La figure de Melchisédek dans le codex IX de Nag Hammadi - article ; n°1 ; vol.144, pg 259-294
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Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 2000 - Volume 144 - Numéro 1 - Pages 259-294
36 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Jean-Pierre Mahé
La figure de Melchisédek dans le codex IX de Nag Hammadi
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 144e année, N. 1, 2000. pp. 259-
294.
Citer ce document / Cite this document :
Mahé Jean-Pierre. La figure de Melchisédek dans le codex IX de Nag Hammadi. In: Comptes-rendus des séances de
l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 144e année, N. 1, 2000. pp. 259-294.
doi : 10.3406/crai.2000.16118
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_2000_num_144_1_16118COMMUNICATION
LA FIGURE DE MELCHISÉDEK DANS LE CODEX IX DE NAG HAMMADI,
PAR M. JEAN-PIERRE MAHÉ, CORRESPONDANT DE L'ACADÉMIE
Le 20 février 1948, Henri-Charles Puech et Jean Doresse infor
maient l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres1 qu'on avait
retrouvé en 1945, à Nag Hammadi, treize codices coptes contenant
cinquante-trois écrits traduits du grec, pour la plupart de carac
tère gnostique2. Plus d'un demi- siècle après cette extraordinaire
découverte, qui a renouvelé les études sur le gnosticisme3, on
mesure mieux l'importance respective de ses différents apports.
A côté de la gnose valentinienne, déjà bien documentée dans les
sources patristiques', Nag Hammadi nous transmet un groupe de
douze écrits témoignant d'un autre courant gnostique, qu'on
appelle généralement séthien5, en raison du rôle assigné à Seth
dans certains d'entre eux.
Au contraire des exposés ou des hymnes mythologiques les plus
célèbres, comme le Livre sacré du Grand Esprit invisible, \a.Prôten-
noïa Trimorphe et les Trois Stèles de Seth, ou des traités platonisants
connus de Plotin, comme Y Allogène et Zostrien6, le texte sur Mel-
1. H.-Ch. Puech, J. Doresse, 1948, p. 87-95 ; voir aussi H.-Ch. Puech, 1957 [reproduit
dans H.-Ch. 1978, t. 2, p. 33-57].
2. M. TARDIEU, 1978, p. 192, distingue trois types d'écrits : a. « littérature en provenance de
cercles valentiniens » ; b. « exposés élaborés de révélations à caractère mythologique sans réfé
rence chrétienne [...'. ou avec allusions chrétiennes » ; c. « écrits qui ne sont pas gnostiques ».
Sur la classification des écrits de Nag Hammadi, voir L. PAINCHAUD, A. PASQUIER, 1995.
3. Cf. B. Layton, 1981.
4. Voir E. Thomassen, 1995.
5. Le terme de « séthien » a été consacré par les travaux fondamentaux de H. M. SCHENKE,
1974 et 1981. Les écrits concernés sont les suivants : Allogène, Apocalypse d'Adam, Apo
cryphe de Jean, Hypostase des Archontes, Hypsiphrone, Livre sacré du Grand Esprit Invisible,
Marsanès, Melchisédek, Noréa, Prôtennoïa Trimorphe, Trois Stèles de Seth, Zostrien. Les cr
itiques nihilistes de F. WlSSE, 1981. et les réserves de M. TARDIEU, 1977, sur les rapports des
livres « séthiens » de Nag Hammadi avec les séthiens de l'hérésiologie, n'ont pas empêché
J.-M. SEVRIN, 1986, de montrer l'existence de rites - donc de communautés « séthiennes » -
(cf. M. A. WILLIAMS, 1985, p. 197 sq., qui conclut à l'existence de plusieurs groupes sociaux)
et J. D. TlïRNER, 1986, d'écrire une « histoire littéraire » du séthianisme, qui permet désor
mais de mieux entrevoir les phases successives du développement de ce mouvement.
B. LAYTON, 1987, tente d'éviter le terme controversé de « séthien » en parlant de « gnosti-
cisme classique ». Cette dénomination, fondée sur les parallèles textuels entre V Apocryphe
de Jean et Irénée, Haer. I, 29, n'a pas été reçue dans l'usage courant.
6. Cf. J. H. SlEBER. 1972. M. Tardieu, 1973 et 1996. et J. D. Turner, 1995. p. 203, n. 34
(bibliographie de la question;. 260 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
chisédek, dont nous débattrons aujourd'hui n'a que rarement
retenu l'attention des spécialistes.
Après Yeditio princeps publiée en 1981 par B. Pearson avec une
traduction anglaise7, l'écrit n'a guère été étudié que par Cl. Gia-
notto8, en 1984, dans une thèse sur la typologie de Melchisédek
dans le judaïsme et dans le christianisme ancien, et en 1986, par
J.-M. Sevrin, dans une étude sur le baptême séthien9. Depuis qua
torze ans rien de nouveau n'est paru sur le sujet, à l'exception de
notices de dictionnaires ou de remarques incidentes dans des
articles. Serait-ce que tout est déjà dit sur un texte mineur et qu'il
n'y a pas lieu d'y revenir ?
Collaborant depuis longtemps avec une équipe canadienne à
l'édition et à la traduction française intégrale des textes de Nag
Hammadi10, j'ai été inopinément appelé à traduire et à commenter
cet écrit séthien sur un texte copte spécialement établi par Wolf-
Peter Funk.
Si l'on rappelle que, sur les quelque 750 lignes que comptait in
itialement le manuscrit de Melchisédek, 19 seulement sont restées
intactes et plus de 260 ont été entièrement perdues, on comprend
ra sans peine que l'interprétation des 470 lignes restantes est une
entreprise difficile. Pour arriver à proposer des hypothèses de lec
ture acceptables, il faut tenir compte à la fois de l'état matériel du
papyrus, de la langue, des habitudes graphiques du scribe et des
conceptions mythologiques propres à l'auteur du texte.
Quels que soient les mérites de Yeditio princeps, l'existence
depuis 1997 d'une concordance complète du codex IX11 et les
progrès réalisés depuis vingt ans dans l'étude de la mythologie
7. B. A. PEARSON, 1981. (Dette édition avait été préparée par plusieurs articles : Id., 1975
(republié en 1990). B. A. PEARSON, 1990, traite de la figure de Melchisédek dans les textes
gnostiques [Livre de Jeu, Pista Sophia), que nous discutons ci-dessous. C'est à Birger Pear
son que revient le mérite d'avoir préparé le fac-similé du codex IX de Nag Hammadi
(musée Copte du Caire, n° 10553), paru à Leyde en 1977. Bien que publiée avant Veditio
princeps, la version allemande de H. M. ScHENKE, 1980, s'appuie sur le manuscrit de Pear
son et sur le fac-similé du codex IX. Mais elle suppose un texte copte établi d'une façon très
originale par l'inventeur du « séthianisme », qui est aussi l'un des meilleurs connaisseurs
de la langue copte.
8. Cl. Cianotto, 1984a (et l'intéressant compte rendu de N. Casalini, 1985). L'auteur a
également publié plusieurs articles sur le sujet : Cl. Gianotto, 1982 et 1984b.
9. J.-M. SEVRIN, 1986. Les deux articles de J. HELDERMAN, 1989 et 1992, concernent plus
les conceptions du monachisme copte sur le personnage de Melchisédek que l'interpréta
tion globale de ce traité gnostique. Voir aussi C. COLPE, 1980, W. BELTZ, 1981, W. MYSZOR,
1986 (traduction polonaise], J. E. MÉNARD, 1990.
10. J.-P Mahé, 1978, 1982 et 1996.
11. W.-P. FUNK, 1997, avec une liste de critiques textuelles (p. XXI-XXV), un relevé des
fautes d'impression de B. A. PEARSON, 1981 (p. XXI, n. 10), et un texte suivi du traité (p. 567-
572). MELCHISÉDEK DANS LE CODEX IX DE NAG HAMMADI 261
séthienne12 changent notablement les données du problème et
obligent en maints passages à proposer un texte pratiquement
nouveau".
A titre d'exemple, nous citons ci-dessous la traduction compar
ée des onze premières lignes de la page 1 du codex IX, telles que
les lisaient Schenke en 1980, Pearson en 1981, et telles que nous
les comprenons aujourd'hui.
Melchisédek IX, 1, 1-11 : tableau comparatif
Schenke, 1980 Pearson, 1981 Mahé-Funk, 2000
1 Melchis[édek] Melchisfédek] Melchis[édek] Jésus -Christ, 2 Jésus-Christ, Fi[ls de
le Fils [de Dieu] Dieu] (C'est) le [qui F [ils suis se Jésus-Christ, révèle de venu Dieu] par pour moi] 3 [...].[...]dep[uis ] [ ] depuis [ ]
4 ][ 1 , [ 1,
5 [ ] des Éons, [ ] les Eons, [ ce sont ] les Eons tous ;
pour que je tous pour les que Éons je [dise] et, 6 les Eons qu'il [parcoure] tous les
Eons et que [je] dans fie cas de) [traversera e[t], dans
chacun des Éons, 7 [découvre], dans chaque Éo[n, il verra]
chaque Eon, [la] [je dise]
nature de l'Éon : [la] nature de l'Eon : la nature de l'Éon : 8
ce qu'elle de quel [genre] [de] quel [genre]
est ; et que je mette il est ; et c'est la filiation 9 il est ; et que je [me]
revête et [l'excellence]
10 d'

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