L aventure du tourisme social, aménagement et développement - article ; n°1 ; vol.18, pg 30-37
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L'aventure du tourisme social, aménagement et développement - article ; n°1 ; vol.18, pg 30-37

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Description

Autres Temps. Les cahiers du christianisme social - Année 1988 - Volume 18 - Numéro 1 - Pages 30-37
8 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 18
Langue Français

Extrait

Maurice Cayron
Commission Générale
d'Évangélisation de l'Église
Réformée de France
L'aventure du tourisme social, aménagement et développement
In: Autres Temps. Les cahiers du christianisme social. N°18, 1988. pp. 30-37.
Citer ce document / Cite this document :
Cayron Maurice, Commission Générale d'Évangélisation de l'Église Réformée de France. L'aventure du tourisme social,
aménagement et développement. In: Autres Temps. Les cahiers du christianisme social. N°18, 1988. pp. 30-37.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/chris_0753-2776_1988_num_18_1_1222AMENAGEMENT ET
Maurice Cayron
Economie et aménagement
1. Dans beaucoup de pays, de régions françaises, mais aussi dans des
pays en voie de développement, on a visé les devises; les devises, c'était le
problème fondamental. Et cette illusion a très souvent gâché les promess
es.
Nous avons été en Algérie pour voir où pouvaient être les problèmes
d'accueil de Français, de familles françaises, du milieu que nous tou
chions dans nos organisations. Cet accueil était nul parce que toute
l'orientation de l'accueil touristique était basée sur l'économie, c'est-à-
dire sur la récolte de devises fortes. Les grandes anciennes fermes de colo
niaux ont été transformées par l'Office National Algérien du Tourisme en
formidables réservoirs de Belges, d'Allemands, de Scandinaves, bien par
qués dans des endroits systématiquement fermés par des grillages très
importants de 8 m de haut, inaccessibles aux Algériens. Mais aussi une
réalisation comme la côte du Languedoc a permis l'arrêt des fuites de
devises françaises par rapport à l'Espagne. C'est toujours une chose qui
interpelle beaucoup, parce que la préoccupation financière, la préoccupat
ion économique est devenue l'élément premier. Même pour un gouverne
ment socialiste, comme nous l'avons vu. C'est une chose, une première
réflexion.
2. Une deuxième : qui bénéficie de la manne ? Quand on voit tous les
efforts faits dans ce domaine, on est en mesure de se demander si la pro
vince française a beaucoup bénéficié de l'arrivée de millions d'Américains
Maurice Cayron a été Directeur général de l'OCCAJ (tourisme populaire) et de l'Agora
d'Evry, a participé à la création des Foyers Internationaux d'Accueil (FIAP), de la
FONDA; délégué à Tourisme Action Concertation (tourisme familial et social).
Exposé oral fait au Colloque « Tourisme » de la Commission Générale d'Evangélisation
de l'Eglise Réformé de France (novembre 1986).
30 chaque année. Est-ce que la province française, le monde rural, a bénéfi
cié de l'implantation de chaînes d'hôtels ou même, de stations entières,
voire de l'aménagement des côtes ? On leur a en général volé l'espace
pour le bétonner pour l'éternité. La plupart du temps, toutes les recher
ches que nous faisons prouvent que le résiduel financier par tête d'habi
tant des pays d'accueil est tout à fait dérisoire. Nous avons beaucoup lutté
contre cela, avec un effort que vous connaissez sûrement qui est celui des
gîtes — gîte rural au niveau communal, gîtes familiaux, toutes les formul
es d'accueil à la ferme comme en Lozère, camping à la ferme, accueil de
toutes sortes de gens — qui luttait, justement, contre cette évasion de la
richesse. Dans le gîte familial, par exemple, qui est une formule qui mar
che bien et qui reçoit des centaines de milliers de vacanciers, c'est l'écono
mie locale qui est concernée. Dans l'hôtellerie, c'est une économie régio
nale, un peu nationale, voire, c'est la livraison de produits étrangers.
C'est la face cachée de certains clubs, tels Club Méditerranée, qui
s'implante en Grèce ou ailleurs en amenant la totalité ou presque des
vivres, du matériel, du personnel. Un autre exemple O'e ne sais pas si ça
existe encore mais je me rappelle l'avoir visité) : une sorte d'hôtel all
emand dominant Sanary. Tout était allemand : les filles qui servaient, etc.
J'ai un autre exemple, vu dans une île de la mer Egée qui est une île merv
eilleuse : la petite île de Mytilène près de la côte turque, qui avait été
quasiment colonisée par une bande hollandaise. En l'espace de deux ou
trois ans, on a vu se transformer un paysage grec en cité hollandaise. Sur
la côte du petit port Mytilène, ex-capitale de la poésie lyrique, on buvait la
bière Heineken. Et les pêcheurs de l'île, les paysans de l'île, avaient aussi
perdu leur raison d'être. Les poissons ne venaient plus dans le golfe de
Mytilène. Les bateaux à moteur, les hors-bords et tout ce monde, avaient
chassé les poissons. On avait tué l'économie locale. Alors qu'au parle
ment grec, pour avoir les crédits, on avait dit : on va sauver l'île de Myti
lène par l'apport du tourisme. Je pense que cet exemple-là, vous avez dû
le voir dans un tas d'endroits. C'est absolument général...
Je crois qu'il faut faire extrêmement attention. Il y a une mise en route
des populations, qui sont la richesse essentielle par rapport à l'accueil : il
faut la participation de la population à la planification touristique.
J'ai fait une recherche à ce sujet avec un groupe nord-européen. C'était
une rencontre en Suède sur la participation à la planification touristique.
On pourrait trouver là des thèmes tout à fait extraordinaires, notamment
au niveau des églises; à condition de prendre en main son destin — et on
verra tout à l'heure avec quel mode d'approche, avec quelles technologies
il y a une prise en charge possible. On a de très nombreux exemples en
France, y compris avec des gens qui arrivent à se remuer au niveau de leur
exploitation agricole ou de leur canton, de leur commune. Un exemple
magnifique est celui des Karelis qui correspond à un grand souci de dialo
gue rural et d'économie locale : les moyens et les équipements de la neige
devaient rester la propriété des propriétaires de la terre.
31 Le fameux rapport Michaud a fait l'excitation de beaucoup d'entre-
nous dans les années soixante-douze ou quinze. Michaud, inspecteur
général de la montagne, avait prouvé que, entre la vente du m2 de terrain,
entre le moment où le paysan le vendait contraint et forcé, souvent pour
utilité publique, et le moment où il était revendu à un promoteur, après
avoir été viabilisé — tout de même ! — il y avait un multiplicateur de 450.
C'est un rapport officiel. Un véritable vol de l'espace rural. Il y a là des
phénomènes d'une extrême importance au niveau économique et au
niveau moral.
Citons un exemple positif de pays d'accueil, celui du village d'Aussois
(en Savoie) que j'ai très bien connu en 1960 pour y avoir implanté une
auberge de jeunesse dans une baraque EDF et où n'existait qu'un seul
petit hôtel. Il a été classé en 1986 première station touristique de monta
gne en France. Les jeunes avaient pris les affaires en mains et réussi à
faire venir des investisseurs sans perdre le contrôle de l'aménagement et
de l'économie. Ce n'est pas souvent le cas. Plutôt l'inverse. Les grandes
sociétés comme « Pierres et Vacances », et certains grands clubs n'ont
que faire du l'aménagement du territoire et de l'économie rurale.
Certains organismes font exception, je pense à Nouvelles Frontières
dont les dirigeants, anciens des Mouvements de Jeunesse, sont restés sou
cieux de tout cela.
3. Il faut imaginer une sorte de dialectique de l'accueil : l'approche du
touriste et l'approche de l'accueillant. Il y a deux intérêts. Même dans la
plus petite structure, on peut amener un trouble profond au niveau éco
nomique. Par exemple, celui des prix. Dans mon village du Cantal, vous
payez des prix, chez le boucher, tout à fait intéressants. Si vous allez pas
ser trois ou quatre jours en famille le 1er mai; si vous arrivez le 14 juillet,
vous constatez un bond tout à fait inimaginable. D'ailleurs, tous les gou
vernements le savent. Giscard d'Estaing disait toujours, quand il était aux
Finances (c&

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