Bureaucratie et sacerdoce dans l Empire céleste - article ; n°3 ; vol.207, pg 227-260
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Revue de l'histoire des religions - Année 1990 - Volume 207 - Numéro 3 - Pages 227-260
Bureaucracy and priesthood in the Celestial Empire
The essentially secular character of Chinese mandarins is frequently stressed, yet hagiography and mirabilia sho that, on the representational level, their task of organizing local communities invests them with religious power. It is, however, a sixteenth-century tale, Xiao Chen degrades hegemony in Zhachuan, that provides the clearest illustration of the close-knit and ambiguous relations between mandarins and their gods. Enumerating all the possible situations of the relation between the political and the religious in a comic style, the tale calls for a reflection on the priestly function of provincial bureaucrats in ancient China.
On se plaît souvent à souligner le caractère essentiellement laïc des mandarins chinois. Cependant, si déjà les hagiographies et les mirabilia nous révèlent, au niveau des représentations, que leurs tâches d'organisation des communautés locales les investissent d'un pouvoir religieux, c'est dans un conte du XVIe siècle : A Zhachuan, Xiao Chen dégrade l'hégémon, que se manifestent le mieux les relations étroites et ambiguës qui lient les mandarins et les dieux. En énumérant, sur le mode comique, tous les cas de figure du rapport du politique et du religieux, il appelle à une réflexion sur la fonction sacerdotale des fonctionnaires provinciaux en Chine ancienne.
34 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jean Levi
Bureaucratie et sacerdoce dans l'Empire céleste
In: Revue de l'histoire des religions, tome 207 n°3, 1990. pp. 227-260.
Abstract
Bureaucracy and priesthood in the Celestial Empire
The essentially secular character of Chinese mandarins is frequently stressed, yet hagiography and mirabilia sho that, on the
representational level, their task of organizing local communities invests them with religious power. It is, however, a sixteenth-
century tale, Xiao Chen degrades hegemony in Zhachuan, that provides the clearest illustration of the close-knit and ambiguous
relations between mandarins and their gods. Enumerating all the possible situations of the relation between the political and the
religious in a comic style, the tale calls for a reflection on the priestly function of provincial bureaucrats in ancient China.
Résumé
On se plaît souvent à souligner le caractère essentiellement laïc des mandarins chinois. Cependant, si déjà les hagiographies et
les mirabilia nous révèlent, au niveau des représentations, que leurs tâches d'organisation des communautés locales les
investissent d'un pouvoir religieux, c'est dans un conte du XVIe siècle : A Zhachuan, Xiao Chen dégrade l'hégémon, que se
manifestent le mieux les relations étroites et ambiguës qui lient les mandarins et les dieux. En énumérant, sur le mode comique,
tous les cas de figure du rapport du politique et du religieux, il appelle à une réflexion sur la fonction sacerdotale des
fonctionnaires provinciaux en Chine ancienne.
Citer ce document / Cite this document :
Levi Jean. Bureaucratie et sacerdoce dans l'Empire céleste. In: Revue de l'histoire des religions, tome 207 n°3, 1990. pp. 227-
260.
doi : 10.3406/rhr.1990.1721
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1990_num_207_3_1721JEAN LEVI
Centre national de la Recherche scientifique
BUREAUCRATIE ET SACERDOCE
DANS L'EMPIRE CÉLESTE
On se plaît souvent à souligner le caractère essentiellement
laïc des mandarins chinois. Cependant, si déjà les hagiographies
et les mirabilia nous révèlent, au niveau des représentations,
que leurs tâches d'organisation des communautés locales les
investissent d'un pouvoir religieux, c'est dans un conte du
XVIe siècle : A Zhachuan, Xiao Chen dégrade l'hégémon, que,
se manifestent le mieux les relations étroites et ambiguës qui
lient les mandarins et les dieux. En énumérant, sur le mode
comique, tous les cas de figure du rapport du politique et du
religieux, il appelle à une réflexion sur la fonction sacerdotale
des fonctionnaires provinciaux en Chine ancienne.
Bureaucracy and priesthood in the Celestial Empire
The essentially secular character of Chinese mandarins is
frequently stressed, yet hagiography and mirabilia sho thai,
on the representational level, their task of organizing local
communities invests them with religious power. It is, however,
a sixteenth-century tale, Xiao Chen degrades hegemony in
Zhachuan, that provides the clearest illustration of the close-
knit and ambiguous relations between mandarins and their
gods. Enumerating all the possible situations of the relation
between the political and the religious in a comic style, the tale
calls for a reflection on the priestly function of provincial bureauc
rats in ancient China.
Hevue de l'Histoire des Heligions, ccvii-3/1990, p. 227 à 260 Du ritualisme chinois a pu être déduit soit une religion
sans prêtres soit des prêtres sans religion1. Sans doute la
divergence tient-elle avant tout, dans son principe, à une
question d'emploi des termes. Cependant les questions de
nomenclature sont autant des masques que des révélateurs.
Masques, parce que les institutions et les mécanismes sociaux
se travestissent en mots, révélateurs, parce que le hiatus
entre la résonance sémantique de ceux-ci et la réalité étran
gère qu'ils sont chargés de reproduire trahit les limites du
champ de compréhension d'une catégorie sociologique et
renseigne donc (ne serait-ce que négativement) sur le fon
ctionnement des groupes qu'elle ne parvient qu'imparfai
tement à cerner. C'est en réalité tout le problème de la
congruence de la notion de prêtrise dans son extension mar
ginale qui est posé en arrière-fond.
Si les chercheurs qui abordent la question des rapports
outre l'appareil d'Etat et la religion en Chine se heurtent
presque immanquablement à des problèmes de terminologie,
c'est qu'ils sont confrontés à un groupe qui représente la
tradition orthodoxe, mais qui en même temps a dans la
pratique religieuse une fonction liminale. Fonction religieuse
liminale, non pas parce qu'elle n'est pas importante, mais
parce qu'elle se situe sur les franges du concept tel qu'on le
définit habituellement.
Il existe un culte officiel par l'empereur et ses agents et
par les princes feudataires ; il existe aussi une idéologie com
mune aux groupes des officiants : le Confucianisme. Mais si
celui-ci codifie les conduites rituelles, il n'impose aucune foi
dans les divinités autour desquelles s'organisent les sacrifices
impériaux. Peut-on alors parler de religion pour un système
de pensée qui n'impose aucune croyance, même s'il confère
1. Cf. Vandermeersch, 1985, p. 14, et F. Staal, 1985. i
et : sacerdoce - 229 Bureaucratie
au ; rite une valeur • transcendante ? Peut-on ; parler de caste
sacerdotale pour: un groupe dont l'activité' religieuse • n'est
que le sous-produit de ses tâches gouvernementales ? Ce sont
ces questions que je voudrais aborder ici, non de façon directe,,
car alors on* risque de s'enliser dans les questions terminol
ogiques, mais par иш biais, en faisant le détour des représen
tations mentales.
Pour.peu qu'on s'intéresse à ses fonctions religieuses, tout
un faisceau d'indices vient conférer une autre dimension àce
groupe d'administrateurs dont on se plaît à souligner l'agnos
ticisme. Sur une série de plans, la bureaucratie est bien plus
qu'un. simple organe administratif; Les institutions royales,
comme la personne du monarque; , ont une • dimension ' sacrée.
Aur niveau du mythe d'abord ; les bureaux gouvernement
aux se donnent, comme des sacrifices et le mythe de la
separation, des pouvoirs religieux et profanes' se subsume
en» légitimation i de la fonction divine des bureaux dans leur
ensemble2. L'acte de gouverner, qui reproduit le mouvement
même du cosmos, apparaît comme une liturgie, de même que
le geste sacrificiel, par les lieux et la valeur éducative qui s'y
attachent au détriment de l'objet même: du culte; se muent
en ' acte de gouvernement3.
A l'époque impériale, avec l'unification, du territoire par.
un^pouvoir centralisé, en* 221 avant notre ère; la personne
du roi se difîracte dans les hypostases provinciales du préfet
tt du gouverneur,1 substitut des antiques princes feudataires.
Ceux-ci se trouvent dès lors en compétition avec les agents du
culte • populaire qui opèrent sur le même échelon terri torial >
qu'eux. Ces oppositions s'expriment au niveau du* réel * dans
l'aménagement et la répression des cultes, dans la» codifi-
2. Pour l'analyse du mythe fondateur de la prêtrise qui sert à justifier les ;
généalogies de fonctionnaires et l'organisation symbolique de l'administration
des Zhou, cf. Levi, 1987, p. 38-45.
3. Sur l'ambivalence ' des » fonctions liturgiques '■ et > gouvernementales,
cf. J. Levi, 1985, p. 7Л-81 ; voir aussi Liji, Couvreur, vol. 1, p. '280; qui évoque la;
cérémonie du shidian, où l'on 6acrifie aux sages et aux maîtres. Cette cérémonie, .
ainsi que Га montré Feuchtwang (1978, p. 118-130), est le pendant confucéen
du jiao taoïste à l'époque moderne. Jean: Lev i- 230
cation i du « religieux, ainsi; que danSî l'accomplissement de
certains actes cérémoniels, tels : invocations à i la pluie, salu
tations et hommages = rendus aux; saints civilisateurs, etc.
Activité cultuelle qui se double, au niveau des représentations
mentales, par des affabulations sur/ des luttes de; pouvoir
entre dieux f et préfets4.1. Il; apparaît donc que toutes. les rel
igions de ' salut , individuel autochtones puisent , leurs thèmes
et leurs formes dans l'organisation impériale et son idéologie ;
toute représentation religieuse se structure sur le modèle de
la fonction bureaucratique dont l'empereur est le pivot et la
concr

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