Deux documents horoscopiques esséniens découverts à Qoumrân, près de la Mer Morte - article ; n°1 ; vol.109, pg 239-253
16 pages
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Deux documents horoscopiques esséniens découverts à Qoumrân, près de la Mer Morte - article ; n°1 ; vol.109, pg 239-253

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Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1965 - Volume 109 - Numéro 1 - Pages 239-253
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1965
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur André Dupont-
Sommer
Deux documents horoscopiques esséniens découverts à
Qoumrân, près de la Mer Morte
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 109e année, N. 1, 1965. pp. 239-
253.
Citer ce document / Cite this document :
Dupont-Sommer André. Deux documents horoscopiques esséniens découverts à Qoumrân, près de la Mer Morte. In: Comptes-
rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 109e année, N. 1, 1965. pp. 239-253.
doi : 10.3406/crai.1965.11853
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1965_num_109_1_11853239
DEUX DOCUMENTS HOROSCOPIQUES ESSENIENS
DÉCOUVERTS A QOUMRÂN, PRÈS DE LA MER MORTE,
PAR M. ANDRÉ DUPONT-SOMMER, MEMBRE DE L'ACADÉMIE.
Il est bien connu que l'historien juif Flavius Josèphe, dans les
divers passages où il parle des Esséniens, insiste fortement sur leur
doctrine fataliste, sur leur croyance au Destin, à l'£t(ji.ap(j.évyj ; voici
l'un de ces passages : to Se twv 'Eacnjvœv yévoç toxvtcov ttjv eÊfzapfJtivyjv
xax' xupiav à7ro<podveToa xal (i.Y)8èv ô (j,7) ^îjcpov àv0pco7rotç sxetvrçç
àrravràv « la secte des Esséniens professe que le Destin est maître de
tout et que rien n'arrive aux hommes qui ne soit conforme à sa
décision » (Ant. Jud., xni, 5, 9, § 172). Le même historien, d'autre
part, s'est plu à souligner leur goût de la divination : « II y en a
parmi eux, lisons-nous (Bel. Jud., n, 8, 12, § 159), qui se font fort
de prévoir l'avenir, exercés qu'ils sont à l'étude des livres saints
et des écrits ■< sacrés > et des sentences des prophètes ; et il est rare
qu'il leur arrive de se tromper dans leurs prédictions ». Josèphe
raconte même plusieurs histoires où les Esséniens se montrent des
devins infaillibles (Ant. Jud., xm, 11, 2; xv, 10, 5; xvn, 13, 3).
Les manuscrits trouvés à Qoumrân, dont l'origine essénienne est
aujourd'hui presque unanimement reconnue, viennent-ils confirmer
sur ce point, comme ils le font sur tant d'autres, les allégations de
l'historien juif relatives aux Esséniens ? En de nombreux passages,
ces manuscrits attestent les croyances des gens de Qoumrân en une
rigoureuse prédestination : Dieu, en son Conseil merveilleux, a élu
les justes de toute éternité, de même qu'il a prédestiné les méchants
à la damnation, au « lot de Bélial ». Le mot hébreu ^TU (« le lot »,
« le sort ») revient constamment, comme un mot typique, dans les
divers textes de Qoumrân. Dès leur naissance, les hommes appar
tiennent soit au « lot de la lumière » soit au « lot des ténèbres » :
leur destin est fixé pour toujours.
Or, voici que, tout récemment, ont été publiés deux textes, deux
fragments de manuscrits, découverts dans la grotte iv en 1952 et
dont on connaissait seulement jusqu'ici l'existence : ces deux textes
nous dévoilent l'un des aspects les plus pittoresques et les plus
instructifs du fatalisme des Esséniens, en même temps qu'ils confi
rment et précisent ce que Josèphe nous faisait savoir de leur spécia
lisation dans les sciences divinatoires. Il s'agit de deux documents
horoscopiques publiés l'un par le Docteur John Allegro, de l'Uni
versité de Manchester1, l'autre par M. l'abbé Jean Starcky, du
1. An Astrological Cryptic Document from Qumran, dans Journal of Semitic Studles,
vol. 9, n» 2 (automne 1964), p. 291-294, et planche I. COMPTES RENDUS DE L* ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 240
Centre national de la Recherche scientifique1. Ce sont ces deux
documents que je voudrais présenter pour en montrer l'intérêt,
et aussi pour signaler certaines retouches importantes qui me
semblent devoir être apportées à leur interprétation telle que l'ont
proposée les deux éditeurs. A vrai dire, ces deux documents horosco-
piques ne sont que des spécimens : il existe plusieurs autres textes
de même caractère qui seront publiés ultérieurement ; mais ceux
qui nous sont maintenant connus suffisent à montrer que le judaïsme
essénien, qui, tout en restant fondamentalement attaché à la Loi
et aux Prophètes, était si largement ouvert aux grands courants
spirituels du monde hellénistique, avait été influencé et profondé
ment marqué par les croyances astrologiques qui jouissaient alors
d'une vogue extraordinaire, non seulement au pays même des
« Chaldéens », ces maîtres du savoir ésotérique, mais encore en
Egypte et à Rome et dans la Méditerranée entière.
I
Du premier de ces deux documents l'éditeur, J. Allegro, n'a
publié que le fragment principal. Celui-ci (fragment 1) présente
des vestiges de quatre colonnes. L'ouvrage était rédigé en langue
hébraïque, mais, par un souci d'ésotérisme tout à fait caractéristique,
l'auteur essénien a employé un type d'écriture cryptique. Celui-ci,
qui n'est nulle part attesté en dehors de Qoumrân, mais qu'on a
réussi sans trop de peine à déchiffrer, est fondé sur deux principes.
Le premier consiste à se servir tantôt des caractères de l'alphabet
hébreu usuel (l'hébreu carré, dérivé de la cursive araméenne), tantôt
des caractères de l'alphabet paléo-hébreu (caractères de type ar
chaïque, dérivés directement du phénicien), tantôt des caractères
de l'alphabet grec ; un même mot peut être écrit avec des
empruntés à deux ou trois de ces alphabets. Le second principe
consiste à écrire les mots non pas de droite à gauche, comme il
est normal en hébreu, mais de gauche à droite, et cela sans changer
la forme des lettres qui restent tournées vers la gauche : ainsi
chaque mot se présente comme un anagramme, où l'ordre des lettres
se trouve entièrement inversé, et l'ordre même des mots sur la
ligne est le contraire de l'ordre normal. L'application de ces deux
principes donne évidemment au texte hébreu une physionomie tout
à fait insolite, qui devait suffire à décourager le lecteur profane au
1. Un texte messianique araméen de la grotte 4 de Qumrân, dans Mémorial du Cinquant
enaire de l'École des Langues orientales anciennes de V Institut Catholique de Paris (Paris,
Bloud et Gay, 1964), p. 51-66, et 2 planches. !
DEUX DOCUMENTS HOROSCOPIQUES ESSÉNIENS 241
cas où ce texte ésotérique, réservé aux seuls initiés, serait venu
à tomber entre ses mains.
Je me limiterai ici, faute de temps, à expliquer seulement deux
passages du fragment publié, deux passages qui donnent un sens
suffisamment suivi et sûr.
Dans le premier (col. n, 11. 5-9), il s'agit d'un individu dont
l'horoscope est favorable. On décrit d'abord son aspect physique,
puis sa constitution spirituelle. Voici le texte hébreu de ce passage
tel qu'il a été déchiffré par J. Allegro :
mpn rontf vpiun 5
"rajn p nxm jtdvw mpi 6
Tan unbur uur -nan non ib m-i 7
irara mi rvrv ♦a? wn b:m 9
Ce déchiffrement, dans l'ensemble, me semble s'imposer ; à la
1. 7, toutefois, on pourrait lire peut-être IT3D, plutôt que "
et à la 1. 9, je crois qu'il vaut mieux transcrire 13V, plutôt que
*322. Compte tenu de ces deux corrections, voici la traduction que
je propose, et qui diffère sur plusieurs points de celle qu'a proposée
Allegro :
«... [5] et ses jambes seront longues et fines, et ses doigts de pied
[6] seront fins et longs. Et (s')il relève de la seconde Colonne, p] son
esprit sera de six (parts) dans la Maison de lumière, et de trois
dans la Maison [8] de ténèbres. Et tel sera l'enfant qui sera né sur
elle3 [9] dans le pied du Taureau : il humble. Et tel sera son
animal : le Taureau... ».
Que signifie ici l'expression « la seconde Colonne » (1. 6) ? Allegro
traduit « la seconde Voûte », en s'inspirant d'un passage d'Hénoch ;
mais le mot hébreu T;1^ veut dire « colonne », et non pas « voûte ».
Le mot « colonne », dans ce texte astrologique, me semble plutôt
désigner une division du cercle céleste, correspondant soit à un
1. Et, par conséquent, tr

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