Autour d un incertain 18 juin - article ; n°1 ; vol.27, pg 65-79
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Description

Autres Temps. Les cahiers du christianisme social - Année 1990 - Volume 27 - Numéro 1 - Pages 65-79
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jacques Galtier
Autour d'un incertain 18 juin
In: Autres Temps. Les cahiers du christianisme social. N°27, 1990. pp. 65-79.
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Galtier Jacques. Autour d'un incertain 18 juin. In: Autres Temps. Les cahiers du christianisme social. N°27, 1990. pp. 65-79.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/chris_0753-2776_1990_num_27_1_1404ANNIVERSAIRE
AUTOUR D'UN
INCERTAIN 18 JUIN
Jacques Galtier
Les Français aiment les anniversaires. Ils sont actuellement comblés !
1989 a permis de commémorer des événements qui débordaient le millé
sime. Autres Temps s'y est largement associé. 1990 apporte son lot con
cernant le Général de Gaulle : centenaire de sa naissance, cinquantenaire
de Tappel du 18 juin 19401, vingtième anniversaire de sa mort.
Son œuvre a été multiple. Stratège militaire, résistant à l'occupation
allemande, chef du gouvernement provisoire à la Libération, fondateur
de parti politique, chef de l'État sous la Ve République, décolonisateur de
l'Empire, terminant la guerre d'Algérie, partisan d'une France forte,
représentant d'un pouvoir autoritaire; son œuvre comme sa personne sus
citent des réactions contrastées, des oppositions constantes ou ponctuell
es, des approbations enthousiastes ou plus limitées.
Les circonstances mêmes de l'appel du 18 juin et ce qui a suivi — la
reconstitution d'une autre France que celle de la défaite, l'œuvre de la
libération et la place du pays en 1945, la fondation de la Ve République,
comme le départ de Charles de Gaulle « des affaires » en 1946 et en 1969
— feront du personnage de Charles de Gaulle non seulement un grand
homme, il l'était au physique et au moral, mais une personnalité entrée
très tôt dans la légende, quoique sur le tard (après 50 ans), à côté de
Jeanne d'Arc, d'Henri IV ou de Napoléon Bonaparte. Il va devenir une
personnalité mythique, un portrait symbolique, une figure emblématique
dans l'histoire de notre pays. De Gaulle s'est identifié à la France parlant
de lui-même à la troisième personne, cachant par pudeur instinctive ou
calculée ses états d'âme. Ses condisciples et compagnons de route
l'avaient surnommé « le connétable ». Il y avait en lui une raideur de
« roi en exil » qui n'était pas que physique.
Nous ne voulons aborder ici que l'appel du 18 juin. La période du 5 au
28 juin 1940 est une des périodes les plus mal connues de la vie de Charles
de Gaulle et des Français parce qu'il se passe alors en France et en Europe
Jacques Galtier est pasteur (ERF), Menton-Monaco.
65 des événements considérables : l'effondrement de l'Europe occidentale et
du régime républicain français, l'installation d'un régime d'occupation
qui va faire de l'Europe un continent dominé par l'Allemagne nazie. Les
événements qui ont lieu alors à Paris, Tours, Bordeaux ou Londres sont
éclipsés par la grandeur et le tragique des faits qui concernent tout un con
tinent et qui déterminent pour longtemps, semble-t-il, l'avenir.
Charles de Gaulle s'engage alors dans des choix qui vont être détermi
nants, qui nous dévoilent des aspects paradoxaux de sa personnalité.
Nous les rattacherons chaque fois que ce sera possible à sa formation pas
sée et à des attitudes constantes dans l'avenir. L'être légendaire y perd de
son « aura ». L'homme y gagne en épaisseur humaine, alors que tous les
hommes politiques, aujourd'hui à l'exception de Le Pen, se réclament de
l'appel du 18 juin et applaudissent à l'acte de rébellion d'un presque
inconnu officier supérieur à titre provisoire et modeste sous-secrétaire
d'État à la guerre (qui n'a plus d'armée) durant moins de 15 jours.
Le militaire : la mise en place des idées-force
II ne faut pas oublier que si les actions décisives de de Gaulle se situent
en politique, c'est comme militaire qu'il est d'abord connu. En 1934, dans
Vers l'armée de métier, il peut écrire : « L'épée est l'axe du monde et la
grandeur ne se divise pas ». En 1932, avec la publication de Le fil de
l'épée, il lance cette affirmation qui est tout un programme : « être
grand, c'est soutenir une grande querelle ».
Dés 1924 avec la rédaction de La Discorde chez l'ennemi, il peut affi
rmer : « l'action, ce sont des hommes au milieu des circonstances » et il
précise « on ne fait rien de grand sans de grands hommes et ceux-ci le sont
pour l'avoir voulu »2. En avril 1927, l'École de guerre accueille le capi
taine de Gaulle pour 3 conférences données en présence du Maréchal
Pétain qui avait rendu obligatoire leur écoute par tous les professeurs et
élèves, écoute tendue par des affirmations comme celle-ci : « Vis-à-vis des
supérieurs, le train ordinaire des choses favorise mal l'homme de caract
ère... les temps sont durs ». Le conférencier remet en question toute la
stratégie et la psychologie militaires issues des « a-priori » hérités de la
guerre de 1914-1918 et dont le maréchal Pétain est l'exemple impérial. De
Gaulle est un pragmatique, un inventif, « apprécier les circonstances dans
chaque cas particulier tel est donc le rôle essentiel du chef ». Premier
paradoxe, Charles de Gaulle est un militaire, mais c'est un militaire pour
qui l'armée n'est pas « la grande muette ». Il parle, il écrit. Le 26 janvier
1940, en pleine « drôle de guerre », il envoie un mémorandum aux hautes
autorités civiles et militaires sur le caractère décisif qu'aura toute inte
rvention « des forces mécaniques ». C'est que Charles de Gaulle, « colo
nel Motor », est persuadé depuis longtemps de l'importance des chars de
combat. Il s'oppose à ses chefs militaires qui ne verront en eux que le
66 complément de l'infanterie ou de l'artillerie3. De Gaulle militaire est un
non-conformiste, tant sur le plan des idées que sur celui du respect des
hiérarchies. Diverses démarches auprès des hommes politiques, comme en
1940 son « Mémorandum de Cassandre », selon l'expression de Lacou-
ture, montrent que ce militaire sait l'importance du politique dans
l'action militaire.
Le militaire dans la tourmente
Au printemps 1940, le colonel de Gaulle commande les chars de la 5e
armée. Paul Reynaud envisage de le faire entrer dans son gouvernement,
mais il doit y renoncer devant les réactions des chefs militaires. Le 21 mai,
le colonel de Gaulle est commandant par intérim de la 4e division cuiras
sée alors que le front allié est déjà enfoncé. Le 27 mai, il est promu génér
al de brigade à titre temporaire. Il met ses théories en pratique et refoule
les allemands à Montcornet au nord de Laon et les arrête près d'Abbe-
ville. Deuxième paradoxe : quand ce militaire peut agir comme il le
désire, il fait la preuve de sa perspicacité. Ses théories sont valables mais il
est trop tard.
Troisième paradoxe : il est encore trop tard quand il accède au « politi
que » en entrant dans le gouvernement de Paul Reynaud le 5 juin 1940,
avec la fonction modeste de « sous-secrétaire d'État à la Défense natio
nale et à la guerre »4. De défense nationale il n'y en a plus, et la guerre va
se terminer ! Paul Reynaud étant à la fois président du Conseil des minist
res, ministre de la guerre et des affaires étrangères, de Gaulle va avoir un
rôle important à jouer. Quatrième paradoxe : il s'occupera plus de politi
que au sens strict que des affaires militaires.
L'entrée en politique
Dès le 6 juin, de Gaulle participe au Conseil des ministres avec, comme
viatique, la remarque du général Frère, son chef hiérarchique : « Le bruit
court que vous allez être ministre, c'est bien tard pour la guérison. Ah !
du moins que l'honneur soit sauvé ». Nouveau paradoxe, sa première
tâche sera l'organisation d'un « réduit breton » destiné à permettre à
l'armée française de rejoindre l'Afrique du Nord ou l'Angleterre pour
continuer la lutte. Sa seconde responsabilité sera politique : soutenir le
moral de Paul Reynaud en préparant le départ de l'exécutif et du législatif
pour l&#

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