L illuminisme dans un protestantisme de constitution récente (Brésil) (second et dernier article) - article ; n°2 ; vol.141, pg 145-201
58 pages
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L'illuminisme dans un protestantisme de constitution récente (Brésil) (second et dernier article) - article ; n°2 ; vol.141, pg 145-201

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Description

Revue de l'histoire des religions - Année 1952 - Volume 141 - Numéro 2 - Pages 145-201
57 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1952
Nombre de lectures 34
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Émile-G. Léonard
L'illuminisme dans un protestantisme de constitution récente
(Brésil) (second et dernier article)
In: Revue de l'histoire des religions, tome 141 n°2, 1952. pp. 145-201.
Citer ce document / Cite this document :
Léonard Émile-G. L'illuminisme dans un protestantisme de constitution récente (Brésil) (second et dernier article). In: Revue de
l'histoire des religions, tome 141 n°2, 1952. pp. 145-201.
doi : 10.3406/rhr.1952.5868
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1952_num_141_2_5868L'illuminisme dans un protestantisme
de constitution récente
(Brésil)
(Suite)1
LES DEBUTS DU PENTECOTISME AU BRESIL
L'Église Évangélique Brésilienne est incontestablement le
premier en date des mouvements « spirituels » dans le protes
tantisme brésilien. Elle a d'autre part l'originalité et, pour
certains, le mérite de constituer un mouvement proprement
national, sinon nationaliste, comme en témoigne son nom et
le drapeau brésilien qu'elle peint au fronton de ses chapelles.
Il se peut que ces caractéristiques, parfaitement symbolisées
par les officiers aristocrates qui l'ont dirigée depuis sa fondat
ion, aient freiné son développement autant que les compli
cations de sa théologie. Par là, elle a partagé le sort du
positivisme, dont elle est la contemporaine et qui, au recen
sement de 1940, n'avait que 1.099 fidèles. Il faut, sinon une
instruction, du moins d'assez fortes traditions autochtones
pour s'intéresser à un personnage né il y a plus de cent ans et
dont toute la vie parle d'un passé fort ignoré maintenant.
Le Dr Miguel est encore aujourd'hui présenté aux fidèles de
son fils comme le signataire du Manifeste républicain de 1870.
Cela touche-t-il beaucoup les Brésiliens d'aujourd'hui ? En
tout cas l'immense majorité des immigrants qui contribuent
à faire le nouveau Brésil ignore certainement de quoi il
s'agit là. Il est remarquable que les étrangers, qui formaient
1) Voir RHR, CXLI, p. 26-83.
10 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS 146
à peu près le quart des adeptes du « premier pastorát »
(56 sur 243) sont tombés à 2 sur 34 en 1938, 2 sur 30 en 1945
et 4 sur 30 en 1947. Leurs nationalités mêmes sont intéres
santes : 6 Portugais, 1 Espagnol, 1 Argentin. Le recrutement
extérieur de l'Église Évangélique Brésilienne semble donc tou
jours dépendre de cette vieille patrie lusitanienne, dont le
sébastianisme préparait peut-être les fils à s'intéresser aux
avatars d'une sorte de Messie au nom si portugais que nous
n'avons pas parlé de « miguelisme » pour éviter les confusions
avec le mouvement légitimiste de ce nom. Or l'immigration
portugaise perd de son importance, au bénéfice principalement
de l'italienne, — et l'on remarquera que cette dernière n'est
pas représentée parmi les recrues de ces trois années récentes,
comme elle ne l'était que par un individu parmi les prosélytes
du fondateur. L'Église Évangélique Brésilienne a donc déc
idément un ton historique et lusitanien dans un Brésil où les
éléments particulièrement susceptibles de changements rel
igieux sont des « déplacés » étrangers à l'histoire et à la race
constitutive du pays.
Ce sont, par contre, les immigrations Scandinave et ita
lienne qui ont recruté, de manières diverses, au Brésil le
grand mouvement qui, de nos jours, y représente, avec une
puissance et une expansion remarquables, le protestantisme
« spirituel » : le pentecôtisme. Le lecteur sait que ce terme
désigne, d'une manière générale, les groupes et les commun
autés évangéliques, parfois dits « de la Pentecôte », qui
accordent une importance primordiale aux « dons du Saint-
Esprit », manifestations extérieures d'une vie chrétienne
ardente (guérison, exorcismes, prophétisme, glossolalalie),
preuves et sceau d'un « baptême du Saint-Esprit » distinct et
du baptême d'eau et, souvent, de l'assurance du salut dans la
conversion. Alors que les grands Réformateurs ont part
iculièrement mis l'accent sur les conditions et les modalités
du salut (acceptation de la justification gratuite par les
mérites du Christ, sans aucune part humaine), alors que
Wesley a insisté sur la sanctification pratique et l'activité l'illuminisme protestant au Brésil 147
conséquences du salut, alors que les illuminés du type de
l'Église Évangélique Brésilienne considèrent principalement
les rapports directs qui s'établissent, pour et par le salut,
entre l'âme et Dieu, les « pentecôtistes » revendiquent pour
le chrétien la possibilité de se placer sous l'inspiration cons
tante du Saint-Esprit et d'en recevoir les pouvoirs mystérieux
mais sensibles dont il vient d'être parlé. Ces prétentions font
d'eux des inspirés au même titre que les disciples du Dr Miguel
et de tous les « enthousiastes » : aussi bien les Églises pro
testantes établies ou assagies, après avoir répondu aux uns
que les communications directes de Dieu ont cessé depuis
l'achèvement de la Révélation écrite, ripostent-elles aux autres
que ce même achèvement rend inutiles les dons extraordi
naires dont jouissait l'Église primitive, alors qu'elle n'avait
pas le Nouveau Testament pour soutenir sa foi. Mais il faut
croire que se réclamer des directions immédiates et sensibles
de la Troisième Personne de la Trinité paraît moins présomp
tueux que de prétendre à la vision directe du Père ou du Fils.
D'autre part cette vision directe, ordinairement contemplat
ive, ne présente peut-être pas, pour beaucoup d'âmes, autant
d'attraits que les dons, parfois matériels, du Saint-Esprit.
Enfin elle est un peu, dans les groupes visionnaires, un privi
lège de la hiérarchie, tandis que les pouvoirs de l'Esprit,
plus fréquemment impartis, le sont aussi plus égalitairement.
Le fait est que les communautés visionnaires se développent
assez peu et que le pentecôtisme constitue actuellement un
véritable raz-de-marée.
Le mot n'est pas trop fort pour le Brésil, où il compte
des centaines de milliers de fidèles. C'est en 1910-1911 qu'il
y parut, presque simultanément dans le Sud et le Nord du
pays (à S. Paulo et à Belém), comme suite des efforts de pr
opagande des deux grandes branches de ce mouvement, la
nord-américaine et la Scandinave. De 1910 datent, à S. Paulo,
les premières « Congrégations chrétiennes »; de 1911, dans
la région de Belém, les premières « Assemblées de Dieu ».
Le fondateur des « Congrégations chrétiennes » (plus REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS 148
connues du peuple brésilien par les sobriquets de glorias,
glorinhas, evangelislas, linguas de fogo donnés à leurs fidèles)1,
Luigi Francescon, né dans la province d'Udine en 1866, alla
aux États-Unis, y à 24 ans, pour y exercer son métier de
mosaïste2. Il y adhéra bientôt (en 1891) à une communauté
protestante italienne de Chicago, formée de Vaudois et de
prosélytes, qui se constitua, l'année suivante, en Première
Église Presbytérienne Italienne de cette ville3. Il en fut aussi
tôt diacre et, quelques années plus tard, ancien. A cette
première phase, presbytérienne, en succéda, en 1898, une
seconde, baptisté, plus longue, car ce n'est qu'en 1907 qu'il
prit contact avec une communauté de Chicago centrée sur le
baptême du Saint-Esprit, « reçut la Promesse » (de l'Esprit
et de ses dons) et commença à « parler en langues ». Il avait été
ainsi pendant seize ans au bénéfice de congrégations protes
tantes de caractère traditionnel, et y avait exercé un ministère
d'évangéliste et de directeur spirituel lorsqu'il fut touché par
le pentecôtisme. Cette longue préparation devait marquer son
activité postérieure et lui donner une intonation essentiell
ement protestante.
Luigi Francescon se consacra à la diffusion du message
pentecôtiste parmi les Italiens des États-Unis, les réunissant
en communaut

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