et même au delà. De nombreux pays ont maintenant reconnu
officiellement la Macédoine et la plupart des pays membres de l'Union
européenne, à l'exception de la Grèce, sont en train d'établir des relations
diplomatiques à part entière. Les Nations Unies ont reconnu ce nouveau pays
en avril 1993 sous le nom d'« Ancienne République yougoslave de Macé-
* Directeur de la Recherche analytique auprès de Radio Free Europe / Radio Liberty Research
Institute (Munich).
-:-•: je remercie les personnes suivantes pour leurs remarques qui m'ont été utiles lors de la
rédaction de cet article : Kjell Engelbrekt, Patrick Moore et Jiri Pehe du RFE/RL Research
Institute ; Victor Friedman de l'université de Chicago, Allen Lynch de l'université de Virginie,
Robert Mickey du EastWest Studies Center à Prague, Trajko Slaveski de l'Université de Skopje,
Stefan Troebst, chercheur auprès du German Research Fund à Berlin et de Michael Wyzan de
l'université de Stockholm.
Cet article a été traduit par Maureen Saint Georges Chaumet.
1. « République de Macédoine », le nom constitutionnel de l'Etat, et « Macédoine », une version
abrégée du nom, seront utilisés alternativement tout au long de l'article. En ce qui concerne les
objections grecques à propos de leur utilisation par les nouvelles républiques balkaniques, voir ci-
dessous, p. 14-21. I POLITIQUE ÉTRANGÈRE 180
doine » (FYROM) et quelque 1 000 hommes des Forces de protection des
Nations Unies (FORPRONU) y ont été postés, afin de surveiller ses fron
tières avec la Serbie. Bien que les Etats-Unis aient longtemps hésité à
reconnaître la Macédoine — concession faite à la Grèce et au groupe de
pression des Grecs américains — , ils ont envoyé plus de 300 Casques bleus
américains en République de Macédoine dans le cadre du contingent de la
FORPRONU.
En dépit de ces démarches, l'Occident pourrait bien essuyer en Europe un
autre échec en matière de politique internationale si la Macédoine était
victime de la guerre ou d'un conflit civil d'inspiration nationaliste. L'instabil
ité en Macédoine pourrait entraîner d'autres pays balkaniques dans un bain
de sang et provoquer une redéfinition des frontières nationales. La Grèce et la
Turquie, des alliés au sein de l'OTAN, du moins dans la forme, pourraient se
retrouver opposées dans un conflit éventuel et ainsi endommager davantage
les structures des organisations occidentales qui, elles-mêmes, se sont mont
rées incapables de mettre fin à la guerre en Bosnie. Une crise en Macédoine
exacerberait également les problèmes des réfugiés, la montée de la délinquance
et du trafic de drogue qui infestent déjà l'Europe. En dépit des troubles qui
risquent d'éclater en Macédoine, aucune nation ne s'est engagée à la protéger,
aucune organisation internationale n'a proposé de l'englober.
Sur le plan intérieur, l'accentuation des tensions interethniques entre la
majorité slave de Macédoine et sa minorité albanaise a investi le gouverne
ment de Skopje du rôle de négociateur chargé de trouver des solutions pour
répondre à l'exigence des Albanais d'un statut égal de peuple constitutif.
Entre-temps, des difficultés économiques, résultant de la mise en place du
blocus des Nations Unies contre la fédération serbo-monténégrine et du
boycottage périodique des échanges commerciaux de la Grèce vers la Macéd
oine, ont mis son économie dans une situation pour le moins précaire. Ces
problèmes ont pour toile de fond l'hostilité de la Grèce, que motivent la
controverse au sujet du nom de la nouvelle république balkanique et de
l'usage des symboles historiques qui s'y rapportent, la pression exercée par
l'Albanie sur la Macédoine à propos de la minorité albanaise et la peur d'une
agression serbe. Afin de comprendre ces problèmes et leurs origines, un
rappel de l'histoire de la région est nécessaire.
Le fléau de l'histoire : le passé macédonien
Du début des temps modernes à la Seconde Guerre mondiale
Le mot « Macédoine » a été employé en général au cours des siècles pour
désigner différentes régions de la péninsule balkanique. Aujourd'hui, en
termes géographiques, il recouvre une partie de la Bulgarie, de la Grèce et de
la « nouvelle Yougoslavie » 2, réduite à la Serbie et au Monténégro [1]. La
Macédoine géographique était et est une zone stratégique de transition ethni
que et linguistique, située au centre de la péninsule [2]. Durant les XIXe et
XXe siècles, la Bulgarie, la Grèce, la Serbie, la Turquie et même la Roumanie
ont toutes rev

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